Une énième proposition de 'réformes' des retraites alarmistes

Un article de La Libre Belgique (ici) se fait le relais d'un think tank de 'jeunes', le 'Groupe du vendredi'. 

Ces 'jeunes' ont tout de même entre 25 et 35 ans (ce qui me vaudrait presque ce qualificatif, j'apprécie). Leur neutralité proclamée ne résiste pas à l'analyse des faits: leur appréhension du problème et leurs propositions ne sont absolument pas neutres.




  • Résumé
Un article de La Libre Belgique se fait le relais d'un think tank de 'jeunes', le 'Groupe du vendredi'. Leur neutralité proclamée ne résiste pas à l'analyse des faits: leur appréhension du problème et leurs propositions ne sont absolument pas neutres.






Tout d'abord, notre attention a été attirée par deux chiffres mis en exergue:
1. celui du montant ANNUEL des pensions légales, assurée par les cotisations sociales, par répartition. Ce montant est un flux de cotisations/prestations repris au PIB. 
2. celui du montant TOTAL de la capitalisation des fonds de pension du deuxième pilier en Belgique. Montant produisant annuellement une rente de 5% en moyenne (variant selon les performances des fonds de pension sur les marchés financiers), soit 3,15 milliards.

L'honnêteté intellectuelle aurait voulu qu'on comparât deux flux et non un flux et un stock – surtout si la valeur du stock en question varie en fonction d'aléas boursiers, inéluctables à l'échelle d'une carrière professionnelle.

La question par ailleurs sous-jacente est de savoir si l'économie doit être fondée en salaires, comme elle l'est avec succès depuis la fin de la dernière guerre, et en partage de la valeur ajoutée ou si elle doit être fondée sur la solidarité financière de fonds spéculatifs.

Voyons maintenant plus en détail les propositions des retraités en herbe.
Nous courons à la catastrophe si nous ne faisons rien. Aujourd'hui, tout va bien ; demain rien n'ira plus sauf à poser des actes de 'réforme' courageuse.
Cette menace est très théorique. La diminution de main-d’œuvre ne signifie pas nécessairement une baisse de la production – si l'on songe à l'agriculture depuis la Libération en raisonnant comme cela, nous devrions mourir de faim aujourd'hui. Pourtant, nous avons toujours à manger.
Les prédictions démographiques sont sujettes à caution. Il faudrait, en tous cas, que l'espérance de vie ne diminue pas, que les apports énergétiques et le système industriel demeurent, eux aussi, inchangés, ce qui est pour ainsi dire inimaginable. Par ailleurs, ces prévisions sont des extrapolations de tendances. En 2050, les baby-boomers seront morts (ce qui diminuera mécaniquement le nombre de papys) et les naissances auront pu reprendre du poil de la bête si les perspectives d'avenir s'améliorent. La question, c'est comment donner le goût à la vie aux gens, comment leur permettre d'avoir envie de fonder des familles, de croire en l'avenir. Comment faire pour cultiver, pour développer la créativité humaine? Il ne s'agit pas de renoncer à l'avance à toute perspective et se dire que, dans trente-cinq ans, tout sera aussi bouché qu'aujourd'hui, il s'agit d'ouvrir les perspectives, pour les 'jeunes' et pour les vieux. Par ailleurs, il faut rappeler que, à la Libération, les personnes âgées étaient moins nombreuses relativement mais les enfants, les bébés, non cotisants étaient, eux, très nombreux et occasionnaient des investissements qu'une société d'après guerre a pu assumer sans problème sur les décombres des villes et des usines bombardées.

Dans la vision du monde de ce groupe du vendredi, la population est un coût. Les vieux, les jeunes, les malades, les vacanciers, les familles sont un coût. Nous signalons que le vieillissement d'une population fait également baisser la proportion de jeunes parmi elle.  
Évidemment, leur vision du monde n'est absolument pas neutre si l'on réfléchit un peu aux faits économiques. Nous ne sommes pas dans une économie sahélienne de subsistance famélique en train de gratter la terre pour trouver de méchantes racines, nous sommes dans une économie de production industrielle de masse. Notre économie parvient à couvrir les besoins de la population. Elle y parvient tellement largement que les entreprises doivent inonder les consommateurs de publicités pour trouver des clients. Depuis 200 ans, notre système économique est confronté exclusivement à des crises de surproduction. Il y a chaque fois eu, à un moment donné, une rupture de la demande par rapport à l'offre.
Les usines produisaient trop par rapport au pouvoir d'achat des salariés. Elles restaient les bras ballants avec leurs invendus, elles licenciaient, ce qui privait de salaire les ouvriers qui cessaient donc d'acheter ce que produisaient les usines. La crise des subprimes n'a rien été d'autre puisqu'il s'est agit d'une bulle boursière autour de la solvabilité d'une partie des salariés US, laquelle a explosé le jour où il a été clair que ... leurs salaires ne leur permettraient pas d'honorer leurs dettes. La crise actuelle est une crise de surproduction.

Nous sommes confrontés à un chômage de masse, pas à une rupture de la main-d’œuvre. De ce fait, si le vieillissement de la population est accompagné d'un droit au salaire pour le troisième âge par les pensions, il soutient durablement la demande et conjure les effets cycliques conjoncturels. Quand il y a de la demande solvable, une entreprise peut produire parce qu'elle a un carnet de commande plein. C'est cette donnée qui permet d'expliquer la stabilité économique de la Belgique dans un contexte de récession générale, pendant que nous cherchions un gouvernement et qu'aucune mesure socio-économique ne pouvait être prise.

Dans l'ensemble de la valeur ajoutée produite par les Belges (PIB), une bonne partie provient de secteurs de l'économie tout à fait déconnectés de l'emploi. Les cotisations sociales sont venues s'ajouter au PIB au moment où on a pris la décision politique de socialiser les salaires. De la même façon, si on supprime ces cotisations, c'est le PIB qui en sera amputé. Les pensions par répartition créent une partie de la valeur ajoutée sans passer par l'emploi. Comme elles sont issue d'une décision politique, elles peuvent aussi bien être étendues (ou supprimées). Comme les cotisations sont instantanément versées aux pensionnés, comme il n'y a pas de décalage dans le temps entre la création de valeur par cotisation et la prestation sociale, il est toujours possible d'adapter la cotisation à de nouveaux besoins de prestation : il suffit de l'augmenter. Cela met la pension par répartition à l'abri de toute spéculation, de toute déconfiture boursière.
Par contre, les pensions par capitalisation – qu'elles soient gérées par des organismes publics ou par des fonds vautours concurrents – sont des pyramides de Ponzi, des produits spéculatifs dangereux. Il y a jusqu'à quarante ans entre l'approvisionnement du fonds et le payement des intérêts ou de la rente. Pendant ces quarante ans, le principal, le capital est censé gonfler mystérieusement sans interruption ni régression. Les intérêts sont censés venir en temps utile couvrir les besoins. Cette fable suppose que l'argent crée de l'argent. Si c'était le cas, il suffirait d'imprimer des billets de banque pour payer les pensions.

