Seconde jeunesse

Nous fêtons les septante ans de la sécurité sociale en Belgique aujourd'hui.

C'était après la guerre. Sous la pression des producteurs qui avaient toujours leurs armes de résistants, les franges les moins réactionnaires du patronat et le monde politique acceptaient le compromis de la sécurité sociale.

Pour la première fois, de manière systématique et massive, le salaire allait être déconnecté de l'emploi. Par cet acte fondateur, l'économie belge allait profiter de décennies de prospérité générale, de décennies pendant lesquelles des millions de producteurs allaient pouvoir produire hors de l'emploi.

Certains disent aujourd'hui que septante ans, c'est un âge trop avancé pour inspirer l'action politique.

Nous affirmons le contraire en soulignant que la sape de la sécurité sociale depuis une trentaine d'années, la disparition programmée des salaires socialisés nous ramènent également dans le passé, dans le passé antérieur à la sécurité sociale, celui des enfants dans les mines, celui des vieillards laissés à la faim, celui des crises économiques bisannuelles, celui des luttes des désespérés héroïques, celui de la misère générale, des ouvriers mourant de froid sur un tas de charbon, des ouvriers mourant de faim sur des silos à blé.

Nous appelons à généraliser le principe de la pratique salariale de la sécurité sociale par cotisation à l'entièreté du salaire. Nous appelons à produire ensemble, sans employeur mû par l'appât du gain.

Cet appel est réaliste, il est ancré dans les crises qui sont apparues avec l'affaiblissement de la sécurité sociale de ces dernières décennies; il offre un avenir à nos enfants, une ambition aux producteurs dans la force de l'âge et une sérénité active aux aînés.

Nous appelons à l'humanisme, à la foi en la vie et en l'humain, qui a inspiré nos illustres aïeux. Nous rappelons l'énergie qui a animé les résistants, nous rappelons ce pour quoi ils se sont battus. Nous rappelons que les discours de "raison" dans un monde en train de sombrer sont des discours insanes.

Les résistants ne sont pas battus pour tel ou tel drapeau. Ils se sont battus pour le droit au bonheur. Ils ne sont pas battus pour aliéner leur liberté à un employeur plus riche qu'eux mais pour disposer de leur vie - hors de l'usine, hors du bureau aussi bien qu'à l'intérieur.

C'est que la liberté ne se divise pas, elle ne se négocie pas, elle ne se rogne pas. Elle n'admet ni propriété lucrative, ni aiguillon de la nécessité, ni terreur du chômage ou de l'emploi.

Nous vomissons la charité ou la solidarité de ceux qui ont envers ceux qui n'ont pas. Nous ne cherchons qu'à récupérer notre propriété d'usage légitime. Nous avons cessé de nous voir comme des coûts, comme des assistés. Nous sommes des producteurs, pleinement humains. Nul ne peut nous enlever cette dignité - pas même le petit confort corrupteur des prébendes.

Nous appelons à prendre ce qui est nous: salaire, usine, bureau, temps, famille et travail. Nous appelons à en exiler les employeurs, les actionnaires. Nous appelons à l'abolition de la propriété lucrative, à la démocratisation de la propriété d'usage. Nous appelons à pouvoir enfin réaliser les immenses tâches qui nous attendent depuis trop longtemps: le soin des malades, l'éducation des enfants, la restauration du bâti, la transition énergétique et l'adaptation de l'agriculture aux besoins de l'humain et de ses environnements - pour n'en citer que quelques unes.

Nos tâches sont immenses, nous n'avons plus guère le temps de nous encombrer de leurs médiocrités comptables, de leurs calculs, de leurs chiffres et de leur bilan sans lien avec nos problèmes, sans lien avec les enjeux de l'époque. Le déséquilibre comptable de la sécurité sociale est un vulgaire artefact. Comme les prestations sont incompressibles, ce sont les cotisations qui doivent être revalorisées. Les prestations sont des ajouts de valeur économique, de valeur ajoutée, pas des ponction. Elles portent en elles la révolution de la pratique salariale de la valeur, de la fin de la subordination du temps à la propriété lucrative, à l'appât du gain.

Nous appelons à cesser de plaisanter, à cesser de perdre notre temps avec l'avidité des possédants, avec la servilité de leurs laquais médiatiques, avec la stupidité des décisions économiques prises au nom de la plus-value, des intérêts des actionnaires ou de la diminution (de l'externalisation en fait) des coûts.

Nous n'avons plus le temps de faire perdurer l'inhabitable, de malmener dans l'emploi notre santé mentale, notre santé physique, la santé du monde que nous peuplons, la santé de nos frères et de nos sœurs ici ou à l'autre bout de la terre.

Nous n'avons plus de temps à perdre. Le temps doit revenir nôtre. Il en va de notre vie, de nos mondes.

Rappel de circonstance


Nous apprenons sur RTL (voir le lien ci-dessous) que les ouvriers grévistes des ateliers sous-traitants de la SNCB ont obtenu gain de cause.
Nous rappelons que les grèves peuvent être efficaces quand les grévistes sont déterminés;

Nous rappelons que les rapports d'emploi ne sont pas des rapports entre personnalités égales en droit puisque l'employeur bénéficie d'un rapport de force favorable (il met en jeu ses profits) par rapport à l'employé (il est contraint par la nécessité, il défend son gagne-pain);

Nous rappelons que les intérêts de l'employeur (faire du profit) sont opposés à ceux de l'employé (faire un travail intéressant, avoir de bonnes relations avec ses collègues, du temps disponible pour sa vie privée, la sécurité salariale, de bonnes relations de travail et un salaire à la mesure de sa qualification);

Nous rappelons que, pour faire valoir leurs intérêts, les employés en particulier et les producteurs en général ne disposent pas d'énormément de moyens de pression;

Nous rappelons que la grève est un de ces moyens de pression.

Bravo aux grévistes en tout cas.

Ça pourrait les instruire

On nous envoie ceci.

Je suis surtout en colère contre ceux qui feignent de ne pas comprendre que nous avons conquis avec les cotisations/ prestations sociales chômage quelque chose qui nous permet de casser l'utilisation par les patrons de ce qu'ils qualifient d' "armée de réserve".
Ceux que je traite de cons, ce sont tous les marxistes attardés qui continuent de voir dans les chômeurs une menace pour leur emploi alors que le partage du salaire en prestation sociale soutient les salaires et les travailleurs salariés.
Ceux que je traite de cons, ce sont ceux qui se battent pour de l'emploi partout - même en lieu et place d'une fonction publique qui marche, même en lieu et place d'une sécurité sociale qui marche - et qui sont prêts pour laisser tout pourrir par l'emploi et les employeurs à liquider les chômeurs, à les exclure du rang des travailleurs salariés et des organisations syndicales.
Ceux que je traite de cons, ce sont ceux qui entrent dans les fantasmes des employeurs quand ces derniers prétendent qu'ils créent toute la valeur ajoutée.
Les charges fiscales ne sont des charges que pour les employeurs et dans leur comptabilité. Dans la réalité, elles sont le traitement des fonctionnaires.
Les charges sociales ne sont des charges que pour les employeurs et dans leur comptabilité. Dans la réalité, elles sont les prestations sociales dues aux prestataires sociaux (soignants, malades, invalides, pensionnés, chômeurs ...).
Les charges salariales ne sont des charges que pour les employeurs et dans leur comptabilité. Dans la réalité, elles sont les salaires des travailleurs occupés.
Il est temps qu'on change de discours et de ton. Il est temps qu'on obtienne de la part de ceux qui nous narguent le respect qu'ils nous doivent.

