Zéro heure ou esclavage en joint venture

Cette vidéo ici de France Télévision nous amène sur les traces du contrat zéro heure qui sévit en Grande-Bretagne.

Ce contrat n'implique aucun engagement de l'employeur (en terme de durée de travail, d'horaire de travail et, du coup, de salaire) et demande à l'employé d'être disponible 24heures sur 24. L'employé, lui, est tenu de ne pas chercher de l'emploi ailleurs. C'est alors la culture de la peur et de la précarité, la culture de la pauvreté et de l'angoisse qui s'imposent, minant les bases sociales du travail par un employisme extrémiste.

Comme les producteurs sont en concurrence, ces pratiques esclavagistes s'imposent à moins de menacer les marges des propriétaires lucratifs.


Il y a plusieurs modes de rémunération du travail:

- la qualification du travailleur est pratiquée dans la fonction publique. Elle permet de détacher le travail (aussi bien dans sa dimension concrète que dans sa dimension abstraite, économique) de la rémunération et permet, ce faisant, d'avoir un travail déconnecté de toute considération lucrative

- la qualification du poste est le mode de rémunération le plus pratiqué dans le privé. C'est alors l'employeur qui prend l'avantage puisqu'il peut désigner les travailleurs qui auront accès à la qualification du poste, ce qui le met dans un rapport de force, ce qui lui permet d'imposer la logique lucrative aux employés.

- la qualification du poste a pourtant été une avancée par rapport à la rémunération à la force de travail. Dans la rémunération à la force de travail, il n'y a plus de convention collective, de barème, il n'y a plus que l'angoisse du journalier qui essaie de remplir sa gamelle en fonction du travail qui est disponible ou non. Le journalier va alors exécuter n'importe quel ordre, accepter n'importe quelle condition de travail sous la pression de la nécessité. L'employeur est alors tout-puissant. Ce chantage, cette position de pouvoir absolue de l'employeur permet d'externaliser les risques de la production sur l'employé (c'est éminemment pro-cyclique, cela renforce les tendances des cycles économiques), et transforme sa vie en lutte permanente, en concurrence permanente sans que vienne s'immiscer quelque droit que ce soit pour tempérer l'exploitation.

Le contrat zéro heure est un retour à la rémunération de la force de travail, la forme la plus sauvage, la plus violente de rémunération du travail.

Les Jobcenters font du tort aux chômeurs

 Un article de l'excellent Gegen Hartz IV (ici, en allemand) nous résume la thèse de Dirk Kratz. Cette thèse prouve que les Jobcenters, l'équivalent des pôles emploi ou du Forem, nuisent aux chômeurs, accentuent leurs problèmes. 

La comparaison entre le pouvoir de nuisance des institutions de harcèlement pour chômeurs en Allemagne et en France ou en Belgique s'impose. Le Forem et Pôle emploi, loin de réinsérer qui que ce soit, dévaluent la valeur ajoutée au niveau global, la qualification des chercheurs d'emploi et contribuent, eux aussi, à enfoncer les chômeurs dans la nuit du manque de confiance en soi et de la misère.

Le harcèlement institutionnel des chômeurs est non seulement mortifère, inhumain et discutable du point de vue du droit social mais il est en plus totalement contre-productif du point de vue de l'économie et du marché. Dont acte.