  • Illustration et enjeu


Tout d'abord, pour tenter de clarifier, simplifier le propos, voici deux extraits du mémorandum présenté qui apparaissaient en exergue sur la page de la Libre qui le présentait. Avec deux chiffres :

1. celui du montant ANNUEL des pensions du premier pilier. Le premier pilier est la partie de la pension assurée par les cotisations sociales, par les répartitions. Ce montant est le flux de cotisations/prestations sociales pensions - repris au PIB parce qu'il est l'affectation d'une partie de la valeur ajoutée aux pensionnés. 

2. celui du montant TOTAL constituant les fonds de pension du deuxième pilier en Belgique. Montant produisant annuellement une rente de 5% en moyenne (variant selon les performances des fonds de pension sur les marchés financiers), soit 3,15 milliards.

L'honnêteté intellectuelle aurait voulu - au moins - de présenter les soi-disant 2 piliers de pension pour leur réel apport annuel : 35 milliards (1er) vs. 3 milliards (2e).

La question par ailleurs sous jacente est de savoir si l'économie doit être fondée en salaires, comme elle l'est avec succès depuis la fin de la dernière guerre, et en partage de la valeur ajoutée.

Ou si elle doit être fondée sur des fonds spéculatifs dont on espère la solidarité pour le financement de prestations "sociales" par des mécanismes de charité publique ou privée.
Voyons maintenant plus en détail les propositions des retraités en herbe.


  • La vision du monde

Nous courons à la catastrophe si nous ne faisons rien. Aujourd'hui est un bien, demain, ce bien va disparaître sauf à poser des actes de 'réforme'. La 'réforme' est alors la planche de salut, l'acte rédempteur collectif face à une menace. Face à la peur, le rationnel s'efface au profit de l'affectif et les décisions les plus arbitraires peuvent s'imposer.

- Cette menace est très théorique. S'il faut suivre leur logique, nous devrions mourir de faim en Europe: le nombre d'agriculteurs a été divisé par quinze (un agriculteur pour 33 actifs maintenant, un pour deux à la Libération). Pourtant, nous avons toujours à manger. 
Ce groupe, dans son catastrophisme très mainstream, confond la production de biens et de services, la masse salariale et le nombre d'heures ouvrées. Rappelons que, à la Libération, moment où la sécurité sociale fut instaurée en Belgique, le rapport entre actifs et inactifs n'était guère meilleurs que celui que prévoient les statisticiens pour notre avenir: les enfants ne travaillaient guère et étaient nombreux - que l'on songe aux baby-boomers qui vagissaient alors, de manière 'improductive' au sens libéral; les invalides, les blessés de guerre étaient également nombreux et - last but not least - dans leur immense majorité, les femmes ne travaillaient que hors du cadre de l'emploi. L'un dans l'autre, le taux d'activité de la population était inférieur à celui prévu par les démographes. De même, l'Allemagne serait plein marasme économique si seul l'âge de la population importait.

- La productivité permet de produire autant avec moins de personnel - ce qui met la pression, d'ailleurs, sur l'emploi et les salaires
Ceci explique le luddisme ou d'autres mouvements de libération de la machine: les innovations techniques condamnaient les anciens techniciens à la famine parce qu'elles les rendaient inutiles à la production.

- Dans cette vision du monde, la population est un coût. Les vieux, les jeunes, les improductifs sont un coût. Nous signalons que le vieillissement d'une population fait également baisser la proportion de jeunes 'improductifs' parmi elle.
Évidemment, une telle vision du monde n'est absolument pas neutre - elle est même délirante si l'on réfléchit un peu aux faits économiques. Nous ne sommes pas dans une économie sahélienne en train de gratter la terre pour trouver de méchantes racines, nous sommes dans une économie de production de masse. Notre économie parvient à couvrir les besoins de la population. Elle y parvient tellement largement que les entreprises doivent inonder les consommateurs de publicités pour trouver des clients. Les dizaines de crises de notre système de production ont toutes été des crises de surproduction depuis 200 ans. Il y a chaque fois eu, à un moment donné, une rupture de la demande par rapport à l'offre. Les usines produisaient trop par rapport au pouvoir d'achat des salariés. Elles restaient les bras ballants avec leurs invendus, elles licenciaient, ce qui privait de salaire les ouvriers qui cessaient donc d'acheter ce que produisaient les usines. La crise des subprimes n'est rien d'autre puisqu'il s'agit d'une bulle boursière autour de la solvabilité d'une partie des salariés US, laquelle a explosé le jour où il a été clair que ... leurs salaires ne leur permettraient pas d'honorer leurs dettes. La crise actuelle est une crise de surproduction. Nous sommes confrontés à un chômage de masse, pas à une rupture de la main-d’œuvre. De ce fait, si le vieillissement de la population est accompagné d'une solvabilisation du troisième âge par les salaires sociaux, il est une chance de soutenir durablement la demande et de conjurer les effets cycliques conjoncturels: une entreprise produit parce qu'elle a un carnet de commande plein, pas parce qu'elle a de l'argent.
- Les prédictions démographiques sont sujettes à caution. Il faudrait, en tous cas, que l'espérance de vie ne diminue pas, que les apports énergétiques et le système industriel demeurent, eux aussi, inchangés, ce qui est pour ainsi dire inimaginable.
Par ailleurs, ces prévisions sont des extrapolations de tendances. En 2050, les baby-boomers seront morts (ce qui diminuera mécaniquement le nombre de papy) et les naissances auront pu reprendre du poil de la bête si les perspectives d'avenir s'améliorent. La question, c'est comment donner le goût à la vie aux gens, comment leur permettre d'avoir envie de fonder des familles, de croire en l'avenir. Comment faire pour cultiver, pour développer la créativité humaine? Il ne s'agit pas de renoncer à l'avance à toute perspective et se dire que, dans trente-cinq ans, tout sera aussi bouché que aujourd'hui, il s'agit d'ouvrir les perspectives, pour les 'jeunes' (comme moi!) et pour les vieux.
- Pour les 'jeunes', seule la création de valeur ajoutée par l'emploi, dans la convention capitaliste de l'emploi, peut être efficace et créer de la richesse économique. Or, dans notre PIB, dans l'ensemble de la valeur ajoutée produite par les Belges, une bonne partie provient de secteurs de l'économie tout à fait déconnectés de l'emploi. Les cotisations retraites sont venues s'ajouter au PIB au moment de leur création. De la même façon, si on supprime ces cotisations, c'est le PIB qui en sera amputé. Les retraites par répartition créent une partie du PIB, de la valeur ajoutée sans passer par l'emploi. Quand on réduit la valeur ajoutée au seul emploi, ce n'est pas neutre. Cela aboutit, si on pousse la logique jusqu'au bout, à des absurdités genre: sans langage - le langage est acquis hors emploi - comment les soi-disant productifs peuvent produire quoi que ce soit? S'il faut créer davantage de valeur du fait du vieillissement de la population, il est possible de la faire en dehors de l'emploi ou de la propriété lucrative: il suffit d'augmenter les cotisations sociales, ce qui augmentera mécaniquement le PIB d'autant et ce qui permettra à une économie en surproduction de trouver des débouchés.

