Le Vif - Osborne veut faire travailler les chômeurs pour rien
Mais, oui, la bonne vieille morale du mérite: il faut travailler pour mériter ses allocations.
Mais pourquoi, les actionnaires sont épargnés par cette nauséeuse culpabilisation?
Mais pourquoi, le personnel politique, les jetons de présence, les dirigeants de tous poils sont épargnés par cette cynique logique?
En un mot, pourquoi, dans un pays prospère, en surproduction, le travail demeure-t-il nécessairement associé à l'esclavage de la vente de la force de travail à un patron, à la soumission à une logique?
Pour rappel, la surproduction, c'est une crise liée à la hausse de productivité. Comme toutes les entreprises sont en concurrence, elles tentent d'augmenter leur productivité. Pour ce faire, elles compriment les salaires et, comme chaque entreprise agit de la même façon, au bout du compte, toutes les entreprises deviennent plus productives alors que les salaires ont été globalement diminués. Comme les salaires sont moindres, les marchandises produites ne trouvent plus acheteurs, ce qui contraint les entreprises à licencier, ce qui diminue les salaires, ce qui empêche les marchandises de trouver preneurs, etc.
Bref, pourquoi le mérite conditionne-t-il un droit à vivre, pourquoi ce mérite est-il lié à un travail? Où vont les vieux, les improductifs, les malades, les enfants, alors?
Puis, mes vacances, mon repos ...
La question que soulève l'esprit banalement réactionnaire d'Osborne, est une question qui traverse toute notre civilisation. Cette question est cruciale, tant qu'on estime que le vivant doit travailler, 'payer de sa personne' pour avoir 'droit' à des indemnités (c'est-à-dire à survivre et à participer à la vie sociale), on ne pourra pas s'en tirer. C'est au contraire l'activité qui doit se justifier, prouver qu'elle n'est pas nocive et servir à l'épanouissement du vivant, de l'humain.