Employistes du dimanche

Cet article est disponible en PDF ici

En ce moment se discute la légalisation de la généralisation du travail du dimanche en France. Il convient de remettre le travail en emploi en perspective: les commerçants se font concurrence entre eux. Si une partie des commerçants ouvrent le dimanche, ils sont condamnés à tous ouvrir le dimanche faute de quoi ils risquent de disparaître.

Pour une grande enseigne, il est facile de gérer une équipe, de faire tourner les horaires de telle sorte que les travailleurs se retrouvent à la caisse le dimanche à tour de rôle.

Pour un petit commerçant qui est seul ou avec un ou deux employés, c'est intenable: il ne peut se permettre de travailler - ou de faire travailler son employé - systématiquement le dimanche.

Le travail du dimanche en emploi est un acte de guerre des grandes enseignes contre les petits commerçants. Or le commerce de proximité génère plus d'emplois (que mes lecteurs m'excusent cette grossièreté) que les grandes enseignes à chiffre d'affaire égal.

Le travail en emploi du dimanche est donc non seulement un acte de guerre des gros contre les petits mais en plus, c'est une mesure qui tend à diminuer l'emploi.

Une dernière chose. Si vous souhaitez augmenter le chiffre d'affaire du commerce de détail (objectif discutable en soi), il faut qu'il y ait des clients.

Pour qu'il y ait des clients, il faut augmenter les salaires - notamment les salaires socialisés - c'est-à-dire qu'il faut faire exactement l'inverse de ce que fait cet impopulaire gouvernement français pour le moment, ce gouvernement en guerre contre ... les salaires.
 Extrait de l'article du Monde (ici, en français et en libre accès)
Ce texte qui veut, en vrac, baisser les tarifs des notaires, ouvrir des liaisons de bus nationales, raccourcir les délais des prud'hommes, remettre à plat le travail du dimanche, renforcer le contrôle des sociétés d'autoroutes, simplifier l'installation des professionnels du droit, est « tout simplement une vraie loi de gauche », a assuré le ministère.
Emmanuel Macron en a profité pour répondre à Martine Aubry, assurant que son projet de loi était « une avancée sociale ». La maire de Lille avait dénoncé une « régression » dans une tribune au Monde. Dans un entretien au Monde, Jean-Luc Mélenchon s'est également opposé à cette mesure.
Il instaure l'obligation pour toutes les entreprises du secteur du commerce, quelle que soit leur taille, de verser aux salariés travaillant le dimanche « une compensation salariale », ce qui n'était pas obligatoire jusqu'alors dans les six cents zones touristiques existantes.
Le texte consacre par ailleurs l'extension du travail dominical : les maires pourront permettre aux commerces d'ouvrir douze dimanches par an au lieu de cinq actuellement. Le projet de loi veut également créer des « zones touristiques internationales » où le travail le dimanche et le soir sera possible toute l'année.

Syndicat et patron pour l'emploi


Un employeur nous explique ce qui peut réconcilier patrons et syndicat: l'emploi. Mais oui, au nom de l'emploi, on bazarde le droit, l'environnement, on empoisonne la vie des travailleurs, des travailleuses et de leurs familles, on baisse les salaires (ah, la sacro-sainte compétitivité!), on baisse les "charges", c'est-à-dire les salaires hors emploi.

Transformer la planète en cancer, la vie en névrose, l'enfance et la vieillesse en maladie, l'âge mûr et la santé en malédiction ... au nom de l'emploi!

Merci à ce patron pour sa franchise - malheureusement exacte pour nombre de dirigeants syndicaux. 

Extrait de l'article ici (en français)


Le patron de la Sonaca, une entreprise de construction aérospatiale wallonne qui a su se faire un nom à l'international, était l'invité de Bertrand Henne ce mardi matin. Au lendemain de la grève tournante à Bruxelles et dans les Brabants, et à quelques jours de la grève nationale annoncée le 15 décembre, il estime que syndicats et gouvernements fédéral et régionaux pourraient se concentrer sur leurs intérêts communs pour trouver "assez facilement" des mesures qui pourraient contenter tout le monde. 
  (...)


"Si on se bat dans la rue aujourd’hui, si on manifeste, ou si on réforme au niveau des gouvernements, il faut que l’on garde à l'esprit qu’il y a un vrai sentiment d’urgence, qu’on le fasse pour arriver à quelque-chose", autrement dit que l'on oublie pas l'objectif en ligne de mire: redresser l'économie et créer de l'emploi.
Et selon lui, la concertation est une non seulement encore tout à fait praticable mais permettra justement de prendre conscience qu'il y a finalement plus d'intérêts communs que de points de divergences entre employeurs et travailleurs. "Bien sûr que j'arrive à discuter avec les syndicats. Au niveau de l'entreprise très certainement mais même en dehors, nous constatons le plus souvent que nous avons les mêmes objectifs, à savoir la croissance et l’emploi", indique le CEO.
Dès lors, précise-t-il, "en discutant autant avec des patrons qu'avec des leaders syndicaux, il apparaît qu’on pourrait assez facilement se mettre d’accord sur un panier de mesures équilibrées, qui ne seraient agréables pour personne mais qui pourrait être considérées comme équitables par tout le monde".

"L’emploi ça ne se décrète pas, cela s’attire", a résumé cet ancien de Belgacom. Dès lors, les questions qui se posent selon lui, sont "comment on fait pour baisser le coût du travail et de l’énergie, pour augmenter notre niveau de formation, etc. Pour attirer les investisseurs en Belgique?". Et s'il (ex)pose les questions, c'est qu'il a déjà une idée des réponses qu'il faudrait y apporter.
"Pour les mesures à prendre, il faut sortir du schéma actuel où l’on prend des mesures ponctuelles", estime-t-il. "Nous avons besoin d’un panier d’actions qui vont avoir des effets sur plusieurs années et pouvoir donner une perspective au citoyen sur trois ans, sur cinq ans, sans quoi, on crée de l’anxiété et donc un blocage".

Et parmi les mesures structurelles prônées par ce grand patron, il y a, sans surprise, la réduction des charges sociales. 
Son calcul est simple: "si vous réduisez les charges sociales massivement, sur 20% des emplois en Belgique, cela coûte à l’Etat de 7 à 8 milliards d'euros par an. Cet argent peut être récupéré ailleurs, par exemple, dans une mise à plat des aides à l’emploi qui représentent 11 milliards par an, soit presque totalité de l’impôt des sociétés. Il faut remettre ça à plat et redistribuer cela autrement et beaucoup plus vers les entreprises publiques que vers des Asbl ou des services publics".
L'invité de Bertrand Henne ne précise cependant pas comment ces asbl et services publics sont censés faire pour continuer à fonctionner et assurer le rôle sociétal bien souvent essentiel qui est le leur.

Nous rappelons que la notion-même de "charge" (de prestation, en fait) n'est nullement anti-libérale. Un patron qui est compétent est soumis aux mêmes "charges" que ses concurrents. Pour un libéral, il n'a donc pas besoin d'aide pour s'en sortir, il n'a pas besoin d'exemption de "charge".

Pour un libéral, les concurrents doivent être soumis aux mêmes règles du jeu et, ceux qui ne s'en sortent pas face à une concurrence qui s'en sort, sont ceux qui sont mal gérés - ils doivent disparaître.