  • Les propositions
1. Il s'agit de maintenir l'existant (double pilier, mortel à terme pour le premier, celui de la répartition). 
Évidemment, de notre point de vue, toute capitalisation des retraites est intrinsèquement spéculative. Voilà donc des 'jeunes' qui pensent comme les vieux et qui recommandent de ne rien changer. De bon petits, ça, ils iront loin.

2. Rendre transparent: donner à chacun le montant auquel il a droit
C'est une façon subtile de renforcer le principe du 'j'ai cotisé donc j'ai droit' de la retraite assurantielle, de l'inscrire hors du cadre du salaire continué. Ce principe lie la retraite au 'mérite' c'est-à-dire exclusivement à la carrière dans l'emploi. Mais le travail n'est pas l'emploi et le mérite ne se borne pas à vendre sa force de travail. D'autre part, la retraite permet de libérer le travail de l'emploi, justement, sauf si on lie les droits de la retraite à l'emploi. Il faut abaisser l'âge de la retraite et universaliser les droits à la retraite pour favoriser une activité hors emploi le plus tôt possible.

3. Le boys band préconise une harmonisation des retraites
Là, pour le coup, nous sommes d'accord, mais pas comme eux: ils veulent que les fonctionnaires touchent moins de retraite pour qu'ils rejoignent les taux du privé. Nous suggérons évidemment l'exact inverse - mais il est vrai que, pour nous, l'humain en général, le salaire en général et le retraité en particulier ne sont pas des coûts mais des facteurs économiques positifs de première importance (qui produisent de la valeur hors emploi).
Tant qu'à faire, nous suggérons que les indépendants jouissent du même taux de cotisation et des mêmes prestations que les autres salariés - et que ces prestations soient liées à la qualification et non à la carrière consentie par des employeurs. Nous suggérons en tous cas d'augmenter le taux de cotisation en fonction des besoins. Idéalement, il faudrait d'étendre la cotisation à l'entièreté des salaires, ce qui supprimerait les relations d'emploi et permettrait des relations de travail infiniment plus saines et ... plus productives.
 Les mesures 4 (revoir les périodes assimilées) et 5 (la carrière plutôt que l'âge) légitiment et renforcent le concept du 'j'ai cotisé donc j'ai droit' de la retraite assurantielle.
Cette façon de voir limite la légitimité de la valeur économique, de la violence sociale qu'elle condense au seul emploi. Poussons notre logique jusqu'au bout: nous préconisons un salaire continué, lié à la qualification et non à la carrière et, ce, dès la majorité, pour libérer l'activité de l'asservissement à un employeur. Le salarié reçoit de toute façon son salaire et c'est son patron qui doit se battre pour le garder, patron qui paie, lui aussi, de toutes façons, les cotisations sociales.

Dans la même optique, la mesure 6 (responsabiliser les entités fédérées) vise à diviser la sécurité sociale des fonctionnaires 'pour les responsabiliser'.
Dans un contexte où la dette publique créée par le sauvetage des banques et les taux d'intérêt usuraires des années 70-80 expliquent seuls l'austérité obligatoire que nous subissons en Belgique depuis quarante ans, une telle 'responsabilisation' ne manque pas de piquant, surtout pour les entités sous-financées ou pour les entités pauvres.

La mesure 7 (tenir compte de l'espérance de vie) s'inscrit pleinement dans une vision pension=coût. Nous considérons que les salaires socialisés, que les retraites sont un investissement, qu'ils augmentent la productivité, la partie réalisée du capital.
Un retraité va dépenser toute sa retraite alors qu'un gros actionnaire ne va pas dépenser tous ses dividendes. À PIB égal, à valeur ajoutée égale, si la proportion du prix qui part en dividendes baisse au profit de la proportion du prix attribuée aux retraites, la partie du prix qui sera réinjectée dans l'économie productive augmentera, cela soutiendra la demande.

La mesure 8 (ouvrir aux fonctionnaires l'accès au deuxième pilier, les retraites par capitalisation) considère que, quand les retraites sont financées par capitalisation, elles cessent, de manière magique, d'être un coût.
Inutile de dire que, pour un travailleur, le fait de cotiser 300€ par mois pour des retraites ne 'coûte' pas moins cher que d'avoir un salaire ponctionné de 300€ par mois par un fonds de pension (fût-il public). Au passage, par contre, le décalage dans le temps entre la cotisation et la prestation permet toutes les spéculations (et toutes les ruines, tous les crash boursiers version 'cette fois-ci, on ne nous y reprendra plus'), le fonds de pension va ponctionner les prestations de frais divers (mettons 15%, il ne reste que 255€ au salarié, finalement, pour sa pension).  
Implicitement, cette façon de voir prétend que l'argent pris par le propriétaire lucratif, par l'actionnaire ne coûte rien, que c'est un droit naturel, en quelque sorte. En Belgique, le coût moyen de ce 'droit' s'élève à 95% du salaire pour un travailleur moyen (ici) - soit quatre fois plus que le montant des retraites. Nous avons également vu que les retraites en répartition ne coûtaient rien à personne: comme tout le monde paie des cotisations, si on augmente les cotisations, le PIB et la valeur ajoutée augmentent ... et c'est tout.
S'il y a davantage de retraités, il suffit d'augmenter le taux de cotisation. Si la proportion d'inactifs double par rapport au taux d'actif (thèse que nous avons contestée tant les tendances actuelles risquent de ne pas durer): la réalisation des retraites doublera, passant de 27 à 54 milliards (13% du PIB) - très loin des 120 milliards (30% du PIB) que coûtent le capital.
La mesure 9 (verser le second pilier en mensualités) entend solidariser le Belge des fantaisies spéculatives (ou de la corruption) de ses élus.
Cela s'appelle socialiser le risque, une vieille technique des propriétaires lucratifs, des actionnaires pour lesquels, décidément, ce rapport ne prend aucun risque.

