19 août 2013, 11:34
L'employisme sert à justifier la soumission
des employés à la logique de l'emploi. Cette soumission favorise les
intérêts des actionnaires au détriment de ceux des producteurs. Nous
avons voulu analyser le discours employiste du point de vue des sectes.
Il faut savoir que ce point de vue est archi dominant de l'extrême
gauche à l'extrême droite, qu'il règne sans partage sur le microcosme
médiatique et exerce un pouvoir considérable. Même si ce pouvoir est
omniprésent, invasif et peu sujet à controverse – encore une fois même
par les militants politiques les plus engagés, les plus sincères – il
limite notre cadre de pensée, nos existences à des débats oiseux sur les
modalités d'exploitation de l'Homme par l'Homme en évacuant la question
même de ladite exploitation.Le MIVILUDES(Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, France)a dégagé huit critères de dérives sectaires (selon Wikipédia):
- la déstabilisation mentale ;
Fréquemment utilisée dans le cadre de l'employisme : les chômeurs sont rendus responsables d'une situation extérieure sur laquelle ils n'ont pas prise – c'est une technique de déstabilisation schizophrènogène classique, elle génère un sentiment d'impuissance et de culpabilité morbide – et les employés sont soumis à l'automatisation des tâches, à la dévalorisation, au harcèlement, à toutes sortes de pressions psychiques voire physiques.
- le caractère exorbitant des exigences financières ;
Sans vouloir être technique, la création de valeur ajoutée se fait par les seuls producteurs. Les producteurs sous contrat d'emploi doivent avoir un rendement de 15 % pour leurs investisseurs. Il s'agit de 15 % du capital total – des investissements, des frais et des salaires – qui doivent, à partir des seuls salariés, être produits. Comme la partie du capital dévolue aux salaires devient de plus en plus faible à mesure que les progrès techniques imposent plus d'investissement, les sacrifices financiers demandés aux employés deviennent eux aussi, proportionnellement, de plus en plus substantiel. En une heure de travail, ils doivent produire deux heures de salaire pour tenir le taux de profit, puis deux heures et demie, puis trois heures à mesure que la part des investissements devient importante dans la valeur ajoutée.
- la rupture avec l’environnement d’origine ;
Les employés doivent agir de manière mécanique, reproduire des gestes suivant des protocoles, se plier à une discipline ou à des rythmes qui ne sont pas les leur. Tout lien avec le milieu d'origine, les goûts, les habitudes de l'employé sont bannis dans l'enceinte de l'emploi. De même, les chômeurs doivent se conformer au discours employiste, ils doivent chercher à se soumettre à l'emploi quand bien même ils n'ont nul goût à la soumission, quand bien même ils n'éprouvent aucune sympathie pour l'employisme.
- l’existence d’atteintes à l’intégrité physique ;
L'employé revêt un uniforme, il doit adopter le discours de l'entreprise. De même, le chômeur doit se conformer au discours, aux attitudes, aux habitudes vestimentaires, au phrasé, au goût voire aux caprices de l'employeur.
- l’embrigadement des enfants, le discours antisocial, les troubles à l’ordre public ;
L'emploi est valorisé alors qu'il dégrade la santé des populations, qu'il condamne ceux qu'il exclut à la marginalité ou à la violence. Dans le cadre de l'emploi – comme dans le cadre de la recherche d'emploi – les comportements agressifs, égoïstes, sociopathe, irresponsables et vénaux sont encouragés. Ces comportements troublent la tranquillité publique, ils menacent les populations civiles.
- l’importance des démêlés judiciaires ;
Là aussi, force est de constater que les fraudes au droit social pourtant très laxiste sont légion. Ces fraudes tuent chaque année. De même, l'extorsion du profit donne lieu à des prébendes, de la prévarication, du trafic d'influence à une échelle cosmique.
- l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
Le détournement de l'économie productive est le principe même de l'employisme. Les coûts sont externalisés – les coûts sociaux, environnementaux, humains – sur la collectivité, sur les impôts des classes moyennes. Les infrastructures sont construites en fonction des intérêts des propriétaires d'entreprise au mépris de celui des gens. L'employisme fait également pression sur l'école, les universités, les écoles supérieurs, les instituts techniques pour modifier l'offre de formation non en fonction des envies des apprenants, non en fonction des besoins sociaux mais en fonction des intérêts des employeurs. - les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.
Sur ce point-là, il ne s'agit plus de tentative d'infiltration mais d'occupation hégémonique. Allumez votre télévision, lisez votre journal, parcourez la presse patronale ou syndicale: non seulement l'employisme est infiltré mais il est partout.
En conséquence, l'employisme est certainement une idéologie en proie à une dérive sectaire extrême. Malheureusement, le succès institutionnel et médiatique de cette foi dangereuse la place dans la catégorie des sectes qui ont réussi.
Nous devrons donc la combattre sur le plan où elle se situe : celui de la métaphysique.