Pour un libéral, les secteurs qui ne s'en sortent pas, sont ceux qui n'ont aucune pertinence économique - ils doivent donc disparaître.

Ce qui est regrettable avec les libéraux, au fond, c'est qu'ils ne sont pas libéraux.

Considérations VI

Glané sur le net. Nous rappelons que le travail, c'est une énergie, un engagement, une aventure sans lien avec l'abjection, la veulerie, la médiocrité de l'emploi, avec l'esprit de lucre et de soumission.

Depuis que je suis ici je n'ai eu que trois repas chauds, pour le reste je ne mange que du pain. A ce régime on devient un végétarien plus qu'il n'est souhaitable-

Je préfère peindre des yeux humains plus que des cathédrales si majestueuses et si imposantes soient-elles - l'âme d'un être humain ! Même les yeux d'un pitoyable gueux ou d'une fille du trottoir sont plus intéressants selon moi ...

Je suis serré de tous les côtés, le seul moyen d'en sortir est de continuer à travailler avec énergie. Nous serons pauvres et nous souffrirons la misère comme une ville assiégée qui n'entend pas capituler, mais nous montrerons que nous sommes quelque chose ... on est vaillant ou on est lâche -


Vincent Van Gogh "LETTRES A THEO " Anvers Décembre 1885 -

Considérations V

 
Seul le fait de sentir que ce que l'on fait, que ce que l'on vit participe d'un esprit, d'une force, d'une richesse communes permet d'en finir avec l'économie, c'est à dire avec le calcul, avec la mesure, avec l'évaluation, avec toute cette petite mentalité de comptable qui est partout la marque du ressentiment, en amour comme dans les ateliers 

Comité Invisible

Le syndrome du larbin


Nous ne résistons pas au plaisir de vous partager le billet de Jolemanique sur le blogue de Médiapart (ici, en libre accès, en français).
Extraits pour vous mettre en appétit

I) Définition

Chez un individu, le syndrome du larbin est un comportement pathologique visant à prendre systématiquement la défense des classes les plus favorisées au détriment de celles dont il est issu. Ce syndrome diminue les capacités d’analyse du larbin et se traduit par un blocage psychologique l’incitant à agir préférentiellement contre ses propres intérêts au profit de ceux qui l’exploitent.


II) Analyse des symptômes

L’amour démesuré qu’affiche le larbin à l’égard des patrons, des rentiers ou des milliardaires, est l’acte de foi qui structure son discours. Le larbin agit sans discernement de ce qui pourrait être bon pour lui, il intellectualise le débat pour tenter de nous convaincre que piocher chez les riches est toujours la pire des solutions, quand bien même il en serait bénéficiaire. Les arguments économiques qu’il invoque inlassablement n’ont pas servi à forger sa conviction, le syndrome du larbin est malheureusement une vocation qui se trimbale dès le plus jeune âge et contre laquelle il n’existe aucun remède. Le larbin n’a pas choisi d’aimer les riches, il aime les riches parce qu’il est un larbin. De tendance nettement libérale le larbin est celui qui vous vante les bienfaits du bouclier fiscal alors même qu’il ne paye pas d’impôts. C’est encore le même larbin qui voudrait réduire ou supprimer l’impôt sur la fortune même s’il sait qu’il ne sera jamais concerné par la question. Un écervelé victime du syndrome du larbin n’a pas de conscience politique, il vote instinctivement dans l’intérêt de ceux qui l’exploitent pour s’attirer leur bienveillance. Le larbin estime que l’argent qui lui fait défaut, est beaucoup plus utile dans le coffre d’un riche qui pourra ainsi le réinvestir beaucoup plus utilement qu’il ne l’aurait lui même dépensé. Le larbin cautionne tous les sacrifices et les plans d’austérité dont il pourrait être l’objet comme la baisse des salaires, ou encore l’augmentation de l’âge de la retraite même si son travail ne lui convient d’aucune façon et que ses maîtres ne lui offrent aucune perspective d’améliorer sa condition.
 
IV) Quelques exemples

Le larbin réagit vivement à toute discussion qui ose remettre en cause les privilèges des plus fortunés, incapable de se livrer à une argumentation convaincante, ses messages distillent la peur et les intimidations dont il est l’objet. En réaction le larbin brandit instinctivement une succession de termes caractéristiques qu’il essaye de glisser dans son discours tels que : communisme, bolchévisme, tirage vers le bas, la Stasi, Corée du Nord, isolement, dictature socialiste, évasion fiscale, paupérisation, millions de morts...
 
Les quelques messages qui suivent portent la quasi-signature "littéraire" d’un larbin digne de ce nom:
 
- Les riches il faut les bichonner, les câliner, si on les spolie trop ils s’installeront ailleurs.
 
- Le Bolchevisme ? Non merci les Russes ont essayé en 17...
 
- Comme en Corée du Nord ou au Zimbabwe La fortune de Bill Gates? Ça fait 3 pizzas par Africain et après on fait quoi Si les riches disparaissent on pourra plus leur vendre des produits de luxe !
 
- Les parachutes dorés c’est une compensation pour dissuader de saboter davantage l’entreprise, divisé par le nombre de salariés ça fait beaucoup moins que dans une seule poche.

Considérations IV

Nous vous partageons un texte obligeamment mis en ligne par le site Mécanique Universelle (ici) de l'auteur de l'Utopie. Nous avons expliqué dans l'article travail la différence entre le travail concret et le travail abstrait, le travail comme statut économique, comme rôle dans une société de violence sociale. Thomas More démontre ici l'absence de lien entre ces deux aspects du travail et, partant, il dénonce la violence sociale du travail abstrait.

Est-il juste qu'un noble, un orfèvre, un usurier, un homme qui ne produit rien, ou qui ne produit que des objets de luxe inutiles à l'état, est-il juste que ceux-là mènent une vie délicate et splendide au sein de l'oisiveté ou d'occupations frivoles ? tandis que le manœuvre, le charretier, l'artisan, le laboureur, vivent dans une noire misère, se procurant à peine la plus chétive nourriture. Ces derniers, cependant, sont attachés à un travail si long et si pénible, que les bêtes de somme le supporteraient à peine, si nécessaire que pas une seule société ne pourrait subsister un an sans lui. En vérité, la condition d'une bête de somme paraît mille fois préférable ; celle-ci travaille moins longtemps, sa nourriture n'est guère plus mauvaise, elle est même plus conforme à ses goûts. Et puis l'animal ne craint pas l'avenir. 
Mais l'ouvrier, quelle est sa destinée ? Un travail infructueux, stérile, l'écrase présentement, et l'attente d'une vieillesse misérable le tue ; car son salaire journalier ne suffit pas à tous ses besoins du jour ; comment donc pourrait-il augmenter sa fortune et mettre chaque jour de côté un peu de superflu pour les besoins de la vieillesse ? 
N'est-elle pas inique et ingrate la société qui prodigue tant de biens à ceux qu'on appelle nobles, à des joailliers, à des oisifs, ou à ces artisans de luxe, qui ne savent que flatter et servir des voluptés frivoles ? quand, d'autre part, elle n'a ni cœur ni souci pour le laboureur, le charbonnier, le manœuvre, le charretier, l'ouvrier, sans lesquels il n'existerait pas de société. Dans son cruel égoïsme, elle abuse de la vigueur de leur jeunesse pour tirer d'eux le plus de travail et de profit ; et dès qu'ils faiblissent sous le poids de l'âge ou de la maladie, alors qu'ils manquent de tout, elle oublie leurs nombreuses veilles, leurs nombreux et importants services, elle les récompense en les laissant mourir de faim.
Ce n'est pas tout. Les riches diminuent, chaque jour, de quelque chose le salaire des pauvres, non seulement par des menées frauduleuses, mais encore en publiant des lois à cet effet. Récompenser si mal ceux qui méritent le mieux de la république semble d'abord une injustice évidente ; mais les riches ont fait une justice de cette monstruosité en la sanctionnant par des lois. 
C'est pourquoi, lorsque j'envisage et j'observe les républiques aujourd'hui les plus florissantes, je n'y vois, Dieu me pardonne! qu'une certaine conspiration des riches faisant au mieux leurs affaires sous le nom et le titre fastueux de république. Les conjurés cherchent par toutes les ruses et par tous les moyens possibles à atteindre ce double but : 
Premièrement, s'assurer la possession certaine et indéfinie d'une fortune plus ou moins mal acquise ; secondement, abuser de la misère des pauvres, abuser de leurs personnes, et acheter au plus bas prix possible leur industrie et leurs labeurs. 
Et ces machinations décrétées par les riches au nom de l'état, et par conséquent au nom même des pauvres, sont devenues des lois.