La mesure 10 (limiter les déductions fiscales liées à l'épargne-pension) a toute notre faveur. Même si, une fois de plus, cette mesure laisse les retraités à la merci des institutions: si les pouvoirs publics augmentent leur taux d'imposition alors que les retraites par capitalisation sont mensualisées et qu'elles sont ouvertes aux aléas du marché, les retraités peuvent tout perdre.
Nous suggérons au contraire une taxe à 100% sur toute pension capitalisée, sur toute propriété lucrative - simplement pour libérer le travail du joug de l'emploi servile, soumis à la nécessité de créer de la valeur ajoutée pour l'actionnaire. Cette mesure taxatoire serait soumise à l'attribution d'une retraite suffisante pour tous.

Derrière le sujet prétendument 'jeune' et 'neutre' se dessine une vision du monde ultra-libérale qui entend faire perdurer un système d'exploitation, celui de l'emploi, celui du travail soumis aux intérêts vénaux des actionnaires.

Ce groupe de 'jeune' entend utiliser la peur, l'irrationnel pour nous pousser à prendre des décisions contraires aux intérêts des producteurs. Il ne s'agit pas de quémander des miettes du capital une fois vieux, il s'agit de se libérer du rapport du capital à la valeur et, partant, de l'esclavage du travail dans lequel on ne décide pas ce qu'on produit, pour quoi on le produit ou comment on le produit. L'enjeu des retraites, c'est de s'affranchir de la définition de la valeur capitaliste, pas de la légitimer en en étant dépendant.

Quant à ce rapport de 'jeunes neutres' nous ne voyons qu'un rapport de plus, sur commande, des élites réformatrices dans leur guerre au salaire. Dont acte.

Vote Ponce Pilate contre le salaire



Sans prendre parti dans les élections à venir, ce vote est l'occasion pour nous d'appeler nos lecteurs à interpeller leurs élus pour défendre le salaire - quand sa suppression est prétendument 'technique'.

Le vote incriminé est celui qui donne les coudées franches au gouvernement pour réformer l'assurance chômage (c'est normalement le parlement qui a ce pouvoir) et appliquer le détestable article 63§2 qui envoie des chômeurs salariés, des travailleurs hors emploi qui réalisent la valeur de leurs allocations de chômage (voir ici), dans le détestable filet de la charité publique.

Cette mesure va bien sûr coûter au contribuable qui finance les CPAS, c'est-à-dire essentiellement aux classes moyennes, aux travailleurs (sous emploi ou non) qui ne peuvent frauder ou éluder l'impôt.

http://www.lavenir.net/article/detail.aspx?articleid=DMF20140226_00440208

Partir

Un choix de vie hors emploi (ou presque) auquel la question du sens du travail n'est pas étrangère.

"J’ai décidé de vivre moi-même l’expérience de l’autonomie. Toutes mes études m’ont amenée à me dire : je veux un travail qui m’épanouisse. Seulement, le schéma classique ne me convient pas. D’un côté, le travail. De l’autre, la vie personnelle dans laquelle on se faufile seulement le soir en déconnectant du boulot me paraissait impensable. J’avais envie de produire directement ce qui allait me nourrir, pas seulement au niveau alimentaire, mais en général !"

http://www.terraeco.net/Noemie-26-ans-Avant-je-ne-savais,53926.html

Fiche de paie

Nous nous sommes amusés à vous présenter une fiche de paie alternative, à partir des chiffres moyens belges de 2012 de la BNB.

En prenant un salaire individuel de 1350€, nous avons, en résumé de ce qui suit:

Salaire individuel (avec la TVA): 1350€
Salaire réalisé par les fonctionnaires: 850€ (par l'impôt, 650€ et par la TVA, 200€)
Salaire socialisé réalisé par les salariés sociaux: 950€

Total salaires: 2950€ mais 180€ sont repris par les entreprises sous forme d'aides diverses (soit l'équivalent de deux fois ce que réalisent les chômeurs ou presque l'entièreté de la TVA), soit un total, pour les salaires, de 2770€

Ponction des propriétaires lucratifs sur la valeur ajoutée: 1280€ - dont 680€ en investissement et 300€ en dividendes. Cette ponction se fait au détriment des salaires.

La ponction des propriétaires lucratifs correspond à un taux de surtravail de 95%. Si vous travaillez une heure pour vous (les retraités et les fonctionnaires ne vous coûtent rien), vous travaillez ensuite 57 minutes pour les actionnaires. Sur une journée de huit heures, vous travaillez 4h12 pour vous et 3h48 pour les propriétaires.

Nous avons donc:
Les salariés sous emploi réalisent 2630€ parmi lesquels les actionnaires ponctionnent 1280€ au titre de propriété lucrative.

Les salariés hors emploi réalisent 950€.

Les fonctionnaires réalisent 850€.

  • Explications
Salaires

Salaire individuel brut: 2000€ - sur base d'un total de 129 milliards d'€. Sur ces 2000€, 650€ sont réalisés par les fonctionnaires et 1350€ par le salarié, sans tenir compte de la TVA.

Salaires socialisés réalisés par ailleurs, en proportion du salaire individuel, par les parents, les malades, les retraités, les chômeurs ou les invalides: 1400€, avec
- par les cotisations sociales (salarié ou patronale, peu importe): 950€ - sur une base de 60 milliards d'€.
- par les impôts (essentiellement prélevés sur les salaires et la consommation): 450€ - sur une base de 30 milliards d'€


Une partie de ces salaires socialisés est volée aux salariés et est reversée aux propriétaires lucratifs d'entreprise à hauteur de 180€, il s'agit des réductions de cotisation (90€) ou des subventions salariales (90€ dont 45€ à charge de la sécurité sociale et 45€ à charge des contribuables).

