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Photo : Cherche professeur d'économie pour expliquer aux gouvernements et aux syndicats que les salaires et les gens ne sont pas des coûts.

Cherche économiste pour expliquer que les salaires créent la valeur économiques

Cherche économiste pour expliquer que l'économie est faite pour des gens vivants et non l'inverse.

Cherche politique pour investir dans les gens, dans la vie, pour construire une économie pour les vivants.

Cherche politique pour le travail et contre l'emploi, pour l'activité libre et non pour la servilité contrainte à l'esprit de lucre.

Cherche peuple et pays, cherche humanité pour vivre cela.

Les enfants ne sont pas des coûts, les malades ne sont pas des coûts, les soignants ne sont pas des coûts, la poste et les trains ne sont pas des coûts, les prestations sociales ne sont pas des coûts,

les salaires ne sont pas des coûts mais ils sont à la base de l'économie et, quand on diminue les salaires, on contracte l'économie

Pas sérieux, financier à gage s'abstenir,
répondre directement aux intéressésCherche professeur d'économie pour expliquer aux gouvernements et aux syndicats que les salaires et les gens ne sont pas des coûts.

Cherche économiste pour expliquer que les salaires créent la valeur économiques

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Cherche politique pour le travail et contre l'emploi, pour l'activité libre et non pour la servilité contrainte à l'esprit de lucre.

Cherche peuple et pays, cherche humanité pour vivre cela.

Les enfants ne sont pas des coûts, les malades ne sont pas des coûts, les soignants ne sont pas des coûts, la poste et les trains ne sont pas des coûts, les prestations sociales ne sont pas des coûts,

les salaires ne sont pas des coûts mais ils sont à la base de l'économie et, quand on diminue les salaires, on contracte l'économie

Pas sérieux, financier à gage s'abstenir,
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Comme une pause

Chers vous,

La Plateforme se met au vert pour une semaine. L'occasion de vous souhaiter plein de bonnes choses - du travail, des projets, des rêves, des rencontres, des découvertes, du salaire, de l'émotion, des frissons ... - mais surtout pas d'emploi.

Poutous à toutes et à tous. N'hésitez pas à nous envoyer suggestions, remarques, liens en message.

Dans le marasme, l'horreur économique, la grisaille ambiante du fatalisme fanatique de nos élites employistes, je me souviens de la qualité de l'humour dans un pays en guerre, comme une élégance de résistance; je me souviens de la douceur des conversations entre désespoir et espoir; je me souviens de la chaleur de l'amitié de celles et ceux que menaçaient les bombes. Puissions-nous cultiver cet humour, ces conversations, cette amitié aussi loin possible de nos bombes, de nos chaînes.

Dans le Vagabond des étoiles, Jack London parle de la liberté, cette liberté du prisonnier battu, entravé, humilié. Au seuil même de la mort, il peuple le monde de ses rêves. Permettez-moi, vous qui en bavez à cause des humiliations de l'emploi et du chômage, vous qui vous ennuyez de ne pouvoir agir, faire, construire, inventer, découvrir, vous qui attendez la roue de l'histoire pour commencer à être, de vous rappeler cette liberté.

Notre liberté.

À bientôt.

Un patron contre l'employisme


Un patron souhaite se débarrasser de l'emploi, de l'employeur, pour pouvoir travailler correctement. Avec notre sympathie.

Pour ma part, je préférerai un système où ma rémunération est fixée et où je conserve mes droits sociaux, tout en ayant la liberté de produire comme j’en ai envie (dans le respect de l'intérêt collectif dicté par les lois). Plutôt que le système actuel, où lorsqu’on se refuse à subir le salariat, on devient un sorte de paria, sans droit, obligé de s’aligner sur l’idéologie capitaliste pour espérer un minimum (non garanti!) de confort (une retraite, une prise en charge en cas de maladie grave, un revenu en cas d’absence d’activité, une couverture santé digne de ce nom…).

