La RTBF se bat contre la grève


En lien un 'reportage-propagande' de la rtbf sur la grève des TEC à Liège. Soucieux de leur apprendre à distinguer un fait d'une opinion,

nous signalons que la grève coûte au gréviste, qu'il renonce au salaire pendant une grève et qu'il n'y a donc pas 'd'abus' possible mais l'exercice d'une simple liberté humaine

nous signalons que le travail obligatoire a été pratiqué sous l'ancien régime sous le nom d'esclavage et sous le troisième reich

nous signalons que, sans grève, les conquis sociaux (il est vrai maltraités par la rtbf-employeur) disparaîtraient, ces conquis modèrent l'emploi - sa durée et sa pénibilité - et soutiennent le salaire

nous signalons aux privatiseurs que toute privatisation a été accompagnée de grève massive, que toute privatisation a augmenté le temps d'emploi et diminué le salaire

nous signalons que l'augmentation de l'emploi et la diminution des salaires sont les causes de la crise de l'économie européenne, qu'elles précipitent des millions de personnes dans une misère économique et sociale inédite

nous signalons aux pourfendeurs de grève que le droit à exercer un métier, une activité professionnelle a été entravé par une direction, par une mesure vexatoire

nous signalons que les grands défenseurs de la liberté entendent vous contraindre à bosser pour un patron ladre, humiliant ou voleur

nous signalons que le droit de l'usager est un droit du client, que ce droit est un droit à l'usage du corps, du temps, de l'intelligence, des qualifications d'un être humain (le producteur) par un autre être humain (le client)

nous signalons aux journalistes 'qui parlent' de la rtb que la plupart de leurs collègues 'qui ne parlent pas' sont soumis à de la précarité, à du management par la haine

nous signalons que l'ambiance de travail est pourrie à la rtb du fait du management inspiré du privé qui y pratiqué

nous signalons aux journalistes qu'une grève au finish pourrait améliorer leurs conditions de travail

nous signalons que, en Grèce et à Valence, des journalistes de télévision s'engagent, résistent et défendent leur droit au travail bien fait contre une logique d'argent criminelle et inefficace

nous signalons que l'ambiance de travail à la rtb concerne toute la Belgique puisque l'information - condition de la démocratie - y est manufacturé

nous signalons que la stigmatisation de ceux qui luttent et se défendent est un appel à la résignation

http://www.rtbf.be/video/detail_la-greve-s-est-poursuivie-aux-tec-liege-verviers?id=1874080

Suppression des primes de licenciement supplémentaires

Un arrêté royal supprime les allocations de chômage à concurrence du montant des indemnités supplémentaires de licenciement:

Un arrêté royal (AR), entré en vigueur le 1er novembre, considère en effet désormais comme salaire toutes les primes supplémentaires en question payées en sus des indemnités de préavis légales, selon le PTB. En application de cet AR, l'ONEM convertira la prime de licenciement supplémentaire en un nombre X de mois de salaire. "Cela prive donc l'ouvrier ou l'employé licencié de toute une période de chômage", souligne le parti. Jusqu'à présent, les travailleurs licenciés dans le cadre d'une lutte sociale lors d'un licenciement collectif avaient réussi à obtenir une prime supplémentaire cumulable avec les allocations de chômage, qu'ils recevaient après leur licenciement et leur période de préavis.
La Libre, le 28 novembre 2013

Cette décision calamiteuse supprime de fait les indemnités de licenciement supplémentaires. On voit mal, en effet, des producteurs, des syndicats se battre pour des primes supplémentaires si ces dernières représentent un manque à gagner en terme d'allocations de chômage, si ces dernières ne font pas gagner un centime au travailleur.

Cette décision supprime un levier de négociation et de pression sur les patrons en cas de licenciement. Ceci rend les licenciements plus faciles pour les employeurs, ce qui augmente la pression sur l'emploi et sur le chômage.

La pression de l'emploi et du chômage amène les producteurs à baisser leurs salaires (ce qui est le but de la mesure), à diminuer leurs exigences en terme de sécurité de travail ou de rythme, à augmenter leurs craintes quant à l'avenir.

Cette mesure sape le salaire et sabote un levier pour freiner les licenciements, elle défavorise les producteurs dans leur rapport de force avec les patrons.

Comment expliquer l'atonie des syndicats face à cette attaque en règle contre les droits sociaux les plus élémentaires des travailleurs, contre le droit social? Comment expliquer le silence syndical face à la destruction des salaires et des conquis sociaux, face au plan d'accompagnement des chômeurs (le chômage est un salaire), face au recul de l'âge de la pension (la pension est un salaire), face à l'exclusion, au harcèlement que subissent les chômeurs, face à la dégressivité des allocations? Comment expliquer ces silences coupables? Les syndicats ne se rendent-ils pas compte que ce que ce qu'ils doivent défendre, ce sont les salaires, les producteurs (y compris pensionnés et chômeurs) et non les emplois qui enrichissent les patrons?

Ce rapport de force que nous subissons depuis quarante ans, ce rapport de force en faveur des propriétaires, des actionnaires et en défaveur des producteurs n'est pas une fatalité. Sans leur argent, nous pouvons produire, sans producteur, leur argent ne sert à rien. Aucun discours syndical ou politique de renonciation, d'acceptation de l'inacceptable ne pourra gommer ces faits politques.

Nous appelons tous nos courageux lecteurs à interpeller leurs organisations syndicales, leurs délégués, leurs permanents - et ce, dans tous les pays - pour que cesse cette casse, pour défendre les salaires, notamment les salaires sociaux, et attaquer enfin ce scandale qu'est l'emploi. Exigeons de nos syndicats qu'ils défendent notre liberté de producteur, la démocratie économique et le droit, qu'ils abandonnent tout angélisme prêt-à-l'emploi, tout solidarisme pansement d'un rapport de force inique.


Benchmarking et harcèlement


Article mis en ligne par le Monde Diplomatique (merci à eux) sur l'évaluation, le benchmarking.