Si les salaires socialisés sont supprimés, ils disparaissent du PIB. Ils ne coûtent rien aux salaires, rien aux entreprises.

Parmi les 1400€ de salaires socialisés,
les chômeurs réalisent 95€
les retraités réalisent 300€
les malades réalisent 270€

La Fonction publique réalise, via l'impôt 1700€. Elle intègre les salaires des enseignants, des fonctionnaires, des infirmières, des policiers ou des militaires, par exemple.

Elle intègre aussi la coûteuse rémunération de la dette à hauteur de 190€.


Le brut et le net
Sur les 2000€ de revenu brut, l'impôt va prélever (il s'agit d'une extrapolation à partir d'une moyenne) 650€ en impôt sur la consommation et 200€ de TVA.

Soit un salaire super net (sans TVA, donc), de 1150€ (sans tenir compte de la TVA, il s'agit de 1350€)
Des impôts de 1150€, prélevés sur les salaires mais réalisés (pour la fonction publique) par les fonctionnaires (après impôts, cela leur donne un peu plus de 500€).


Bénéfices
Résultats pris sur l'activité des salariés par les actionnaires: 600€

Investissements pris sur l'activité des salariés, dont la propriété et la décision leur échappe: 680€

Dividendes - vol pur et simple de la valeur ajoutée créée par les salariés: 300€


Morts et blessés dans les champs pétroliers texans

Résumé et traduction d'un article de Steven Hsieh dans The Nation (ici, en anglais).

Le Houston Chronicle a publié une enquête exhaustive des blessés et des accidents parmi les travailleurs du pétrole et du gaz au Texas.

De 2007 à 2012, il y a eu 664 morts sur les puits aux États-Unis, dont 40% au Texas. En 2012, 79 travailleurs ont perdu des membres, 82 ont été écrasés, 92 ont été brûlés et 675 ont eu des os cassés en travaillant sur les champs de pétrole.

 Le manque d'inspecteurs fédéraux est épinglé (économie d'impôts oblige). Normalement, l'inspection du travail (Occupational Safety and Health Administration) ne doit enquêter que sur les accidents mortels ou provoquant au moins trois hospitalisations. De ce fait, seuls 150 des 18 mille accidents de travail du secteur ont été soumis à enquête.


Histoire des retraites françaises et de la gauche


Fakir retrace l'histoire des retraites françaises et de la gauche, extrait

Dans son « vaste plan de sécurité sociale », le Conseil national de la Résistance prévoit, durant l’Occupation, « une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ». à la Libération, le Parti Communiste est à son apogée. Pour la première fois de son histoire, il participe au gouvernement. Et le ministre des Travailleurs Ambroise Croizat annonce, dès sa nomination, que « la retraite ne doit plus être l’antichambre de la mort mais une nouvelle étape de la vie ». En moins de six mois, le 22 mai 1946, la loi est votée, et le sort d’1,5 million de personnes, qui ne dépendaient jusque-là que de la charité, ou de la prolongation du travail jusqu’à l’épuisement, s’améliore. Dès 1947, cinq millions de personnes bénéficient du nouveau régime.

http://www.fakirpresse.info/Les-retraites-nouvelle-étape-de.html

Harcèlement - synthèse provisoire

Le harcèlement est un ensemble de techniques qui visent à anéantir un sujet (le harcelé). Il s'agit de comportements hostiles répétés par un individu ou un groupe contre une personne (le harcelé).

Nous recommandons particulièrement:

L'interview d'Elisabeth Dès, urgentiste (ici).

Une vidéo-interview de Christophe Dejours, psychiatre (ici).

Une interview de Marie-France Hirigoyen, psychiatre (ici).



Il peut s'agir d'actes

- mise au placard

- sabotages

- envoi en mission impossible

- refus de donner les moyens nécessaires pour s'acquitter d'une mission

Il peut s'agir de paroles

- remarques humiliantes, sur le physique, l'état d'esprit, l'ethnie ou le groupe social

- humiliations publiques

- réunions pour des accusations publiques

- remarques répétées sur la qualité du travail ou de la personne, en privé ou en public, par écrit ou par oral

- menaces, plus ou moins explicites

- jugement sur la personne, évaluation de ses qualités intrinsèques

  • Dans le cadre de l'emploi, le harcèlement peut être utilisé pour

- maintenir un climat d'angoisse, d'isolement entre les travailleurs.
Ce climat empêche l'organisation des travailleurs en collectif, il sabote leur pugnacité sociale. Cette tactique les empêche de s'organiser pour gagner davantage de salaire ou de réduire le temps d'emploi, ce qui permet de conserver la part de la valeur ajoutée que les travailleurs produisent dévolue aux dividendes des propriétaires.

- la désignation d'un bouc émissaire (arbitraire, si possible) peut également servir dans le cadre du management par la haine.
Les autres employés, terrorisés à l'idée de subir les avanies du harcelé se taisent, commettent toutes les servilités pour conserver leur poste.

- pousser à la démission (ou à la maladie, ou au suicide) un employé.
La démission (la maladie ou le suicide) permet d'économiser les indemnités de licenciement aux employeurs. Il n'y a pas de petits profits, comme on dit.

  • Une maladie sociale

L'un dans l'autre, le harcèlement professionnel prend des proportions alarmantes. À ce stade, il s'agit d'une épidémie sociale grave. Si les symptômes (et les séquelles médicales) sont individuelles, les problématiques socio-économique dans lesquelles s'inscrit l'emploi expliquent pleinement la genèse de la pandémie.

Nous rappelons que c'est uniquement l'obsession du profit qui génère le harcèlement professionnel (nous ne parlons pas d'autres types de harcèlement ici).

  • Faiblesse syndicale et ébauche de mobilisation du corps médical

Les syndicats sont très peu mobilisés sur la question du harcèlement professionnel - il met souvent en cause, ne fût-ce que en tant que complices d'autres employé - et les médecins ne sont pas toujours à l'aise avec les symptômes psychiatriques d'une maladie sociale.

L'approche médicale peut se heurter à l'écueil de l'individualisation du problème. Si, une fois que le harcèlement a endommagé la santé de l'individu, il doit être soigné à un niveau individuel, la prévention s'impose à un niveau social et économique.