Quelle autre alternative existe-t-il quand on ne veut pas être le salarié d’un autre ? Pas grand-chose à ma connaissance. A croire que le système veut punir celui qui ose remettre en question le travail subordonné en lui imposant d’adhérer à la doctrine capitaliste, ou le cas échéant, d’en baver sérieusement.

Réponse à M. Macron d'un ex-salarié, ex-chômeur, aujourd'hui à son compte
blogs.mediapart.fr

Valeur (rappel)

Nous avons entendu dire que un certain homme politique de la nouvelle majorité minoritaire liait la production de valeur économique à l'ethnie.

C'est évidemment une ânerie mais comme nous sommes de bons petits gars et gattes à la plateforme, on a retroussé nos manches pour aider ce pauvre homme en perdition.

1. La valeur économique est une convention humaine. Elle est tautologique: a de la valeur économique ce à quoi on attribue de la valeur économique.

2. Ce qui produit la valeur économique, ce sont les producteurs. L'ensemble des salaires (directs ou socialisés, les salaires poches et les prestations sociales dans leur intégralité) créent la valeur économique. Jusque là, rien de grave. On crée de la valeur économique parce que des salaires sont attribués à des producteurs et l'ensemble des salaires fait la valeur économique.

3. Mais il y a un profiteur dans l'histoire: c'est l'actionnaire, le propriétaire lucratif qui pique une partie de la valeur économique créée par les salariés. Ce sont des parasites (en tant qu'actionnaires, s'entend) mais ils passent totalement inaperçus auprès de l'organisme dont ils dépendent, celui des producteurs.

4. Pour créer plus de valeur économique, il y a une solution toute simple (à pleurer tant elle est simple): il suffit d'augmenter les salaires (et voilà notre majorité minoritaire rassurée) - les pensions, les prestations de santé ou de chômage, etc. C'est vraiment tout simple mais c'est l'exact inverse de ce que prévoit la suicidoise.

5. Si vous souhaitez que les Congolais (ou les flamingants de Craainhem, peu importe) créent davantage de valeur économique, là aussi la solution est toute  simple: il suffit d'augmenter leur salaire. Si les Congolais (ou les Patagons ou les Picards ou n'importe qui d'autre) ne produisent pas assez de valeur économique pour vous, augmentez leurs salaires et ils deviendront des producteurs de valeur économique de premier ordre.

6. La valeur d'usage n'a rien à voir avec la valeur économique - et c'est heureux pour les ministres de la majorité minoritaire puisqu'ils n'auraient probablement pas de quoi vivre s'ils étaient payés en fonction de l'utilité sociale de ce qu'ils font. C'est la violence des rapports sociaux qui explique la différence des rémunération et non une quelconque utilité sociale, et non une quelconque participation à la société.

7. Le pillage de valeur d'usage a bel et bien existé (et existe toujours). Mais ce ne sont pas les mines de charbons belges qui ont été pillées par les Congolais mais bien le caoutchouc (et maintenant le diamant et le coltan) qui a été (est) pillé par des sociétés belges.

Donc, Monsieur le ministre, si, sur la valeur économique, vous produisez plus que les misérables, c'est parce que vous êtes mieux payé, parce que vous bénéficiez d'un rapport de force qui vous est favorable et, si vous regardez la valeur d'usage, c'est bien les pays européens qui pillent les ressources naturelles de l'Afrique et non l'inverse.

Vous voilà rassuré.

Ovocytes congelés

Messages sponsorisés:

on me charge de vous dire que faire des enfants, c'est bien joli, mais il ne faudrait pas que ça gâche votre carrière, votre emploi.

on me charge de vous dire que les enfants, c'est encombrant, ça empêche d'obéir complètement à l'employeur (et de bénéficier peut-être de dérisoires augmentation)

on me charge de vous dire que si vous faites des enfants, vous risquez d'être lourdé(e)s

on me charge de vous dire que la vie est un coût, l'enfance un parasitage encombrant, la parentalité une obligation gênante

on me charge de vous dire que, travailleurs dans l'emploi ou hors emploi êtes des coûts et que l'actionnaire, le patron sont des "entrepreneurs" (mais on ne m'a pas dit s'ils pouvaient faire des enfants)

on me charge de vous dire qu'on n'a plus les moyens ni le temps de faire des enfants

Le dernier fermera la lumière, merci.

