- Résumé et traduction
Les études relatives à la santé au travail sont surtout préoccupées par les capacités reproductrices des femmes. La notion de risque du travail est associée à des hommes sur des échafaudages avec des charges lourdes. On voit moins la nettoyeuse et ses gestes répétés qui lèvent l'équivalent de plusieurs tonnes au bout de la journée, on pense moins aux produits chimiques auxquelles elle est confrontée.
Les risques du travail féminin ne sont pas visibles parce que nous suivons une logique du risque exclusivement masculine. Comme nous associons le risque professionnel à l'exercice de métiers masculins, nous imaginons que les maladies professionnelles des femmes n'en sont pas, qu'elles ont une origine non professionnelle.
Pourtant, ce sont les gestes répétés qui vont générer des troubles musculo-squelettiques chez les femmes.
Les limites chimiques sont calculées selon la physiologie des jeunes hommes, elles devraient être moins élevées pour les femmes puisqu'elles fixent davantage les toxiques sur des graisses statistiquement plus abondantes de 15%.
Comme on n'enquête pas sur la question, les femmes sont moins conscientes du problèmes de santé liés à l'exercice de leur profession. Faute de prévention, elles croient être moins exposées et se protègent moins alors que les professions qu'elles exercent les soumettent à de nombreux risques sanitaires, comme leur exposition aux poisons, par exemple.
La double journée - boulot puis tâches domestiques - affecte particulièrement les femmes. Les risques psycho-sociaux qui en découlent sont systématiquement négligés dans les études de risque professionnel.
Des femmes empoisonnées par un insecticide dans un hôtel ont développé de la fibromyalgie et de la fatigue chronique. Si elles n'avaient pas été diagnostiquées, elles se seraient crues folles, jamais elles n'auraient cru à une maladie professionnelle.
Il est important d'étudier la spécificité des risques psychosociaux du travail féminin pour en adapter la prévention et en améliorer l'indemnisation.
- L'UQAM
Lien vers un groupe de recherche québécois (ici, en français) sur le sujet.