Une énième proposition de 'réformes' des retraites alarmistes

Un article de La Libre Belgique (ici) se fait le relais d'un think tank de 'jeunes', le 'Groupe du vendredi'. 

Ces 'jeunes' ont tout de même entre 25 et 35 ans (ce qui me vaudrait presque ce qualificatif, j'apprécie). Leur neutralité proclamée ne résiste pas à l'analyse des faits: leur appréhension du problème et leurs propositions ne sont absolument pas neutres.




  • Résumé
Un article de La Libre Belgique se fait le relais d'un think tank de 'jeunes', le 'Groupe du vendredi'. Leur neutralité proclamée ne résiste pas à l'analyse des faits: leur appréhension du problème et leurs propositions ne sont absolument pas neutres.






Tout d'abord, notre attention a été attirée par deux chiffres mis en exergue:
1. celui du montant ANNUEL des pensions légales, assurée par les cotisations sociales, par répartition. Ce montant est un flux de cotisations/prestations repris au PIB. 
2. celui du montant TOTAL de la capitalisation des fonds de pension du deuxième pilier en Belgique. Montant produisant annuellement une rente de 5% en moyenne (variant selon les performances des fonds de pension sur les marchés financiers), soit 3,15 milliards.

L'honnêteté intellectuelle aurait voulu qu'on comparât deux flux et non un flux et un stock – surtout si la valeur du stock en question varie en fonction d'aléas boursiers, inéluctables à l'échelle d'une carrière professionnelle.

La question par ailleurs sous-jacente est de savoir si l'économie doit être fondée en salaires, comme elle l'est avec succès depuis la fin de la dernière guerre, et en partage de la valeur ajoutée ou si elle doit être fondée sur la solidarité financière de fonds spéculatifs.

Voyons maintenant plus en détail les propositions des retraités en herbe.
Nous courons à la catastrophe si nous ne faisons rien. Aujourd'hui, tout va bien ; demain rien n'ira plus sauf à poser des actes de 'réforme' courageuse.
Cette menace est très théorique. La diminution de main-d’œuvre ne signifie pas nécessairement une baisse de la production – si l'on songe à l'agriculture depuis la Libération en raisonnant comme cela, nous devrions mourir de faim aujourd'hui. Pourtant, nous avons toujours à manger.
Les prédictions démographiques sont sujettes à caution. Il faudrait, en tous cas, que l'espérance de vie ne diminue pas, que les apports énergétiques et le système industriel demeurent, eux aussi, inchangés, ce qui est pour ainsi dire inimaginable. Par ailleurs, ces prévisions sont des extrapolations de tendances. En 2050, les baby-boomers seront morts (ce qui diminuera mécaniquement le nombre de papys) et les naissances auront pu reprendre du poil de la bête si les perspectives d'avenir s'améliorent. La question, c'est comment donner le goût à la vie aux gens, comment leur permettre d'avoir envie de fonder des familles, de croire en l'avenir. Comment faire pour cultiver, pour développer la créativité humaine? Il ne s'agit pas de renoncer à l'avance à toute perspective et se dire que, dans trente-cinq ans, tout sera aussi bouché qu'aujourd'hui, il s'agit d'ouvrir les perspectives, pour les 'jeunes' et pour les vieux. Par ailleurs, il faut rappeler que, à la Libération, les personnes âgées étaient moins nombreuses relativement mais les enfants, les bébés, non cotisants étaient, eux, très nombreux et occasionnaient des investissements qu'une société d'après guerre a pu assumer sans problème sur les décombres des villes et des usines bombardées.

Dans la vision du monde de ce groupe du vendredi, la population est un coût. Les vieux, les jeunes, les malades, les vacanciers, les familles sont un coût. Nous signalons que le vieillissement d'une population fait également baisser la proportion de jeunes parmi elle.  
Évidemment, leur vision du monde n'est absolument pas neutre si l'on réfléchit un peu aux faits économiques. Nous ne sommes pas dans une économie sahélienne de subsistance famélique en train de gratter la terre pour trouver de méchantes racines, nous sommes dans une économie de production industrielle de masse. Notre économie parvient à couvrir les besoins de la population. Elle y parvient tellement largement que les entreprises doivent inonder les consommateurs de publicités pour trouver des clients. Depuis 200 ans, notre système économique est confronté exclusivement à des crises de surproduction. Il y a chaque fois eu, à un moment donné, une rupture de la demande par rapport à l'offre.
Les usines produisaient trop par rapport au pouvoir d'achat des salariés. Elles restaient les bras ballants avec leurs invendus, elles licenciaient, ce qui privait de salaire les ouvriers qui cessaient donc d'acheter ce que produisaient les usines. La crise des subprimes n'a rien été d'autre puisqu'il s'est agit d'une bulle boursière autour de la solvabilité d'une partie des salariés US, laquelle a explosé le jour où il a été clair que ... leurs salaires ne leur permettraient pas d'honorer leurs dettes. La crise actuelle est une crise de surproduction.

