Isidro Jiménez Gómez réfléchit le monde de la publicité et de ses fantasmes, publicité qui se sert de l'emploi comme argument de vente dans Diagonal (ici, en espagnol). Nous ne résistons pas au plaisir de traduire et résumer l'article. Cet article parle du discours publicitaire et c'est dans ce cadre qu'il explique l'évolution de l'emploi. Il ne s'agit pas d'une évolution en soi mais d'une évolution de la représentation du travail employée dans les discours publicitaires.
Extrait (traduction et résumé)
Avant que la crise de 2008 ne transforme l'emploi en luxe, en un imaginaire de cols blanc gris à cravate colorée dans leur cube de verre, la banque Barclays invitait ses employés en voyage à Rio comme récompense. L'employé de bureau voyait alors les heures supplémentaires comme du temps perdu, comme un châtiment divin genre Adam et Ève ou Charlie Chaplin dans Les Temps modernes où le loisir et le tourisme occupaient la place du jardin d'Éden.
La publicité propose une rébellion en édulcorée en kit pour les classes moyennes - genre 4x4. Le cadre qui fuit la ville cherche des contrées exotiques inconnues - et c'est pourquoi l'emploi est devenu l'objet de fantasme. Gillete propose le "travail de ta vie", un poste dans le département communication de la sélection espagnole de football pour le prochain Mondial. "Combiner le travail et la passion est une expérience inoubliable" précise-t-elle.L'emploi acquière un nouveau statut pour les grandes entreprises, un nouveau pouvoir attractif, la professionnalisation du plaisir devient plus excitante que l'aventure du loisir - ce qu'ING a résumé par un concept "fan professionnel", en offrant 3000€ de salaire mensuel pour accompagner Fernando Alonso au championnat de F1. Les 33.000 candidats ont envoyé leur CV par vidéo sur YouTube.
L'annonceur affiche alors sa capacité à offrir un emploi attractif, comme s'il n'y avait pas d'autres prestations professionnelles. Il affirme sa responsabilité sociale coopérative, l'emploi acquière une nouvelle valeur et soigne la réputation sociale des grandes multinationales. La banque de Santander, après avoir licencié 3.441 employés, parraine sans complexe la section emploi du journal Expansión. Cependant, le BBVA coutumier des prépensions (plus de 2.300 depuis 2011), diffuse à grand fracas "Yo soy empleo" ["Moi, je suis emploi", Ndt, ça ne s'invente pas] pour aider les entreprises qui créent de l'emploi.
L'emploi-argument de vente s'explique avec un chômage à plus de 25% [en Espagne], dans ces conditions, ils n'ont pas besoin de "fan professionnels".
Bien que les gérants de supermarché, les concessionnaires automobiles et les énormes boutiques de vêtements pour jeunes fassent valoir chaque semaine un catalogue impressionnant de promesses, ce n'est peut-être pas suffisant. Et si le travail espace d'insatisfaction méthodique devenait le nouvel espace de l'expérience de plaisir?