Les liquidateurs de Fukushima - フクシマ・フィフティ


Le Monde nous parle des conditions de travail des liquidateurs à Fukushima. Très bon article vers lequel nous vous renvoyons et dont nous vous citons une (substantielle) partie:

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Une partie des liquidateurs sont originaires de la région – parfois, ce sont des agriculteurs chassés de leur exploitation située en zone contaminée. Les autres viennent des quatre coins du Japon, même d'Okinawa – à plus de 2 000 kilomètres au sud. L'embauche s'opère à travers une cascade de sous-traitants : six à huit échelons, selon les catégories de travail.
"Pour les trois premiers, les sous-traitants directs de Tepco qui sont de grosses entreprises, on peut savoir comment sont effectuées les embauches, mais aux échelons inférieurs, c'est très difficile", commente Hiroyuki Watanabe, conseiller municipal communiste à Iwaki, qui a organisé un service de conseil pour les employés à la centrale. "On a l'impression que le Japon, pays technologiquement avancé, utilise les méthodes les plus sophistiquées, avec ses robots, à la centrale accidentée, mais la réalité est différente. On utilise souvent du matériel ancien, car une fois contaminé, il devient inutilisable".





Des ouvriers, le 13 juin, pendant une opération de décontamination de Naraha, ville située dans la zone d'exclusion de la centrale de Fukushima.

Les personnels les moins qualifiés ne bénéficient pas de protection suffisante et sont victimes de "ponctions" sur leur salaire par les intermédiaires par lesquels ils sont passés pour être embauchés. Au final, ils ne touchent que 6 000 yens (45 euros) par jour. "Les entretiens avec les travailleurs sont révélateurs d'un mécontentement et d'une inquiétude latente de ceux qui sont les plus exposés. Certains essaient de tricher avec la limite d'exposition cumulative aux radiations pour continuer à travailler le plus longtemps possible", explique M. Watanabe. Ils cachent leur dosimètre dans un lieu peu contaminé pour diminuer le niveau d'irradiation enregistrée au cours d'une journée.
Des entreprises voudraient abaisser la limite de 50 à 20 mSv/an, "mais les ouvriers refusent, car ils veulent du boulot. En même temps, ils sont amers, car ils se sentent ignorés du reste du pays. Tokyo est indifférent à leur sort", poursuit M. Watanabe. Au J-Village sont affichées des lettres de lycéens envoyées de tout le pays pour les encourager.
L'époque des bons salaires dans l'affolement de l'année qui suivit la catastrophe avec l'afflux de travailleurs et, dans leur sillage, des bars à filles dans les villes alentour, est révolue. Les travailleurs de la centrale restent cloîtrés dans les dortoirs en préfabriqué de leurs entreprises ou dans les auberges de la région. Des villes mortes, comme Hirono, à une dizaine de kilomètres au sud de la centrale. Evacuée, la petite ville a été rouverte en août 2012. C'est le dernier arrêt de la ligne de chemin de fer allant vers le nord, qui est interrompue.
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Rappel de Wikipédia:

Wikipedia - les cinquantes de Fukushima



Une pensée pour eux, pour leur famille, pour la souffrance sociale, pour le chantage à l'emploi qui les a poussés vers l'irréparable, pour leur dévouement qui protège (tant bien que mal) le monde d'une catastrophe et pour le mensonge par lequel on les a appâtés ou pour les profits des actionnaires de Tepco qui ne s'embarrassent pas trop de sismologie.

Il s'agit bien sûr d'une activité professionnelle extrêmement risquée qui nécessite des précautions et une qualification extrême. Employer des liquidateurs dans toute autre condition est criminel.

Pour mémoire:

Monument dans la zone d'exclusion de Tchernobyl en mémoire des pompiers qui y ont laissé la vie. Suivis de beaucoup d'autres, les 800.000 liquidateurs. A l'heure actuelle on ne fait pratiquement plus rien pour eux (c'est-à-dire pour ceux qui vivent encore).