Nous sommes confrontés à un chômage de masse, pas à une rupture de la main-d’œuvre. De ce fait, si le vieillissement de la population est accompagné d'un droit au salaire pour le troisième âge par les pensions, il soutient durablement la demande et conjure les effets cycliques conjoncturels. Quand il y a de la demande solvable, une entreprise peut produire parce qu'elle a un carnet de commande plein. C'est cette donnée qui permet d'expliquer la stabilité économique de la Belgique dans un contexte de récession générale, pendant que nous cherchions un gouvernement et qu'aucune mesure socio-économique ne pouvait être prise.

Dans l'ensemble de la valeur ajoutée produite par les Belges (PIB), une bonne partie provient de secteurs de l'économie tout à fait déconnectés de l'emploi. Les cotisations sociales sont venues s'ajouter au PIB au moment où on a pris la décision politique de socialiser les salaires. De la même façon, si on supprime ces cotisations, c'est le PIB qui en sera amputé. Les pensions par répartition créent une partie de la valeur ajoutée sans passer par l'emploi. Comme elles sont issue d'une décision politique, elles peuvent aussi bien être étendues (ou supprimées). Comme les cotisations sont instantanément versées aux pensionnés, comme il n'y a pas de décalage dans le temps entre la création de valeur par cotisation et la prestation sociale, il est toujours possible d'adapter la cotisation à de nouveaux besoins de prestation : il suffit de l'augmenter. Cela met la pension par répartition à l'abri de toute spéculation, de toute déconfiture boursière.
Par contre, les pensions par capitalisation – qu'elles soient gérées par des organismes publics ou par des fonds vautours concurrents – sont des pyramides de Ponzi, des produits spéculatifs dangereux. Il y a jusqu'à quarante ans entre l'approvisionnement du fonds et le payement des intérêts ou de la rente. Pendant ces quarante ans, le principal, le capital est censé gonfler mystérieusement sans interruption ni régression. Les intérêts sont censés venir en temps utile couvrir les besoins. Cette fable suppose que l'argent crée de l'argent. Si c'était le cas, il suffirait d'imprimer des billets de banque pour payer les pensions.

  • Illustration et enjeu


Tout d'abord, pour tenter de clarifier, simplifier le propos, voici deux extraits du mémorandum présenté qui apparaissaient en exergue sur la page de la Libre qui le présentait. Avec deux chiffres :

1. celui du montant ANNUEL des pensions du premier pilier. Le premier pilier est la partie de la pension assurée par les cotisations sociales, par les répartitions. Ce montant est le flux de cotisations/prestations sociales pensions - repris au PIB parce qu'il est l'affectation d'une partie de la valeur ajoutée aux pensionnés. 

2. celui du montant TOTAL constituant les fonds de pension du deuxième pilier en Belgique. Montant produisant annuellement une rente de 5% en moyenne (variant selon les performances des fonds de pension sur les marchés financiers), soit 3,15 milliards.

L'honnêteté intellectuelle aurait voulu - au moins - de présenter les soi-disant 2 piliers de pension pour leur réel apport annuel : 35 milliards (1er) vs. 3 milliards (2e).

La question par ailleurs sous jacente est de savoir si l'économie doit être fondée en salaires, comme elle l'est avec succès depuis la fin de la dernière guerre, et en partage de la valeur ajoutée.

Ou si elle doit être fondée sur des fonds spéculatifs dont on espère la solidarité pour le financement de prestations "sociales" par des mécanismes de charité publique ou privée.
Voyons maintenant plus en détail les propositions des retraités en herbe.


  • La vision du monde

Nous courons à la catastrophe si nous ne faisons rien. Aujourd'hui est un bien, demain, ce bien va disparaître sauf à poser des actes de 'réforme'. La 'réforme' est alors la planche de salut, l'acte rédempteur collectif face à une menace. Face à la peur, le rationnel s'efface au profit de l'affectif et les décisions les plus arbitraires peuvent s'imposer.