Au niveau économique, il faut dénoncer

- la toute puissance des propriétaires lucratifs,

- les managements tournés vers la rentabilité,

- le compromis de Washington (primat de l'économique sur l'humain) et affirmer le compromis de Philadelphie (primat de l'humain sur l'économique)

- l'apathie des syndicats, de la médecine du travail et de la justice sur ces sujets.

  • Conséquences

Le harcèlement constitue un délit, il est susceptible d'entraîner

- des suicides (avec, en cas de suicide raté, d'éventuelles séquelles)

- des dépressions réactionnelles (des années d'incapacité de travail et, parfois, des séquelles mortelles)

- un manque de confiance en soi (parfois définitif)

- un développement de maladies mentales.

Le crime du harcèlement professionnel est permis, soutenu par la nature de la propriété lucrative et par la nature de l'emploi.

  • Réagir

Si vous êtes menacé par le harcèlement ou si vous avez un proche qui l'est, il faut réagir au plus vite sans sous-estimer le danger encouru.

-  trouvez un médecin sensibilisé au problème et allez consulter au plus vite; si votre médecin n'est pas sensibilisé à ce sujet et ne peut entendre votre problème, trouvez-en un autre

- instruisez méthodiquement un dossier judiciaire en relevant les remarques, en conservant toutes les pièces écrites possibles. Les batailles judiciaires sur le sujet demeurent rares (les syndicats sont mal à l'aise et les harcelés sont trop épuisés pour se défendre juridiquement) mais l'arsenal judiciaire existe

- n'oubliez jamais que vous travaillez pour vivre et non l'inverse, que votre vie est sacrée, que vous êtes infiniment plus important(e) que tous les bilans comptables du monde

- soyez attentifs aux actes de harcèlement professionnel que d'autres subissent

- sensibilisez votre syndicat ou votre délégation des employés sur ce sujet

- maintenez de l'union et de la solidarité entre travailleurs, autant que faire ce peut. Un travailleur isolé qui dérange peut être harcelé, un collectif de travail uni est invincible.

Dejours et la fatigue de l'emploi

Christophe Dejour lie l'emploi encadré par le management productif et la santé des employés: nous sommes amenés à poser des actes contraires à nos convictions ou à nos aspirations, nous sommes amenés à nous opposer les uns aux autres, contrairement à notre aspiration à la coopération. Ces contradictions se somatisent sous forme de maladies mentales, de stress, de dépression ou de prise de psychotrope chez les sujets sains.

http://www.youtube.com/watch?v=uk92kU3dDZk

Harcèlement et emploi

Le harcèlement dans l'emploi, un sujet (de plus en plus) d'actualité ...

Extrait

Le harcèlement moral au travail existe pourtant toujours. Comment l'expliquez-vous ?

- J'ai l'impression qu'il y a une banalisation. Il y a eu une prise de conscience et une amélioration avec la loi mais, avec la crise économique, nous assistons à un retour en arrière. Les relations au travail se sont durcies.

Vous observez cet impact de la crise ?

- Je reçois des cas plus graves qu’il y a quelques années. De personnes qui disent "j’ai supporté parce que je n’ai pas le choix, je ne peux pas perdre mon travail". Il y a un durcissement des méthodes de management qui amène les personnes à l'épuisement. Il suffit alors d'un chef tyrannique ou d'un collègue qui veut un peu plus de pouvoir pour que ces personnes épuisées se défendent mal et soient victimes de harcèlement moral.

La fragilité de l'économie augmente donc la vulnérabilité des salariés face au harcèlement ?

- La crise mais aussi le changement de société - cette société de réussite où il faut être le meilleur - peuvent amener des personnes à avoir des comportements inacceptables, sans en être conscientes, pour garder leur poste, pour avancer dans l’échelle hiérarchique.


http://tempsreel.nouvelobs.com/social/20140217.OBS6582/harcelement-moral-au-travail-il-y-a-un-retour-en-arriere.html?xtor=RSS-27

La police de l'emploi

Logique: la police réprime les comportements répréhensibles. Il est donc répréhensible de ne pas chercher de l'emploi. Ergo, l'aiguillon de la nécessité s'accommode de la matraque.

Ceci prouve, entre autre chose, que la soumission à l'emploi n'a rien de naturel, de spontanée mais qu'elle est, au contraire, appuyée par une savante opération de police de Pôle Emploi, opération qui entend réprimer financièrement tout manquement à la loi de l'emploi.

En vulgate libérale, pourtant, il faudrait que l'emploi devînt plus attractif pour qu'il soit recherché, c'est-à-dire que les salaires augmentent, que les avantages sociaux augmentent et que le temps de travail diminue.

Comme cette vulgate libérale (parfois assez indigeste, j'en conviens) au nom de laquelle on nous vend les mesures anti-chômeur n'est absolument pas libérale, à quelle idéologie peut-elle être rattachée, à quelle vision de l'humain? Procucialisme, eugénisme social?

Courage à toutes et à tous.

http://www.paris-normandie.fr//actu/fecamp-la-cgt-mobilisee-contre-une-«-police-emploi-»

Le Medef veut supprimer le régime des intermittents

Le Monde nous fait part des propositions du patronat (ici).

Extrait

Intermittents Au premier rang des propositions du Medef figure en effet la fin du régime spécifique des intermittents du spectacle. "L'équité entre les cotisants est pour le régime d'assurance-chômage une condition de son acceptation", plaide le Medef qui demande "à l'Etat de prendre en charge, s'il considère qu'il relève de l'intérêt général de mieux indemniser les [intermittents du spectacle], le surcoût de ce traitement plus favorable".

Inutile de dire que, à voir les gens - et en particulier, les artistes - comme des coûts, le patronat propriétaire (à ne pas confondre avec les entrepreneurs) souhaite donc abolir cette forme de vie.

Indépendamment de l'indécence éthique de cette position, explorons-en les conséquence.

- L'utile est l'emploi, l'emploi est l'utile. Ce qui n'est pas utile est un coût et doit être éradiqué en tant que tel.

- Ceux qui ne travaillent pas dans l'emploi de manière permanente sont des inutiles.

- Les propriétaires lucratifs et les actionnaires ne sont pas inutiles bien qu'ils soient rémunérés hors emploi.

Donc, l'emploi est l'argument pour justifier le parasitisme des propriétaires lucratifs.