Considérations III

Extrait de "Écrits politiques et historiques" de Simone Weil, la philosophe morte en 1943.


Nous vivons dans un âge éclairé, qui a secoué les superstitions et les dieux. Il ne reste attaché qu'à quelques divinités qui réclament et obtiennent la plus haute considération intellectuelle, telles que Patrie, Production, Progrès, Science. Par malheur, ces divinités si épurées, si affinées, tout à fait abstraites comme il convient à une époque hautement civilisée, sont pour la plupart de l'espèce anthropophage. Elles aiment le sang. Il leur faut des sacrifices humains. Zeus était moins exigeant. Mais c'est qu'on n'aurait pas accordé à Zeus plus que quelques gouttes de vin et un peu de graisse de bœuf. Au lieu que le Progrès - que ne lui accorderait-on pas ? Aussi riait-on parfois de Zeus, tandis qu'on ne rit jamais du Progrès. Nous sommes une civilisation qui ne rit pas de ses dieux. Est-ce par hasard que depuis l'intronisation dans l'Olympe de ces dieux dont on ne rit pas, il n'y a presque plus de comédie ?
On peut tout accorder au Progrès, car on ignore tout à fait ce qu'il demande. Qui a jamais tenté de définir un progrès ? Si l'on proposait ce thème dans un concours, il serait sans doute instructif et amusant de comparer les formules. Je propose la définition que voici, la seule à mon avis pleinement satisfaisante et qui s'applique à tous les cas : on dit qu'il y a progrès toutes les fois que les statisticiens peuvent, après avoir dressé des statistiques compa­rées, en tirer une fonction qui croît avec le temps. S'il y a en France - simple supposition - deux fois plus d'hôpitaux qu'il y a vingt ans, trois fois plus qu'il y a quarante ans, il y a progrès. S'il y a deux, trois fois plus d'automobiles, il y a progrès. S'il y a deux, trois fois plus de canons, il y a progrès. S'il y a deux, trois fois plus de cas de tuberculose... mais non, cet exemple ne conviendra que le jour où on fabriquera de la tuberculose. Il convient d'ajouter à la définition ci-dessus que la fonction doit exprimer l'accroissement de choses fabriquées.
Extrait de "Réflexions sur les causes de la liberté et de l’oppression sociale"
La période présente est de celles où tout ce qui semble normalement constituer une raison de vivre s'évanouit, où l'on doit, sous peine de sombrer dans le désarroi ou l'inconscience, tout remettre en question. Que le triomphe des mouvements autoritaires et nationalistes ruine un peu partout l'espoir que de braves gens avaient mis dans la démocratie et dans le pacifisme, ce n'est qu'une partie du mal dont nous souffrons ; il est bien plus profond et bien plus étendu. On peut se demander s'il existe un domaine de la vie publique ou privée où les sources mêmes de l'activité et de l'espérance ne soient pas empoisonnées par les conditions dans lesquelles nous vivons. Le travail ne s'accomplit plus avec la conscience orgueilleuse qu'on est utile, mais avec le sentiment humiliant et angoissant de posséder un privilège octroyé par une passagère faveur du sort, un privilège dont on exclut plusieurs êtres humains du fait même qu'on en jouit, bref une place.

Considérations II

Extrait des Manuscrits de 1844 de Karl Marx

1. La division du travail

De même, la division du travail limite l'horizon de l'ouvrier et accroît sa dépendance, tout comme elle entraîne la concurrence non seulement des hommes, mais aussi des machines. Comme l'ouvrier est abaissé au rang de machine, la machine lui fait concurrence. Enfin, l'accumulation du capital accroît le potentiel industriel, le nombre d'ouvriers, tout comme la même quantité de travail industriel produit, du fait de cette accumulation, une plus grande quantité d'ouvrage, laquelle se transforme en surproduction et a pour résultat final soit de priver de leur emploi une grande partie des ouvriers, soit de réduire leur salaire au minimum le plus misérable. 

2. Le travail en emploi aliène et ne libère pas

L'objet que le travail [en emploi] produit, son produit, se dresse devant [le travailleur] comme un être étranger, comme une puissance indépendante du producteur. Le produit du travail est le travail qui s'est fixé, matérialisé dans un objet, il est l'objectivation du travail. La réalisation du travail est son objectivation. Dans le monde [du capitalisme et de ses théoriciens], cette réalisation du travail apparaît pour la perte pour l'ouvrier de sa réalité, l'objectivation comme la perte de l'objet ou l'asservissement à celui-ci, l'appropriation comme l'aliénation, le dessaisissement. La réalisation du travail se révèle être à tel point une perte de réalité que l'ouvrier perd sa réalité jusqu'à en mourir de faim. L'objectivation se révèle à tel point être la perte de l'objet que l'ouvrier est spolié non seulement des objets les plus indispensables à la vie, mais encore des objets du travail. Oui, le travail lui-même devient un objet dont il ne peut s'emparer qu'en faisant le plus grand effort et avec les interruptions les plus irrégulières. 

(...)
[L'aliénation du travail consiste] dans le fait que le travail est extérieur à l'ouvrier, c'est-à-dire qu'il n'appartient pas à son essence, que donc, dans son travail, l'ouvrier ne s'affirme pas, mais se nie, ne se sent pas à l'aise, mais malheureux; il n'y déploie pas une libre activité physique et intellectuelle, mais mortifie son corps et ruine son esprit. En conséquence, l'ouvrier ne se sent lui-même qu'en dehors du travail et dans le travail, il se sent extérieur à lui-même.

(...)

On en vient donc à ce résultat que l'homme (l'ouvrier) se sent agir librement seulement dans ses fonctions animales: manger, boire et procréer, ou encore, tout au plus, dans le choix de sa maison, de son habillement, etc; en revanche, il se sent animal dans ses fonctions proprement humaines. Ce qui est animal devient humain, et ce qui est humain devient animal.

Service public et fontion publique


Merci à Joëlle Milquet de nous expliquer en quoi la revendication de "service public" est un piège. Si on se réfère à l'utilité du travail presté, le droit de grève n'existe plus ni le producteur.