Source ici.

Je te paie un pot?


Au rayon chiffres à rappeler: les cadeaux fiscaux aux plus grosses entreprises (au détriment de leurs concurrents plus petits, électeurs MR, et du contribuable) se sont élevés à 13 milliards d'€.

Deux fois le budget du chômage (prépension, plan d'activation et chômage-intempérie inclus) et 90 fois les économies escomptées par le plan d'exclusion de chômeurs (l'article 63§2). Si les chômeurs sont chers, les gros actionnaires sont deux fois plus chers.

Au rayon des réalités économiques à rappeler: le budget chômage est dépensé par les salariés au chômage alors que les profits des grosses entreprises gonflent l'accumulation, inutile et dangereuse, ils concentrent la richesse et sabotent la machine économique.

Au rayon philosophie économique: les salaires des chômeurs créent de la valeur économique alors que la rente des profits des grosses entreprise parasite cette création de valeur ajoutée.

Questions:
- pourquoi l'ancien gouvernement a gavé les actionnaires-parasites?
- pourquoi le nouveau gouvernement qui prétend faire des économies continue?
- pourquoi les intérêts des travailleurs au chômage ou affligés d'un emploi ne sont pas représentés politiquement alors qu'ils constituent la majorité de la population?

En Avignon


L'angoisse des artistes est du même ordre que l'angoisse de tous les producteurs, de toutes les formes de vie en marge de l'emploi, porteuses du même mépris social, de la même quête exigeante d'idéal et de la même utilité sociale, de la même production de sens, de matière, d'interaction humaine. Nous devons récupérer notre dignité de producteur et la libérer de l'emploi, de la soumission servile aux intérêts financiers.

Citation de Fabrice Murgia.

Quand je lis la presse et les articles sur la situation des artistes, qu’à la fin de l’article, je parcours les commentaires des tribunes populaires sur les forums internet, ce n’est plus de la peur. C’est quelque chose d’autre, c’est plus qu’une peur… Enfin… Nous sommes beaucoup ici, et imaginez qu’on parle comme ça de vous… Ça fait plus que peur.

C’est comme une peur qui vous dépasse, qui touche à votre mémoire génétique globale, humaine.

C’est comme quand on se bat à défendre la beauté, à dresser le portrait de l’Homme, mais que le modèle est horrible, stupide, égoïste, méprisant, il vous regarde de travers, comme s’il allait descendre de son socle, arracher votre chevalet, vous le taper sur la gueule, et prendre en plus votre portefeuille qui était presque vide… oui ça fait peur, et en même temps, comment dire, on doit l’aimer, sinon on ne peut pas le peindre, évidement. C’est une peur qui touche à ce qui nous relie, ce qui nous permet de vivre ensemble dans le respect mutuel. Cette peur pour nos enfants, le monde qu’on leur laisse. Une peur que tout à coup, tout le monde se mette à penser la même chose des artistes.

Que faut-il demander aux journalistes belges présents ce soir au Festival d’Avignon ? Faut-il leur demander de ressortir les chiffres de la culture, et prouver une fois de plus qu’elle est rentable ? Triste et désolant argument… Faut-il en passer par là ?

Je demande à tous les journalistes belges présents ce soir au Festival d’Avignon de s’adresser à nos concitoyens.

Dites-leur qui nous sommes…

Dites-leur que nous sommes là pour poser des questions critiques sur le monde que nous construisons ensemble. Rien à affirmer. Juste des questions pour les aider à construire.

Dites-leur que nous aussi, nous avons peur de la « crise », mais pitié, dites-leur de nous aider à freiner la crise des valeurs, crise de la solidarité.

Dites-leur que nous avons peur des regards de ceux qui pensent que nous profitons du système quand nous nous tuons au travail et que nous ne voyons pas nos enfants depuis plusieurs semaines.

