Appel contre le harcèlement employique en Belgique


Appel contre l'emploi de la souffrance

Depuis quelques années, de manière rituelle, les chômeurs sont appelés à s'activer, à trouver un emploi. Depuis que ces incantations à l'activité existent, il n'y a eu aucune diminution du chômage en Belgique. Pourtant, loin de cesser, la stigmatisation des chômeurs s'étend à des publics jusque là relativement épargnés : les malades et les handicapés.

Les discours de culpabilisation des chômeurs (plus de 10 % de la population active, depuis des dizaines d'années, tout de même) indépendamment de leur inefficacité se répandent dans les médias. Les chômeurs sont accusés de tous les maux, d'être responsables de leur situation, de profiter d'allocations indues, etc. Logiquement, ces discours s'étendent eux aussi aux plus fragiles d'entre eux. Ces discours stigmatisant ne sont pas seulement insultants, ils permettent aussi d'éjecter des personnes de la sécurité sociale, de les envoyer au CPAS et de réduire les montants des salaires sociaux auxquels ils ont droit.

La politique de harcèlement des chômeurs s'étend à des catégories qu'on aurait crues protégées : en mettant ensemble plusieurs décisions politiques, il appert que les handicapés mentaux et les malades sont dans le collimateur des institutions en charge. Pour résumer, selon les documents en notre possession :

1. Depuis septembre 2012, toutes les personnes en incapacité (au moins 33 %) sont soumises à l'activation comme les autres chômeurs complets indemnisés. Elles sont convoquées tous les six mois à l'ONEm même si elles n'ont jamais été convoquées par le Forem. Elles sont susceptibles d'être pénalisées par le facilitateur Onem – par définition incompétent en matière médicale. Elles peuvent se présenter une deuxième fois avec un avocat ou un délégué syndical. L'Onem peut les renvoyer vers l'AWIPH – rappelons que l'Onem ne possède a priori aucune expertise médicale alors que les pourcentages de handicap sont déterminés par des médecins conseils et que l'AWIPH ne donne pas d'allocation de remplacement, c'est le SPF Santé qui offre des revenus de remplacement. Les malades ou les handicapés au chômage sont donc confrontés à une multiplication des démarches alors que leur état de santé les rend particulièrement pénibles.

2. les personnes qui reçoivent des allocations d'attente, qui n'ont pas travaillé suffisamment pour ouvrir des droits au chômage complet indemnisé, ne bénéficient de ces allocations (très réduites) que pendant trente-six mois. Les personnes avec au moins 33 % d'invalidité sont soumises au même régime a priori. On voit mal comment, au premier janvier 2015 quand les trois ans se seront écoulés, un handicapé, un malade pourra gagner sa vie alors qu'il n'en aura peut-être jamais été capable auparavant : à cette échéance, ils seront donc condamnés à une misère plus ou moins criante selon leurs ressources propres. Les handicapés qui auront travaillé à temps partiel et qui n'auront pas ouvert ou prolongé les droits aux allocations de chômage se trouvent dans la même situation.

3. Les MMPP (personnes à problématiques médicales, mentales, psychiques et psychiatriques) deviennent des PTEE (personnes très éloignées de l'emploi). Ce concept regroupe aussi bien des personnes malades que des chômeurs longue durée ou des 'cas sociaux'. Le changement de nomenclature évacue la responsabilité médicale et la création d'un comité d'expert dilue la responsabilité. Cette catégorie de PTEE évacue la reconnaissance médicale de l'incapacité (notion des 33 %).i

4.
A. L'Inami, l'Awiph et le Forem ont conclu un accord pour mettre à l'emploi les handicapés et les malades. Dans cet accord, les médecins conseils doivent évaluer la capacité des invalides et des handicapés à être (re)mis au travail et faire suivre le dossier au Forem. Cette procédure ouvre la porte à tous les arbitrairesii.

B. En ce qui concerne l'activation des personnes qui ont des problèmes de santé mentale ou d'addiction, les autorités ont établi des comités d'experts multidisciplinaires : les assistants sociaux confrontés à des cas litigieux interpelleront ces derniers qui décideront du sort de l'intéressé, de la PTEE, avec éventuellement sa remise au travail forcé, sa rééducation par le travailiii.


5. Le projet de réforme de l'expertise médicale du SPF Santé (Vierge Noire) en cours de discussion comprendrait deux volets :
- l'externalisation de l'expertise médicale vers les médecins des mutuelles qui seront juges et partis puisqu'ils sont poussés à exclure les bénéficiaires d'allocation de l'Inami.
- la modification de la procédure d'expertise : on ne sait pas par qui ni sur quelles bases sera octroyé le droit aux indemnités.

6. La réforme de la santé mentale : cette réforme censée améliorer le soin pour les personnes souffrant de problèmes de santé mentale met en œuvre un réseau et circuit de soins dans lequel la personne souffrant de troubles psychiques est promenée entre centre de réadaptation, habitation protégée, service de santé mentale, OISP, Centre de formation professionnelle, etc.

Dans ce parcours, la personne est invitée à se réinsérer sur le plan professionnel et, dans la cadre de cette réinsertion, il preste du travail gratuit dans les Centres de réadaptation professionnelle.

Ces six mesures laissent augurer du pire pour les intéressés :

1. L'incapacité effective de travail des personnes fragiles les rendra également incapables de chercher un emploi, ce qui les exposera à de rapides sanctions. Surtout que, en situation de grande incapacité, l'isolement des personnes tend à augmenter – les voisins se font rares, la famille se fait distante. Cela rend le recours à l'aide, à l'accompagnement d'autant plus problématique que la situation médico-sociale est difficile.

2. Fin 2014, les chômeurs reconnus en incapacité se verront exclus de leurs allocations et devront, au plus vite, réagir en contactant le SPF qui se serait déjà préparé à l'urgence de la chose.

3. La mutuelle ne sera d'aucun recours puisque l'incapacité de travail ne concerne que les gens au travail.

4. Les invalides, dans l'immense majorité des cas, anticipent peu ou pas le changement de situation qui va les affecter. Ils sont peu ou pas organisés, n'ont pas d'organisme de défense spécifique et disposent de peu de moyen d'infléchir les décisions les concernant.

Conclusions

Ces mesures vont précipiter dans la misère des milliers de personnes sans ressources, malades ou handicapées. Elles trahissent l'idéologie du salaire au mérite. Ne pourrait gagner de l'argent que celui ou celle qui le gagne par le contrat d'emploi. Sans aller jusqu'à explorer l'ineptie de cette idéologie – que deviennent les enfants ou les personnes âgées?, sans aller jusqu'à qualifier cette rétribution exclusivement à l'emploi de monstruosité – que deviennent les malades, les faibles, les handicapés dans une société où tout s'achète, où rien ne s'offre ?, il nous faut examiner les effets certains de ces mesures.

Certains invalides seront précipités dans la misère ou le désespoir faute de pouvoir se confronter aux institutions. On peut également imaginer que l'invalide soit envoyé en formation-insertion puis dans l'emploi … emploi qui le rendra malade jusqu'à ce qu'il ne se retrouve en incapacité, ce qui le précipitera dans un nouveau cycle.

Par ailleurs, le fait de pousser les malades et les invalides vers l'emploi au nom de leur prétendu intérêt fait l'impasse sur leur situation de vie réelle. La pression au travail entache cette population d'un soupçon malsain. On imagine les contrôles de (mauvaise) santé que cela pourrait occasionner pour les intéressés. Puis, pourquoi s'arrêter en si bon chemin, le personnel médical lui-même, les assistants sociaux et tous les gens en charge de ce public fragile seront eux aussi soupçonnés de complaisance.

C'est l'idée même de salarié social – chômeur, invalide, malade, pensionné – qui serait un poids, une charge ou un coût qui empoisonne l'existence de gens déjà malmenés par la vie. Cette idée poussée à l'extrême aboutit aux systèmes, à la gestion de la population la plus ignoble qui soient.

L'administration cadre des existences malheureuses, les ballote faute de les « activer », elle les culpabilise, les enferme dans l'isolement, les harcèle jusqu'à l'horreur absolue. Car, qu'on le veuille ou non, c'est à la façon de traiter les membres les plus faibles d'une société qu'on mesure son degré de civilisation. Ce faisant, ces politiques mettent aussi la pression sur le monde du travail dans son ensemble par le jeu de la concurrence entre les travailleurs. Cette violence affecte aussi bien les travailleurs en décompensation psychique, les enfants ballotés de stage en garderie ou les personnes âgées placées dans des homes en manque de personnel où leur rythme n'est pas respecté.


En mettant en oeuvre les politiques sociales actuelles, le gouvernement fait preuve d'un déni pathologique de cette réalité. Il est bien plus simple de faire porter la responsabilité à l'individu plutôt qu'au marché de l'emploi. Au lieu de traiter l'augmentation de l'incidence des troubles psychiques, et de leurs conséquences ( consommation de psychotropes légaux et illégaux), comme un défi de santé publique pour lequel une réflexion sociétale s'impose, il met en œuvre ce que la ministre de l'emploi avait résumé en une phrase : « "ces gens là", il faut les prendre par le collet pour les envoyer travailler!!! ». à la violence du marché vient s'ajouter la violence institutionnelle.