Nous opposons au "service public" la "fonction publique" qui affirme le statut du producteur et nous débarrasse de l'employeur.

Dans la "fonction publique", la grève est un droit évident. Dans le "service public" la grève est une gène évidente pour le client-usager-consommateur-papa-maman-bedot et même son éminence.

Le "service public" insiste sur l'utilité du travail concret. Mais tous les types de travail concret sont utiles - y compris le travail concret hors emploi - et, par contre, bien des employés sont payés pour faire des choses nuisibles à la collectivité. De nouveau, la seule façon de se sortir du débat oiseux entre producteurs "utiles" et producteurs "productifs", c'est de poser le problème au niveau du statut politique des producteurs, de leur qualification et du droit au salaire. Il ne faut pas se battre pour la défense des services publics, il faut se battre pour l'universalisation (pour tous et pour tout) de la fonction publique, du salaire à vie.

Sans employeur, en tout cas (c'est tout le bien que nous nous souhaitons).

Considérations I



Photo : À qui de droit

"Chercher un travail pour avoir un salaire - en cela, presque tous les hommes des pays civilisés sont aujourd'hui semblables; le travail est pour eux tous un moyen, et non le but lui-même; c'est pourquoi il ne font guère preuve de subtilité dans le choix de leur travail, pourvu qu'il rapporte bien. Mais il existe des hommes plus rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans prendre plaisir à leur travail: ces hommes difficiles, qu'il est dur de satisfaire, qui n'ont que faire d'un bon salaire si le travail n'est pas par lui-même le salaire de tous les salaires. À cette espèce d'homme exceptionnelle appartiennent aussi les artistes et les contemplatifs de toutes sorte, mais aussi ces oisifs qui passent leur vie à la chasse, en voyage, en affaires de coeur et en aventures. Il veulent tous le travail et la peine pourvu qu'ils soient liés au plaisir, et le travail le plus pénible, le plus dur s'il faut." F. Nietzsche, Le Gai Savoir.À qui de droit

Le travail et l'ennui

Chercher un travail pour avoir un salaire - en cela, presque tous les hommes des pays civilisés sont aujourd'hui semblables; le travail est pour eux tous un moyen, et non le but lui-même; c'est pourquoi il ne font guère preuve de subtilité dans le choix de leur travail, pourvu qu'il rapporte bien. Mais il existe des hommes plus rares qui préfèrent périr plutôt que de travailler sans prendre plaisir à leur travail: ces hommes difficiles, qu'il est dur de satisfaire, qui n'ont que faire d'un bon salaire si le travail n'est pas par lui-même le salaire de tous les salaires. À cette espèce d'homme exceptionnelle appartiennent aussi les artistes et les contemplatifs de toutes sorte, mais aussi ces oisifs qui passent leur vie à la chasse, en voyage, en affaires de coeur et en aventures. Il veulent tous le travail et la peine pourvu qu'ils soient liés au plaisir, et le travail le plus pénible, le plus dur s'il faut.
Du manque de forme noble

Il est étrange qu l'on ressente la soumission à des personnes puissantes, à des tyrans et à des chefs militaires comme infiniment moins pénible que cette soumission à des inconnus dénués d'intérêt comme le sont tous les magnats de l'industrie: l'ouvrier ne voit d'ordinaire dans l'employeur qu'un chien astucieux, qu'un vampire qui spécule sur toute misère, dont le nom, la tournure, les moeurs et la réputation lui sont totalement indifférents. Il est vraisemblable que les industriels et les gros négociants étaient jusqu'à présent trop dépourvus de toutes les formes et de toutes les marques distinctives de la race supérieure, qui seules rendent les personnes intéressantes.

F. Nietzsche, Le Gai Savoir.

Un économiste critique l'activation et la guerre au salaire

Nous traduisons en français un article de Lars P. Syll paru en anglais sur son site (ici, en libre accès).

Traduction

Il y a deux ans, dans le cadre de son prix de sciences économiques de la banque de Suède en mémoire d'Alfred Nobel, Thomas Sargent, dans une interview à la télévision suédoise, déclarait que les travailleurs devaient se préparer à avoir de faibles indemnités de chômage pour être suffisamment incités à chercher de l'emploi.

unemployment

Cette vieille idée mercantiliste n'a que peu de fondements scientifiques. Cependant, il est symptomatique que les politiciens de droite et les économistes néo-classiques - comme Robert Lucas et Thomas Sargent - ressortent cette vieille recette miracle du chapeau. Comme leurs prédécesseurs des années 1920, ils suggèrent que la baisse des salaires est le bon moyen de renforcer la compétitivité d'économies déclinantes, de remettre l'économie en marche, de créer de l'emploi, de provoquer la croissance qui se débarrassera des dettes qui s'accumulent et d'équilibrer les budgets de l'État.

Mais recommander de résoudre les problèmes économiques en baissant les indemnités de chômage et en sabrant dans les salaires, dans ces temps difficiles, devrait être plutôt interprété comme un signe de la noyade de la confiance envers notre système économique. Les coupes de salaires et la baisse des prestations de chômage - bien sûr - ne sauvent ni la compétitivité ni l'emploi.

Ce dont nous avons besoin par dessus tout en ces temps, c'est de stimulation et de politiques économiques qui augmentent la demande

Au niveau sociétal, les coupes de salariales ne font qu'augmenter le risque de chômage de masse. Penser que l'on peut résoudre une crise économique de cette façon, c'est revenir à ces théories économiques et à ces politiques que John Maynard Keynes a démontées implacablement dès les années 1930. Ce sont des théories et des politiques qui ont mis des millions de personnes au chômage à travers le monde.

C'est une erreur atomique de penser qu'une politique de coupe générale des salaire va renforcer l'économie. Au contraire. Les effets cumulés des coupes salariales sont catastrophiques, comme l'a démontré Keynes. Ces coupes enclenchent un cercle vicieux de déflation qui fait augmenter les dettes des individus et des sociétés puisque la dette nominale n'est pas affectée par la diminution des prix et des salaires. Dans une économie qui s'est reposée de plus en plus sur des dettes croissantes et sur l'emprunt, [ces coupes] seraient la porte d'entrée d'une crise de la dette avec une chute des investissements, un chômage plus élevé. En bref, cette politique nous amène au seuil de la dépression.

Le danger pendant pour les économies aujourd'hui, c'est de ne pas trouver de consommateurs et d'investisseurs. La confiance et la demande effective doivent être rétablies. Le problème de nos économies n'est pas du côté de l'offre. la demande est - pour le dire crûment - simplement insuffisante pour faire tourner les roues de l'économie. Suggérer que la solution, c'est de baisser les salaires et les allocations de chômage, c'est prescrire des catastrophes encore plus graves.

La relance par le salaire

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Pour sortir de la crise

L'Union Européenne a inscrit le principe de subsidiarité dans ses traités. L'idée est de favoriser le niveau de pouvoir le plus local, le plus bas possible dans les prises de décision où les niveaux se font concurrence pour coller aux intérêts de la population.

Selon ce principe (voir ici),

l’Union ne pourra agir dans un domaine politique que si:
  • cette action fait partie des compétences conférées à l’UE par les traités (principe d’attribution);
  • dans le cadre des compétences partagées avec les États membres, l’échelon européen est le plus pertinent pour atteindre les objectifs fixés par les traités (principe de subsidiarité);
  • le contenu et la forme de l’action n’excède pas ce qui est nécessaire pour atteindre les objectifs fixés par les traités (principe de proportionnalité).
 Pour ce qui est des drames du chômage et de l'emploi, ces problèmes doivent donc être posés à un niveau européen puisque la monnaie et le cadre économique sont fixés à ce niveau-là: l'échelon européen est le plus pertinent.

