Zéro heure ou esclavage en joint venture

Cette vidéo ici de France Télévision nous amène sur les traces du contrat zéro heure qui sévit en Grande-Bretagne.

Ce contrat n'implique aucun engagement de l'employeur (en terme de durée de travail, d'horaire de travail et, du coup, de salaire) et demande à l'employé d'être disponible 24heures sur 24. L'employé, lui, est tenu de ne pas chercher de l'emploi ailleurs. C'est alors la culture de la peur et de la précarité, la culture de la pauvreté et de l'angoisse qui s'imposent, minant les bases sociales du travail par un employisme extrémiste.

Comme les producteurs sont en concurrence, ces pratiques esclavagistes s'imposent à moins de menacer les marges des propriétaires lucratifs.


Il y a plusieurs modes de rémunération du travail:

- la qualification du travailleur est pratiquée dans la fonction publique. Elle permet de détacher le travail (aussi bien dans sa dimension concrète que dans sa dimension abstraite, économique) de la rémunération et permet, ce faisant, d'avoir un travail déconnecté de toute considération lucrative

- la qualification du poste est le mode de rémunération le plus pratiqué dans le privé. C'est alors l'employeur qui prend l'avantage puisqu'il peut désigner les travailleurs qui auront accès à la qualification du poste, ce qui le met dans un rapport de force, ce qui lui permet d'imposer la logique lucrative aux employés.

- la qualification du poste a pourtant été une avancée par rapport à la rémunération à la force de travail. Dans la rémunération à la force de travail, il n'y a plus de convention collective, de barème, il n'y a plus que l'angoisse du journalier qui essaie de remplir sa gamelle en fonction du travail qui est disponible ou non. Le journalier va alors exécuter n'importe quel ordre, accepter n'importe quelle condition de travail sous la pression de la nécessité. L'employeur est alors tout-puissant. Ce chantage, cette position de pouvoir absolue de l'employeur permet d'externaliser les risques de la production sur l'employé (c'est éminemment pro-cyclique, cela renforce les tendances des cycles économiques), et transforme sa vie en lutte permanente, en concurrence permanente sans que vienne s'immiscer quelque droit que ce soit pour tempérer l'exploitation.

Le contrat zéro heure est un retour à la rémunération de la force de travail, la forme la plus sauvage, la plus violente de rémunération du travail.