Nous sommes tous concernés en tant que salariés par ces dérives car elles réduisent la sécurité sociale comme une peau de chagrin au profit d'une aide publique et, ce faisant, c'est notre salaire qu'elles obèrent. Nous sommes tous concernés par ces dérives en tant qu'humains parce qu'elles nous dénient le droit à notre faiblesse, à notre finitude, à notre humanité.


En conséquences, nous citoyens, travailleurs avec ou sans emploi, professionnels ou usagers de la santé, appelons à


- Une économie au service de l'humain – et non l'inverse

- Une réflexion sur l'organisation de la soumission de l'activité professionnelle au marché de l'emploi

- Un développement de la sécurité sociale, patrimoine économique, symbolique et humain

- Un soin, une protection, un respect inconditionnels des plus fragiles et de la fragilité de tous

- Un développement de la qualité de notre civilisation, à une construction d'un vivre-ensemble de qualité.


voir aussi Vanessa de Greef, « Les chômeurs "MMPP" », in Chroniques de droit social, 01/2013 (01/2013).
ii Cf: convention Forem-Inami-Awiph: http://riziv.fgov.be/news/fr/pdf/Convention_2013.pdf
iiiVoir note i

Socialisation du salaire - réforme des retraites (France)

30 août 2013, 12:57
Le point de vue de Harribey, c'est un peu technique, un peu long mais le problème est bien posé: les tenants de la capitalisation des retraites tentent de nous angoisser alors que la retraite par répartition ne procède pas par accumulation mais par distribution.

L'enjeu, du point de vue de anti-emploi, c'est de défendre le salaire (y compris les retraites) contre les profits (la capitalisation). Cette forme de salaire permet l'activité, la création de valeur hors de l'emploi, hors du chantage odieux du chômage, etc.

Alternatives économique - Harribey, les retraites

Les vrais chiffres du chômage en Allemagne

30 août 2013, 12:42

Glané sur l'excellent site de 'gegenhartz.de', les vrais chiffres du chômage. La différence entre les chiffres officiels (2,9 millions) et les vrais chiffres (3,8 millions) qui incluent les divers chômeurs sous statuts particuliers.

Ces vrais chiffres éclairent tout de même l'échec majeur des politiques de déflation salariale d'Outre-Rhin d'une lumière crue: non seulement les salaires s'effondrent mais en plus ... l'emploi, le saint Graal au nom duquel on pousse des millions d'Allemands dans la misère ne suit pas.

Enfants dans les mines en Tanzanie - ça crée de l'emploi, ça crée de la valeur

29 août 2013, 09:40
Nous citons l'article L'Avenir - Enfants mineurs:

Tandis que les garçons creusent et forent dans des fosses profondes et instables, travaillant sous terre parfois 24 heures d’affilée, les filles «subissent des pressions pour qu’elles se prostituent» ou sont «victimes d’exploitation sexuelle», explique HRW [Human Right Watch].

Leur nombre n'est pas connu précisément, ils sont très nombreux.

Ils créent de la valeur pour un salaire misérable, sont eux-mêmes leur patron, ce sont des auto-entrepreneurs, leur prix sont extrêmement compétitifs et leurs droits sociaux sont inexistants.

En un sens, ils incarnent l'idéal socio-économique des politiques du FMI, de l'Europe, du monde politique européen dans son ensemble.

Première question à mille larmes: quel est le sens de l'emploi négrier, de ces existences, de ces talents brisés par millions?

Deuxième question: au prix de l'or, n'y a-t-il pas moyen que les clients industriels (électronique et luxe) paient un vrai salaire aux extracteurs?

Troisième question: n'y a-t-il pas moyen de f... la paix à ces enfants, de les laisser aux jeux légitimes de leur âge, de leur consacrer le temps et l'attention dont ils ont besoin (et dont les adultes ont besoin)?

Quatrième question: pourquoi aller là avec nos politiques, nos Hartz IV, nos harcèlements institutionnels des pauvres, des chômeurs? Nos pères et nos mères ont déjà vécu le XIXe siècl
e, faut-il vraiment rejouer cette mauvaise pièce?

Appel à sauver la sécu

28 août 2013, 21:13
Désolé, nous vous inondons d'information aujourd'hui, contraints par l'actualité. Il s'agit d'un appel urgent à sauver la sécu - invention formidable qui permet de sauver de l'emploi des pans entiers de l'activité humaine. Nous relayons modestement le lien.

Cet appel est particulièrement destiné à nos amiEs FrançaisES. Nous encourageons des appels similaires dans tous les pays du monde (et je pense à la Belgique ou à l'Allemagne où ce serait particulièrement pertinent)

Ärtze aller Länder vereinigt euch

Le Parisien - Appel à sauver la sécu

Mélenchon se tire presque bien de la glu pujadienne

28 août 2013, 18:33
vidéo extraite du jité: Vidéo JT France 2, Jean-Luc Mélenchon

Certes, se tirer des griffes de la pensée automatique, de la pensée petit écran total est une gageure et il faut saluer l'exploit: non la réforme n'est pas une bonne réforme pour les salariés, oui, les pensions sont un salaire, oui faire baisser les salaires poche pour augmenter les cotisations, c'est une forfaiture (puisque les cotisations en question ont été constamment diminuées par divers plans d'aide aux patrons depuis quarante ans) mais, mais, mais

- la cotisation n'est pas un salaire différé sauf à considérer que la sécurité sociale est une assurance individuelle. C'est un salaire direct, une répartition directe à l'instant t de la richesse produite sans décalage dans le temps entre le moment où la valeur est produite et le moment où elle est touchée en salaires (directs ou sociaux). La cotisation est un salaire direct socialisé et c'est à ce titre qu'il faut défendre (et étendre) son potentiel révolutionnaire puisque ce salaire dissocie le poste, la prestation et la rémunération, il change les rapports de production.

- l'augmentation (très relative) de cotisation est compensée dit le héraut audiovisuel par la CSG, c'est dire qu'il n'y a pas augmentation de cotisation mais fiscalisation de la sécurité sociale (en deux temps, donc, on augmente la cotisation puis on diminue par la fiscalité). La fiscalité étouffe les salaires et ne change pas les rapports de production au sein de l'emploi. A ce titre, c'est une catastrophe alors que les cotisations sont une bénédiction du point de vue des producteurs.

- l'argument keynésien est correct (les salaires sont dépensés donc ils constituent un chiffre d'affaire pour les entreprises) mais la conclusion que tire Jean-Luc est catastrophique de notre point de vue: cela augmente l'emploi - quand l'emploi est une machine à polluer et à casser les employés, on se demande où trouver un représentant des producteurs qui les protège du fléau qu'est l'emploi. L'augmentation de l'emploi n'est en aucun cas le but, il faut, au contraire, augmenter les salaires, les socialiser autant que faire se peut et détacher l'activité humaine de ce mode d'organisation criminel

- Le leader du Parti de Gauche dénonce à juste titre le chantage du vieillissement pour augmenter le temps d'emploi effectif, pour diminuer la retraite et les salaires sociaux mais il demeure dans le paradigme employiste: il faut relancer l'activité pour relancer l'emploi. Vieille erreur de la gauche: favoriser un régime de production qui consiste à se vendre à des gens qui exploitent le travail pour en tirer une plus-value. La gauche doit se libérer de l'emploi et non nous y amener. La droite, d'ailleurs, aurait de bonnes raisons de faire la même chose (voir notre argumentaire anti syndrome de Stockholm sur cette même page).

- Mélenchon dénonce l'austérité et la ponction sur le pouvoir d'achat comme une source de problème. A raison mais le paradigme du pouvoir d'achat est également un piège pour la gauche puisqu'il pose l'enrichissement collectif comme bien alors que son horizon d'espérance porteur s'accommode mal de l'enrichissement. Ce faisant, les troupes se démobilisent, elles sont perdues. Le pouvoir d'achat ne pourra jamais mobiliser sur la gauche, il faut davantage - ne fût-ce que de manière tactique - faire appel aux valeurs de justice, d'équité, de partage, au destin collectif. Des troupes mobilisées par des croyances fermes, profondes, sincères iront à la victoire plus sûrement que des fantassins assoiffés de gain.

- Sur les impôts, même remarque stratégique: Mélenchon veut que les riches paient en impôts de quoi faire des choses utiles. C'est là un double piège: d'abord, cette politique met les pouvoirs publics à la merci des capacités contributives des plus riches et ... donc de leurs profits et puis, au niveau métaphysique, on ne mobilise que faiblement des gens sur une idée de faire rendre gorge aux nantis. La négativité ne fonctionne que dans les épisodes politiques violents mais, pour constituer une force politique, il importe d'incarner un projet positive qui agrège.

- Excellente conclusion, par contre, sur l'esprit de la réforme: il s'agit d'une ponction sur les salariés.