- Cette menace est très théorique. S'il faut suivre leur logique, nous devrions mourir de faim en Europe: le nombre d'agriculteurs a été divisé par quinze (un agriculteur pour 33 actifs maintenant, un pour deux à la Libération). Pourtant, nous avons toujours à manger. 
Ce groupe, dans son catastrophisme très mainstream, confond la production de biens et de services, la masse salariale et le nombre d'heures ouvrées. Rappelons que, à la Libération, moment où la sécurité sociale fut instaurée en Belgique, le rapport entre actifs et inactifs n'était guère meilleurs que celui que prévoient les statisticiens pour notre avenir: les enfants ne travaillaient guère et étaient nombreux - que l'on songe aux baby-boomers qui vagissaient alors, de manière 'improductive' au sens libéral; les invalides, les blessés de guerre étaient également nombreux et - last but not least - dans leur immense majorité, les femmes ne travaillaient que hors du cadre de l'emploi. L'un dans l'autre, le taux d'activité de la population était inférieur à celui prévu par les démographes. De même, l'Allemagne serait plein marasme économique si seul l'âge de la population importait.

- La productivité permet de produire autant avec moins de personnel - ce qui met la pression, d'ailleurs, sur l'emploi et les salaires
Ceci explique le luddisme ou d'autres mouvements de libération de la machine: les innovations techniques condamnaient les anciens techniciens à la famine parce qu'elles les rendaient inutiles à la production.

- Dans cette vision du monde, la population est un coût. Les vieux, les jeunes, les improductifs sont un coût. Nous signalons que le vieillissement d'une population fait également baisser la proportion de jeunes 'improductifs' parmi elle.
Évidemment, une telle vision du monde n'est absolument pas neutre - elle est même délirante si l'on réfléchit un peu aux faits économiques. Nous ne sommes pas dans une économie sahélienne en train de gratter la terre pour trouver de méchantes racines, nous sommes dans une économie de production de masse. Notre économie parvient à couvrir les besoins de la population. Elle y parvient tellement largement que les entreprises doivent inonder les consommateurs de publicités pour trouver des clients. Les dizaines de crises de notre système de production ont toutes été des crises de surproduction depuis 200 ans. Il y a chaque fois eu, à un moment donné, une rupture de la demande par rapport à l'offre. Les usines produisaient trop par rapport au pouvoir d'achat des salariés. Elles restaient les bras ballants avec leurs invendus, elles licenciaient, ce qui privait de salaire les ouvriers qui cessaient donc d'acheter ce que produisaient les usines. La crise des subprimes n'est rien d'autre puisqu'il s'agit d'une bulle boursière autour de la solvabilité d'une partie des salariés US, laquelle a explosé le jour où il a été clair que ... leurs salaires ne leur permettraient pas d'honorer leurs dettes. La crise actuelle est une crise de surproduction. Nous sommes confrontés à un chômage de masse, pas à une rupture de la main-d’œuvre. De ce fait, si le vieillissement de la population est accompagné d'une solvabilisation du troisième âge par les salaires sociaux, il est une chance de soutenir durablement la demande et de conjurer les effets cycliques conjoncturels: une entreprise produit parce qu'elle a un carnet de commande plein, pas parce qu'elle a de l'argent.
- Les prédictions démographiques sont sujettes à caution. Il faudrait, en tous cas, que l'espérance de vie ne diminue pas, que les apports énergétiques et le système industriel demeurent, eux aussi, inchangés, ce qui est pour ainsi dire inimaginable.
Par ailleurs, ces prévisions sont des extrapolations de tendances. En 2050, les baby-boomers seront morts (ce qui diminuera mécaniquement le nombre de papy) et les naissances auront pu reprendre du poil de la bête si les perspectives d'avenir s'améliorent. La question, c'est comment donner le goût à la vie aux gens, comment leur permettre d'avoir envie de fonder des familles, de croire en l'avenir. Comment faire pour cultiver, pour développer la créativité humaine? Il ne s'agit pas de renoncer à l'avance à toute perspective et se dire que, dans trente-cinq ans, tout sera aussi bouché que aujourd'hui, il s'agit d'ouvrir les perspectives, pour les 'jeunes' (comme moi!) et pour les vieux.
- Pour les 'jeunes', seule la création de valeur ajoutée par l'emploi, dans la convention capitaliste de l'emploi, peut être efficace et créer de la richesse économique. Or, dans notre PIB, dans l'ensemble de la valeur ajoutée produite par les Belges, une bonne partie provient de secteurs de l'économie tout à fait déconnectés de l'emploi. Les cotisations retraites sont venues s'ajouter au PIB au moment de leur création. De la même façon, si on supprime ces cotisations, c'est le PIB qui en sera amputé. Les retraites par répartition créent une partie du PIB, de la valeur ajoutée sans passer par l'emploi. Quand on réduit la valeur ajoutée au seul emploi, ce n'est pas neutre. Cela aboutit, si on pousse la logique jusqu'au bout, à des absurdités genre: sans langage - le langage est acquis hors emploi - comment les soi-disant productifs peuvent produire quoi que ce soit? S'il faut créer davantage de valeur du fait du vieillissement de la population, il est possible de la faire en dehors de l'emploi ou de la propriété lucrative: il suffit d'augmenter les cotisations sociales, ce qui augmentera mécaniquement le PIB d'autant et ce qui permettra à une économie en surproduction de trouver des débouchés.