Résumé et traduction

 Dirk Kratz, de l'Université de Hildesheim, a étudié dans sa thèse de doctorat "L'Aide aliénée " les aides qui servent aux chômeurs ... et les autres. Sa conclusion : globalement, l'aide des Jobcenters empire la situation des intéressés. Par le paternalisme et des mesures éducatives telles que des sanctions, on veut forcer les chômeurs à un comportement conforme au marché du travail, explique-t-il dans une interview à "Zeit Online". En fin de compte, ce type d'assistance-chômage, conduit surtout à une perte de l'estime de soi de la personne concernée et, en définitive, réduit ses chances de trouver un nouvel emploi.
Le travailleur social a enquêté sur les aides qui peuvent réintégrer les chômeurs de longue durée sur le marché de l'emploi. Il a analysé la pratique de la médiation en cours dans les agences pour l'emploi et les Jobcenters. Il est arrivé à la conclusion que la procédure habituelle pour le placement et le recrutement s'écarte des besoins des chômeurs . "La façon dont l'aide est actuellement appliquée dans les Jobcenters cause de grands préjudices. Les Jobcenters cassent plus qu'ils n'aident. Ceci est un conclusion centrale de mon travail". L'un des principaux problèmes, c'est la dévaluation de l'expérience professionnelle du candidat par le Jobcenter. Elle est considérée comme un handicap qui doit être résolu alors qu'il serait beaucoup plus utile de la considérer comme une base pour développer quelque chose de nouveau, explique le chercheur.
Les centres d'emploi et les agences d'emploi devraient supposer que l'absence de certaines compétences est une cause du chômage. Mais ils mettent  souvent en œuvre des mesures inappropriées. Kratz signale à partir de sa récollection de documents, les dysfonctionnements liés aux a priori. Les évaluations de qualification des Jobcenter ne fonctionnent bien souvent pas et les chômeurs ne trouvent donc pas toujours un emploi, ces évaluations isolent finalement du marché de l'emploi. "La valorisation de l'expérience professionnelle et l'estime de soi en souffrent. Il devient encore plus difficile de trouver un travail", dit Kratz.
Pour être efficace, il faut laisser davantage l'initiative aux chômeurs, selon le chercheur. Ils doivent pouvoir déterminer leur qualification et, surtout, évaluer les emplois qui leur conviennent. Les chômeurs aspirent à un travail valorisant. Le fait que les chômeurs n'aient rien à dire par rapport à leur qualification et à leur recherche d'emploi les désoriente et les déqualifient.
Cette déqualification au niveau macro-économique réduit la valeur ajoutée créée par les salaires, c'est-à-dire, finalement, la valeur ajoutée totale. La déqualification déprime la demande, induit une crise de surproduction et déprime la qualité de la production économique elle-même.
Kratz réclame une plus grande liberté pour les chômeurs et leur parole. Pour lui, cela n'a pas de sens de s'orienter uniquement en fonction du marché de l'emploi. Il faudrait plutôt discuter du travail avec les chômeurs. Cela conduirait finalement à une société de travail plus stable.

Le salariat comme classe révolutionnaire

j'allais dire à consommer sans modération mais il n'y est nullement question de consommation ...
 
 

Pouvoirs spéciaux contre le salaire

Le parlement a voté les pouvoirs spéciaux au gouvernement pour qu'il puisse exclure les chômeurs du salaire sans avoir à se salir les mains.

Merci aux (rares) résistants.

Je commenterai cette information en cédant la plume à un ami:

"Où sont passées les prestations sociales ?

Et si le social, c'était beaucoup plus que la seule activité dans l'emploi ?

Et si au lieu d'être prêts-à-s'taire, les soignants, les pensionnés, les malades, les invalides, les familles, les artistes, les chômeurs redécouvraient que ce qu'ils reçoivent à la fin de chaque mois n'est pas une "allocation" mais une "prestation" sociale ?

Si, au lieu de se morfondre, de raser les murs ou de se laisser enfermer dans des commissions ou dans des groupes spécifiques, ils redécouvraient qu'ils font et qu'ils sont la société, cet ensemble de gens de qui on ose dire - dans des médias qui se battent contre le national-poulisme mais n'hésitent pas à pratiquer un social-populisme de tous les instants - qu'ils coûtent trop chers aux entreprises, à l'Etat-employeur ou à leurs actionnaires et aux marchés financiers ?

Si au lieu d'être prêts-à-s'taire, ils se redécouvraient prestataires sociaux, libres de tout emploi grâcce aux cotisations sociales de ce merveilleux instrument anti-spéculatif que le modèle social belge a développé en plein milieu de son PIB : l'Office national de sécurité sociale ...

Un marxisme du XXIe siècle est possible... Un socialisme authentique sans doute aussi ...Et que dire d'un partage chrétien qui aille au-delà de la charité faite à des pauvres par des riches ?

Bonne journée ..."


http://actuchomage.info/27-mars-vote-des-pouvoirs-speciaux-contre-les-chomeurs-3/

Un cadre de Wal-Mart passe aux aveux

Dans un article de Alternet (ici, en anglais), un manager anonyme de l'enseigne dévoile ses pratiques employistes dans une interview vérité. Cette entrevue souligne la communauté sociale entre les employés de l'encadrement et les opérateurs non qualifiés: une même emprise du temps, une même déprime salariale, une même prolétarisation du travail, une même obsession du profit des actionnaires.