Pour autant, les institutions européennes sont aussi compliquées que bureaucratiques. Nous avons donc opté pour une solution européenne qui contourne et les institutions européennes et les législations nationales. On ne change rien, on rajoute, sans voter de loi nationale, sans devoir obtenir l'unanimité des États membres, on crée un nouveau machin.

Explications.

  • Quelques données:

Il y 17 T€ (17.000.000.000.000) de valeur ajoutée annuelle en Europe - 17 millions de millions d'€. Sur ces 17 trilliards, la France représente 2 trilliards d'€ de valeur ajoutée annuelle et la Belgique 400 milliards d'€ (0,4 trilliards).

Avec selon éconosphère (ici) 65% pour les salaires




soit  11T€

et 35% pour le capital (dividendes)

soit 6T€
Population active de l'Union européenne = 250 millions de producteurs
Chômeurs en Union européenne = 26 millions de producteurs
Retraités en Union européenne = 100 millions de producteurs
  • Avant toute chose éviter la fuite des capitaux
Avant de mettre sur pied ce plan, pour éviter que les spéculateurs ne vide les circuits économiques de leur substance monétaire, il faut opérer des changements de monnaie de référence.

Lénine lui-même eut à faire face au pouvoir de nuisance des boursicoteurs.

Pour leur enlever tout pouvoir de nuisance, il faut changer de monnaie et de mode de création monétaire. Le crédit n'a pas de sens. Il faut et il suffit d'avoir recours à la cotisation-investissement et à la création monétaire directe par les pouvoirs publics pour financer les divers investissements urgents à faire à la veille de la transition énergétique.

Il faut avoir recours à quatre monnaies différentes au niveau de la zone considérée en transition salariale - l'Europe, par exemple.

La première monnaie sera la monnaie convertible, inutilisable sur le marché interne. Son cours sera contrôlé par les autorités publiques, en concertation avec les partenaires commerciaux. Cette monnaie servira exclusivement au commerce extérieur de la zone monétaire en transition salariale. Appelons-la le Thaler.

La deuxième monnaie sera une monnaie exclusivement interne. C'est avec cette monnaie que seront versés les salaires dans la zone, c'est elle qui servira de moyen de paiement pour les salaires ou pour les marchandises à prix standard. Appelons cette monnaie l'écu.

La troisième monnaie aura la même valeur que l'écu mais ne sera d'usage que local. Elle permettra aux commerçants de concentrer leur activité sur les produits locaux; elle permettra d'amorcer la relocalisation de l'économie.

La quatrième monnaie sera l'Itaca. Un itaca vaut une heure de travail (quelle que soit la qualification, les prestations effectives et les réalisations du travailleurs). Les itacas sont délivrés par des associations agréées qui utilisent le travail bénévole. Les itacas peuvent ensuite être échangés. Leur cours est celui de l'heure de travail. L'itaca vaut sur l'ensemble de la zone.

Ces quatre monnaies différentes permettront d'abandonner l'euro en une dizaine de jours. Les détenteurs d'euros devront les convertir à des guichets en lien avec le fisc (ce sera l'occasion de refaire les finances publiques). Passée cette période, la banque centrale et les banques privées ne reconnaîtront plus l'euro. Faute de reconnaissance bancaire, les comptes en euros des paradis fiscaux, les titres dérivés, les valeurs boursières en euros seront livrés aux marchés et disparaîtront en tant que valeurs économiques, leur valeur tendra rapidement vers zéro.

Comme la masse monétaire européenne aura été amputée de sa composante dormant dans les paradis fiscaux, les autorités pourront (et devront) créer énormément de monnaie pour remplacer celle qui aura disparu. La monnaie créée servira à socialiser les outils de production et à payer les salaires, fondements de l'économie.

  • Plan de résolution des drames de l'emploi et du chômage en Europe

Voici nos pistes dans l'ordre. Ce sont des pistes de compromis, des mesures pragmatiques, réalistes, pavées de bon sens. Nous proposons de socialiser la valeur ajoutée pour nous libérer de l'emploi.

1. créer une sécurité sociale européenne supplémentaire qui s'additionnerait aux sécus nationales avec un taux de cotisation de 25% supplémentaire.

Cette sécurité sociale complémentaire garantirait ou compléterait les prestations chômage, retraite et santé intégralement dans les pays où les sécurités nationales ne le font pas encore.

Les délégués de la sécurité sociale européenne seront élus directement au suffrage universel lors des élections sociales. Leurs mandats seront révocables.

soit 2,75 T€ de cotisations en plus (et une augmentation des prix de l'ordre de 15 à 20% à long terme, sur quelques années et de 4% immédiatement) par cette mesure toute simple, 25% de cotisation sur tous les salaires en Europe (et une taxe équivalente sur les produits importés).
- Le problème de la déflation est résolu: la déflation est une baisse générale des prix à la consommation qui accompagne des crises économiques majeures. La déflation signe une catastrophe économique, une crise de surproduction or, en Europe, aujourd'hui, nous sommes à l'aube d'une déflation. L'augmentation des prix et du PIB par les salaires socialisés empêche ce type de crise et relance la machine économique.
Nous aurions alors une clé de 15,25T€ pour les salaires et 6T€ pour les dividendes avec une augmentation importante du PIB - de 4% immédiatement et de 15 à 25% sur le long terme - et une relance de la consommation, comme nous l'avons dit.

Divers pays d'Europe ont déjà des prestations sociales. Les 4,25T€ (11.300€ par producteur) vont compléter et harmoniser les prestations chômage inconditionnelles et les prestations de retraite en Europe.

- En suivant l'idée de Friot, on pourrait imaginer une harmonisation, en complément des prestations traditionnelles, sur une échelle de 1.500€ à 6.000€. En calculant une moyenne d'un peu moins de 3.000€ mensuels à financer pour les 126 millions de producteurs au chômage ou à la retraite, nous obtenons les 4,25T€ de supplément de PIB. Des millions de travailleurs sont libérés des employeurs et de la misère.
Pour ne pas modifier les équilibres des échanges face à la concurrence extra-européenne, il faut prélever une taxe limitée sur les produits d'importation - taxe de l'ordre de 25% de la part salariale de la valeur ajoutée, soit environ 4% du prix. Pour ne pas réveiller la guerre économique, pour montrer notre bonne volonté, son montant en sera intégralement reversé sous forme de salaire socialisé aux producteurs des pays exportateurs. Les partenaires économiques de l'Europe verront de ce fait leurs salaires légèrement revalorisés, ce qui les rendra plus stables et plus prospères.

2. socialiser la partie salariale de la valeur ajoutée

Les 11 T€ salariaux restant peuvent aller directement à une caisse européenne des salaires à créer en plus de tout ce qui existe. Progressivement, par classes d'âge, par exemple, les producteurs seront salariés par cette caisse indépendamment de leur activité professionnelles. Les salaires se calculeront dans une échelle semblable à celle du chômage ou des retraites. Les montants seront inchangés (sauf les montants inférieurs à 1.500€ ramenés à cette somme et les montants supérieurs à 6.000€ également ramenés à cette somme). 

