8 août 2013, 10:25
État des lieux de la marge de l'emploiJe vous envoie un petit inventaire à la Prévert de ce qui se fait – à ma connaissance – en dehors, en marge ou contre l'emploi. Cet inventaire suit les intéressants contacts que j'ai pu avoir dans le cadre de cette page. Ces initiatives correspondent à des tempéraments, des sensibilités ou des situations fort différentes.Toutes permettent néanmoins d'y voir un peu plus clair dans la nuit employiste mondiale. Tous les site cités ici nous sont proches, ce sont des amis, d'une façon ou d'une autre, différents et riches à leur façon. Certains se plaignent de leur situation, d'autres appellent à l'action, certains revendiquent, d'autres organisent une économie parallèle. Avant toute chose, il faut rappeler que, dans une société où tout se monnaie, vouloir vivre ou vivre sans emploi est une gageure, la vie sociale notamment est difficile à construire dans ces conditions.C'est précisément là que se situe l'enjeu pour nous :construire un au-delà de l'emploi qui soit sinon appétissant du moins habitable.
Voici un inventaire, donc, partiel et partial des marginaux de l'emploi :
- tout d'abord, la défense du salaire contre l'emploi. Le salaire social, les pensions,les congés payés ou le chômage, est un héritage historique bien vivant, efficace. Il permet à des millions de gens de vivre en dehors de l'emploi en leur délivrant un salaire. Cette démarche est remarquablement menée par un économiste comme Bernard Friot et le réseau-salariat
voir: réseau salariat
- il y a ceux qui condamnent le travail en général (quitte parfois à le confondre avec l'emploi),
tels Le Travail à tout prix),
et J'arrête de travailler, je boycotte ce système jusqu'à sa disparition
- il ya ceux qui s'indignent du statut fait aux chômeurs, aux chômeuses(surtout) et qui réclament un statut politique du producteur unissant tous les salariés, celles et ceux sous contrat d'emploi et les autres (chômeurs, retraité, invalides).
Je vous citerai le site de riposte: Riposte
il y ales artistes dont les activités s'inscrivent mal dans le cadre étriqué de l'emploi. Selon les pays, ils sont plus ou moins harcelés par les institutions et s'organisent plus ou moins efficacement contre elles. On notera que l'on pourrait penser l'artiste non comme une exception mais comme une règle : nous avons tous nos contingences, nos limites, nos obligations qui prennent nécessairement le pas sur les considérations mercantiles.
On citera par exemple https://www.facebook.com/mobartec?fref=ts,site de qualité variable mais qui a le mérite d'exister.
- il y a ceux qui, à gauche, font un travail de recherche idéologique de remise en question des fondements politiques de cette société (là,la liste est vraiment très longue, je vous en cite deux, très différents.
Tant qu'il y aura de l'argent: Tant qu'il y aura de l'argent
Les Objecteurs de croissance: Les Objecteurs de croissance)
- il y a la démarche de ceux qui tendent à l'autonomie matérielle, à la décroissance, au partage. Citons, sur fb. Ils cherchent une alternative concrète.
Comme Permaculture en ville
ou devenir autonome.
- plus simplement,de nombreuses personnes s'indignent contre la pression des banques ou du système bancaire sur les salaires (à la baisse) et sur l'emploi.
On citera le CADTM: CADTM
ou Positive Money: Positive Money(en anglais), deux sites extrêmement dynamiques.
Par ailleurs, il faut mentionner le plus important : les millions de petits actes concrets, étrangers à toute construction militante qui vivent en marge de l'emploi.
Les gens dans ces différentes démarches partagent un sentiment diffus
- que les choses ne peuvent continuer en l'état, la crise dévaste des existences humaines et tout ce qui est mis en œuvre pour arranger les problèmes les envenime.
- que l'on travaille trop pour faire des choses nuisibles, que les conditions de travail et d'existence se dégradent.
- que la prospérité générale appauvrit un grand nombre
- qu'il faut penser le cadre dans lequel on supporte l'insupportable.
Mais, au delà de ces similitudes, il y a de grandes différences tactiques. Pour prendre quelques grandes lignes – et sans prétendre être complet– je dirais qu'il a
- celles et ceux qui pensent l'utopie, la conçoivent, la produisent, l'imaginent
leur force :ils construisent ce qu'ils veulent ; leur faiblesse : ils ne donnent pas corps à leur utopie, ils agissent dans le champ médiatique qui agit comme mouroir du sens.
- celles et ceux qui réclament le changement, qui tentent d'infléchir la politique
leur force :ils sont dans la proposition positive ; leur faiblesse :ils risquent de perdre leur énergie à demander, à adopter un ordre du jour venu d'ailleurs sans résultat concret, par ailleurs, comme le signalait l'un d'entre vous, ils risquent de s'enfermer dans une attitude victimaire, plaintive peu porteuse politiquement.
- celles et ceux qui, de leur côté, construisent leur chemin de petit bonhomme
leur force :ils ne demandent pas, ils font ; leur faiblesse : le changement ne concerne qu'eux, il n'est pas toujours à la portée de tous
Tous, nous risquons la marginalisation sociale du fait de porter, d'incarner ou de rêver un autre point de vue qui celui qui est donné comme majoritaire –et parmi nous, nous comptons aussi bien des gens sous emploi, des chômeurs en galère, des gens en burn-out, des gens qui veulent vivre en marge et des gens qui veulent agir au cœur de la cité. Nos forces : le point de vue majoritaire l'est dans les médias mais(presque) personne ne le partage, il est possible de révéler un point de vue majoritaire alternatif. À condition de se nourrir de notre diversité et non de s'en servir comme machine à produire des schismes, à conditions d'entrevoir les immenses potentiels humains que l'emploi dévoie, gaspille et asphyxie. Voilà ce à quoi je vous propose de nous employer ici.