Dites-leur que le spectacle n’existe pas que dans le gradin, mais aussi dans les classes de leurs enfants, dans leurs souvenirs.

Dites-leur qu’on a deux mille ans d’expérience dans ce secteur florissant, et que ce n’est pas rien. Surtout, dites-leur que nous sommes comme eux : dites-leur que nous voulons travailler. Juste travailler.

Dites-leur dans les premières pages de votre journal s’il vous plaît.

Et dites le dans les pages qu’ils liront, parce que vous l’aurez compris, je ne vous parle pas que de spectacle.

Dites-leur en changeant le mot « théâtre » par le mot « hôpital », parce que certains d’entre eux sont malades de mépris et c’est humiliant pour nous tous.

Continuez à leur dire ce qui se passe au sud et au nord de la Fédération Wallonie-Bruxelles, mais parlez-leur de l’utilité de la culture.


http://www.lalibre.be/culture/arts/a-avignon-les-artistes-belges-disent-leur-peur-53ce6c273570667a638cac11#86121

Merci not' bon maître

Le Travail à tout prix nous fait suivre un article de Contretemps (ici, en français)

Pour répondre aux injonctions de mise au travail (traduisez à l'emploi, traduisez en esclavage) venant du patronat, le texte de Contretemps apporte un curieux éclairage. Dans le Sud des États-Unis, les revenus sociaux étaient interrompus en été pour que les saisonniers bossent comme il faut. On pourrait donc voir ces revenus sociaux comme des subventions aux propriétaires terriens, comme une façon de leur offrir une main d’œuvre prête à l'emploi. En y réfléchissant, le revenu de base souffre de la même tare. Avec ce minimum vital, le prolétariat demeure prêt à servir les patrons pour les emplois "sérieux", pour "vraiment gagner de l'argent", etc. Un peu comme le Speenhamland Act (1795-1834) en Angleterre en son temps, cette allocation qui a été coupée au moment où les industriels ont eu besoin de bras (voir Polanyi, La Grande transformation)

Quelle est la fonction de ces politiques?

Premièrement, l’existence de la pauvreté garantit que le « sale travail » soit accompli. Chaque économie en dispose : travail physiquement salissant ou dangereux, temporaire, sans avenir et sous-payé, indigne, subalternes. Ces emplois peuvent être attribués en les rémunérant par de plus hauts salaires que ceux du travail « propre », ou en imposant à des gens qui n’ont aucun autre choix d’effectuer le sale travail pour de faibles revenus. En Amérique, la pauvreté sert à fournir un réservoir de main d’œuvre acceptant – ou, plutôt, incapable de refuser – le sale travail à bas coût. En effet, cette fonction est tellement importante que dans certains États du Sud, les aides sociales ont été coupées durant les mois d’été, lorsque les pauvres sont nécessaires pour travailler dans les champs.
De plus, le débat autour des prestations s’est focalisé sur l’impact qu’ont les revenus de transfert sur les incitations à travailler, les opposants argumentant souvent que de tels revenus réduiraient les incitations – plutôt, la pression – pour les pauvres à mener le sale travail nécessaire, si les salaires ne dépassent pas les revenus de transfert. En outre, de nombreuses activités économiques impliquant du sale travail dépendent lourdement des pauvres ; restaurants, hôpitaux, branches de l’industrie vestimentaire et alimentaire, entre autres, ne se maintiendraient pas dans leur forme actuelle sans leur dépendance envers les salaires de misère qu’ils versent à leurs employés.
"The Positive Functions of Poverty”, American Journal of Sociology, sep.1972

Pour des soins sans soignant

Au fond tout est là, dans cette simple phrase: 
 
il est possible d'épargner sans que les soins ne soient compromis pour les patients.

Sans nous prononcer sur la faisabilité de la chose, sur ses aspects techniques, nous pouvons nous concentrer sur la vision du monde derrière cette phrase. Le but, c'est d'épargner, de dépenser moins, c'est l'horizon et la perspective politique: dépenser moins. Ce qu'il faut conserver, c'est le travail concret, les services et les biens effectivement produits.