Extrait:
Le benchmarking conduit les agents à vouloir améliorer sans relâche leurs scores, à être continuellement en quête de « meilleures pratiques », à viser toujours de nouvelles cibles, à s’engager autant qu’ils le peuvent au service d’un idéal relatif, la « qualité ». L’enrôlement de tous dans un effort coordonné de compétitivité ne procède idéalement d’aucune contrainte, ni physique ni légale. Il se nourrit de la bonne volonté des participants. Etre volontaire, « proactif », apporter la preuve de sa « performance totale », ou bien s’exclure du jeu : telle serait l’« alternative infernale ». Il y a là une façon très singulière de gouverner les membres d’un collectif.

Bon courage à toutes et à tous.

http://www.monde-diplomatique.fr/2013/05/BRUNO/49089

La personnalisation du salaire est un piège

Un ami nous envoie la preuve par l'absurde de la chose.
Le gouverneur de la Banque Nationale Belge affirme:
 
"Quand vous êtes au chômage, vous vous constituez malgré tout des droits pour la pension mais vous ne cotisez pas au système."

Cette déclaration prouve une confusion intéressante à comprendre. Pour le banquier, la sécurité sociale constitue un type d'assurance individuelle dont les prestations devraient être liées au 'mérite' du travailleur, à la quantité d'argent versée à l'organisme d'assurance. La sécurité sociale, dans cette optique-là devient une grande boîte à chaussure dans laquelle ceux qui ont les moyens mettent de l'argent et ceux qui n'en ont pas ne jouissent pas d'assurance, tout simplement. Cette vision du monde implique que le travailleur 'récupère' ses cotisations privées plus tard - ce qui est une aberration fréquente chez les libéraux: la répartition distribue une richesse au moment où elle est produite, c'est la valeur ajoutée actuelle qui reconnaît une valeur produite par les retraités actuels. L'individualisation du salaire (le 'mérite') va de pair avec la confusion entre retraite par répartition et retraite par capitalisation. Elle va de pair avec la destruction de l'idée même de salaire social.
 
La cotisation n'est pas payée par le travailleur. Elle n'est pas non plus le fruit d'une ponction quelconque sur la valeur ajoutée. Elle est une création de valeur ajoutée, elle constitue une reconnaissance de la valeur créée hors emploi (par les chômeurs, les malades ou les retraités, voir ici).
 
Pour citer l'ami:
 
Voilà très précisément où mène cette assimilation permanente des "cotisations sociales", comme salaire partagé, à de la "para"fiscalité, à des ponctions sur les salaires, etc. etc. La cotisation n'est pas une contribution. Elle est un salaire collectif partagé via l'ONSS.
Pour info, il en va de même quand, au niveau de l'OCDE, on laisse englober les "cotisations sociales" dans la "charge fiscale globale" pour ensuite venir reprocher à la Belgique d'avoir une FISCALITE SUR LE TRAVAIL trop élevée, c'est-à-dire de TROP ponctionner ses salaires, alors que cette soi-disant PONCTION constitue du salaire.

Il importe en effet de distinguer l'impôt, une ponction qui coûte au salarié, du ressort de la redistribution de la cotisation, un salaire de plein droit.

La cotisation est un salaire socialisé, ce n'est pas un salaire 'gagné' par un individu, c'est une reconnaissance sociale de la valeur créée hors emploi.

À ce titre, elle a toutes nos faveurs - elle constitue en en-dehors, un après emploi, et, logiquement, devrait être défendue bec et ongle par les organisations de défense, de représentation des travailleurs.

Curieusement, ce n'est pas le cas. À nous producteurs, syndicalistes, syndiqués ou non, de les interpeller dans ce sens, de les interpeller sur l'impérative nécessité de sauver, d'augmenter, d'élargir les cotisations sociales, de socialiser le salaire.

Luc Coene s'attaque aux droits acquis
lalibre.be
Le gouverneur de la Banque nationale Luc Coene s'attaque mardi aux "droits acquis pour lesquels il n'y a pas vraiment de cont

La souffrance au travail des soignants, analyse du management

Nous vous mettons en lien un excellent article de la Nouvelle Revue du travail.

Les résultats de la recherche montrent que les réformes hospitalières épuisent aussi bien les ressources organisationnelles, qui aident les individus dans leur effort au travail et dans l’atteinte des objectifs du travail, que les ressources subjectives permettant à l’individu de se définir, impactant ainsi la santé des soignants dans la mesure où l’atteinte à la santé au travail trouve ses origines dans la perte potentielle ou effective des ressources subjectives. Ils soutiennent également que la souffrance au travail est le fruit de déficits dans le rôle de l’encadrement de proximité, car les outils et logiques gestionnaires qui sont introduits dans les établissements de santé, amènent les directions et managers de proximité vers des préoccupations de plus en plus éloignées des difficultés de l’activité quotidienne de soins et de la nécessaire régulation locale que ces dernières imposent.
 Les logiques gestionnaires orientées vers l'efficacité, vers les objectifs chiffrés calquées sur ce qui se passe dans le secteur privé orienté vers les profits des propriétaires lucratifs augmentent la souffrance au travail, en obèrent le sens.

L’évolution des réformes hospitalières amène à une dénaturation de la fonction des établissements de santé qui deviennent des entreprises jugées sur la production de leur activité de soins et la performance économique obtenue par celle-ci. Cette dénaturation fait des établissements de santé un réceptacle d’injonctions où les soignants sont confrontés à des paradoxes souvent difficiles à dénouer : performance économique vs qualité, cadre réglementaire et normatif vs personnalisation de la prise en charge, cloisonnement professionnel vs continuité de l’intervention auprès de patients, valeurs organisationnelles vs valeurs professionnelles. Par ailleurs, elle engendre un processus de déqualification [ce que nous appelons la prolétarisation] des métiers de soin, car il est de plus en plus demandé aux soignants de devenir des techniciens, des gens « efficaces », au regard non plus du travail sur l’humain, mais de la gestion des coûts de leur activité de soins.

Reporterre établit son palmarès des multinationales

... les plus détestables en matière de pratiques employistes (salaires insuffisants, temps de travail excessifs et autres maltraitances diverses envers les employés) et en matière écologique.

Sur http://www.reporterre.net/spip.php?article5032, vous pouvez prendre  connaissance des détails du classement.