Résumé et traduction

 Le président Obama a proposé de supprimer les dérogations à la limitation des heures supplémentaires pour les managers salariés à plus de 18.000€ par mois.

Ce manager dit que cette loi serait une bonne chose (ne fût-ce que parce qu'elle obligerait l'employeur à compter les heures supplémentaires).

Il affirme travailler régulièrement 48 heures par semaine et, en période de coup de feu, jusqu'à 60 heures. Cela obère sa vie de famille. Son salaire annuel s'élève à 34.000€. Il passerait plus de temps en famille s'il avait moins de temps d'emploi.

Les heures supplémentaires des managers ne sont pas indemnisées. C'est pourquoi, ils sont utilisés à la place des employés pour faire la caisse, les assortiments, les rayonnages. Les managers ne prennent pas de vraie pause, ils ne prennent pas le temps de déjeuner, etc.

Pour le manager, une régulation du secteur ne diminuerait pas les embauches: Wal-Mart embauche déjà aussi peu que possible: cette politique ne favorise pas les prestations de service à la clientèle (un manager à la caisse ne peut veiller à l'approvisionnement des rayons).

Le travail administratif de gestion du cadre est réduit à néant: les cadres pallient les manques de personnel. Cette politique n'est pas appliquée par toutes les enseignes. Certaines ont une masse salariale élevée mais leurs prestations à la clientèle sont meilleures: ces compagnies conservent une marge élevée. 
 
Il n'y a pas de raison que les heures supplémentaires ne soient pas payées, que Wal-Mart ne rende pas ces heures prestées aux employés [aux associés, dit-on dans le texte original en sabir managérial].

Pour le cadre, il est important que les employés de l'enseigne sachent que l'encadrement n'est pas composé de monstres, bien des managers sont malheureux, brouillés avec la direction - c'est très différent de travailler en magasin ou derrière un bureau en Arkansas, [à la direction du groupe].

Quand le public sous-traite au privé

Traduction et résumé d'un article de The Nation (ici)


Les élus locaux et nationaux à travers le monde répondent aux diminutions budgétaires par le recours à des contractants privés pour remplir les missions de services publics - la fameuse "solution par les marchés" pour une crise fiscale.
Mais, dans les comptes, les économies supposées de ces mesures de sous-traitance se révèlent souvent moins importantes qu'annoncé. Une enquête du Centre du Colorado pour l'Étude des Politiques (ici, en anglais) de l'Université du Colorado souligne le prix réel de la sous-traitance au privé de prérogatives gouvernementales telles que la santé et les soins: une infrastructure sociale affaiblie, des inégalités économiques accrues et mitage des institutions civiques.

Avoir recours à un contractant privé pour un service - comme le péage d'un pont ou un site internet pour la sécurité sociale, peut avoir du sens sur papier pour un gouvernement national ou régional. La récession a assurément mis la pression fiscale sur les politiques locaux. Mais l'analyse de l'étude montre que, souvent, quand les officiels s'adressent aux compagnies privées bon marché pour servir le public, les coûts cachés émergent finalement sous la forme de déclin économique, de mauvaise gestion et de faible qualité de services. Les bénéficiaires de ces "partenariat public-privé" (PPP) sont les contractants alors que la société porte le poids du manque de supervision et de contrôle public sur l'argent des contribuables.

Une analyse de la contractualisation de la santé publique (ici, en anglais) dans plusieurs centaines de pays a démontré que "Bien que l'accès aux soins primaires ait augmenté, la qualité et la quantité de soin de bien-être aux bébés et de soins à domicile pour les personnes âgées ont diminué. Le coût de fourniture des soins a diminué, mais au 'prix' d'un accès et une qualité réduits dans certains endroits clé."

La propriété lucrative menace la poursuite de l'activité

Selon Basta (ici), la plus vieille usine de France pourrait bien ne pas être reprise par ses ouvriers ... du fait du blocage des actionnaires.