Le monde dessiné par cette vision du monde est un monde ladre, utilitariste sans place pour la créativité, l'inventivité ou la sensibilité. L'invention et la création demandent un temps incompatible avec le temps rentable de l'emploi ou du producérisme. Ce monde est gris, sans fantaisie. La seule chose admise est l'utile et l'utile est défini par le productif; le productif est défini par le rentable. Le rentable, c'est créer de la valeur pour les propriétaires. Il faut aller vite, il faut soumettre la vie de famille, les rencontres avec les amis au travail soumis; il faut soumettre le temps à l'utile, il faut sacrifier la flânerie au centre commercial, la beauté à la publicité, le temps entre amis aux heures sup' gratuites sous contrainte.

Le projet du Medef, c'est l'horreur civile avec un verni peu crédible de respectabilité, de légitimité - ce qui, au fond, pose la question de la propriété lucrative en termes crus.

Prévisions du club de Rome

Nous vous faisons part d'une étude du club de Rome. Nous signalons que ce club a des partenaires sulfureux, des propriétaires lucratifs militants (Banque d'Autriche ou le ministère allemand du travail). La philosophie de ce think tank et ses options politiques ne le démarquent pas de l'employisme virulent qui fait nos sociétés. Ses conclusions sont donc à interpréter avec cette réserve: c'est une officine qui ne dérange pas (mais qui aime les maths).

Ce club de chercheurs s'était distingué en 1972 en alertant déjà sur l'impossibilité d'une croissance infinie dans une monde fini. Ils appelaient alors à changer de modèle économique, à renoncer à la croissance et à la société industrielle - avec le peu de succès que l'on sait.

Selon nous, indépendamment de la pertinence scientifique de ces recherches, leurs alertes ne peuvent être entendues tant que la production sera régie par le profit des propriétaires et l'aiguillon de la misère des employés. Ils produiront ce qu'on leur dira de produire et ils feront produire ce qui leur rapportera sans autre considération.

40 ans plus tard, dans cette vidéo Jorgen Randers (ici, en anglais) se risque à un pronostic sur les années à venir.

- Les émissions de CO² augmentent encore.

- Le monde tel que nous le connaissons va-t-il s'effondrer? L'emprunte écologique humaine a encore augmenté.

- Nous n'allons pas atterrir doucement mais nous écraser. La population mondiale va culminer en 2040 autour de 8 milliards et va diminuer rapidement après, du fait de la baisse de la fertilité, de la pollution et de la raréfaction des ressources.

- Le PIB mondial va continuer à augmenter mais beaucoup moins qu'attendu. Il culminera en 2060 et diminuera après.

- Les ressources vont s'épuiser. La fraction du PIB consacrée aux investissements devra croître du fait de la raréfaction. Les revenus vont donc stagner voire décroître. 

- L'utilisation d'énergie culminera en 2040 et ne retrouvera son niveau actuel que en 2050. Les émissions de CO² seront si élevées que le réchauffement climatique sera significatif: il culminera + 3°C en 2080. Les systèmes actuels de gouvernement sont incapables de gérer la crise climatique.

- Les systèmes capitalistes et démocratiques sont obnubilés par le court terme et sont donc incapables de changer la donne.

- L'effondrement du PIB et la diminution de la population vont diminuer l'impact humain sur la terre. L'essentiel de la population va demeurer extrêmement pauvre.

- La nourriture et les hydrocarbures seront suffisants pour remplir la demande ... solvable.

- L'Union européenne va éclater d'ici quinze ans.

Quatre recommandations:

- réduire la croissance de la population en diminuant le nombre d'enfants par famille

- réduire l'empreinte écologique - notamment celle des pays riches

- développer l'énergie faiblement carbonée

- il faut dépasser le court-termisme en démocratie comme en capitalisme pour attaquer les défis à long-terme.

Nous avons besoin de travailler beaucoup pour atteindre ces objectifs et ils sont d'autant plus difficiles à atteindre que la situation continue à pourrir. 

Il faut le plein emploi et la distribution des revenus pour maintenir la cohésion sociale.

De nouveau, nous nous permettons de dire que, pour permettre la pleine activité, l'intégration sociale et la distribution des revenus, il est impératif de quitter la logique de l'emploi, de dissocier les salaires et la soumission aux impératifs de production d'un propriétaire.

La personnalisation et l'artiste cachent la casse salariale

Nous traduisons et résumons un article de Isidro Jiménez Gómez sur Diagonal (ici, en espagnol).

La vie et le bonheur qu'offre Coca-Cola contrastent avec les quatre fermetures d'usines espagnoles qui condamnent les ouvriers à la misère.



  • Une image très personnelle

La personnalisation des produits de marque a touché Ferrero (étiquettes à imaginer sur Facebook), Renova (serviette de conception internet) ou Springfield (via le web, on peut personnaliser une chemise). À l'extrême, cette production devient horizontale, unique.

Vuitton joue sur l'image de l'artisan du siècle d'Or. Inimitable, donc, qui ne peut guère être l'œuvre du travail salarié : comme la toile de sac à main blanc web , les mains des artisans de cuir de gamme représentant non seulement l'action unique et irremplaçable , mais aussi l'action spontanée et créative artiste .


Lorsque la machine prétend être parfaite dans les publicités pour les voitures haut de gamme, la création artistique est représenté par les moteurs avec des silhouettes en forme de cœur qui semblent âmes, petites pièces de voitures qui se déplacent au son d'une symphonie. La phase de conception de la voiture a fini par être dans le secteur de la publicité, la métaphore artistique pour son procédé de fabrication.

  • Une production moins romantique
 Si le récit de l'artiste est si ambitieux, c'est précisément parce que la vraie production artisanale aujourd'hui, même parmi les marques de luxe, est le modèle de production qui a fait de la Chine, de l'Inde ou de l'Indonésie les usines du monde. Un système basé sur le travail pas cher, en fait, vise à standardiser l'ensemble et il ne montre de créativité que pour contourner la réglementation du travail et de l'environnement. Et pour en donner une image, deux tragédies récentes dans les ateliers textiles du Bangladesh et Florence (avec des travailleurs clandestins de nationalité chinoise) attestent les conditions inhumaines de ce type de production. L'industrie développe l'usine cachée de la mode et remplace la machine par un artiste de la publicité dans son studio.
 