Soit, si l'on évalue à 415 millions de travailleurs majeurs la population de l'Union - retraités compris -, l'ensemble des salaires et de la nouvelle cotisation européenne représente un budget de 36.000€ par travailleur par an, ce qui permet une salarisation dans l'échelle envisagée immédiate sans supplément, sans aucune augmentation de prix. L'ensemble des travailleurs du continent est libéré des employeurs et peut enfin travailler comme bon lui semble.

Comme l'ensemble des petits salaires est augmenté, la demande relance la machine économique. Comme l'activité est libérée de la tutelle des employeurs, la créativité se déploie et de nombreuses initiatives se développent pour répondre au défit de la transition énergétique et de la crise écologique. Pour la première fois depuis des décennies si ce n'est des siècles, on peut soigner les malades, accompagner les personnes âgées, passer du temps avec les enfants. L'économie devient quelque chose de fort utile.

3. On socialise aussi les investissements et la part du capital, les 6T€.

On peut, au choix et de manière non exclusive, infliger une amende aux propriétaires lucratifs; taxer la propriété lucrative à des taux extrêmes; taxer intégralement les gains issus de la propriété lucrative ou abolir légalement la pratique de la propriété lucrative. Parallèlement, on organise la propriété d'usage des entreprises. Des conflits peuvent enfin éclater, des décisions se prennent enfin, les choses bougent.

La socialisation des investissements et l'abolition de la propriété lucrative rendent le libre-échange possible avec les partenaires commerciaux puisque les prix à la production sont maîtrisés. La question du libre-échange et du protectionnisme est de toute façon débattue de façon démocratique.

L'emploi et le salaire (2)

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  • 4. un licenciement
En emploi

Claude sait que les carottes sont cuites. Il travaille bien et est reconnu dans sa boîte depuis 25 ans mais l'entreprise s'est fait racheter et, comme quinquagénaire, Claude fera forcément partie de la prochaine charrette.

Comme il lui reste plus de 7 ans pour rembourser son crédit, comme sa fille cadette termine ses études, la situation matérielle de Claude va devenir très difficile. Il angoisse, il dort mal, il a peur de l'avenir. Quand il va au travail, il se fait discret, il a peur qu'on ne le remarque. Il sait que, à son âge, ses perspectives de reclassement sont à peu près nulles. Lui qui a toute sa vie reproché aux chômeurs leur fainéantise, voilà qu'il se retrouve au pointage.

Il ne sera pas dispensé du contrôle des chômeurs - il est trop jeune pour cela. Il ne lui sera pas non plus possible de prendre sa pré-pension. Il sera harcelé par l'administration comme les jeunes chômeurs mais il lui sera impossible de trouver un emploi, un employeur qui consente à gagner de l'argent avec son travail parce qu'il est trop vieux.


En salaire à la qualification

Dominique le sait bien, le torchon brûle. Elle n'est pas du genre à se raconter d'histoire. Elle n'a plus sa place dans ce collectif de production, elle n'est plus en phase avec ce qui se fait, avec la nouvelle équipe. Elle est triste: c'est une page de 25 ans de vie qu'elle doit tourner. Elle se surprend à avoir envie de faire exploser son entreprise dans laquelle elle a mis tant de temps, tant de cœur.

Elle est triste mais ce départ sera pour elle l'occasion de se reposer un peu, d'envisager d'autres projets, de se mettre au vert. Si elle se sent un peu perdue, elle pourra aller consulter les conseillers professionnels: ils prennent le temps d'écouter et trouvent parfois de chouettes idées, dit-on. De toute façon, un conseil, c'est gratuit. Avec sa passion des langues, son goût pour les nouvelles technologies de l'information, pour le piano et pour le bricolage, c'est bien le diable si elle ne trouve rien. En tout cas, son salaire demeure inchangé.

Dans l'immédiat, pour digérer la disparition de son petit monde, elle va partir six mois, voyager. Puis elle s'occupera un peu de ses petits enfants.

  • 5. La bougeotte

En emploi

Dominique a été diagnostiquée haut-potentiel dès l'enfance. Elle ne tient pas en place et, pour se réaliser, doit trouver des activités très complexes, créatives. Elle mène plein d'activités de ce genre dans sa vie (elle fait des traductions de textes de musicologie, s'adonne au piano et ne boude pas à l'occasion une petite séance de programmation Java) mais, dans le cadre de son boulot alimentaire, elle endure un véritable supplice.

Obéir à des cuistres incompétents, assoiffés de gain, calculateurs à petite vue, médiocres jusque dans leurs ambitions, soit, mais devoir s'infliger ce monde répétitif, morne, cadre, devoir suivre ces maudits protocoles, ça, elle ne le supporte plus.

Alors, toute brillante et créative qu'elle soit, entre la dépression, les médicaments et les somatisations, elle se fraie un chemin hors de l'emploi, un chemin de maquisarde, un chemin de précarité. Elle peut certes s'amuser mais l'ambition lui est interdite.


En salaire à vie

Claude change régulièrement de collectif de travail. Il aime la compagnie et les rencontre mais il reste solitaire. Il fait de la consultance - quand ses activités non professionnelles comme il dit lui en laissent le temps. Il vient à la demande d'un groupe dysfonctionnel (qui se définit comme tel) démêler les problèmes relationnels, matériels ou institutionnels. Il est très demandé: son point de vue original, ses capacités de faire des liens, d'éclairer les problèmes en en pensant le cadre font merveille.

Il voyage comme cela pour ses missions de quinze jours (parfois un peu plus quand il s'attache au lieu). Il peut en même temps avoir une vie de famille - il emmène souvent ses enfants dans ses voyages. Il est accueilli comme quelqu'un qu'on attend et, ça, pour quelqu'un de différent, c'est irremplaçable.

Il ne se sent pas toujours légitime, à sa place - ce qui explique pourquoi il néglige de faire reconnaître une qualification plus élevée - mais il parvient à concilier la richesse de sa vie avec la sécurité matérielle et affective dont il a particulièrement besoin. Le salaire ne l'a débarrassé de toutes ses angoisses mais l'aide à vivre avec.

  • 6. Éboueur

En emploi

Claude travaille pour la société sous-traitante de l'intercommunale. Il se lève à quatre heures du matin mais termine vers midi. Il travaille tous les jours, suit le gros camion tous les jours, ramasse les poubelles aussi vite que possible pendant toute la journée. Son métier est rude.

Il a dû se battre pour son poste. Il a un contrat d'essai de 12 mois qui suit un premier intérim. Il a peur de ne pas être repris même si, selon le chef, il a ses chances. Il ramasse les poubelles dans un quartier riche mais lui n'a pas les moyens d'habiter ce quartier. Il habite un quartier pauvre parce qu'il est pauvre.



En salaire à vie

Dominique fait partie d'un collectif de travail de ramassage et de valorisation des déchets. En concertation avec les habitants du quartier, des points de collectes, dans chaque rue, ont été choisis. On y a installé de petits cabanons pour que les gens puissent poser leurs sacs poubelles dans des conteneurs à l'abri de la pluie. Le temps de collecte a été fortement réduit de ce fait: son équipe passe une fois par semaine dans les centres, nettoie les dépôts sauvages une fois par semaine et, le reste du temps, se concentre à d'autres tâches. Lors du ramassage, l'équipe part à 10h du matin de l'entrepôt et met un point d'honneur à ne pas s'épuiser. Sans se presser, en trois heures, la collecte des 32 points de dépôts est faite pour une semaine.