Elle illustre l'opposition entre la propriété d'usage - la propriété que réclament les ouvriers, les usagers du lieu - et la propriété lucrative - la propriété qui rapporte, celle des actionnaires qui refusent de vendre l'usine.

Extrait

La Papeterie de Docelles, en Lorraine, créée il y a cinq siècles, va fermer. Ainsi en a décidé son propriétaire, un groupe international. Des salariés montent un projet de reprise en coopérative, soutenu par le gouvernement, les collectivités locales et plusieurs banques. Une seule chose manque : la propriété du site. Mais le groupe refuse de le céder, même pour plusieurs millions d’euros. Une entreprise peut-elle dicter ses conditions et envoyer dans la misère 161 salariés, au nom du droit de propriété ? Les pouvoirs publics peuvent-ils réquisitionner l’usine pour que les emplois et savoir-faire locaux restent ? Le droit de propriété peut-il prévaloir sur le droit au travail ?
Mi-décembre 2013, la direction des Papeteries de Docelles, dans le département des Vosges, annonce la fermeture de l’usine, spécialisée dans la production de papiers spéciaux et créée en 1478. Un plan social, avec suppression de 161 emplois, est présenté. Il sera accepté par les autorités à la mi-janvier. Les choses vont alors très vite et l’usine cesse ses activités le 22 janvier 2014. Le propriétaire de l’usine est le groupe anglo-finlandais UPM, spécialisé dans les produit forestiers, qui emploie 25 000 personnes dans le monde.
Cette histoire illustre en tout cas comme la propriété lucrative, le fait que des actionnaires s'enrichissent avec leurs titres de propriété empêche les travailleurs d'exercer leur activité, de développer leurs qualifications ... même quand ils sont soutenus par les pouvoirs publics.

Quelle est cette religion qui nous empêche de faire ce que nous avons à faire, quelle est cette croyance qui nous soumet à des titres de propriété lucrative, qui empêche ... la propriété d'usage des ouvriers, des usagers de l'outil de production? Que nous ont-ils fait, quel est l'enchantement, le sort dont nous sommes victimes qui nous pousse à accorder ce pouvoir exorbitant sur l'économique et sur nos vie, au nom de la propriété?

Les effets de la gestion du chômage

En lien ici, un article de Recherches Sociologiques et Anthropologiques explique en quoi la gestion du chômage en Belgique n'est absolument pas neutre. Elle fait intérioriser les normes sociales à grande échelle, renforce la concurrence entre actifs et entre territoires.

Extrait de la présentation

Cet article interroge la mise en œuvre et le suivi des politiques européennes d’employabilité en Belgique à la lumière de la sociologie de Norbert Elias (...).
Le traitement clinique des chômeurs, qui repose principalement sur la construction professionnelle de troubles de l’employabilité, contribue à l’intériorisation de normes à grande échelle, à la socialisation de la population active au marché du travail et renforce la concurrence entre les actifs occupés et les actifs inoccupés (principale condition de stabilité de la monnaie unique).
Parallèlement, le traitement statistique du chômage, qui consiste en un jeu rationnel entre États (et Régions) de maximisation des indicateurs de résultats, renforce la compétition territoriale pour attirer les investisseurs et encadre, légitime, dynamise ce mouvement incertain d’harmonisation ou d’intégration des systèmes de protection sociale en Europe.

Et, en conclusion, extrait:

Les politiques d’employabilité visent (...) à préparer les individus à la compétition à l’entrée du marché du travail. L’accompagnement offert aux demandeurs d’emploi portera tant sur la transmission de savoirs utiles et valorisables dans l’entreprise que sur l’adoption d’attitudes, de comportements attendus. Dans le même temps, les performances des États sont toujours davantage étalonnées dans divers rankings internationaux, émanant de groupes privés ou institutionnalisés dans le cadre d’organisations internationales.