En un mot, la gauche aurait intérêt à reconsidérer son rapport à l'emploi. Rappelons que Marx le trouvait abominable, que toute l'histoire de la gauche pourrait se résumer à la réappropriation des moyens de production, des terres, du temps, de la liberté humaine contre les propriétaires , les ayants-droit.

Le jour où la gauche bascule dans son camp naturel, celui de l'anti-employisme, le jour où la droite la rejoint tout aussi naturellement sur ce terrain (vous pensez, vendre le temps de Dieu!), nous pourrons alors réfléchir sereinement à nos problèmes et y trouver une solution.

L'appel des appels

28 août 2013, 12:31
Je vous mets en lien un lien vers un site français que la plateforme se doit de soutenir. L'appel des appels est un site qui se bat contre la destruction de tout ce qui fait les liens sociaux.

Il le fait au nom de métiers - c'est-à-dire de qualifications, de compétences individuelles étrangères à la logique de l'emploi, de la plus-value.

Combat qui est le nôtre dans la mesure où l'emploi comme forme de sociopathie collective contrainte sape les bases mêmes de tout ce qui fait société. Société au sens qu'en donne Pierre Clastres, dans 'La société contre l'Etat': la société est l'opposé de l'état autoritaire, elle est le ciment des relations, de la complexité de l'organisation du vivre ensemble. Alors que, selon Pierre Clastres, l'Etat a le monopole de la violence symbolique. Nous lions intimement la violence symbolique de l'état et l'emploi puisque ce dernier est le mode de contrainte ultime sur les corps, les affects, les actes.

Bonne journée et, promis, quand j'aurai un peu de temps, je développerai un peu cet article un peu abrupte

Appel des appels

Une piste très douce de socialisation (partielle) des salaires

28 août 2013, 12:22
En lien, je vous mets un article de Regards.fr. On y apprend que le salaire minimum existe depuis près de 120 ans en Nouvelle-Zélande, qu'il n'existe toujours pas en Allemagne (d'où les fameux 'ein Euro Job', les boulots à un euro) et qu'il constitue un enjeu électoral. Comme quoi mieux vaut tard que jamais. Saluons la lutte de nos amis allemands pour le salaire.

Dans la seconde moitié de l'article, on parle d'une socialisation partielle des salaires par cotisations d'entreprises. Les grosses entreprises cotiseraient davantage, ce qui permettrait de rétablir l'équilibre entre petites et grosses entreprises tout en induisant ledit salaire minimum - et de le revaloriser.

Intéressante idée mais, du point de vue anti-employiste, elle ne permet toujours pas la dissociation du salaire et de l'emploi que nous défendons ici et que les vacanciers, les malades, les chômeurs ou les pensionnés expérimentent déjà tous les jours.

Regards - La Longue marche des salaires

Graeber et les bullshit job, 'emplois - bouses de vache'

27 août 2013, 22:06
On m'envoie un article jubilatoire.

L'image est fleurie (d'autant plus qu'elle émane d'un média absolument employiste, d'habitude).

Graeber lie l'évolution de l'outil productif à la multiplication des jobs de merde, d'emplois sans aucun intérêt. Si l'on peut discuter sur l'origine du problème, on ne peut que constater avec Graeber la pertinence de son observation: l'emploi signifie de plus en plus une activité sans intérêt, sans sens, sans production et sans reconnaissance sociale.

A la plateforme, nous aurons tendance à lier l'emploi à l'ennui, la contrainte, la soumission et, paradoxalement, la gabegie ou la contre productivité à la nature même de la relation de l'emploi. Le débat est ouvert, à vos réactions, à vos plumes, bonne soirée à toutes et à tous.

Slate - les métiers à la con

Prostitution: salaire et emploi

24 août 2013, 22:48
Bonsoir à toutes et à tous,
je vous fais suivre le lien qu'on m'envoie. Il s'agit d'un texte écrit par une prostituée qui développe son point de vue par rapport à sa profession, par rapport au salaire qu'elle en tire. On retrouve la nécessité de valoriser la productrice et l'impasse de l'emploi. Bonne lecture à vous

Langues de putes

Sans mauvaises intentions

22 août 2013, 14:32
Les images de la courte vidéo que je vous envoie sont insupportables. Parce que ce sont les nôtres. Veillez à ne pas regarder ce petit extrait si vous êtes seul, déprimé ou même triste. Images d'un monde sans monde.

Vidéo du monde après le monde

自殺 - Foxconn en Chine

22 août 2013, 11:00
In memoriam de Yu

Tout d'abord nous exprimons nos condoléances à la famille de cette jeune femme, à ses proches.

Je sous mets en lien un bouleversant article du Guardian (en anglais) dont je vous fais un court résumé ici.
Une employée travaille 12 heures par jours, six jours par semaine à Foxconn (téléphones portables, informatique). Elle s'est jetée de la fenêtre du quatrième étage. Elle avait le même emploi que ses 400.000 collègues (il ne s'agit pas d'une faute de frappe): elle fabriquait les machins l'Apple (I-Phone, etc.), 90 par minute pour être précis.

Selon le journal New Technology, Work and Employment, il s'agit d'un système de ferme humaine en batterie. Yu, l'adolescente suicidée, avait quitté son village du centre de la Chine en février 2010, elle gagnait moins de 200€ par mois.

L'extrême du délire employiste, relayé par les patrons et, étonnamment, par les syndicats et le monde politique. Une main d'oeuvre compétitive, adaptable (lire soumise), motivée jusqu'à en mourir.

A l'heure où l'idéologie de l'esclavagisme de l'emploi est mondiale, il faut lui résister au niveau mondial.


The Guardian - Suicide chez Foxconn

Agriculture - guerre des terres en Côte d'Ivoire

22 août 2013, 10:17
Je vous fais suivre un lien sur la situation de guerre pour la terre en Côte d'Ivoire. La même guerre entre la liberté, l'économie vivrière, et la soumission à la logique de l'emploi que partout ailleurs mais sous une forme particulièrement mortelle: les paysans, les paysannes se voient chassés de leurs terres au profit de multinationales qui travaillent à l'exportation.

Ces terres seront donc mises à profit dans une logique commerciale par des employés pour exporter des matières premières vers l'Occident alors qu'elles nourrissaient les populations locales. Je vous laisse imaginer le désespoir des paysans, des paysannes, privés de terre. C'est leur quotidien, leur survie, leur prospérité, leur culture, leur façon de vie, leurs (agri)cultures qui sont attaqués.

Sur cette plateforme, nous opposons des formes de vie, des possibilités, des façons de vivre. Notre 'camp', les formes de vie qui nous sont amies sont celles qui créent, qui nourrissent, celles qui prennent soin d'une famille, d'un lopin. C'est l'activité, la créativité, c'est un village où le fou fait partie de l'identité commune. Nous sont ennemies - mais elles sont leurs propres ennemies - les formes de vie qui vendent, qui emploient, qui exportent, qui rationalisent, qui font des bénéfices.

A notre modeste échelle, souhaitons la victoire à la vie. En tant que Européens, nous ne voulons pas du pseudo-confort au goût du sang que nous offrent les multinationales, nous ne voulons pas vendre notre propre chair pour acquérir des bidules au prix des larmes de nos frères, de nos soeurs ailleurs. Nous sommes proches de cette vie qui gratte la terre, qui la laboure au rythme des pas des boeufs, de ces enfants que le soleil écrasant indiffère.

Nous constatons que les bénéfices de Bolloré dont il est question dans l'article nous sont ennemis, ennemis à notre vie, à nos désirs, à notre propre terre. Nous avons besoin de fraternité au-delà des océans, au-delà des terres entre gratteurs de terres, entre ceux qui marchent au rythme du boeuf, entre vies humaines, lentes, riches, intègres, entières.

Nous savons que nous vivons un épisode, que nous assistons au naufrage d'un empire. Nous ne nous retrouvons pas dans la mentalité boutiquière de cet empire. Nous souhaitons survivre à ce naufrage, nous qui grattons la terre et marchons au rythme du boeuf, nous qui sommes écrasés par le soleil ou glacés par la neige, nous qui faisons la poésie, nous qui enfantons, nous qui sommes les fils prodigues du temps, du vrai temps, pas du temps comptable, du temps du soleil, de la nuit, pas du temps de l'horloge.

Courage à toutes et à tous.

des nouvelles de Bolloré et de Côte d'Ivoire (et de nous tous en fait):
Ipsi - paysans en Côte d'Ivoire

TSE - Test du syndrome d'employisme (expérimental)

21 août 2013, 16:05
Vous êtes inquiets pour un de vos proches ou pour un personnage public dont le discours atteste une dérive employiste. Il pourrait effectivement être atteint du syndrome. Pour vous aider à faire le point, nous sommes en train de mettre au point un protocole qui permette un diagnostique sûr. Nous vous recommandons de consulter pour les cas les plus graves. Il ne s'agit pas encore d'une démarche clinique avérée mais plutôt d'une tentative de compréhension du phénomène. Les doubles aveugles et les témoignages des thérapeutes viendront progressivement compléter et amender ce premier jet.