  • Les propositions
1. Il s'agit de maintenir l'existant (double pilier, mortel à terme pour le premier, celui de la répartition). 
Évidemment, de notre point de vue, toute capitalisation des retraites est intrinsèquement spéculative. Voilà donc des 'jeunes' qui pensent comme les vieux et qui recommandent de ne rien changer. De bon petits, ça, ils iront loin.

2. Rendre transparent: donner à chacun le montant auquel il a droit
C'est une façon subtile de renforcer le principe du 'j'ai cotisé donc j'ai droit' de la retraite assurantielle, de l'inscrire hors du cadre du salaire continué. Ce principe lie la retraite au 'mérite' c'est-à-dire exclusivement à la carrière dans l'emploi. Mais le travail n'est pas l'emploi et le mérite ne se borne pas à vendre sa force de travail. D'autre part, la retraite permet de libérer le travail de l'emploi, justement, sauf si on lie les droits de la retraite à l'emploi. Il faut abaisser l'âge de la retraite et universaliser les droits à la retraite pour favoriser une activité hors emploi le plus tôt possible.

3. Le boys band préconise une harmonisation des retraites
Là, pour le coup, nous sommes d'accord, mais pas comme eux: ils veulent que les fonctionnaires touchent moins de retraite pour qu'ils rejoignent les taux du privé. Nous suggérons évidemment l'exact inverse - mais il est vrai que, pour nous, l'humain en général, le salaire en général et le retraité en particulier ne sont pas des coûts mais des facteurs économiques positifs de première importance (qui produisent de la valeur hors emploi).
Tant qu'à faire, nous suggérons que les indépendants jouissent du même taux de cotisation et des mêmes prestations que les autres salariés - et que ces prestations soient liées à la qualification et non à la carrière consentie par des employeurs. Nous suggérons en tous cas d'augmenter le taux de cotisation en fonction des besoins. Idéalement, il faudrait d'étendre la cotisation à l'entièreté des salaires, ce qui supprimerait les relations d'emploi et permettrait des relations de travail infiniment plus saines et ... plus productives.
 Les mesures 4 (revoir les périodes assimilées) et 5 (la carrière plutôt que l'âge) légitiment et renforcent le concept du 'j'ai cotisé donc j'ai droit' de la retraite assurantielle.
Cette façon de voir limite la légitimité de la valeur économique, de la violence sociale qu'elle condense au seul emploi. Poussons notre logique jusqu'au bout: nous préconisons un salaire continué, lié à la qualification et non à la carrière et, ce, dès la majorité, pour libérer l'activité de l'asservissement à un employeur. Le salarié reçoit de toute façon son salaire et c'est son patron qui doit se battre pour le garder, patron qui paie, lui aussi, de toutes façons, les cotisations sociales.

Dans la même optique, la mesure 6 (responsabiliser les entités fédérées) vise à diviser la sécurité sociale des fonctionnaires 'pour les responsabiliser'.
Dans un contexte où la dette publique créée par le sauvetage des banques et les taux d'intérêt usuraires des années 70-80 expliquent seuls l'austérité obligatoire que nous subissons en Belgique depuis quarante ans, une telle 'responsabilisation' ne manque pas de piquant, surtout pour les entités sous-financées ou pour les entités pauvres.

