La souffrance au travail des soignants, analyse du management

Nous vous mettons en lien un excellent article de la Nouvelle Revue du travail.

Les résultats de la recherche montrent que les réformes hospitalières épuisent aussi bien les ressources organisationnelles, qui aident les individus dans leur effort au travail et dans l’atteinte des objectifs du travail, que les ressources subjectives permettant à l’individu de se définir, impactant ainsi la santé des soignants dans la mesure où l’atteinte à la santé au travail trouve ses origines dans la perte potentielle ou effective des ressources subjectives. Ils soutiennent également que la souffrance au travail est le fruit de déficits dans le rôle de l’encadrement de proximité, car les outils et logiques gestionnaires qui sont introduits dans les établissements de santé, amènent les directions et managers de proximité vers des préoccupations de plus en plus éloignées des difficultés de l’activité quotidienne de soins et de la nécessaire régulation locale que ces dernières imposent.
 Les logiques gestionnaires orientées vers l'efficacité, vers les objectifs chiffrés calquées sur ce qui se passe dans le secteur privé orienté vers les profits des propriétaires lucratifs augmentent la souffrance au travail, en obèrent le sens.

L’évolution des réformes hospitalières amène à une dénaturation de la fonction des établissements de santé qui deviennent des entreprises jugées sur la production de leur activité de soins et la performance économique obtenue par celle-ci. Cette dénaturation fait des établissements de santé un réceptacle d’injonctions où les soignants sont confrontés à des paradoxes souvent difficiles à dénouer : performance économique vs qualité, cadre réglementaire et normatif vs personnalisation de la prise en charge, cloisonnement professionnel vs continuité de l’intervention auprès de patients, valeurs organisationnelles vs valeurs professionnelles. Par ailleurs, elle engendre un processus de déqualification [ce que nous appelons la prolétarisation] des métiers de soin, car il est de plus en plus demandé aux soignants de devenir des techniciens, des gens « efficaces », au regard non plus du travail sur l’humain, mais de la gestion des coûts de leur activité de soins.