L'industrie laitière dans les publicités a remplacé les immenses entrepôts remplis de réservoirs en acier par les prés fertiles d'herbe verte et l'industrie textile remplace l'atelier par un artiste de la publicité dans son atelier.
Il semble que la société de consommation n'arrive pas à se reconnaître entre les lignes d'assemblage et linéaires équidistantes de cartons d'emballage et dans un travail de semi-esclave d'atelier. D'où le succès de la culture du luxe accessible ou le prestige de masse, un cocktail apparemment contradictoire mais des secteurs entiers, tels que les parfums, aspirent à abandonner la classe moyenne et la production fordiste qui la caractérise. Artiste exclusif de masse à l'usine ... presque mythique mais avec assez de force pour continuer à gérer les cartes de crédit.

Des mineurs dans les champs de tabac


  Aux États-Unis, 400.000 enfants travaillent dans les champs des fermes familiales pour aider leurs familles sous pression des dettes et de la concurrence des industries. La plupart de ces familles survivent sous le seuil de pauvreté. Les enfants peuvent travailler dès 10 ans (références: Allegra Kirkland, The Nation, ici).

Rassurons-nous en rappelant que, alors que ces petites mains s'empoisonnent aux pesticides ou à la nicotine, elles ne peuvent acheter des cigarettes à l'épicerie du coin.

Logique de l'allocation

Cours de logique: l'exclusion des chômeurs coûte à la ville de Liège. Donc, les allocations de chômage rapportent à la ville de Liège (et probablement aux autres villes, mais je me garderai de la tentation d'extrapoler).

Comme la richesse nationale augmente si la richesse de la ville de Liège augmente (à tout autres choses égales), les allocations de chômage augmentent la richesse nationale. Faites passer aux partis dits socialistes ou aux partis dits nationalistes (à moins que la logique soit dépassée par la pensée magique du politique?).

Les allocations de chômage sont donc un ajout de valeur économique et, pour défendre un système économique, doivent donc être protégées, étendues (et universalisées dans une optique anti-employiste).

http://www.todayinliege.be/Les-exclus-du-chomage-vont-couter.html?pub=0&page=article

Aux États-Unis, la précarité affecte l'enseignement

Aux États-Unis, les établissements d'enseignement précarisent une partie sans cesse croissante de leur personnel. Les enseignants deviennent des 'auxiliaires' qui ne travaillent pas plus de 28h semaine (pour éviter de devoir payer l'assurance santé). Ils ne connaissent pas leurs horaires à l'avance et ne peuvent s'engager financièrement sur base de salaires aléatoires de 2000$ par mois.

Ces salaires de 2000$ sont ridiculement insuffisants pour des travailleurs hautement qualifiés qui ont contracté des prêts étudiants de 100.000$ et ne disposent pas d'assurance-santé.

Une gestion du personnel très en décalage par rapport aux valeurs américaines de justice pour tous.

Ces 'auxiliaires' précaires diplômés se sont organisés en syndicat - à l'instar de leurs camarades de Wal-Mart ou de Mac Do.

Référence: Jim Hightower, Alternet, ici (en anglais)

Le gouvernement argentin augmente les pensions

Selon un article de Telesur (ici, en espagnol), Cristina Fernández, la présidente argentine, a décidé d'augmenter une nouvelle fois les pensions. Cette fois, elles sont augmentées de 27% après une augmentation de 11% en septembre. Si la plateforme n'a pas vocation à relayer quelque discours politique que ce soit, nous vous en faisons part ici car il s'agit ici d'une prise de parti en faveur du salaire social tout à fait remarquable.

Pour la présidente, la pension est un investissement social. Elle critique les économistes qui craignent que cette mesure ne provoque de l'inflation (c'est la théorie du NAIRU) en expliquant que, pour que l'investissement économique puisse porter ses fruits, il fallait que les gens achètent les biens de consommation, qu'ils aient accès à un salaire.

Voici une femme politique qui montre un courage et une détermination qui laissent les millions de chômeurs, de précaires, de pensionnés faméliques ou de travailleurs exploités en Europe rêveurs: le salaire n'est pas un coût mais un investissement. 

À faire passer aux thuriféraires de l'emploi (à tout prix), aux partis politiques soi-disant engagés, aux syndicats soi-disant combatifs, englués dans le concession bargaining.

Un syndicaliste sur la sellette pour avoir fait son travail

Fakir appelle à soutenir un employé à qui ses patrons reprochent de ne pas se laisser acheter. Un syndicaliste qui a refusé le chèque et l'avancement pour faire ... son boulot de syndicaliste - malheureusement, de telles situations où une délégation syndicale se laisse endormir par des promotions et des avantages en nature se voit régulièrement un peu partout, au détriment de leurs mandants. Ces tentatives de corruption prouvent en tout cas que le travail syndical peut être extrêmement gênant du point de vue des propriétaires et extrêmement payant du point de vue des travailleurs. Chômeurs, employés, ouvriers, faites passer le message à celles et ceux qui vous représentent!

Extrait

Le 6 février, nous serons avec Mickael et ses copains pour occuper la zone d’activités de Chaulnes qui perd 100 salariés (Lunor) et où 340 autres sont menacés (Base Intermarché et STEF Transports), ce qui est énorme pour cette petite ville de moins de 2000 habitants. Un barbecue aura lieu à 11h30 à la gare de Chaulnes.

http://www.fakirpresse.info/La-nouvelle-arme-anti-patrons-le.html

Une pause

Article-témoignage d'une pause dans l'emploi. C'est l'enjeu de la définition de la valeur: pouvoir produire, participer à la vie sociale, sans ressentir de culpabilité parce qu'on ne se vend pas à des actionnaires, parce qu'on n'a pas d'emploi. Chemin difficile, chaotique et plein de découverte, chemin d'angoisse du fait du harcèlement dont sont victimes les chômeurs.

Pourtant, quand on fait le compte des emplois inutiles ou nuisibles, l'activité de cette chômeuse engagée apparaît singulièrement productive de ... valeur sociale.

Extrait
"Il faut se blinder contre la culpabilité. Quand on sort de Pôle emploi, on se sent comme une grosse merde. Ce n’est pas simple à gérer. Les conseillers ne sont pas en mesure d’entendre qu’on fait une pause… Ma conseillère me dit de mentir pour plaire à des employeurs ; moi, je lui mens en disant que je fais des recherches. C’est un jeu hypocrite, car de toute façon, ce n’est pas Pôle emploi qui pourra me trouver un travail."

http://www.terraeco.net/Claire-30-ans-Il-faut-se-blinder,53552.html