En résumé, Véolia privatise l'eau en Inde. En augmentant drastiquement les tarifs et en monopolisant l'accès à l'eau, cette compagnie fait de l'enclosure, elle pousse vers la misère des paysans ce qui les force à se vendre sur le marché de l'emploi.

Areva cultive le langage vert, ce qui est en contradiction avec la radioactivité que génère ses mines à travers le monde. La multinationale se montre
sans aucun complexe par rapport aux graves impacts sociaux et environnementaux que continuent d’avoir ses mines d’extraction d’uranium dans le monde entier, notamment au Niger et peut-être bientôt sur le territoire des Inuits.
 Et Auchan a été primé pour les pratiques esclavagistes de ses sous-traitants au Bangladesh.

Félicitation à toutes ces compagnies et surtout à leurs actionnaires. Elles organisent l'apocalypse mais constituent un bon placement de père de famille.

Enquête chez les 1%

Cet article en allemand (http://www.gegen-hartz.de/nachrichtenueberhartziv/globale-elite-fuerchtet-arbeitslosen-rebellion-90015899.php) nous apprend que, selon une étude du Forum Économique Mondial, la grande bourgeoisie propriétaire craint par dessus tout l'action politique des chômeurs et la montée des inégalités sociales en Europe.

Pour les grands 'décideurs' interrogés par cette étude, les tensions sociales apportées par le chômage seront le grand défi pour notre continent - notamment les 24% de jeunes au chômage dans la zone euro, sans perspective dans le cadre d'une crise économique interminable.
Crédit: CNN, illustration Thomas Porostocky

En particulier, les manifestations et les émeutes se sont multipliées ces derniers mois en Italie, en Grèce ou en Espagne.

Les inégalités sociales croissantes amènent une instabilité économique croissante, selon les décideurs.

Au fond, nous pouvons partager le désarroi des '1%' mais nous avons des solutions existantes à creuser:

- investir dans les salaires sociaux, dans la sécurité sociale
- socialiser la valeur ajoutée
- démocratiser la production économique (ce qui permettrait éventuellement une indispensable réorientation écologique et énergétique)
- augmenter les salaires
- ouvrir l'activité hors emploi, ouvrir l'avenir des jeunes et des moins jeunes, permettre, soutenir, favoriser la créativité, les projets sans considération pour la morne chrématistique
- créer des coopératives, des communautés ou des oasis où l'on peut survivre, transmettre et inventer des formes de vie différentes
- sauver nos savoirs de la prolétarisation de la production économique
- créer d'autres modes de relation humaines, moins intéressées, plus intéressantes.

Ces tâches à la con qui vident l'emploi de son sens

Nous reprenons un article - interview de Rue89.

La bureaucratisation des tâches, la division extrême du travail et le recours aux protocoles, à l'uniformisation des processus de travail, des marchandises produites congédie le sens de l'activité.

Extrait:

Ce qui fait la nouveauté du moment actuel, c’est que la bureaucratie dont il est question aujourd’hui est avant tout une bureaucratie d’entreprise. (C’est pour cela qu’avec des collègues, nous avons intitulé notre livre collectif « La Bureaucratisation néolibérale ».)
Avec le néolibéralisme, la part des tâches dont on a l’impression qu’elles ne servent à rien – et même plus, dont on a l’impression qu’elles font dévier du « vrai » travail, du sens du métier – s’accroît.
Et elle s’accroît du fait de cette managérialisation de toutes les activités, du fait de la diffusion de ces formalités issues de la grande entreprise complexe et sophistiquée.
Or cette organisation nouvelle du travail, qui donne une part importante à des tâches éloignées du métier, est liée à un changement de regard : peu à peu, on n’a plus regardé la productivité à partir du niveau des salaires, mais à partir de l’organisation du travail et de la maîtrise des coûts, et on a intensifié l’usage de la comptabilité.
Ainsi s’est développé, à côté du métier, l’usage de règles, de procédures de codage, de critères et de normes… qui s’éloignent de la conception purement technique du métier.

L'utilitarisme et la religion productiviste de l'employisme le plus virulent donne l'impression à de plus en plus de monde d'être inutiles parce qu'ils sont invisibles dans les évaluations quantitatives de la valeur économique.

Le processus chrématistique, comptable et managérial qui étouffe le sens dans le travail affecte tous les secteurs d'activité et fait naître un malaise, voire  l'ébauche d'une remise en question.

Un sondage révèle qu'un tiers des jeunes femmes ne peuvent pas faire face

  • Traduction et résumé d'un article du Guardian
Selon un sondage, si les jeunes femmes pensent qu'elles ont plus d'opportunités professionnelles et plus de chance de concilier la parentalité et l'emploi, le tableau devient ensuite beaucoup plus sombre.

Selon ce sondage, un tiers des femmes pense qu'il n'aura jamais un salaire égal, un cinquième pense qu'il aura moins de respect et un statut moindre que leurs mères, près d'un tiers pense qu'il sera moins heureux et deux tiers pensent qu'ils seront sujets à plus de troubles alimentaires et à des maladies mentales.

Le sondage révèle également que 40 % des jeunes femmes sont souvent seules, 46 % ne savent pas à qui elles peuvent faire confiance ; 36 % disent ne pas pouvoir faire face à la vie, se sentir seules, et une sur quatre déclare qu'elle ne peut trouver une oreille en cas de difficultés.

Une recherche de YWT du sondage a regardé les qualifications, les emplois, le logement, la santé, les liens familiaux et les perspectives. Alors que plus de 58 % des jeunes femmes semblent sécurisées et dans l'emploi, 42 % sont aux prises avec des problèmes de déqualifications, des relations difficiles avec les partenaires et la famille, la dette, la pauvreté , le logement et la dépression. Cinq pour cent des jeunes femmes diplômées souffrent également de dépression et d'isolement.

Le rapport dit que les jeunes femmes sont souvent orientées vers des apprentissages stéréotypés, tels que la garde d'enfants, la coiffure, qui sont faiblement payés. Actuellement, alors qu'il y a 10 candidats pour chaque poste hautement qualifié, il y a 45 candidats pour les postes vacants dans le secteur peu valorisés. 