La mesure 7 (tenir compte de l'espérance de vie) s'inscrit pleinement dans une vision pension=coût. Nous considérons que les salaires socialisés, que les retraites sont un investissement, qu'ils augmentent la productivité, la partie réalisée du capital.
Un retraité va dépenser toute sa retraite alors qu'un gros actionnaire ne va pas dépenser tous ses dividendes. À PIB égal, à valeur ajoutée égale, si la proportion du prix qui part en dividendes baisse au profit de la proportion du prix attribuée aux retraites, la partie du prix qui sera réinjectée dans l'économie productive augmentera, cela soutiendra la demande.

La mesure 8 (ouvrir aux fonctionnaires l'accès au deuxième pilier, les retraites par capitalisation) considère que, quand les retraites sont financées par capitalisation, elles cessent, de manière magique, d'être un coût.
Inutile de dire que, pour un travailleur, le fait de cotiser 300€ par mois pour des retraites ne 'coûte' pas moins cher que d'avoir un salaire ponctionné de 300€ par mois par un fonds de pension (fût-il public). Au passage, par contre, le décalage dans le temps entre la cotisation et la prestation permet toutes les spéculations (et toutes les ruines, tous les crash boursiers version 'cette fois-ci, on ne nous y reprendra plus'), le fonds de pension va ponctionner les prestations de frais divers (mettons 15%, il ne reste que 255€ au salarié, finalement, pour sa pension).  
Implicitement, cette façon de voir prétend que l'argent pris par le propriétaire lucratif, par l'actionnaire ne coûte rien, que c'est un droit naturel, en quelque sorte. En Belgique, le coût moyen de ce 'droit' s'élève à 95% du salaire pour un travailleur moyen (ici) - soit quatre fois plus que le montant des retraites. Nous avons également vu que les retraites en répartition ne coûtaient rien à personne: comme tout le monde paie des cotisations, si on augmente les cotisations, le PIB et la valeur ajoutée augmentent ... et c'est tout.
S'il y a davantage de retraités, il suffit d'augmenter le taux de cotisation. Si la proportion d'inactifs double par rapport au taux d'actif (thèse que nous avons contestée tant les tendances actuelles risquent de ne pas durer): la réalisation des retraites doublera, passant de 27 à 54 milliards (13% du PIB) - très loin des 120 milliards (30% du PIB) que coûtent le capital.
La mesure 9 (verser le second pilier en mensualités) entend solidariser le Belge des fantaisies spéculatives (ou de la corruption) de ses élus.
Cela s'appelle socialiser le risque, une vieille technique des propriétaires lucratifs, des actionnaires pour lesquels, décidément, ce rapport ne prend aucun risque.

La mesure 10 (limiter les déductions fiscales liées à l'épargne-pension) a toute notre faveur. Même si, une fois de plus, cette mesure laisse les retraités à la merci des institutions: si les pouvoirs publics augmentent leur taux d'imposition alors que les retraites par capitalisation sont mensualisées et qu'elles sont ouvertes aux aléas du marché, les retraités peuvent tout perdre.
Nous suggérons au contraire une taxe à 100% sur toute pension capitalisée, sur toute propriété lucrative - simplement pour libérer le travail du joug de l'emploi servile, soumis à la nécessité de créer de la valeur ajoutée pour l'actionnaire. Cette mesure taxatoire serait soumise à l'attribution d'une retraite suffisante pour tous.

Derrière le sujet prétendument 'jeune' et 'neutre' se dessine une vision du monde ultra-libérale qui entend faire perdurer un système d'exploitation, celui de l'emploi, celui du travail soumis aux intérêts vénaux des actionnaires.

Ce groupe de 'jeune' entend utiliser la peur, l'irrationnel pour nous pousser à prendre des décisions contraires aux intérêts des producteurs. Il ne s'agit pas de quémander des miettes du capital une fois vieux, il s'agit de se libérer du rapport du capital à la valeur et, partant, de l'esclavage du travail dans lequel on ne décide pas ce qu'on produit, pour quoi on le produit ou comment on le produit. L'enjeu des retraites, c'est de s'affranchir de la définition de la valeur capitaliste, pas de la légitimer en en étant dépendant.

Quant à ce rapport de 'jeunes neutres' nous ne voyons qu'un rapport de plus, sur commande, des élites réformatrices dans leur guerre au salaire. Dont acte.