Dominique s'occupe particulièrement du contact avec les habitants. Elle doit expliquer les subtilités du tri sélectif (que son équipe et elle ont poussé assez loin) aux habitants, elle a aussi organisé un système de valorisation des déchets organiques. Elle anime régulièrement des formations à ce sujet - c'est que le compost, c'est bien, mais il est impératif que ne s'y retrouvent que des déchets organiques.

La quantité de volume de poubelle a diminué avec la mise en place du salaire. Les entreprises n'ont plus eu besoin d'avoir recours aux emballages criards, encombrants, pour convaincre d'acheter leur marchandise. Dominique participe à la mise en place de consigne unique en verre (unique mais pour chaque format) au niveau national. Elle rencontre des producteurs, des designers industriels et des gérants de la grande distribution pour coordonner cette politique de consigne.

Elle est impliquée dans son métier, reconnue par ses partenaires sociaux et respectée par rapport à son statut social. Elle rencontre des responsables et est impliquée dans des décisions techniques. Sa fonction d'éboueuse lui donne droit à un salaire élevé - elle peut donc habiter le quartier riche si elle le souhaite ou rester proche de ses ami(e)s d'enfance.

L'emploi et le salaire (1)

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Nous avons imaginé ce que deviendrait toute une série de métiers si le salaire était un droit politique et si la propriété lucrative était abolie.

  • 1. Un agriculteur

En emploi et en dette

Dominique, agricultrice, est soumise à la concurrence. Elle doit donc produire le plus possible à moindre coût. Pour ce faire, elle s'endette et fait des économies d'échelle en agrandissant son exploitation et en s'équipant en matériel lourd.

Elle, sème des semences OGM (plus stables) dans des champs immenses. Elle produit une nourriture au mieux immangeable, au pire toxique. Elle, s'empoisonne et empoisonne ses clients. Son travail est répétitif, angoissant, toxique et ennuyeux.

Avec un salaire paysan garanti

Claude, agriculteur, peut se consacrer à une petite parcelle puisque son salaire est garanti. Il peut faire des essais de permaculture, il peut tenter des associations de culture, des techniques. Il a intérêt à ne pas s'empoisonner, il se tourne naturellement vers des techniques agricoles moins polluantes, moins onéreuses, moins toxiques.

Son métier est intéressant - trop: sa vie de famille en pâtit. Le soir il retrouve ses pénates préoccupé par les défis que pose sa micro-exploitation, crotté et le sourire jusqu'aux oreilles.

Il produit de la nourriture de qualité, avec ses nombreux collègues, il apprécie d'être reconnu par ses clients. Il jouit d'un grand prestige - on lui demande des conseils pour les jardins. Sa terre ne lui appartient pas mais il a l'usage exclusif de l'ensemble des terres qu'il utilise.

  • 2. Un(e) aide-soignant(e)

En emploi

Claude travaille dans une maison de repos. Il faut aller vite pour arriver à faire tout ce qui doit être fait. Quand un patient a besoin d'aide, de compagnie, il ne peut rien faire pour lui: il n'a pas le temps.

Les patients se plaignent de maltraitance institutionnelle mais leurs enfants qui les envoient là ne mégotent pas: c'est ça ou leur parent habite chez eux. Alors, ils ne discutent pas.

Claude est mal payé. Son boulot n'est pas reconnu et ce qu'il doit effectuer comme travail, c'est de la maltraitance.


Avec un salaire aide-soignant(e) garanti

Dominique travaille dans un habitat groupé. Elle supervise ses chères têtes grises. Elle passe le temps qu'il faut avec qui il faut. Elle donne des tuyaux, surveille l'utilisation de la cuisinière, veille sur les courses et, surtout, prodigue des soins - des massages, des papotes, des excursions en ville ou à la campagne et des soins infirmiers.

Elle se fait régulièrement happer par le rituel des tisanes mais elle doit se surveiller: les gâteaux menacent sa ligne.

  • 3. Un(e) journaliste

En emploi

Les places sont chères. Pour avoir le droit d'être embauché, il a fallu prester 18 mois de stages gratuits, accepter ensuite un contrat précaire et être payé depuis à temps partiel, moins que le SMIC pour un travail effectif de plus de quarante heures par semaine.

Les sujets doivent être réalisés rapidement. Ils sont bâclés, reprennent les dépêches. Les commentaires sont orientés de telle sorte qu'ils correspondent à l'orientation de la boîte, aux opinions de l'employeur, du propriétaire lucratif.

Dominique se rêvait en Woodward et elle se retrouve tâcheron. Employée d'un groupe du BTP/d'un marchand d'armes/d'un conglomérat financier, elle doit faire bonne impression, dire ce qu'attend l'employeur, se montrer docile. Il faut enterrer les sujets qui fâchent et exhiber ceux qui ne posent pas problème. Elle n'a pas fini de faire des unes sur Le Pen, de commenter des sondages bidons. Elle ne parlera pas d'une politique économique différente, couronnée de succès à l'autre bout du monde alors que la crise s'installe ici, elle n'invitera pour commenter que des "experts" ultra-réactionnaires employistes, elle coupera la parole aux syndicalistes de base et recevra dans ses émissions les artistes, les PDG, les énarques, etc.

Avec un salaire journaliste garanti

Claude se consacre aux sujets qui l'intéressent. Il prend le temps d'aller sur le terrain, d'aller trouver les intéressés. Il est libre de dire ce qu'il veut puisque le salaire est garanti (les médias sont à la recherche de reportages).

Il s'inquiète de trouver un public en début de carrière. Certains collègues doivent abandonner faute de public mais, généralement, quand on a la vocation, on trouve, à force de persévérance, le ton, l'engagement, le regard qui convainquent. C'est à ce moment-là une consécration permanente, un public qui se fidélise (et peut ruer dans les brancards ou interpeller). Une vie foisonnante, instable mais passionnante, un défi permanent.

Les reportages sur les malversations d'un marchand d'arme ou du patron du BTP à l'autre bout du monde ou les reportages qui égratignent les dirigeants politiques au pouvoir passent sans problème (les médias se les arrachent): le public apprécie un ton exigeant sans compromis. Les reportages spécialisés sur la nouvelle distribution de Linux, sur l'espionnage industriel, les confrontations de points de vue dans un conflit armé à l'étranger ou sur les techniques agricoles zen trouvent aussi leur public.

Simplification du code du travail

On nous signale que le Medef et François Bayrou s'inquiètent de l'épaisseur du code du travail (François s'inquiète pour la femme de l'artisan qui s'occupe de la comptabilité en la prenant sans doute pour une débile légère - ses électrices apprécieront).

Nous avons notre solution. Pour qu'un contrat de travail soit simple, il faut qu'il soit signé entre égaux en droit. Pour que les parties signataires soient égales en droit, il faut que
- elles jouissent d'un salaire garanti que le contrat soit signé ou non
- la propriété de l'outil de production soit une propriété d'usage.

À ces conditions, en pensant aux pauvres électrices de Bayrou, nous avons la solution pour simplifier le code du travail:

article 1
La propriété lucrative est abolie, seule est reconnue la propriété d'usage

article 2
Le salaire est un droit politique universel sur lequel le patron n'a pas de droit de regard.

article 3
c'est tout, je vous en prie, le plaisir est pour moi.
Code du travail: Bayrou démagogue
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