Des 'cols bleus' comme on aime à les nommer outre-Atlantique, attendent les camionnettes pour l'embauche à la journée. Des producteurs infiniment flexibles mangent des fèves et des pâtes ...
Le paradis employiste est là, puissant, virulent. Et ce sont des entreprises multinationales qui s'y adonnent. La misère s'étend chez les journaliers genre XIXe, vous n'êtes ni au Burkina Faso, ni au Mexique mais aux Etats-Unis, première puissance industrielle mondiale, chez les 'temp jobs', les emplois temporaires. Chez les journaliers qui représentent maintenant 5% des 'cols bleus', des ouvriers.
L'article nous dresse le portrait de Rosa, immigrée mexicaine, qui, depuis 12 ans empile les 'temp jobs'. Elle n'est payée que quand elle arrive sur la ligne d'assemblage et a travaillé pour des boîtes comme Sony, Marlboro ou Walmart. Pas vraiment des petites compagnies en difficulté.
Ce modèle de journaliers qui attendent la camionnette est le modèle de compétitivité, de flexibilité, de 'réforme' qui nous est vendu au nom de l'emploi.
Nous rappelons que l'emploi est un contrat asymétrique qui permet au propriétaire de s'accaparer d'une partie du fruit de la force de travail du producteur. Il est asymétrique car le producteur est dans le besoin alors que le propriétaire est protégé par les lois, par les forces de l'ordre ou par les représentations médiatiques symboliques.
Un producteur qui réclame de l'emploi (dans de meilleures conditions éventuellement), c'est un Spartacus qui réclame des chaînes plus légères, plus souples, plus lâches. C'est une lutte politique sans aucune perspective, une lutte de 'pouvoir d'achat' quand il faut réclamer l'abolition de l'emploi et l'avènement du salaire ou de la gratuité, quand il faut réclamer la socialisation de la propriété des moyens de production.
Mother Jones - Corporate Temps