Hartz IV envoie une dame de 56 ans paver les rues

En Allemagne, le plan de harcèlement des producteurs sans emploi se nomme Hartz IV - du nom du directeur du personnel de Volkswagen. Les victimes de ce harcèlement institutionnel doivent accepter les emplois proposés - qu'il s'agisse de 'Ein € jobs', payés un euro de l'heure ou de minijobs, à temps partiel. Les chômeurs qui refusent ces boulots voient leurs faméliques allocations de chômage suspendues.

Ce délire employiste foule au pied les droits de l'homme les plus élémentaires. C'est ainsi qu'on a assisté récemment à la mise au travail contrainte d'une quinquagénaire: elle devait accepter de paver les rues en dépit de son âge et de ses problèmes de santé. Face à l'absence d'équipement pour ce travail et à sa pénibilité, cette dame a refusé le boulot et s'est vue ... sanctionnée par la caisse d'allocation de chômage.

L'article en allemand: ici

Wikipédia résume Hartz IV:

La loi Hartz IV est la quatrième étape de la réforme du marché du travail menée en Allemagne par le gouvernement Schröder de 2003 à 2005. C'est la partie la plus controversée de ces réformes et a donné lieu à plusieurs semaines de manifestations hebdomadaires à la fin de l'été 2004, surtout à l'est du pays. La mise en vigueur le 1er janvier 2005 a également été marquée par d'importantes difficultés à traiter les dossiers et à remplir le rôle d'orientation et de conseil confié aux nouveaux centres d'emploi.
Avec cette réforme, les indemnités de chômage ne sont plus versées pendant 32 mois mais pendant seulement 12 mois (18 mois pour les plus de 55 ans) : c'est le « Arbeitslosengeld I ». Ensuite, le chômeur est considéré comme chômeur de longue durée et reçoit le « Arbeitslosengeld II », sensiblement moins élevé. À travers l'« Arbeitslosengeld II » ou Alg II, l'état verse le Regelsatz de 364 € par mois (septembre 2009) pour une personne, auquel il faut ajouter le paiement complet d'un logement « décent » (en dessous d'un plafond de 280 € par mois), l'assurance maladie et une cotisation retraite.
Dans un couple, chaque personne peut recevoir l'Alg II. Ces revenus sont considérés comme le minimum vital auquel a droit tout citoyen allemand qui s'inscrit à l'« Arbeitsamt » (Pôle emploi). Il est possible de toucher un salaire et l'Alg II simultanément. Le salaire reçu de son patron est soustrait du montant de l'Arbeitslosengeld II, ce qui permet en quelque sorte d'assurer un revenu plancher aux inscrits dans un pays qui n'a pas de salaire minimum proprement dit.
La mesure la plus importante de cette réforme est la réduction des indemnités versées aux chômeurs de longue durée qui refusent d'accepter des emplois en dessous de leur qualification ; de plus, ces chômeurs peuvent être embauchés à des salaires inférieurs (1 €/heure) à la convention collective du secteur. D'autres mesures sont critiquées, telle que la possibilité de réduire les allocations d'un chômeur dont les ascendants ou descendants ont des économies.

Témoignage d'un employé de Mac Do

Pour ceux qui auraient encore les moindres doutes sur les conditions d'emploi chez la star de la restauration rapide, nous vous avons trouvé cet article témoignage de Rue89.

http://www.rue89.com/rue89-eco/2012/10/31/nour-ex-manager-mcdo-les-mains-malmenees-le-dos-en-miettes-236661

Je cite:


Il fallait faire preuve d’empathie avec mon équipe. Et m’adapter dans mon discours. Un étudiant n’aspire pas à la même chose qu’une mère de famille, comme un jeune n’est pas sensible aux mêmes mots que quelqu’un de plus âgé.
Et puis, le manque de reconnaissance de ma hiérarchie était compliqué à gérer. Je ne parle pas forcément d’argent, seulement de retours positifs quand les choses étaient bien faites. Ça n’arrivait jamais, alors que nous étions très bien cotés au siège national de McDonald’s.
Le superviseur n’hésitait pas à humilier et rabaisser les managers devant son équipe ou même des clients. C’était très difficile de se remotiver après. L’impression que tous nos efforts étaient réduits à néant.
Le besoin de reconnaissance sociale dans le travail est ici opposé par la gestion du personnel à la logique de l'emploi, du poste.

 Pour aller plus loin, n'hésitez pas à consulter notre article-réflexion sur le management, à faire part de vos expériences, de votre expertise ou de vos réflexions sur fb.

Bon courage à tous et n'oubliez pas, ce qu'ils font à l'un d'entre nous, ils le font à nous tous.

Enjeux de la fin de la discrimation ouvriers-employés

Suite à la saisine de la cour constitutionnelle sur le problème de la discrimination entre les deux régimes des salariés, le gouvernement belge a décidé de les harmoniser.

Si, a priori, l'unification des statuts est une excellente nouvelle car elle permet d'unifier les luttes également et les revendications, la façon dont la chose se fait refroidit un peu l'enthousiasme initial: le financement de l'harmonisation se fait au détriment des salaires, notamment des salaires sociaux. Elle offre donc une occasion supplémentaire de détruire les salaires et d'augmenter la détestable pression de l'emploi.


1. Le jour de carence est supprimé: en cas de maladie, les ouvriers seront immédiatement indemnisés mais le patron pourra assigner à domicile quatre heures par jour les salariés malades.

2. Les délais de préavis en cas de licenciement ou de démission sont harmonisés, ce qui est une excellente nouvelle pour les ouvriers.

3. Les frais des nouveaux délais de préavis sont pris en charge par la sécurité sociale. Les salaires sociaux seront grevés de 80 millions d'€ par an selon les chiffres du gouvernement. Cette somme peut paraître dérisoire dans un pays aussi riche que la Belgique, c'est pourtant la moitié de l'argent économisé par le plan d'exclusion et de dégressivité des chômeurs qui est consacrée à l'harmonisation des statuts.

4. La construction, secteur le plus touché par la précarité des conditions d'emploi, conserve l'ancien statut ouvrier et ses délais de préavis courts. Ce secteur recevra les mêmes aides que les autres secteurs alors qu'il n'est pas affecté par l'harmonisation. Rappelons que ce secteur n'est pas soumis à la concurrence internationale et que les profits y sont particulièrement juteux. Ce point signifie que la discrimination entre salariés demeurera après l'harmonisation.