Avant toute chose, il importe de ne pas juger les malades mais de les entourer, de les aimer sans jugement, de les aiguiller sans a priori sur un chemin de guérison (de petites promenades, de la vie de famille, de l'empathie). Il importe aussi de distinguer les victimes d'employisme et les gens qui travaillent sous contrat d'emploi –ces deux catégories n'ont rien à voir: les gens doivent prendre un emploi parce qu'ils souhaitent être actifs et/ou qu'ils doivent gagner un salaire pour payer leurs besoins, ceux de leur famille.

1. Rancoeur : dévalorisation des non-employés. Le patient se plaint des performances, du poids des gens hors du joug de l'emploi. A ce stade, une vie affective épanouie, un investissement dans des actes concrets devraient rapidement remettre le malade sur pieds.

2. Absence d'idéal du moi et dénégation d'imago sociale alternative : valorisation du 'travail' (comprendre de l'emploi), de l'importance de signer un contrat d'emploi, de soumettre les actes et les activités professionnelles à un cadre dysfonctionnel

3. Glossolalie : répétition des discours idéologiques en faveur de l'emploi, identification répétitive de l'emploi au salut, au bonheur

4. Perversion : dévalorisation du sujet hors emploi ou des sujets sous une autre forme d'emploi ou sous un certain type d'emploi (fonctionnaire, jeunes, etc.). Pour l'employiste, il ne s'agit pas d'amener un changement chez les stigmatisés mais de transférer ses défaillances narcissiques, son surmoi hypertrophié et son deuil oral inachevé sur un bouc émissaire. Le recadrage s'impose même s'il plonge le malade dans la dépression refoulée par la perversion – cette dépression peut amener une résilience sinon impossible.

5. Paranoïa annale : l'argent est la maîtrise et le malade blâme les gens (sujets) de grever cette maîtrise (objet). Il s'agit d'un contre-transfert exotique où l'objet transitionnel (l'argent, le statut social, palliatif du manque d'existence narcissique) prend la place du sujet. Cette confusion se double d'une crainte d'agression, elle pose le possédant comme victime des sans-travail.

6. Schizophrénie délirante : là, nous sommes très très haut dans l'employisme. Les problèmes se créent et, avec eux, les solutions les plus catastrophiques. Il faut toujours rappeler aux sujets délirants que l'important, c'est l'humain, que l'économie est ce qui sert les besoins humains et qu'elle n'est pas le but de l'humanité. À ce stade, un effondrement du sujet peut, seul, le sauver après un deuil très long, très douloureux. Les sujets arrivés à ce stade sont susceptibles de somatiser, leur santé est éventuellement menacée.

7. Auto-perversion ou retournement du déficit narcissique contre soi :le malade renonce alors à ces loisirs, à sa vie de famille, il tient des discours incohérents (genre :'je vais travailler pour pouvoir être avec toi'). À ce stade, les comportements morbides, auto-mutilants se reproduisent, se multiplient. Le diagnostique est réservé, le patient est en danger.

Jérome Bosch8. Délires hallucinatoires, 'folie des grandeurs'. Le patient cesse alors de stigmatiser, il est pris dans des activités qu'il réprouve. Il s'agit alors de pulsion de jeu, de frisson de risque. Les traders constituent un bel exemple. Le moi est dissout, le surmoi est en lambeau, les comportements sociopathes sont à craindre. Le sujet ne connaît alors plus de limite à ses actes. Son moi est remplacé par une machine à obéir à la logique employiste. Il n'y a plus de reste, de passion, de volonté. Sa santé se dégrade, il doit rapidement être pris en charge par les organismes de sécurité sociale publiques.

9. Psychopathie : à ce stade, au nom de l'emploi, le sujet tue,dégrade l'environnement, pousse ses collègues ou ses proches au désespoir. Ses comportements compromettent sa survie, celle de ses proches, de son espèce et de son biotope. À ce stade, nous avons affaire à des comportements nuisibles, dangereux pour la société. À mon sens – mais je demande l'avis d'experts – il faut marquer les limites pour que les dégâts ne prennent pas une dimension trop importante.

Les routiers allemands et la concurrence

En lien, je vous mets un article en allemand sur les tensions dans le secteur routier. Je résume l'article puis examine en quoi la situation des conducteurs allemands illustre les impasses de la concurrence.

Résumé
De quoi s'agit-il? Les camionneurs allemands s'organisent depuis le mois de février contre leurs conditions d'emploi. Ils ont créé une branche allemande de l'AidT (d'après le groupe néerlandais équivalent, Aktie in de transport - Action dans le transport) et invitent à un grand rassemblement à Lübeck le 31 août.
Ces tensions viennent de la libéralisation du marché des transports depuis mai 2011: un transporteur allemand peut embaucher un travailleur européen selon les conditions de travail de son pays (29000€ annuels en Belgique ou 1800€ annuels en Bulgarie).

Liens pour les intéressés
article
Junge Welt - camionneurs allemands
(en allemand)

organisations de camionneurs
Allemagne: actie-in-de-transport.org
France: groupe 'Action dans le Transport' sur fb
Syndicat allemand: ig-fairkep.de

Impasses de la concurrence
On voit que la concurrence n'affecte pas les propriétaires d'entreprises de transport: leurs bénéfices ont explosé. Mais les producteurs sont, eux, étranglés par la concurrence:
- les conditions de travail se sont dégradées (journée de 14h)
- les salaires se sont effondrés sous l'effet de la concurrence 'libre et non faussée'
De ce fait, ce qu'on appelle 'la concurrence' est uniquement une concurrence entre les producteurs au détriment de leurs salaires et de leurs conditions de travail.

En conséquence, nous appelons a minima à une action coordonnée européenne pour harmoniser les droits sociaux européens (et/ou pour enterrer la libéralisation du marché).

Commentaires sur la FGTB

20 août 2013, 10:26
La FGTB est un syndicat socialiste belge. Si dans ses statuts, il appelle à la fin du capitalisme et à l'avènement du socialisme, ses positions effectives sont souvent moins réalistes.
Je vous propose l'exégèse d'un tract dont le dessin se trouve ci-dessous, d'un appel à manifester, de juin dernier.
La couleur est rouge, la lettrine blanche et noire. Nous sommes dans les couleurs les plus fréquentes en politique, des couleurs pour ainsi dire perceptibles par des daltoniens. Il s'agit d'ameuter, d'alerter, d'attirer l'attention. La cause est une manifestation. C'est le but ultime, l'objet du message: les seuls caractères noirs du message rédigé en blanc. Pour parvenir à ce qui est présenté comme un but, on nous présente une série d'arguments, de raisons, de motifs.

Ces arguments dessinent une vision du monde clivée en paradis-enfer. Le paradis est valorisé par le biais des revendications; il s'agit de justice fiscale, de salaire, de relance de l'emploi, de taxer les gros revenus, les revenus du capital et de lutte contre la fraude fiscale, de protection contre le licenciement et d'harmonisation vers le hauts (ouvrier vs employé, deux statuts différents en Belgique).

Le message signifie surtout par les connexions qu'il opère. Les revendications sont connues depuis longtemps dans le milieu syndicaliste de gauche, elles font l'objet d'un consensus. Par contre, ces mesures sont réclamées depuis des décennies (au moins), elles n'ont jamais fait l'objet de lutte politique syndicale spécifique et demeurent quasiment absentes du champ politique. En liant des revendications nouvelles, légitimes, liées à une situation actuelle à des arlésiennes, tes TOC syndicaux, on distille l'idée de l'inanité des revendications paradisiaques, on induit l'idée que ces revendications ne vont jamais aboutir.

Mais il y a mieux, le pouvoir d'achat, la justice (fiscale, c'est-à-dire une justice qui n'est pas simplement juste mais simplement fiscale), l'emploi sont mis ensemble. L'emploi est donc assimilé à un désirable, à la justice (fiscale), à l'objet des revendications légitimes. Ceci est doublé subtilement par l'appel à la protection contre le licenciement. Bref, l'emploi est légitime, souhaitable, il est la solution. Il faut garantir la protection contre la perte d'emploi. Donc la perte d'emploi est un dol, une souffrance, une catastrophe. Pourquoi alors interdire un tel bonheur aux enfants, aux malades ou aux personnes âgées - ce syndicat est défavorable au recul de l'âge de la retraite ou au travail des enfants ?

Passons et examinons maintenant l'enfer. L'enfer, c'est le gel des salaires individuels - il n'est nulle part question des salaires sociaux scandaleusement amputés en Belgique par la multiplication des dérogation, des contrats en sous-statuts sans cotisation sociale. L'enfer, c'est l'austérité (mais ils n'expliquent pas ce qu'est l'austérité) qui provoque pauvreté et inégalité. Il faut donc être égaux et riches pour éviter l'enfer et passer par l'emploi pour être au paradis revendiqué. Le bonheur de la FGTB, c'est donc un emploi avec du pouvoir d'achat pour tous. Au fond, si on était tous des traders à Wall Street, nous nagerions en pleine félicité et nous pourrions - dans un monde idéal - payer des taxes! Nous serions alors pleins de pouvoir d'achat, bons et surtout, solidaires. Par contre, si je puis me permettre, nous n'oeuvrerions pas à l'avènement du socialisme ou au dépassement du capitalisme.