On peut donc voir dans la concurrence le principe moteur des politiques de l’employabilité et de leur traitement statistique, et, plus généralement des politiques de l’emploi telles qu’elles sont pensées au niveau européen. Comme le résume Théret, « gouverner l’Europe, c’est s’activer à la rendre compétitive vis-à-vis du reste du monde, ce qui impliquerait que chacun – entreprise, État, individu – soit lui-même compétitif à l’intérieur de l’Union » (Théret, 2005). En effet, « la compétition marchande traditionnelle se double d’une compétition territoriale pour attirer les investisseurs » (Alaluf, 2005).
Un des enjeux de cette compétition territoriale est d’offrir une main d’œuvre qualifiée, disponible en quantité suffisante, flexible et au coût limité. Au regard de cet enjeu, on comprend l’intérêt des politiques de l’employabilité et de leur valorisation statistique. Les politiques de l’employabilité comportent, de ce point de vue, l’avantage attendu de limiter les coûts de recrutement et les coûts salariaux des entreprises : elles visent à conformer les individus (en termes de compétences et de comportements) aux attentes des entreprises ; elles maximisent les possibilités de choix d’embauche parmi les candidats “adéquats” ; enfin, elles contribuent indirectement à limiter les prétentions salariales des travailleurs.
En effet, à volume d’emploi constant, l’amélioration de l’employabilité des demandeurs d’emploi renforce la pression concurrentielle que ces derniers exercent sur les travailleurs en place. C’est du moins ce qu’enseigne la théorie économique des insiders-outsiders : s’ils sont formés et compétents, les chômeurs deviennent des concurrents réels pour les travailleurs et poussent ces derniers à limiter leurs exigences en termes de salaires. La politique de l’employabilité s’inscrit en pleine cohérence avec les orientations de la politique économique européenne qui repose sur l’objectif de stabilité des prix. Selon Raveaud, cette théorie constitue « le paradigme de référence de l’analyse communautaire de l’emploi et du chômage » (Raveaud, 2004).
Le traitement clinique du chômage ne consiste donc pas à envoyer massivement les chômeurs inemployables à l’asile. Contrairement à la logique occupationnelle du traitement social du chômage, le traitement clinique poursuit une logique d’inclusion sociale extrêmement poussée, qui tend à “socialiser” au marché du travail l’ensemble de la population active inoccupée, jusque dans ses moindres recoins, afin d’assurer une concurrence effective et maximale entre les actifs occupés et inoccupés. En travaillant sur lui-même, en développant son employabilité individuelle, le chômeur “actif” bénéficierait d’un statut légitime (provisoire) parce qu’il contribue à l’équilibre monétaire [voir notre article sur le NAIRU]par la pression qu’il exerce indirectement sur les salariés, et donc sur les salaires.
(...) En ce sens, pour les entreprises, la disponibilité d’une main d’œuvre formée (de préférence en adéquation avec leurs attentes, dans la mesure où ces dernières sont formulées), disposée à travailler à un coût modéré, constitue un atout économique. Il en va de même pour l’État : la maximisation des indicateurs statistiques relatifs à l’activation des demandeurs d’emploi constitue une information sur le marché du travail opposable aux entreprises et aux éventuels investisseurs étrangers. A l’inverse, pour les individus, la mise en concurrence généralisée organisée par les politiques d’employabilité (de concert avec des politiques d’érosion de la protection du travail salarié) constitue un élément de fragilité et un risque social. Comme si la société de plein emploi, objectif idéalisé des politiques d’employabilité, devait se réaliser au prix d’un développement de la précarité des emplois et d’une « déstabilisation des stables » (Castel, 1995).

Réflexion sur le travail et l'emploi

http://www.regardssurletravail.be/delvaux130314.html

L'économie est-elle au service du travail ou le travail au service de l'économie? Le Réseau Financement Alternatif vous propose d'entamer une réflexion sur la question du travail et de la rémunération : un autre rapport au salaire est-il envisageable ?

J'ai comme l'impression qu'on pourrait trouver à ce genre de questions d'autres réponses à Liège ces prochains jours ...

Petite question : le travail domestique, le travail bénévole, ce n'est pas de l'emploi - par définition, sauf dans des formules comme les titres-services - mais est-ce que pour autant, le travail domestique, le travail bénévole, ce n'est pas du travail ou de l'activité économique ?

Doit-on réduire tout travail, toute activité économique à sa convention capitaliste, tout soumettre à la marchandise dans l'emploi notamment en subventionnant des emplois non-marchands - via la fiscalité et la redistribution ? Ou peut-on continuer de défendre une société faite de salaires et de leur partage en cotisations/prestations sociales ?

Vive le débat !!

Fiche de paie - France

Une vidéo de la Scop Le Pavé, avec Frank Lepage, décode la fiche de paie en France.