Pour des détails, n'hésitez pas à prendre contact avec une centrale syndicale - et à l'interpeller sur la question des ouvriers de la construction ou sur l'augmentation des cotisations sociales pour financer le droit.

La lutte des fonctionnaires chiliens valorise leur salaire

Dans cet article en espagnol, nous apprenons que les fonctionnaires municipaux chiliens ont obtenu une reconnaissance salariale au terme d'une grève de 31 jours:

- alignement de leurs allocations sur le public
- reconnaissance de leur fonction
- alignement des prestations de sécurité sociale sur le public
- doublement des allocations d'ici 2015

Félicitation à eux. Ceci nous démontre en tout cas qu'on peut se battre pour du salaire, pour du salaire socialisé et vaincre. Quand on est décidés et unis, on peut tout.

Rapport de force


Nous saluons l'engagement d'un syndicat belge contre le plan de réduction des salaires et des salaires sociaux qui va exclure plus de 50.000 salariés du droit aux allocations de chômage. Il s'agit du plan d'exclusion du chômage. Nous attirons l'attention du syndicat (et des autres) sur les dégâts que génèrent également la dégressivité et la réforme du chômage d'insertion.

Nous invitons tous les syndicats belges (les deux principaux comptent plus de 3 millions de membres) à suivre cette démarche, à représenter les intérêts des salariés aussi bien sans emploi que sous emploi.

Nous rappelons que les politiques qui pratiquent le harcèlement des chômeurs prônent également le recul de l'âge de la retraite ou la réduction du droit du travail (voir nairu, http://abecedairedelemploi.blogspot.be/2013/11/nairu.html) pour défendre les intérêts des épargnants contre ceux des salariés.

http://www.fgtb.be/web/guest/news-fr/-/article/1895858/&p_l_id=10624

Le conflit comme base de reconstruction du droit social


Un article en espagnol appelle à la reconstruction de la protection du producteur, à la reconstruction du droit social par le conflit. L'article égrène toutes les mesures scandaleuses prises pour saborder le droit du travail en Espagne, pour accorder tous les droits aux propriétaires lucratifs des entreprises. Ces propriétaires ont déjà le droit invraisemblable de s'accaparer la valeur ajoutée produite par les producteurs - que ce soit les dividendes ou que ce soit les investissements (voir http://abecedairedelemploi.blogspot.be/2013/10/valeur-ajoutee_22.html).

À même cause, mêmes réactions. Nous en appelons, dans tous les pays où le droit du travail a été mis en pièce et où les droits des propriétaires déjà exorbitants sont devenus des liens serviles à une réaction du même ordre.

Il nous faut dépasser l'atonie, l'atomisation, le chacun pour soi et penser un rapport de force - car ce rapport, nous l'avons: sans notre travail, leur argent ne vaut rien alors que, sans leur argent, notre travail peut tout.

Bon courage à toutes et à tous.

http://www.diagonalperiodico.net/global/20753-ere-la-alemana-al-modelo-la-desproteccion-frente-al-despido.html

Walmart fait la manche pour ses 'associés' sous-payés

On nous apprend que, faute de donner un salaire suffisant à ses employés, l'enseigne états-unienne propose à ses clients de donner par solidarité, par charité ce que la justice commanderait à l'enseigne de rendre à ses employés.

Lien en anglais: http://thinkprogress.org/economy/2013/11/18/2960371/walmart-food-drive/

De notre point de vue, c'est une manière de conserver les salaires trop bas pour l'enseigne, une manière cynique de conserver les dividendes en réduisant les salaires à rien, une manière d'externaliser les salaires sur le public qui n'en peut mais.

L'occasion pour nous de distinguer la solidarité, la charité - des sentiments à l'origine d'actions éminemment honorables et la justice ou le droit. Nous nous battons pour la reconnaissance de la valeur produite par les producteurs (dans l'emploi ou hors emploi) et non pour une quelconque 'charité', une quelconque 'solidarité' venue des personnes qui peuvent se le permettre. Car c'est là le piège de la charité: elle est toujours le fait de ceux qui ont envers ceux qui n'ont pas, des riches envers les pauvres, des propriétaires envers les producteurs, des colons envers les colonisés, des maîtres envers les esclaves. Nous n'en voulons pas, nous voulons abolir la misère, la propriété lucrative, les dettes, la colonisation, l'esclavage (et l'emploi).

Maduro envoie l'armée pour faire baisser les prix

Selon Oulala, le président du Vénézuela a envoyé l'armée pour occuper les centres commerciaux Daka pour en faire baisser les prix.

Ceci appelle une toute petite explication économique. Dans les prix sont inclus les frais et la valeur ajoutée. Dans la valeur ajoutée, on trouve les salaires (directs ou socialisés comme les allocations de chômage ou de retraite), les investissements et les dividendes. En augmentant ses prix, Daka augmente évidement cette dernière partie.

Le hic, c'est que les salariés réalisent, dépensent ce qu'ils gagnent en biens et en services de consommation. En situation de (quasi) monopole, l'enseigne, en augmentant ses prix, diminue les salaires réels de tout le monde et augmente la portion de la valeur ajoutée qui va aux dividendes.

Un Robin des Bois à l'envers, en quelque sorte. Ce qui ne semble pas au goût du président bolivarien.

Harcèlement, burn-out comme problèmes sociaux de l'emploi

On m'envoie une vidéo-réflexion sur la souffrance au travail. Cette souffrance a un cadre, celui du mode de production, ce mode de production a des acteurs, les producteurs, qu'il rend malades et les actionnaires, les banquiers qu'il enrichit.

Des marins au long cours

Aux Canaries nous apprend le Diplo, les marins sont tout simplement jetés hors du bateau par les armateurs ... sans salaire, à plusieurs milliers de kilomètres de chez eux.



http://www.monde-diplomatique.fr/2013/05/DEHEZ/49065

Journalistes pris en otage par l'emploi

Des journalistes nous rappellent que les producteurs ne sont pas des coûts mais qu'ils produisent ce qui a de la valeur  (en l'occurrence de l'information). Ils témoignent du chantage dont ils sont victimes: chômage ou marche au pas. Dans un cas comme dans l'autre, c'est l'intelligence et la créativité humaines qui sont mises à l'encan.