Inutile de dire que la posture de la FGTB
- la fait passer pour un looser quand elle assimile ses revendications nouvelles à des revendications anciennes qui n'ont jamais eu d'écho
- la met sur le terrain de l'ennemi quand la FGTB demande de l'emploi: l'emploi est un profit pour le patron et un dol pour l'ouvrier et l'employé (à ce niveau-là, les statuts sont déjà harmonisés). En se mettant sur le terrain de l'ennemi patronal, un syndicat se condamne à l'impuissance velléitaire puisqu'elle combat dans les termes et sur le terrain définis par les patrons.

A moins que ce ne soit le but: manifester (en noir), alors que cette organisation compte plus d'un million de membres dans un pays de 11 millions d'habitants et pourrait sans problème organiser des grèves au finish avec des revendications appétissantes - je veux dire pour les plus gloutons d'entre nous.


5 personn

Chômeurs en lutte - France

19 août 2013, 11:48
On m'envoie un lien vers un site français de lutte de chômeurs. Nous précisons que les chômeurs
- produisent une valeur économique en dehors du cadre de l'emploi
- qu'ils ne sont ni 'privés' d'emploi, ni 'demandeurs' d'emploi (ce ne sont pas des torchons), ils sont 'libérés' de l'emploi et en demande d'un salaire suffisant (à l'image de la valeur qu'ils créent), d'une possibilité mettre leurs qualifications en valeur en maîtrisant l'investissement et d'une sécurisation du salaire (pour pouvoir l'investir, par exemple, faire des enfants, pouvoir se loger, réaliser des projets, mener une vie sociale, etc.)

Le lien vers le site:
Actuchomage

La vidéo qu'on m'a envoyée:
Vidéo - chômage

et je rajoute un article remarquable que j'espère avoir le temps de commenter à l'occasion (ou, si vous en faites le commentaire vous-mêmes, je ferai suivre):
Lutte contre la lutte contre le chômage

On y voit des syndicalistes, une femme politique englués littéralement dans l'employisme, des gens plus ou moins liés au PCF réclamer un emploi! Comme si Spartacus réclamait de l'esclavage pour tous!


Surproduction et parasitisme

19 août 2013, 12:06
En lien, un article sur la destruction des oeufs par des agriculteurs. Il s'agit d'un article d'un journal employiste extrémiste - ce qui prouve qu'on est ouverts à la plateforme.

Ceci prouve que l'économie capitaliste ne peine pas à produire. On produit trop - dans le secteur des oeufs, comme dans les autres secteurs. Ceci peut s'expliquer qu'une partie du profit est systématiquement investi. Les investissements s'accumulent au fil du temps, ce qui rend les outils industriels plus performants, plus productifs.

Nous ne sommes pas dans un Sahel soumis à la sécheresse en train de disputer les maigres ressources aux bêtes sauvages. Nous sommes dans une économie qui produit trop de tout (et qui produit mal mais, ça, c'est une autre question et je voudrais qu'on me laisse terminer mon propos, ne fût-ce que pour pouvoir fermer la parenthèse).

La notion de nécessité de travailler, de mérite lié à la soumission au marché de l'emploi doit être évaluée à l'aune de cette réalité. A l'instar des paysans faméliques qui meurent de faim pour ainsi dire à côté de silos à blé pleins de l'Amérique des crises économiques, nous sommes dans un pays, dans un monde, qui produit beaucoup trop et où les modalités d'organisation de l'économie condamnent une partie significative d'entre nous à la famine, à l'inactivité ou à la mort sociale.

Il ne faut pas produire davantage dans un monde qui produit trop, il faut produire mieux et, surtout, répartir mieux, organiser la production différemment (et, selon nous, loin de l'emploi). L'économie doit remplir les besoins humains (ce qu'elle ne fait pas alors qu'elle surproduit), elle doit cultiver les talents, développer l'activité, la créativité et les potentiels humain, ce qu'elle n'est pas capable faire.

Il ne faut pas changer les humains, il faut changer l'organisation économique.

Mais je m'emporte, voilà le lien:

Le Monde - les éleveurs poursuivent leur guerre des oeufs

L'employisme est une secte

19 août 2013, 11:34
L'employisme sert à justifier la soumission des employés à la logique de l'emploi. Cette soumission favorise les intérêts des actionnaires au détriment de ceux des producteurs. Nous avons voulu analyser le discours employiste du point de vue des sectes. Il faut savoir que ce point de vue est archi dominant de l'extrême gauche à l'extrême droite, qu'il règne sans partage sur le microcosme médiatique et exerce un pouvoir considérable. Même si ce pouvoir est omniprésent, invasif et peu sujet à controverse – encore une fois même par les militants politiques les plus engagés, les plus sincères – il limite notre cadre de pensée, nos existences à des débats oiseux sur les modalités d'exploitation de l'Homme par l'Homme en évacuant la question même de ladite exploitation.



Le MIVILUDES(Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, France)a dégagé huit critères de dérives sectaires (selon Wikipédia):
  • la déstabilisation mentale ;
    Fréquemment utilisée dans le cadre de l'employisme : les chômeurs sont rendus responsables d'une situation extérieure sur laquelle ils n'ont pas prise – c'est une technique de déstabilisation schizophrènogène classique, elle génère un sentiment d'impuissance et de culpabilité morbide – et les employés sont soumis à l'automatisation des tâches, à la dévalorisation, au harcèlement, à toutes sortes de pressions psychiques voire physiques.
  • le caractère exorbitant des exigences financières ;
    Sans vouloir être technique, la création de valeur ajoutée se fait par les seuls producteurs. Les producteurs sous contrat d'emploi doivent avoir un rendement de 15 % pour leurs investisseurs. Il s'agit de 15 % du capital total – des investissements, des frais et des salaires – qui doivent, à partir des seuls salariés, être produits. Comme la partie du capital dévolue aux salaires devient de plus en plus faible à mesure que les progrès techniques imposent plus d'investissement, les sacrifices financiers demandés aux employés deviennent eux aussi, proportionnellement, de plus en plus substantiel. En une heure de travail, ils doivent produire deux heures de salaire pour tenir le taux de profit, puis deux heures et demie, puis trois heures à mesure que la part des investissements devient importante dans la valeur ajoutée.
  • la rupture avec l’environnement d’origine ;
    Les employés doivent agir de manière mécanique, reproduire des gestes suivant des protocoles, se plier à une discipline ou à des rythmes qui ne sont pas les leur. Tout lien avec le milieu d'origine, les goûts, les habitudes de l'employé sont bannis dans l'enceinte de l'emploi. De même, les chômeurs doivent se conformer au discours employiste, ils doivent chercher à se soumettre à l'emploi quand bien même ils n'ont nul goût à la soumission, quand bien même ils n'éprouvent aucune sympathie pour l'employisme.
  • l’existence d’atteintes à l’intégrité physique ;
    L'employé revêt un uniforme, il doit adopter le discours de l'entreprise. De même, le chômeur doit se conformer au discours, aux attitudes, aux habitudes vestimentaires, au phrasé, au goût voire aux caprices de l'employeur.
  • l’embrigadement des enfants, le discours antisocial, les troubles à l’ordre public ;
    L'emploi est valorisé alors qu'il dégrade la santé des populations, qu'il condamne ceux qu'il exclut à la marginalité ou à la violence. Dans le cadre de l'emploi – comme dans le cadre de la recherche d'emploi – les comportements agressifs, égoïstes, sociopathe, irresponsables et vénaux sont encouragés. Ces comportements troublent la tranquillité publique, ils menacent les populations civiles.
  • l’importance des démêlés judiciaires ;
    Là aussi, force est de constater que les fraudes au droit social pourtant très laxiste sont légion. Ces fraudes tuent chaque année. De même, l'extorsion du profit donne lieu à des prébendes, de la prévarication, du trafic d'influence à une échelle cosmique.
  • l’éventuel détournement des circuits économiques traditionnels ;
    Le détournement de l'économie productive est le principe même de l'employisme. Les coûts sont externalisés – les coûts sociaux, environnementaux, humains – sur la collectivité, sur les impôts des classes moyennes. Les infrastructures sont construites en fonction des intérêts des propriétaires d'entreprise au mépris de celui des gens. L'employisme fait également pression sur l'école, les universités, les écoles supérieurs, les instituts techniques pour modifier l'offre de formation non en fonction des envies des apprenants, non en fonction des besoins sociaux mais en fonction des intérêts des employeurs.
  • les tentatives d’infiltration des pouvoirs publics.
    Sur ce point-là, il ne s'agit plus de tentative d'infiltration mais d'occupation hégémonique. Allumez votre télévision, lisez votre journal, parcourez la presse patronale ou syndicale: non seulement l'employisme est infiltré mais il est partout.


