Le psittacisme

Le psittacisme est la maladie du perroquet. Soit il s'agit du fait de répéter la pensée d'autrui (éventuellement sans la comprendre)
et, dans le cas de la servilité employiste, on pense aussi bien à la répétition obsessionnelle du gloubi-boulga des propriétaires lucratifs servie par les laquais médiatiques ou politiques
soit il s'agit du fameux copier-coller bien connu de nos têtes blondes contemporaines à l’œuvre dès l'époque où la toile n'évoquait qu'un ménage mal tenu ou une arachnophobie
et, là encore, comment ne pas évoquer les études patronales reprises telles quelles dans les médias ou, pire encore, les articles de lois directement repris des lobbies employistes au parlement européen ou aux parlements nationaux
soit enfin le trouble du langage consistant à répéter des phrases sans les comprendre
et, de nouveau, cela nous renvoie à nos propres discours d'employés dominés et écrasés par la logique de l'emploi qui ânonnent, qui braient les discours des propriétaires lucratifs qui justifient leur position de pouvoir, qui asseyent leur hégémonie et ... notre position de larbin.
Ces troubles se croisent fréquemment chez les employés bien rémunérés, les cadres, par exemple, - qui peuvent avoir tendance, à tort, à s'identifier aux intérêts de leurs employeurs, pourtant peu soucieux de leur burn-out - mais se rencontre aussi chez les déqualifiés par l'emploi voire chez les chômeurs.

En toute circonstance, il faut conserver du respect et de l'écoute pour les gens atteints de psittacisme - et ne pas oublier qu'il y a des racisés qui justifient le racisme, des femmes qui justifient le machisme et des producteurs qui justifient le capitalisme.


Ça ne fait pas de ces gens des monstres. Ça en fait des gens comme les autres, ni meilleurs, ni pires. Mais les croyances au principe du psittacisme sont à la fois difficiles à faire évoluer - elles ressortissent à la religion et les croyants les ont chevillées au corps - et faciles à faire effondrer. Il "suffit", pour cela, d'avoir une autre pratique de la valeur et les oripeaux capitalistes, la stylisation plus ou moins élaborée de la domination brute s'effondre en un instant.

Ceci n'est pas un trou

L'officine de réflexion liée au syndicat socialiste belge a retrouvé la calculatrice du premier ministre et rappelle que la sécurité sociale, c'est efficace et bon marché. Une bonne nouvelle. Elle a aussi retrouvé les pages glorieuses des luttes ouvrières présentes et passées.



Nous nous en réjouissons. Mais il y a un aspect crucial de la sécurité sociale qui échappe encore et toujours au syndicat combatif: la sécurité sociale, c'est une manière de socialiser la valeur ajoutée, de créer de la valeur ajoutée sans employeur et sans propriétaire lucratif. C'est-à-dire que la sécurité sociale est un premier pas non à défendre mais à étendre et universaliser pour socialiser les outils de production - la socialisation des outils de production est un des piliers du socialisme dont se réclame ledit syndicat.

Le fait de socialiser la valeur ajoutée (salaires et investissements en se débarrassant des profits parasitaires), la propriété des outils de production, le fait que les producteurs récupèrent la direction et la décision sur leur travail, qu'ils décident ce qu'ils vont produire, comment et pourquoi, c'est nettement plus "socialiste" que défendre l'égalité, l'emploi ou la répartition des richesses - luttes honorables, s'il en est.
Mais l'honorabilité des luttes de ce syndicat devrait se doubler d'un objectif évident pour les précaires ou pour toutes celles et ceux qui sont maltraités par la gestion capitaliste des ressources humaines ou l'exclusion du chômage, celui de récupérer le temps, les machines, les bureaux, les vies, la production, la gestion de la production et, donc, la production de valeur.

Soyons réalistes, cessons d'accepter l'impossible, cessons de nous faire arracher ce qui est à nous, ce que nous produisons. Et vive la sociale!