Un sidérurgiste liégeois se suicide et laisse une lettre à Mittal

In memoriam d'Alain
En soutien à sa famille, à ses deux enfants, à ses proches, à ses amis, de toutes celles et ceux qui l'aiment.



Nous apprenons avec effarement le suicide d'un 'futur-ex' métallo en pays liégeois dans cet article. Il attribue son suicide à Mittal - le propriétaire lucratif de l'usine sidérurgique dans laquelle Alain travaillait - qui lui a pris son outil, sa qualification et sa fierté de producteur.

Alain écrit notamment dans sa lettre:

 « 
Combien de familles Mittal va-t-il encore détruire ? Moi je n’en peux plus de ce milliardaire. Vous savez, je me bats depuis 31 ans pour avoir un petit quelque chose et voilà, je vais perdre mon emploi et combien de familles vont le perdre, monsieur Mittal ?
Cher gouvernement, allez vous enfin sauver les milliers d’emplois des familles qui en valent la peine ?
Ma petite femme et ma fille, je veux que vous sachiez que je vous aime mais monsieur Mittal m’a tout repris : la fierté, la politesse et le courage de me battre pour ma famille.
Et que la presse soit au courant de mon acte. J’ai fait des panneaux, je voudrais qu’ils soient à l’église, que tout le monde voie pourquoi j’ai mis fin à mes jours.
 »
 Sans prétendre parler au nom du mort, nous appelons à valoriser ce savoir-faire ouvrier à Liège, à valoriser ce formidable potentiel humain. Nous appelons à explorer d'autres pistes que l'emploi pour ce faire car nous croyons que le chômage et l'emploi sont deux faces d'une même pièce, deux côtés d'un même chantage odieux.

Nous partageons en tous cas avec tous les sidérurgistes liégeois ou lorrains ou d'ailleurs ce besoin de voir leurs capacités, leurs formes de vie reconnues. Nous appelons à la fin du chantage du chômage.

Nous exprimons toutes notre sympathie aux victimes de la ladrerie des propriétaires, nous les soutenons dans leur lutte et appelons ces futurs chômeurs à se joindre aux chômeurs actuels. Nous appelons à une grève de chômeurs, nous appelons à une grève de producteur pour révéler le rapport de force qui est le nôtre:

Sans notre travail, ils ne sont rien, mais, sans leur argent, nos qualités, nos richesses humaines, nos qualifications demeurent.

Nous aspirons à un mode de production qui reconnaisse la qualification des producteurs, qui les libère du joug du propriétaire, nous appelons au travail joyeux, complice, compétent, au travail social, à la magie du faire ensemble, nous appelons à l'expropriation des propriétaires lucratifs. Nous appelons à la démocratie dans l'entreprise.