Petit échantillon d'info sans journaliste




http://www.acrimed.org/article4193.html

Management par la concurrence chez Yahoo!

Le fordisme, c'était le travail à la chaîne bien payé; le toyotisme, c'est une équipe qui gère ses objectifs de productivité, le yahooisme, c'est le règne du corbeau où le meilleur est éliminé parce que trop dangereux, c'est l'angoisse, c'est la lutte permanente, c'est la peur.
 Cette technique de management fonctionne d'une manière toute simple. Les managers doivent évaluer leurs pairs selon une grille de répartition 15% de bons, 15% de mauvais et 70% de moyen. Cette distribution de résultat suit une courbe en cloche (courbe de Gauss). Elle a permis de licencier 600 cadres et d'établir une des plus mauvaises ambiance de travail qui soit.
Yahoo! au Figaro


Emploi et pic pétrolier (réflexions à explorer)

Selon certaines informations fort bien étayées, l'ère du pétrole arrive à sa fin (voir http://petrole.blog.lemonde.fr/, par exemple). L'extraction de cette forme d'énergie l'épuise sans qu'elle ne se renouvelle.

Sans nous prononcer sur la pertinence des scénarios du 'pic pétrolier' ou même de la fin du pétrole, sans nous engager sur un calendrier sur la chose, nous avons voulu examiner les conséquences possibles sur le monde de l'emploi - si un plan B était trouvé pour remplacé le poisseux liquide comme source d'énergie, nous aurons simplement perdu un peu de temps en conjecture, par contre, si le scénario de la fin du pétrole devait se vérifier, il serait bon d'anticiper les choses du point de vue qui nous préoccupe: l'emploi.

Le pétrole concentre l'énergie à très haute dose. Il est utilisé dans l'agriculture, la (pétro)chimie ou les transports. Du point de vue de l'économie productive, il a pris une place de choix dans les transports, la production d'énergie électrique, le chauffage, l'agriculture.

  • Agriculture

La fin du pétrole signifie la fin de l'agriculture industrielle. Sans pétrole, plus de gros tracteurs, plus de grosses moissonneuses-batteuses, plus d'engrais ou d'insecticide non plus puisque ces produits sont issus du pétrole.

Les rendements agricoles, la production agricole risque de s'effondrer en cas de disparition du pétrole. Cet effondrement ne sera pas accompagné d'un effondrement de la demande, des besoins alimentaires.

Pour accompagner la fin du pétrole sans dégât, les exploitations agricoles devront nécessairement diminuer de taille, elles devront se multiplier et devront recourir à des techniques agricoles sans pétrole (genre permaculture) à rendement élevés. Ces techniques existent (et améliorent la qualité des produits). Faute de cette adaptation, les populations sont condamnées à la disette à côté de terres géantes en friche.

Au niveau de l'emploi, il est clair que ces politiques de transition agricole, si elles sont adoptées - et il faut espérer qu'elles le soient pour qu'on puisse continuer à manger - l'augmentation de la demande de main d'oeuvre changera le rapport de force sur le marché de l'emploi. Les employés seront rares, recherchés, demandés alors que les employeurs auront un besoin impératif d'investir dans l'emploi. Par ailleurs, le prix, la valeur ajoutée produite par le secteur (les prix agricoles augmenteront) va exploser. L'augmentation des prix agricoles imposera une répartition des richesses produites faute de quoi, la disette menacera la majorité de la population. Dans une situation de disette presque générale, la productivité s'effondre et, avec elle, la société telle que nous la connaissons. On ne voit pas alors ce qui garantirait quelque propriété que ce soit.

Par contre, si l'augmentation des prix agricoles est accompagnée d'une distribution de la richesse, elle peut être indolore pour les producteurs et synonyme de demande d'emploi patronale.

Le devenir de l'agriculture est donc un enjeu éminemment politique du point de vue des producteurs. De la lutte, du rapport de force que nous serons capables d'induire ou non, sur lequel nous surferons ou non, dépend notre prospérité commune, dépend la forme de civilisation, de société qui peut émerger de la fin du pétrole.

  • Les transports et l'industrie

Le secteur va complètement changer. Sans pétrole, sans énergie de substitution (c'est-à-dire dans le cas de figure que nous examinons ici), le secteur s'anémie. Plus de flux tendu, plus de cargo, plus de trente-nuit tonnes, plus de délocalisation, du coup, plus de division extrême du travail.

La relocalisation de l'économie offre une opportunité a priori, celle de limiter drastiquement le cadre de la concurrence. Or, on pourrait croire que moins il y a de la concurrence, plus les producteurs peuvent s'affranchir de l'employisme, du chantage à l'emploi et peuvent récupérer du salaire. Cette idée n'est vraie que si le rapport de force entre propriétaires et producteurs impose un cadre légal, une limite à la propriété lucrative. Ce rapport de force n'est absolument pas évident au niveau local, il faut l'établir - comme la société du transport gratuit impose de l'établir au niveau mondial. Pour un employeur, il est possible d'opposer les travailleurs de Verviers et d'Eupen comme il oppose aujourd'hui les travailleurs du Bangladesh et de Picardie.

C'est dire que la fin du pétrole ne signifie pas la fin de l'emploi. Elle représente à coup sûr une opportunité pour les producteurs dont les bras deviennent précieux et peu délocalisables, elle constitue aussi un danger pour les consommateurs, pour les populations, pour les besoins humains. Ce danger peut servir d'aiguillon de la nécessité, il peut contraindre les producteurs à accepter l'inacceptable sous la menace de la faim.

Investir dans la sécurité sociale

Nous appelons à investir dans la sécurité sociale. Les salaires socialisés sont dépensés, ces dépenses soutiennent, permettent l'activité et, surtout, la partie de l'économie consacrée aux salaires sociaux - les allocations de chômage, les retraites, l'invalidité, les vacances, etc. est un investissement très rentable.

Un investissement dans l'activité économique lucrative, nous l'avons dit, mais surtout un investissement dans l'humain, dans des formes de vie, des façons de faire, dans la créativité, dans l'activité hors emploi, un investissement dans la création de richesse hors emploi.

