Trente ans plus tard, leur appel sonne étrangement dans la nuit européenne, dans la nuit de la guerre au salaire que nous traversons, nous producteurs dépossédés, assommés par ce qui nous arrive.
Indépendamment du bilan de l'aventure de l'EZLN, la déclaration de la forêt de Lacandone rappelle que, parce qu'elles piquent, les guêpes ne se font pas tuer. Avec humilité, sûrs de notre droit, nous faisons écho à cet appel.
C'est la démocratie, le travail (pas l'emploi, le travail), le droit à la vie, la liberté que les Indiens réclamaient au nom des 500 ans de résistances des leurs.
Au nom de la résistance de nos glorieux ancêtres, c'est notre droit à la vie en marge de la servilité gluante de l'emploi, de l'obéissance, de la soumission aux intérêts criminels du lucre que nous proclamons.
Nous réclamons la démocratie dans le travail, nous réclamons la libération du joug des propriétaires lucratifs dont nous affirmons l'illégitimité. Nous appelons au droit à la vie et aux formes de vie.
Nous appelons à la multiplication des forêts de Lacandone. Nous dénonçons l'attaque qu'est cet article 63§2 comme un acte de guerre lâche contre des mères célibataires et des jeunes désarmés. Nous appelons les chômeurs exclus aujourd'hui à inventer de nouvelles formes de solidarité et nous affirmons leur droit imprescriptible, notre droit à tous, à être reconnus comme producteurs économiques, notre droit au salaire. Nous leur exprimons notre amitié et notre soutien.
Ce sont là les vœux que nous exprimons pour cette année: que la peur change de camp, que la légitimité change de camp - la justice est déjà de notre côté.