Le travail recouvre une infinité de réalités différentes selon les latitudes, les cultures, les blessures psycho-sociales. Il est nécessairement inscrit dans un monde, celui du travailleur et dans un monde de mondes, ceux du savoir, du langage, du savoir-faire ou des traditions, ceux des idéologies qui encadrent le faire partout, selon les époques ou les classes sociales.
Ce travail si riche, ce travail qui est une dimension de l'existence humaine à tel point qu'il se fond dans sa richesse est encadré, corseté par l'emploi. L'emploi fonctionne par rapport au travail comme une compagnie privée d'eau minérale par rapport à la source. Alors que l'eau surgit gratuitement, sans entrave, la compagnie la met en bouteille, place les bouteilles dans des cartons, les étiquette, en fait la promotion, la publicité. Pour ce faire, la compagnie privée mène des campagnes marketing, impose un produit, convainc.
L'emploi procède de la même façon par rapport à l'activité humaine. La source de notre travail ne peut cesser de couler, gratuitement, elle est récupérée, mise en bouteille, mise en boîte dans un monde vénal. Elle est pesée, comptée, standardisée. On la vante, on la vend cette activité sur un marché, le marché de l'emploi.
Rien n'a pourtant été créé par l'étiquetage, par la mise en bouteille, par la publicité. L'activité n'a jamais eu besoin de l'emploi pour s'épanouir comme l'eau de source n'a jamais eu besoin de la compagnie privée pour couler.
L'eau de source, le travail se donnent comme le temps et l'air que respire la vie.
C'est cette vérité simple et profonde que cachent les rapports de force de l'emploi, le contrat, la vente ou le profit, dérisoires étiquettes du temps de nos vies mises en paquet. À la chaîne.
L'eau comme le travail sont des biens communs, gratuits, précieux. Certains veulent accaparer ces sources de richesse, de vie, pour prendre des bénéfices, pour devenir riches en faisant payer ce qui est un droit.