En conséquence, l'employisme est certainement une idéologie en proie à une dérive sectaire extrême. Malheureusement, le succès institutionnel et médiatique de cette foi dangereuse la place dans la catégorie des sectes qui ont réussi.

Nous devrons donc la combattre sur le plan où elle se situe : celui de la métaphysique.

Commentaires sur la CGT

18 août 2013, 15:32
La CGT a sorti une petite vidéo sur la sécurité sociale en France. Si nous adhérons pleinement à l'analyse économique des cotisations, de l'effet des cotisations sociales et de leur importance comme investissement économique, ou à la présentation historique de la genèse de la sécurité sociale comme fruit d'un rapport de forces, nous nous permettons quelques remarques par rapport au cadre de pensée dans lequel s'inscrit la vidéo. De nouveau, nous commentons un texte d'un point de vue qui nous est proche non pour le détruire mais pour interpeller ses auteurs.

1. le risque
La sécurité sociale est présentée comme une protection contre les risques de la vie. Si elle est un salaire, elle n'est pas une reconnaissance de valeur économique mais une assurance publique efficace. Notons que les risques constituent des événements négatifs qui interrompent le cours 'normal' d'une vie. Parmi ces événements, la maladie, la vieillesse et, de manière plus étonnante, la maternité et le chômage qu'on pourrait considérer en soi comme d'heureux événements.

Cette vision de la vie comme siège d'une normalité susceptible de se voir dérangée par l'avènement de l'inattendu, de ce qui est impossible à assumer, dessine en creux le contour d'une existence assiégée, menacée dont les risques individuels seraient socialisés. Par ailleurs, le chômage ou la vieillesse étant assimilés à des risques, ils sont présentés comme des événements malheureux, tristes. Ils pourraient aussi être présentés comme de formidables opportunités de faire quelque chose hors de l'emploi.

Par ailleurs, la présentation de la sécurité sociale sous forme d'assurance implique que les vieux, les chômeurs, les malades ou les enfants sont des poids. Cette présentation fait l'impasse sur leur extraordinaire productivité - y compris économique.

2. le coût
Si toute valeur ajoutée est effectivement fruit du travail, la partie socialisée de la valeur ajoutée ne fait que reconnaître une valeur produite par le travail hors du cadre de l'emploi. Si les cotisations sociales disparaissent, ce sont les profits qui s'en repaissent avant de ... sombrer dans le néant du fait de la concurrence. Une marge excessive finira toujours par disparaître sous la pression des concurrents. De ce fait, le rapt de la cotisation sociale par les profits ne dure qu'un temps avant de disparaître. L'on peut donc dire après Bernard Friot que le producteur hors emploi (et le fonctionnaire) crée la valeur qui lui est attribuée.

3. l'emploi
Le piège ultime a malheureusement aussi fonctionné pour la CGT: réclamer un emploi, demander un emploi ou même considérer l'emploi comme un droit, comme une nécessité, c'est se placer sur un terrain où, en tant que syndicat de producteurs, on est sûrs de se faire aplatir. C'est un principe de l'art de la guerre: ne pas se placer sur le terrain de l'ennemi, se placer sur son terrain. Pour le dire autrement, il est absurde de vouloir se battre à la boxe contre un boxeur professionnel, il vaudra mieux essayer de le battre aux échecs, à la parole ou au solfège. Le combat sera moins dangereux et l'issue en sera moins sûrement fatale. La notion même d'emploi est une notion patronale: ce sont les patrons qui emploient, ils paient (chichement) des gens pour revendre ce que ces gens (les employés) ont fait plus cher. L'engluement du temps dans la grisaille de l'emploi sert les intérêts des propriétaires et eux seuls. L'emploi est un cadre dans lequel le patron définit la quantité de travail, l'organisation du travail, le but du travail et le mode d'évaluation du travail.

En conclusion, pour faire court, l'emploi doit cesser d'être une revendication, c'est le salaire qu'il faut défendre; les cotisations ne coûtent rien aux producteurs soumis à l'emploi et la sécu reconnaît une valeur produite hors emploi - ce qui la rend révolutionnaire - et ne couvre nul risque, n'a rien à voir avec l'assurance.

Par cette exégèse nous entendons poser le problème de ce qu'on veut:
- s'agit-il d'aménager un cadre, celui de l'emploi, pour le rendre plus habitable pour ceux qui n'ont pas la malchance d'être asservis à sa logique?
- s'agit-il de pousser le salaire hors emploi, la reconnaissance de la valeur hors emploi et de libérer les gens, l'activité dans ce qui serait une perspective émancipatrice?


http://www.youtube.com/watch?v=ktp77xtt6DY&feature=youtu.be

OPI (Offre publique d'idée) sur les salaires

18 août 2013, 15:02On me dit de vous dire ...

  1. Le salaire, c’est le super-brut, pas le net.
  2. La différence entre le super-brut et le net, c’est notre développement. On retrouve l’expression de ce développement (sécurité sociale, fonction publique) dans notre PIB et dans nos prix.
  3. Le développement est le produit de choix politiques faits, après la guerre, contre la barbarie.
  4. Les salaires ne sont dès lors jamais un coût, mais un investissement dans le développement.
  5. La lutte contre l’inflation et la lutte pour l’emploi et le pouvoir d’achat où nous sommes entraînés depuis trente ans est un piège aux salaires. Elle mine le développement et nous fait retourner à la barbarie.
  6. Lutter contre la barbarie, c’est se battre pour des salaires et pas contre.

Hartz IV, l'esclavagisme coûteux ou la prison du chômage-emploi


Ce plan diabolique de mise au travail forcé (et pour ainsi dire gratuite) des chômeurs allemands crée
- des travailleurs pauvres
- une prison pour chômeur - c'est l'objet de l'article dont je vous donne le lien ci-dessous: les chômeurs sous ce plan de travail obligatoire (et quasi bénévole) demeurent au chômage BEAUCOUP PLUS LONGTEMPS que les chômeurs allemands avant ce plan.

C'est dire que ce plan Hartz IV, en plus de pousser les chômeurs dans la misère, en plus de comprimer les salaires en produisant une main d'oeuvre pour ainsi dire gratuite n'est même pas foutu de remplir l'objectif au nom duquel il a été conçu: mettre les gens à l'emploi.

Ce plan, ce sont des producteurs sans argent (ou presque), sans salaire (leur pension sera misérable), des producteurs dans l'emploi, dans l'exploitation du temps et des ressources humaines. Ce sont des chômeurs-employés misérables pour très, très, très longtemps.

Précisons que les conditions d'emploi en Allemagne concernent tous les producteurs européens: du fait de la concurrence libre, de la libre circulation des marchandises, les baisses de coût salarial sont répercutées sur les prix ce qui oblige la concurrence dans les autres pays européens à adopter les mêmes pratiques.

Tous nos voeux de succès aux gens qui luttent contre ce plan Hartz IV (gegenhartz.de),
tout notre respect aux producteurs que ce plan plonge dans la misère noire,
et, répétons-le, traduisons-le dans toutes les langues:

on ne travaille pas pour mourir, on travaille pour vivre
Man arbeitet nicht um zu sterben sonder Man arbeitet um zu leben.

le lien (en allemand):
Les Prisonniers de Hartz IV

Aux employés du secteur non marchand

17 août 2013, 16:03


L'emploi au prix du salaire

Certains producteurs dans le non-marchand sont tentés par les avantages extra-légaux ou par la réduction de cotisations sociales au nom de l'emploi. Il s'agit là de démarches suicidaires du point de vue de producteurs qui tirent leur salaire du budget de la sécurité sociale.
Je vous propose quelques pistes de réflexions qui pourraient vous parler à vous, travailleuses et travailleurs dans le secteur des soins de santé.

1. le social est un investissement, pas un coût

Dans les discours médiatiques, plus ou moins bien intentionnés, on assimile les dépenses de chômage, les dépenses de santé ou les dépenses de soin à un coût. Cette façon de voir est absurde : l'économie arrange la production, la gère, en fonction des besoins humains. Il faut donc évaluer l'économie et ses effets sur les populations en fonction des besoins humains et non l'inverse. Les besoins humains ne doivent pas s'adapter à l'économie, ils ne doivent pas se justifier ;c'est l'économie qui doit justifier de son utilité en terme humain.Le besoin humain ne peut constituer un coût, il est le moteur final,il est ce qui nourrit l'économie : sans besoins humains, plus d'usines et sans usines, plus de bourse.

