Le Medef veut supprimer le régime des intermittents

Le Monde nous fait part des propositions du patronat (ici).

Extrait

Intermittents Au premier rang des propositions du Medef figure en effet la fin du régime spécifique des intermittents du spectacle. "L'équité entre les cotisants est pour le régime d'assurance-chômage une condition de son acceptation", plaide le Medef qui demande "à l'Etat de prendre en charge, s'il considère qu'il relève de l'intérêt général de mieux indemniser les [intermittents du spectacle], le surcoût de ce traitement plus favorable".

Inutile de dire que, à voir les gens - et en particulier, les artistes - comme des coûts, le patronat propriétaire (à ne pas confondre avec les entrepreneurs) souhaite donc abolir cette forme de vie.

Indépendamment de l'indécence éthique de cette position, explorons-en les conséquence.

- L'utile est l'emploi, l'emploi est l'utile. Ce qui n'est pas utile est un coût et doit être éradiqué en tant que tel.

- Ceux qui ne travaillent pas dans l'emploi de manière permanente sont des inutiles.

- Les propriétaires lucratifs et les actionnaires ne sont pas inutiles bien qu'ils soient rémunérés hors emploi.

Donc, l'emploi est l'argument pour justifier le parasitisme des propriétaires lucratifs.

Le monde dessiné par cette vision du monde est un monde ladre, utilitariste sans place pour la créativité, l'inventivité ou la sensibilité. L'invention et la création demandent un temps incompatible avec le temps rentable de l'emploi ou du producérisme. Ce monde est gris, sans fantaisie. La seule chose admise est l'utile et l'utile est défini par le productif; le productif est défini par le rentable. Le rentable, c'est créer de la valeur pour les propriétaires. Il faut aller vite, il faut soumettre la vie de famille, les rencontres avec les amis au travail soumis; il faut soumettre le temps à l'utile, il faut sacrifier la flânerie au centre commercial, la beauté à la publicité, le temps entre amis aux heures sup' gratuites sous contrainte.

Le projet du Medef, c'est l'horreur civile avec un verni peu crédible de respectabilité, de légitimité - ce qui, au fond, pose la question de la propriété lucrative en termes crus.