Les grands absents de cette vision du monde, ce sont les travailleurs et les travailleuses. La production de marchandises, la quantité de marchandises de santé importent, le coût de production de ces marchandises importe mais pas celles et ceux qui les produisent.

Une vision du monde dans laquelle les prestations concrètes sont importantes et dans laquelle les coûts doivent être réduits, c'est une vision de propriétaire lucratif, de patron. Le patron veut réduire ses frais, diminuer ses coûts face à la concurrence et conserver les prestations inchangées: il veut vendre la même chose, il veut produire moins cher et encaisser les profits de la différence.

Mais les grands absents, les travailleuses, les travailleurs sont exclus de son horizon de représentation. Ils sont priés de travailler davantage avec des salaires moins élevés pour que le patron puisse conserver ses marges, pour qu'il puisse produire la même chose à coût réduit.

[Pour les marxisants] Ce faisant le patron augmente le taux d'exploitation et la composition organique du capital.
 
Mais alors, pourquoi une ministre a-t-elle une vision du monde de patron? Pourquoi une ministre de la santé, surtout?

Question subsidiaire pour l'opposition: en quoi la défense des "services publics" s'oppose à cette vision puisqu'il s'agit, là aussi, de défendre le travail concret, les prestations professionnelles sans considération pour les travailleuses et les travailleurs?
 

Jeu pour l'heure d'hiver

Qui a dit?

Le gouvernement ne protégera pas les intérêts économiques du peuple par la méthode tortueuse d'une bureaucratie économique mais par la promotion la plus poussée de l'initiative privée et par la reconnaissance de la propriété privée.

- Elio di Rupo au bureau national de la FGTB
- Angela Merkel au politburo du G8
- Nicolas Sarkozy au congrès de refinancement de l'UMP
- David Pujadas en présentation du concours de la plus grande tarte en république Ouïgoure
- Bart de Wever au pèlerinage de l'Yser devant un parterre en délire
- Adolf Hitler au patronat allemand à Düsseldorf
- La coalition dite suédoise (suicidoise) dans sa note gouvernementale

Réponse ici, à 20'45 (pour profiter de la version sous-titrée français, cliquer sur le lien youtube puis sur les sous-titres)



L'emploi expliqué aux enfants

- Quand tu joues, eh bien, c'est comme un travail.

- Quand tu travailles, c'est comme un jeu?

- Non, ce n'est pas tout à fait comme ça. Les enfants ne travaillent pas. Enfin, quand tu apprends des choses, quand tu découvres, quand tu joues, ce sont des façons de travailler. Mais, ce qu'on appelle travail, ce n'est pas que ça. Quand tu joues, tu peux te reposer ou changer de jeu, ou arrêter, ou reprendre ton jeu quand tu en as envie.


- Quand tu travailles, tu ne peux pas t'arrêter quand tu es fatigué? Quand tu t'arrêtes alors?

- Eh bien, on ne peut pas s'arrêter quand on veut. Il faut avoir des horaires - comme à l'école, si tu veux - mais, parfois, c'est aussi des choses qu'il faut faire. Il faut travailler jusqu'à ce qu'elles soient faites, même si on est fatigué, même s'il est tard


- Même si tes enfants t'attendent ...

- Oui, même si tes enfants t'attendent. Ils n'ont rien à dire, en fait. Tu travailles de la même façon si tu as des enfants, des activités ailleurs, si tu es amoureux ou si tu veux faire autre chose. Tu dois quand même travailler.

- Ça n'a pas l'air gai ton travail. Mais qui décide?

C'est le patron qui décide ce qu'on doit faire, quand on doit le faire, comment on doit le faire, c'est lui qui va faire les horaires ou définir ce qu'on doit faire avant de pouvoir rentrer chez soi.

- Pourquoi c'est lui qui décide? Pourquoi c'est lui le chef? Il est plus malin que les autres?

- Non, ni plus malin, ni plus qualifié, ni plus doué, ni plus expérimenté, ni plus compétent, ni plus motivé. Il décide parce que l'entreprise lui appartient. Il est propriétaire comme on dit.