2. les conditions de travail peuvent écraser l'humain

Dans le secteur social, les employés s'entendent régulièrement dire qu'ils sont trop chers, qu'ils ne travaillent pas assez rapidement, que leur motivation est sujette à caution. De manière plus pernicieuse, on peut aussi remplacer la sensibilité professionnelle, le savoir faire par des protocoles, on peut aussi automatiser les tâches. L'automatisation implique la dépossession de savoir-faire et, surtout, la disparition d'une fierté professionnelle au profit d'une mécanisation des actes. Bien sûr, la mécanisation, notamment dans le social, empêche l'utilisation de l'instinct, elle rend l'acte inadapté à la situation et elle appauvrit la nature de l'intervention du professionnel. Tous ces facteurs, dévalorisation, automatisation,stigmatisation comme poids mettent en danger le travailleur, la travailleuse, ils peuvent être fatals pour sa santé, pour sa confiance en soi, pour le plaisir d'accomplir une tâche qualifiée.À notre modeste mesure, nous vous invitons à résister, à ne jamais oublier votre valeur humaine, à ne jamais croire que vos compétences n'ont pas d'importance.
Cette situation est vécue dans tous les secteurs de l'économie, elle est particulièrement violente pour les chômeurs et les chômeuses, elle peut aboutir au burn-out, à la dépression et à des maladies secondaires.
La situation de mise à l'écart professionnelle, la placardisation, est une forme de harcèlement professionnel. Le harcèlement professionnel est un délit puni parla loi.


3. les improductifs sont productifs

Dans les médias, on entend également des discours anti-chômeurs, anti-retraités ou anti-malades. Dans le secteur de la santé, vous dépendez des cotisations sociales à l'instar de ces populations stigmatisées. Il est donc vital de défendre les cotisations sociales comme une forme particulièrement efficace de salaire.
Paradoxalement, le salaire social –les prestations de sécurité sociale, le chômage, la retraite, les pensions invalidité, les dépenses de santé – ne coûtent à personne.
Nous démontrons la chose par le dessin ci-dessous.

Les travailleurs d'une entreprise créent de la valeur ajoutée par leur activité. La valeur ajoutée,c'est le prix de ce qui est vendu moins les frais. Dans la valeur ajoutée, nous avons :
- le salaire individuel
- le salaire social
- les investissements
- les profits

(voir le dessin)

Entre 1950 et 1970, on a augmenté les dépenses sociales. L'augmentation des dépenses sociales n'a rien coûté aux salaires individuels mais elle a baissé les profits.Suite au pacte de la sécurité sociale, en 1944, on distingue les salaires sociaux et les salaires individualisés. À l'époque, les mouvements sociaux étaient puissants, armés, massifs alors que le pouvoir politique était en position de faiblesse. De nombreuses grèves exigeaient une augmentation substantielle des salaires. Cette augmentation a été (partiellement) accordée sous forme de cotisations sociales (qu'elles soient employeur ou travailleur). Les cotisations sociales payaient les pensions, les soins de santé, les allocations familiales, les congés payés, le chômage, etc. Un comptable met ces dépenses dans la colonne 'salaire' parce que historiquement et socialement, ce sont des salaires.

Depuis quarante ans, au motif de crises successives, les salaires ont été comprimés. Il s'agit, à chaque fois, de rendre les producteurs plus 'compétitifs', compétitivité organisée par l'Europe et relayée fidèlement par les représentants nationaux ou régionaux. Entre 1990 et 2010, on a diminué les dépenses sociales. La diminution des dépenses sociales n'a rien rapporté aux salaires individuels mais elle a augmenté les profits.

Les dépenses sociales reconnaissent une activité productive en dehors de l'emploi – qu'elles soient le fait de médecins, de retraités, de malades, de chômeurs ou de fonctionnaires ne changent rien à l'affaire. Ces gens sont actifs,produisent des choses utiles, économiquement valorisées mais seul le salaire social parvient à reconnaître leur contribution. Sans salaire social, plus d'indemnité de chômage, pour les travailleurs sociaux, plus de travail, pour les retraités, plus de retraite, pour les malades, plus de soin, etc.

4. L'intérêt des producteurs

Ce qui unit les salariés sociaux (chômeurs, pensionnés, etc.), les travailleurs sociaux et les autres salariés, c'est la notion de producteurs. Tous, nous dépendons d'un salaire, tous nous produisons la valeur correspondant à ce salaire et tous, nous avons intérêt à défendre les salaires, notamment les salaires sociaux. Ils nous permettent une reconnaissance économique de notre qualification, ils nous permettent un ancrage dans la vie économique.
Cet ancrage est éminemment profitable pour l'économie en général : des travailleurs sans soin de santé deviendraient improductifs, des travailleurs obligés de travailler jusqu'à la tombe deviendraient dangereux, des chômeurs sans indemnité ne pourraient plus dépenser l'argent qu'ils gagnent ce qui … empêcherait les entreprises de trouver des débouchés.Toute forme de salaire étant dépensée, elle ne 'coûte' rien à l'économie, elle lui permet de tourner. Si les travailleurs devaient s'occuper des handicapés de leur famille, ils ne pourraient pas aller à l'usine, etc.

5. Le salaire social

La forme du salaire social permet une forme particulière d'activité professionnelle : le producteur y est détaché du marché de l'emploi. Quand on sait que l'organisation de l'emploi en marché oblige les producteurs à l'automatisation, qu'elle motive le management par objectif,l'autonomisation de l'activité de ce marché de l'emploi est un enjeu de bien-être, de santé mentale, de plaisir au travail pour tous et … de productivité.

Harangue

Le coût de la vie

17 août 2013, 15:54



Fuyez la culpabilité: la vie est une chance, saisissez-la; la vie est un met, dévorez-la; la vie est un cadeau, partagez-le; la vie est une oeuvre d'art, exposez-la; la vie est devenir, vivez-la.

Jamais ô grand jamais la vie n'est coupable; jamais, elle n'est un coût. Le mépris de la vie ne salit que celui ou celle qui le porte. Parmi cette vie, les forces telluriques, astrales, les êtres vivants et les humains. Parmi ces chefs-d'oeuvre, parmi ces cadeaux, parmi ces chances, votre vie. Elle prévaut toute autre considération, l'abjecte dévalorisation mercantile du vivant ne peut qu'aboutir à la barbarie.

Ne croyez pas que je pèche par angélisme. Non, vivre, c'est prendre de la place, c'est occuper un espace, s'impliquer dans des relations et, aussi bien, blesser que réconforter, réussir que rater, vouloir que renoncer. C'est ce mélange, cette fragilité et cette force qui font la valeur de la vie.

Résistez, soyez dignes, debout, en lutte, en résistance cachée. N'oubliez pas, ils n'ont que l'argent pour vous mépriser mais, du côté de la vie, nous avons l'amour, la colère, la dignité et ce qui fait la différence sous les bombes entre la vie et la survie: l'humour. Puissent-ils nous sauver.


Féminisme et emploi

15 août 2013, 11:50
Je vous résume un article et vous en situe les enjeux. J'ai mis le lien ci-dessous (en espagnol).
L'article lie le problème des liens humains, des liens de communauté non familiale à l'emploi: dans la mesure où les liens humains interindividuels sont forts, ils permettent de résister et au désespoir du chômage et au désespoir de l'emploi-maltraitance.

L'enjeu de la construction de ces liens, disons d'amitié, d'intimité est politique parce que ces liens affectifs donnent de la force à un monde hors emploi et affaiblissent les nuisances de l'emploi-chômage comme système de pression, d'angoisse et de destruction humaine.

La question des liens sociaux est cruciale pour les féministes, pour les femmes mais elle offre un formidable point de vue pour tout le monde.

Vidas Precarias

Pilote licencié


je vous fais suivre:
compagnie aérienne à pédale
RYANAIR LICENCIE UN PILOTE LANCEUR D'ALERTE

Personnellement, je n'ai jamais volé dans l'un des zingues de cette compagnie "High Fric" où tout est fait pour vous piquer vos thunes au détriment de ses employés et surtout de la sécurité. La compagnie, qui n'en est plus à un scandale près, vient donc de virer l'un de ses pilotes qui a eu l'impudence de critiquer le respect des normes de sécurité de sa tôle sur la chaîne britannique Channel 4...

Le Monde et l'AFP racontent : "Raison invoquée (du licenciement ndlr), les "contributions diffamatoires" du pilote dans une émission d'investigation sur la chaîne britannique Channel 4. John Goss y avait fait part des inquiétudes des pilotes sur les comptes-rendus de sécurité concernant la compagnie aérienne à bas coûts. Il avait également déclaré que la direction lui avait adressé une lettre critiquant son utilisation abusive de carburant.
Ryanair a annoncé sa décision de licencier John Goss après qu'elle a été la cible ces dernières semaines d'accusations formulées par certains de ses pilotes qui disent avoir été incités à embarquer moins de kérozène et dissuadés de signaler des problèmes de sécurité par des sanctions disciplinaires."

La suite de cette énième scandale :
Le Monde - Licenciement d'un pilote Ryanair
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L'hiver grec - Ελληνική χειμώνα

12 août 2013, 12:15
l'emploi-pousse-au-crime dans un pays assiégé par les créanciers:

Les fraises se paient le prix du sang

les saisonniers immigrés paient très cher les fraises

et l'emploi ordinaire dans l'hiver européen:

eurowinter

les Grecs paient leurs dettes au prix fort

Résistance à l'horreur sociale en Allemagne


En lien, un article avec une vidéo sur une ex-employée qui a préféré se battre pour la dignité humaine, pour la plus élémentaire justice sociale et qui en a perdu son emploi. Toute notre sympathie à Inge Hannemann et son courageux combat.