Or, dans une économie en crise, ce qui peut relancer l'activité créative de richesse, ce qui extrait de la misère les populations exclues est plutôt bienvenu, non?

La construction détruit dans le silence de l'emploi

Un article fait le point sur la situation du secteur de la construction aux États-Unis. Si je n'ai pu trouver l'équivalent de cet article pour la Belgique, la situation y est cependant parfaitement identique, à savoir:

- les infractions aux règlements de sécurité sont nombreuses. L'application de ces règlements de sécurité est souvent une question de vie ou de mort pour les travailleurs

- l'inspection du travail chargée de faire respecter ces règlements est en sous effectif (en Belgique, elle est aussi parfois corruptible), elle classe l'essentiel des rares plaintes sans suite

- les ouvriers n'osent pas se plaindre de peur de perdre leur emploi. Le choix se fait entre un boulot peu qualifié, un revenu nécessaire et la sécurité au travail. La pression du chômage et la logique de l'emploi sont poussées à l'extrême dans ce secteur. Ce secteur n'est pourtant pas soumis à la concurrence étrangère (aux USA, mais même en Europe).

- il y a eu 400.000 morts dans la construction aux USA ces quarante dernières années (voir notre article), soit plus de six fois le nombre de victimes US au Vietnam.

Nous rappelons qu'il est possible de construire des maisons, des immeubles en toute sécurité à condition de s'affranchir de la pression de l'emploi; nous rappelons qu'il est possible d'être fier et heureux de construire des maisons et des immeubles à condition de s'affranchir de la logique de l'emploi; rappelons que les ouvriers de la construction sont courageux, qu'ils défient les intempérie et, à leurs heurs, la gravitation; rappelons que les ouvriers sont qualifiés, compétents, doués, utiles et que c'est la logique de l'emploi qui les prive de la reconnaissance de ces qualités.

Hommage à ceux qui ne peuvent pas, qui ne veulent pas

Fuir l'emploi, résister au conformisme social est un acte de courage. Nous saluons les fuyards, les résistants, nous saluons ces ombres absentes des médias si prompts à nous faire aimer nos 'bons maîtres'.

Esclaves échappés (voir un article sur Queen Nanny)
Malcolm X parlait des 'nègres des champs' et des 'nègres de maison' dans les plantations esclavagistes états-uniennes. Les 'nègres des champs' étaient les plus mal traités, ils travaillaient le plus. Les 'nègres de maison' avaient droit à un bien meilleur traitement, ils étaient cajolés, faisaient pour ainsi dire partie de la (très blanche) famille et prenaient fait et cause pour leurs maîtres. Ils payaient leur confort très relatif de leur complicité, de leur silence, de leur participation au martyr de leurs frères, de leurs soeurs.

Puis, il y avait ceux qui fuyaient, qui prenaient le risque de la liberté, le risque d'un périple vers un Nord hasardeux. Ils préféraient mettre leur vie en jeu que de courber l'échine ou de collaborer.

Il me semble que les personnages dont il est question dans les films ci-dessous ont quelque chose de commun avec ces esclaves échappés.

En lien, deux films de Pierre Carles:

"Attention, danger travail"

Wikipédia:
"Attention danger travail est un film documentaire de Pierre Carles, Christophe Coello et Stéphane Goxe qui se propose de donner la parole à certains RMIstes qui, notamment, tiennent une posture pour le moins non conventionnelle lors de leurs entretiens à l'ANPE en affirmant refuser de chercher un travail. Il est sorti au cinéma en France le 8 octobre 2003.

Ce film développe les points de vue exprimés par les gens qui refusent « des boulots de merde payés des miettes », points de vue éminemment minoritaires dans les médias puisque contrant le discours dominant sur la valeur travail, relayé par les conseillers pour l'emploi. Le film montre par exemple comment un employé est instruit lors de son premier jour du travail chez Domino's Pizza ; puis le spectateur voit les travailleurs de Michelin et les écoute lire le livre de leur PDG relatant son rapport à ses employés. On peut voir dans le même temps une assemblée du MEDEF et ses membres exprimer leur positions sur l'emploi en France et, par contraste, des chômeurs expliquer pourquoi ils refusent de travailler."

Volem rien foutre al Pais

et l'intro (je cite):
"Dans cette guerre économique, qu'on nous avait promise il y a bien des années et qui avance comme un rouleau compresseur, existe-t-il encore un sursaut d'imagination pour résister ?
Mis en demeure de choisir entre les miettes du salariat précaire et la maigre aumône que dispense encore le système, certains désertent la société de consommation pour se réapproprier leur vie. « Ni exploitation, ni assistanat ! » clament-ils pour la plupart. Ils ont choisi une autre voie, celle de l'autonomie, de l'activité choisie et des pratiques solidaires... "

Emploi, qualification et Amazon

Pour comprendre ce qu'est la qualification, rien de tel qu'un exemple pratique.

  • Du côté du client

Vous voulez acheter, par exemple une édition poche bilingue de Hamlet d'occasion. Si vous allez en librairie d'occasion, vous aurez deux options. Soit vous cherchez vous-même si le livre voulu y est, soit vous demandez conseil au libraire. La première option vous permet de découvrir d'autres livres en fonction des choix d'organisation du libraire. La seconde option vous ouvre directement les portes de l'expérience, du savoir-faire, de la culture du libraire.

Si le livre recherché n'est pas disponible, vous ressortirez éventuellement avec une autre édition bilingue de Shakespeare, avec une autre traduction - mais de meilleure qualité, vous ressortirez éventuellement avec un autre livre, un autre auteur. Votre champ culturel aura eu l'opportunité s'élargir du fait de la disposition des livres ou des connaissances du libraire.

La qualification peut être approchée par ce potentiel d'ouverture de la consommation. Vous ne dépenserez pas nécessairement plus mais votre dépense sera susceptible d'ouvrir des portes qui ne l'étaient pas.

  • Du côté du travailleur

Du côté du libraire, les choses sont encore plus flagrante. Il aménage les rayons, paie des factures, choisit ce qu'il achète, à qui, il gère son temps de travail en fonction de ses disponibilités et de ses clients, il suit un budget. Il crée une atmosphère, une ambiance, un décor. À ses heures, il est décorateur, magasinier, conseiller culturel, investisseur; il suit l'actualité littéraire - soit dans un champ culturel particulier, soit de manière généraliste - il lit, découvre, s'investit, promeut des auteurs qu'il aime, etc.