- Pourquoi il est propriétaire, comment on devient propriétaire?

- On est propriétaire parce qu'on est riche, parce qu'on a de l'argent. Cet argent vient du fait ... qu'on est propriétaire. Les propriétaires peuvent vendre ce que font les gens et gagner de l'argent comme ça. Comme les propriétaires gagnent plein d'argent en vendant ce que font les travailleurs, ils peuvent acheter d'autres entreprises et devenir propriétaires d'autres entreprises.


- Mais alors, les propriétaires achètent toutes les entreprises et décident ce que tout le monde fait, et comment. C'est bien ça.

- Oui, c'est le travail en emploi. C'est pour ça qu'on ne décide pas ce qu'on fait, comment on le fait et pour quoi on le fait. On obéit à un employeur. L'employeur devient plus riche et devient de plus en plus employeur alors que l'employé ne gagne que ce qu'il lui faut et qu'il ne peut pas décider de ce qu'il fait.


- Mais je croyais que les adultes pouvaient faire ce qu'ils voulaient ...

- Pour certaines choses, c'est vrai. On peut faire du travail libre, sans employeur, sans devoir enrichir quelqu'un pour qu'il devienne encore plus employeur. Quand on joue ou quand je réponds à tes questions, je travaille mais je n'enrichis personne et personne ne me dit ce que je dois faire.


- Mais pourquoi on est obligés d'aller travailler pour un employeur si c'est dur et que le travail sans employeur est gai?

- Parce qu'on est obligés. Si on ne va pas travailler pour un employeur, on n'a plus d'argent. Sans argent, on devrait vivre dans une caravane en mangeant des pâtes ...


- C'est génial! Une caravane, à manger des pâtes ...

- Non, ce n'est pas génial. Ce n'est pas génial parce qu'on ne peut plus rencontrer de gens, coincés dans notre caravane, ce n'est pas génial, parce que, à l'école, tu te retrouverais avec des haillons, parce que nous ne pourrions pas nous chauffer, parce qu'on ne pourrait pas voyager, qu'on ne pourrait pas recevoir des amis.


- Pour éviter les pâtes, on est donc obligés de faire du travail ennuyeux pour un employeur.

- C'est exactement ça. Mais ton grand-père ne doit plus se vendre à un employeur pour gagner de l'argent. Il travaille pourtant, fait beaucoup de choses.


- Mais pourquoi on ne prend pas les entreprises pour nous, pour pouvoir décider ce qu'on fait et comment on fait?

- Certains voudraient le faire - je voudrais le faire. Des syndicats, des partis politiques expliquent que ce n'est pas possible. En fait, c'est possible si on croit que c'est possible. Non, en fait, c'est possible. Des gens travaillent déjà en décidant ce qu'ils font, comment ils le font. Les retraités, les chômeurs, certains fonctionnaires. Mais la plupart des gens n'ont pas la chance de travailler comme ça.


- Mais qu'est-ce qui fait qu'ils acceptent ça?

- Oui, c'est curieux. Cette façon de travailler transforme la terre en poubelle, le travailleur en malade, l'enfant en orphelin en institutions, l'école en apprentissage de l'obéissance, de l'obéissance à l'employeur.


- Pourquoi les gens sont méchants?

- Ils ne sont pas méchants. Ils ont peur. Ils savent ce qu'ils ont et ils ont peur d'avoir moins si on fait le travail autrement. Alors, comme ils ont peur, ils essayent de gagner un peu plus en continuant à obéir.


- Pourquoi les enfants ne doivent pas travailler pour un patron?

- Parce qu'on sait que c'est dangereux pour eux. Il a fallu se battre pour les libérer de l'emploi. Aujourd'hui, on sait que c'est aussi dangereux pour les adultes - c'est pour ça qu'il faut se battre pour ne plus devoir travailler pour un employeur. Puis pour que l'école ne serve pas à apprendre à obéir à un patron mais à découvrir des choses ensemble.