Suppression des primes de licenciement supplémentaires

Un arrêté royal supprime les allocations de chômage à concurrence du montant des indemnités supplémentaires de licenciement:

Un arrêté royal (AR), entré en vigueur le 1er novembre, considère en effet désormais comme salaire toutes les primes supplémentaires en question payées en sus des indemnités de préavis légales, selon le PTB. En application de cet AR, l'ONEM convertira la prime de licenciement supplémentaire en un nombre X de mois de salaire. "Cela prive donc l'ouvrier ou l'employé licencié de toute une période de chômage", souligne le parti. Jusqu'à présent, les travailleurs licenciés dans le cadre d'une lutte sociale lors d'un licenciement collectif avaient réussi à obtenir une prime supplémentaire cumulable avec les allocations de chômage, qu'ils recevaient après leur licenciement et leur période de préavis.
La Libre, le 28 novembre 2013

Cette décision calamiteuse supprime de fait les indemnités de licenciement supplémentaires. On voit mal, en effet, des producteurs, des syndicats se battre pour des primes supplémentaires si ces dernières représentent un manque à gagner en terme d'allocations de chômage, si ces dernières ne font pas gagner un centime au travailleur.

Cette décision supprime un levier de négociation et de pression sur les patrons en cas de licenciement. Ceci rend les licenciements plus faciles pour les employeurs, ce qui augmente la pression sur l'emploi et sur le chômage.

La pression de l'emploi et du chômage amène les producteurs à baisser leurs salaires (ce qui est le but de la mesure), à diminuer leurs exigences en terme de sécurité de travail ou de rythme, à augmenter leurs craintes quant à l'avenir.

Cette mesure sape le salaire et sabote un levier pour freiner les licenciements, elle défavorise les producteurs dans leur rapport de force avec les patrons.

Comment expliquer l'atonie des syndicats face à cette attaque en règle contre les droits sociaux les plus élémentaires des travailleurs, contre le droit social? Comment expliquer le silence syndical face à la destruction des salaires et des conquis sociaux, face au plan d'accompagnement des chômeurs (le chômage est un salaire), face au recul de l'âge de la pension (la pension est un salaire), face à l'exclusion, au harcèlement que subissent les chômeurs, face à la dégressivité des allocations? Comment expliquer ces silences coupables? Les syndicats ne se rendent-ils pas compte que ce que ce qu'ils doivent défendre, ce sont les salaires, les producteurs (y compris pensionnés et chômeurs) et non les emplois qui enrichissent les patrons?

Ce rapport de force que nous subissons depuis quarante ans, ce rapport de force en faveur des propriétaires, des actionnaires et en défaveur des producteurs n'est pas une fatalité. Sans leur argent, nous pouvons produire, sans producteur, leur argent ne sert à rien. Aucun discours syndical ou politique de renonciation, d'acceptation de l'inacceptable ne pourra gommer ces faits politques.

Nous appelons tous nos courageux lecteurs à interpeller leurs organisations syndicales, leurs délégués, leurs permanents - et ce, dans tous les pays - pour que cesse cette casse, pour défendre les salaires, notamment les salaires sociaux, et attaquer enfin ce scandale qu'est l'emploi. Exigeons de nos syndicats qu'ils défendent notre liberté de producteur, la démocratie économique et le droit, qu'ils abandonnent tout angélisme prêt-à-l'emploi, tout solidarisme pansement d'un rapport de force inique.