De tous ces aspects du travail, de cette richesse de la qualification, le travail déqualifié, le travail à la chaîne ne garde rien. À Amazon, les magasiniers travaillent en flux tendus, leurs mouvements sont gérés par des programmes informatiques et contrôlés par des puces électroniques. Une partie d'entre eux ne fait qu'emballer, une partie d'entre eux ne fait que transporter les produits commandés.


La différence entre ces deux professions est la qualification du travailleur, c'est cette qualification qui in fine crée la valeur: en diminuant la qualification des travailleurs, Amazon diminue la valeur créée par l'activité en question, Amazon divise par dix-huit la quantité d'emploi nécessaire à l'activité, la portion du prix du livre créée par l'activité du libraire (à peu près 20% du prix du livre) disparaît d'abord dans les dividendes avant de disparaître en tant que valeur ajoutée par le jeu de la concurrence.

La nature même du rapport au temps aura également changé en passant du libraire à Amazon. Pour le consommateur, la flânerie, la découverte et la perspective de la rencontre de l'autre s'effacent alors que, pour le producteur, l'activité intelligente, affective (avec ses côtés rébarbatifs, bien sûr) devient une activité-robot.

L'or blanc


Je vous mets en lien une émission radio de Là-bas si j'y suis (une heure, environ, avec les cinq premières minutes consacrées au répondeur de l'émission qui attaque ensuite le vif du sujet - il y a deux émissions qui se suivent sur le sujet).


On y entend parler des conditions de travail dans l'enfer de l'or blanc, l'or des cheveux de nos aïeux dans les maisons de repos. On y entend comment le manque de temps dans le secteur pousse à la négligence, empêche de 'changer' à temps, de consacrer l'attention et le soin nécessaires à des personnes malades.


Rappelons que la vieillesse nous attend tous, que les maisons de retraite dont il est question font partie du secteur privé - accessible uniquement aux plus nantis; rappelons que les retours sur investissement du secteur de l'or blanc sont particulièrement juteux.

Les Koch ont des fuites au Texas

Un article d'Alternet (en anglais) nous apprend que les frères Koch ont fait installer des oléoducs qui fuient. Ce n'est pas une première puisque cette fuite fait suite à une longue série.

Les frères Koch sont des milliardaires, propriétaires lucratifs d'industries dans les secteurs du pétrole, de la chimie, de la finance. Ils se sont distingués par leur lobbying intense contre toute réglementation écologique aux États-Unis. Ils financent notamment des think tanks comme le Cato Institute, libertarien et conservateur pour freiner, décourager et saboter toute législation écologique.

Par rapport à l'employisme, il est intéressant de constater que les deux frères sont des propriétaires directs, sans société à actions. De ce fait, ils doivent assumer directement leurs responsabilités de propriétaires et le font en tentant d'arranger les lois, tout simplement.

On constate que l'esprit du lucre n'a pas de limite. Il s'arroge le droit de s'accaparer, de détruire, de gaspiller les ressources communes au nom du droit à la propriété. Cette notion de propriété est tout à fait abusive - nous lui opposons la propriété d'usage ou la propriété sociale. Mais la logique du gain, de la rapacité touche aussi bien les ressources naturelles que l'humain. Les producteurs sont traités de la même façon au nom d'un pseudo droit à la propriété. En fait, dans l'esprit du droit, la propriété ne peut entraver le droit à la vie, à la liberté ou à l'activité - ce que fait le pillage employique.

Disney ou l'apparence d'un monde d'enfants

Cet article explique les contradictions entre l'image lissée, 'famille comprise', gentillette de la multinationale du loisir américaine.


Si côté face, on voit une architecture outrancière au goût douteux, des infrastructures pour enfants-rois et des équipements pour ainsi dire infaillibles, côté pile, on peut admirer le recours à des sous-traitants dans le tiers-monde. Les conditions de travail des petites mains qui fabriquent les objets-souvenirs et autres matériaux utiles aux centres de loisirs sont épouvantables. Elles peuvent oeuvrer jusqu'à 15 heures par jour. On a régulièrement affaire à des mineurs - comme en Chine, par exemple.

La duplicité de la machine-Disney est impressionnante de cynisme. Le monde enchanteur, pacifié où rien ne se passe n'est qu'une façade de carton pâte, un barbelé de plus qui corsète des existences à l'instar de n'importe quel marchand de vêtement, à l'instar de n'importe quel marchand de canon.

L'éducation dans la nuit de la concurrence

Nous faisons suivre un excellent article sur les liens entre éducation et emploi. L'auteur y étudie aussi le chômage selon le degré de qualification. Le piège ultime c'est que c'est LE POSTE qui est qualifié, jamais LE TRAVAILLEUR: quand on se retrouve au chômage, on perd toute qualification, il faut alors se vendre.

http://www.skolo.org/spip.php?article1631

60% des Français ne font plus partie du projet économique de la France

Un article de l'Humanité nous parle d'un reportage de Jean-Robert Viallet et Hughes Drancy sur ces 60% de Français qui ne sont tout simplement pas intégrés dans le projet économique du pays.


Ils attendent, vivent d'expédients, de petits boulots, mangent de la précarité et du mal-logement. Ils sont en France et dans le reste de l'Europe, ils sont en Europe et aux États-Unis. Ils ont parfois pris acte de leur exclusion et tentent de faire nécessité vertu, parfois, ils tentent de revenir dans le projet économique central.

Une question, une simple question: à quoi rime un projet économique qui exclut 60% de la population? Quelle légitimité, quel sens peut encore avoir une 'science économique', des décisions économiques qui en sont là?

Nous sommes dans la barbarie, dans un régime qui, au nom d'une sulfureuse rationalité économique exclut par millions les gens de l'activité, de la vie sociale. Au nom de l'emploi, on a tout accepté - et tout d'abord, l'emploi. Il nous faut tout refuser, tout repenser avec comme projet central que chacun se sentent légitime au sein d'une société, que chacun puisse y contribuer, que chacun puisse déployer son activité, ses qualifications.