8 août 2013, 00:05
Réflexions à partir de Graeber, 'the first 5000 years of debt', Melville House, 2011.
Les créanciers poussent les endettés à rembourser. Assez logique, en apparence, ce système s'est régulièrement écroulé dans les empires antiques: périodiquement, on annulait les dettes pour éviter que la richesse ne se concentrât dans quelques mains bien pleines. En effet, socialement, la dette a des effets délétères. Imaginons une ferme et un magasin à côté dans un empire antique quelconque (Babylone, Sumer, etc.). Le fermier fait une mauvaise récolte et doit s'endetter pour faire la jonction avec la suivante. Comme la disette est générale, les prix agricoles augmentent, ce qui permet au magasin d'augmenter ses marges. Il peut donc faire crédit à son voisin. Crédit avec intérêt. Il prend les terres du voisin en gage mais, comme les intérêts montent, le paysan ne peut rembourser. Le commerçant saisit alors les biens gagés.
Le paysan continue à travailler mais ... pour son propriétaire. En outre, il doit toujours rembourser une partie de la dette. Imaginez cela à l'échelle de la nation, de l'empire et vous aurez une classe prolétaire, d'anciens paysans devenus des ouvriers agricoles et une classe toute petite de très riches propriétaires. Avec le temps, la concentration des richesses augmente (les intérêts courent), les pauvres sont dans la misère la plus noires et, finalement, deviennent de moins en moins productifs. Cela ne vous rappelle rien?
Dans l'antiquité, périodiquement, il fallait donc annuler les dettes, que les travailleurs retrouvent leur liberté, les terres leur paysan et le travail son sens.
Le crédit avec taux d'intérêt a fait exploser les prix immobiliers dans nos régions. Nous devons travailler davantage pour les rembourser. De même, les entreprises s'endettent auprès d'institutions privées pour investir. Comme toutes les entreprises s'endettent, une entreprises donnée doit avoir recours à la dette pour acheter le matériel, les prestations de services ou les infrastructures qui lui permettront d'affronter une concurrence acharnée. Ces dettes sont contractées avec des intérêts (parfois élevés) et soldées ... par les employés dont le salaire est amputé, dont les contraintes de productivité sont augmentées, etc. Il suffit de songer au paysan sumérien, c'est pareil, avec un intermédiaire en plus, une figure de la liberté absolue dans certains discours, j'ai nommé l'entrepreneur.
Quand Graeber examine l'origine ethnologique de la monnaie - de manière anthropologique - il s'aperçoit que la dette a préexisté à l'argent. L'argent a été créé après la dette. Mais les dettes étaient des dettes de sang (mariage ou meurtre) impayables. Les créanciers ne pouvaient de toute façon pas être payés (le sang ne se rembourse pas). Peu à peu, certains forfait, certaines dettes moins graves ont émergé mais l'argent a été créé pour que les soldats puissent échanger le fruit de leurs rapines ailleurs.
Rien à voir donc avec le mythe libéral du troc initial: l'économie pré-monétaire était une économie commune, sociale dans laquelle compter ne comptait pas.
C'est cet argent adossé au système de la dette et de la propriété privée qui a permis les concentrations de richesse. Les concentrations de richesse ont amené les grands empire au bord de la faillite, ce qui les a amené à pratiquer le défaut généralisé, le pardon sous diverses formes. Il s'agissait que les acteurs économiques, les producteurs, reprissent leurs activités obérées par leur créancier, il s'agissait de libérer l'activité du travailleur, du paysan ou de l'état, de permettre aux finances publiques de repartir d'un bon pied, aux terres d'être mises en culture, à la production de repartir.
Libérer l'activité du producteur était impératif pour relancer la production, la créativité, pour relancer l'économie, pour casser une pyramide sociale aussi criminelle qu'inefficace.
Toute ressemblance, etc.
Les créanciers poussent les endettés à rembourser. Assez logique, en apparence, ce système s'est régulièrement écroulé dans les empires antiques: périodiquement, on annulait les dettes pour éviter que la richesse ne se concentrât dans quelques mains bien pleines. En effet, socialement, la dette a des effets délétères. Imaginons une ferme et un magasin à côté dans un empire antique quelconque (Babylone, Sumer, etc.). Le fermier fait une mauvaise récolte et doit s'endetter pour faire la jonction avec la suivante. Comme la disette est générale, les prix agricoles augmentent, ce qui permet au magasin d'augmenter ses marges. Il peut donc faire crédit à son voisin. Crédit avec intérêt. Il prend les terres du voisin en gage mais, comme les intérêts montent, le paysan ne peut rembourser. Le commerçant saisit alors les biens gagés.
Le paysan continue à travailler mais ... pour son propriétaire. En outre, il doit toujours rembourser une partie de la dette. Imaginez cela à l'échelle de la nation, de l'empire et vous aurez une classe prolétaire, d'anciens paysans devenus des ouvriers agricoles et une classe toute petite de très riches propriétaires. Avec le temps, la concentration des richesses augmente (les intérêts courent), les pauvres sont dans la misère la plus noires et, finalement, deviennent de moins en moins productifs. Cela ne vous rappelle rien?
Dans l'antiquité, périodiquement, il fallait donc annuler les dettes, que les travailleurs retrouvent leur liberté, les terres leur paysan et le travail son sens.
Le crédit avec taux d'intérêt a fait exploser les prix immobiliers dans nos régions. Nous devons travailler davantage pour les rembourser. De même, les entreprises s'endettent auprès d'institutions privées pour investir. Comme toutes les entreprises s'endettent, une entreprises donnée doit avoir recours à la dette pour acheter le matériel, les prestations de services ou les infrastructures qui lui permettront d'affronter une concurrence acharnée. Ces dettes sont contractées avec des intérêts (parfois élevés) et soldées ... par les employés dont le salaire est amputé, dont les contraintes de productivité sont augmentées, etc. Il suffit de songer au paysan sumérien, c'est pareil, avec un intermédiaire en plus, une figure de la liberté absolue dans certains discours, j'ai nommé l'entrepreneur.
Quand Graeber examine l'origine ethnologique de la monnaie - de manière anthropologique - il s'aperçoit que la dette a préexisté à l'argent. L'argent a été créé après la dette. Mais les dettes étaient des dettes de sang (mariage ou meurtre) impayables. Les créanciers ne pouvaient de toute façon pas être payés (le sang ne se rembourse pas). Peu à peu, certains forfait, certaines dettes moins graves ont émergé mais l'argent a été créé pour que les soldats puissent échanger le fruit de leurs rapines ailleurs.
Rien à voir donc avec le mythe libéral du troc initial: l'économie pré-monétaire était une économie commune, sociale dans laquelle compter ne comptait pas.
C'est cet argent adossé au système de la dette et de la propriété privée qui a permis les concentrations de richesse. Les concentrations de richesse ont amené les grands empire au bord de la faillite, ce qui les a amené à pratiquer le défaut généralisé, le pardon sous diverses formes. Il s'agissait que les acteurs économiques, les producteurs, reprissent leurs activités obérées par leur créancier, il s'agissait de libérer l'activité du travailleur, du paysan ou de l'état, de permettre aux finances publiques de repartir d'un bon pied, aux terres d'être mises en culture, à la production de repartir.
Libérer l'activité du producteur était impératif pour relancer la production, la créativité, pour relancer l'économie, pour casser une pyramide sociale aussi criminelle qu'inefficace.
Toute ressemblance, etc.