Mais surtout, espérons que cette dignité se généralise, que la résistance à l'ordre criminel, anxiogène, pathogène de l'emploi se généralise. En Allemagne, en Laponie, aux Moluques, dans le monde entier, la conscience éthique doit se dresser contre l'horreur sociale. Nous sommes tous confrontés à cette machine à broyer. Voyez les quelques articles que nous sélectionnons ici: USA, Angleterre, Grèce, Belgique, France, Espagne et, ici, Allemagne, il n'est guère de havre où l'horreur sociale ne frappe.

Vient le temps de la résistance à l'ordre inique, résistance dont Inge incarne un bel exemple. Généralisons cette résistance, dans nos pays respectifs, avec nos moyens respectifs, armés de notre sens inné de la dignité humaine, de l'importance de la vie et de l'échec humain de l'économisme employiste. Levons-nous, dénonçons, ne cédons rien et, en notre fors intérieur, ne perdons pas la certitude, la vérité de notre liberté, de notre intégrité face à la veulerie, au capitulisme boutiquier de la soumission à l'employeur. Si nous sommes un sur mille, nous serons ignorés, si nous sommes un sur cent, nous serons moqués, si nous sommes un sur dix, nous changerons le monde car, si le propriétaire 'emploie', c'est qu'il a besoin 'd'utiliser' les gens - nous, producteurs, galériens sous toutes les étiquettes possibles, nous n'utilisons personne, nous n'avons besoin de personne. Nous sommes libres - ce que Inge atteste parfaitement.

Mut jeder

Médiapart - Inge Hanneman

Dickens

12 août 2013, 09:00
Rappelons que les propriétaires d'esclaves les soumettaient absolument mais avaient intérêt à les nourrir puisqu'ils étaient leur propriété. Ce petit problème est maintenant réglé en Angleterre avec les emplois zéro heure: le propriétaire ne doit plus nourrir sa main d'oeuvre, il se contente de l'utiliser quand il en a besoin, comme il en a besoin et pour ce dont il a besoin.

Les contrevenants sont simplement condamnés au chômage, c'est-à-dire, en Angleterre, à la misère la plus noire.

Autre précision, par rapport au titre de l'article, les employés ne sont pas toujours à l'époque de Dickens mais à nouveau à l'époque de Dickens, cette lamentable dérive de l'employisme le plus sectaire a lieu dans un pays qui a joui de standards sociaux assez élevés il n'y a guère. Car c'est évidemment au nom de l'emploi que ce type de contrat a été inventé.

Big hug to you all.

Salariés sans droit en GB

Offre d'emploi

13 août 2013, 10:20
Glané sur le ouèbe, une magnifique offre d'emploi, (offre d'emploi).

Il lui manque un tout petit quelque chose pour être complète.

Je vous invite à deviner ce qui lui manque.




Un chrétien de gauche

13 août 2013, 11:07

Il s'agit d'une interview parue dans l'Info, journal d'information de la CSC, le syndicat chrétien (de gauche) belge parue dans le numéro 46 de novembre 2010. Disponible sur la toile à
Info CSC - La solidarité

Benoît Constant, le représentant des jeunes CSC, développe son point de vue sur la solidarité dans le cadre d'une action de sensibilisation. Il présente la solidarité comme souhaitable, comme - si je puis m'exprimer comme cela - planche de salut. Cette planche de salut n'est pas là, elle doit advenir.

Ce paradis tourne autour de cinq axes:

- la solidarité internationale. Dans le monde souhaitable, le Nord est solidaire du Sud, c'est-à-dire que les consommateurs sont solidaires des producteurs du coltan de leur téléphone portable. La forme que doit prendre cette solidarité demeure mystérieuse. Par contre, cette présentation d'une solidarité idéale fait l'impasse sur une solidarité effective: les producteurs du Sud manifestent une solidarité (un peu contrainte, certes) extrême envers les consommateurs du Nord puisqu'ils leur fournissent le coltan de leurs téléphones alors que les consommateurs du Nord ne leur fournissent rien du tout.

- la solidarité entre les générations. Les consommateurs présents doivent éviter de piller les ressources des générations futures. De nouveau, on est dans le registre de la morale, du souhaitable, des voeux pieux. Par contre, de nouveau, on inverse la solidarité effective: ce sont les générations futures qui paieront, d'une manière ou d'une autre, le pillage actuel des ressources. Ce sont les générations futures qui seront solidaires (de manière un peu contrainte) des générations actuelles et non l'inverse.

- par contre, ce qu'ils nomment la solidarité chaude est fait des liens, des échanges 'non utilitaristes' dans des collectifs dans le présent. Ceci appelle deux commentaires: d'une part les autres types de solidarité sont forcément des solidarités froides par opposition et, d'autre part, les autres types de solidarité se distinguent de la solidarité chaude par leur utilitarisme et leur aspect non communautaire. De nouveau, peu de choses concrètes, incarnées se dégagent de la bonne volonté de bien faire.

- la solidarité intergénérationnelle (à ne pas confondre avec la solidarité entre les générations). Nous avons un renversement du renversement: ce sont les vieux qui sont solidaires des jeunes car ils racontent des contes aux enfants et qu'ils paient les voyages des militants. Mais ce renversement sonne comme la confirmation du premier renversement, du genre, 'il est évident que les jeunes sont solidaires avec les vieux mais, vous savez, ils le sont aussi avec les jeunes' et de citer de très petits actes. De nouveau, la formulation de cette solidarité fait l'impasse sur la solidarité effective des vieux avec les jeunes. Elle assimile les personnes âgés aux autres profiteurs (consommateurs, actionnaires, etc.) qui doivent se donner bonne conscience. Dans le passé, ce sont les vieux actuels qui ont construit tout notre appareil productif, ils ont bâti nos maisons, ils ont fait nos routes et nos trains et, surtout, dans le présent, ils sont extrêmement productifs en tant que travailleurs hors emploi. Cette façon de présenter les choses (vous savez les vieux sont utiles quand même) fait l'impasse sur l'utilité effective (et cruciale d'un point de vue économique) des personnes âgées.

- la solidarité entre les revenus mêle la fiscalité et la sécurité sociale. Les amateurs de Friot savent que ces deux choses n'ont rien à voir: la fiscalité redistribue une valeur ajoutée et entérine son fonctionnement alors que les cotisations sociales constituent un salaire formidable (et très productif) puisque déconnecté de l'emploi, les cotisations sont une distribution primaire de la valeur ajoutée, un enjeu de lutte de classe. Cette formulation fait également l'impasse sur la solidarité contrainte principale: les revenus des producteurs sont ponctionnés par les propriétaires; les producteurs sont solidaires (malgré eux) des actionnaires. Par contre, via l'impôt, les jeunes appellent de nouveau à la solidarité des propriétaires envers les producteurs par un retournement dont nous sommes maintenant coutumiers.

On peut résumer la Weltanschauung des jeunes CSC, leur représentation des choses, par un retournement de la solidarité: sont solidaires ceux qui sont en fait bénéficiaires d'un système. Ce système contraint en fait - par la violence éventuellement - ceux dont il faut être solidaires à donner énormément à ceux qui sont censés être solidaires. On voit apparaître des actionnaires solidaires de leurs ouvriers à qui ils prennent 15% de marge brute, des consommateurs de coltan solidaires (mais comment?) des mineurs en train de crever doucement mais sûrement pour leur fabriquer leur machin, on y voit des vieux (mais là, c'est le plus vicieux) mis dans ce rôle de profiteurs généreux alors que les usines, ils les ont construites, les gosses, ils les gardent, les adultes, ils les ont élevés, etc.

Ce retournement permet de rendre la position de profiteur (actionnaire, Occidental, pilleur écologique ou, de manière particulièrement pernicieuse, vieux) habitable, justifiable. Le téléphone portable pille l'Afrique mais il devient honorable parce que solidaire, les actionnaires deviennent honorables parce que solidaires, les personnes âgées deviennent honorables parce qu'elles donnent la pièce à Noël.

Ce qui permet de continuer à fonctionner de la même façon. L'appel à l'avènement d'un idéal cache le souhait de continuer en l'état, ce qui rend ce discours inaudible. Comment mobiliser au changement pour le même?

Pourtant il y a largement de quoi changer le monde dans les paroles du Christ (ou de Mohammed ou de quelque religion que ce soit).
Pour rappel:
- le temps appartient à Dieu, il ne peut créer d'argent
- lenteur et méditation sont les voies de Dieu, le non faire est toujours valorisé
- le royaume de Dieu est inaccessible pour les riches
etc.

Mais, derrière la solidarité, il n'est nullement question de cela, de ces considérations de justice ou d'humanisme. La solidarité ne serait-elle qu'un totem pour évacuer ces lancinants enjeux et demeurer dans le même?