Vidéo en ligne ici.

Ils nous rappellent que les salaires sociaux sont des salaires, que l'attribution d'une partie des cotisations aux patrons (cotisations patronales) est un attrape-nigaud.

À la libération, les communistes étaient armés, à 24% et la caisse de sécurité sociale était unique. Le rapport de force social a imposé cette organisation du salaire.

La caisse de la sécurité sociale a été scindée en branches.

Selon leurs chiffres:

- salaire brut 2058 €
- salaire net 1603 €
- cotisations salarié 455 €
- cotisations dites patronales 873 €

de notre point de vue, en reprenant leurs chiffres:
- le total de la valeur réalisée par le travailleur 1603 € (avec une partie d'impôt)
- le total de la valeur réalisée par les allocataires, les vacanciers, les parents, etc. 1378 €
maladie 280 €
vieillesse 341€, retraite complémentaire 195 €
allocation familiales 111 €
accident du travail 29 €
chômage 83 €

- impôt (estimation): 128 € en impôt sur le revenu et 222 € de TVA, réalisés par les fonctionnaires.

Au passage, en comparant les chiffres belges et français, nous constatons que le chômage à vie belge demanderait - à brut (presque) égal - 12 € par mois de cotisations, soit l'équivalent du tiers des réductions Fillon à récupérer en cotisations. Précisons que la réduction Fillon peut atteindre 240 € pour les smicards, 240 € de prime aux salaires misérables pour l'employeur et 240 € de manque à gagner pour les salaires socialisés qui ne sera pas réalisé par des allocataires.

Ce travail qui fait mal - vidéo de Danièle Linhart

Une vidéo de Danièle Linhart à une conférence organisée par le syndicat Sud.

Elle y développe les tensions entre désir de l'employé et désir de l'employeur et la souffrance générée par la dépossession du travail concret, la prolétarisation.


Les conditions du travail concret sont de plus en plus maîtrisées par l'employeur. La liberté, la faculté d'inventivité ou d'investissement personnel en sont amoindries. Cette productivité, cette maîtrise de l'acte productif affecte les processus de production les plus élaborés (via des protocoles), jusqu'aux cadres qui transmettent l'ordre patronal aux subordonnés.

Le programme du CNR - Les jours heureux


70 ans du programme du Conseil National de la Résistance, dans les décombres de la guerre et du fascisme des résistants ont parlé salaire, démocratie et bonheur. Bon anniversaire à nous tous.

Extrait

Sur le plan économique :

- l’instauration d’une véritable démocratie économique et sociale, impliquant l’éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l’économie ;

- une organisation rationnelle de l’économie assurant la subordination des intérêts particuliers à l’intérêt général et affranchie de la dictature professionnelle instaurée à l’image des Etats fascistes ;

- l’intensification de la production nationale selon les lignes d’un plan arrêté par l’Etat après consultation des représentants de tous les éléments de cette production ;

- le retour à la Nation des grands moyens de production monopolisés, fruit du travail commun, des sources d’énergie, des richesses du sous-sol, des compagnies d’assurance et des grandes banques ;

- le développement et le soutien des coopératives de production, d’achats et de ventes, agricoles et artisanales ;

- le droit d’accès, dans le cadre de l’entreprise, aux fonctions de direction et d’administration, pour les ouvriers possédant les qualifications nécessaires, et la participation des travailleurs à la direction de l’économie.

Sur le plan social :
le droit au travail et le droit au repos, notamment par le rétablissement et l’amélioration du régime contractuel du travail ; 
un rajustement important des salaires et la garantie d’un niveau de salaire et de traitement qui assure à chaque travailleur et à sa famille la sécurité, la dignité et la possibilité d’une vie pleinement humaine ; 
la garantie du pouvoir d’achat national pour une politique tendant à une stabilité de la monnaie ; 
la reconstitution, dans ses libertés traditionnelles, d’un syndicalisme indépendant, doté de larges pouvoirs dans l’organisation de la vie économique et sociale ; 
un plan complet de sécurité sociale, visant à assurer à tous les citoyens des moyens d’existence, dans tous les cas où ils sont incapables de se le procurer par le travail, avec gestion appartenant aux représentants des intéressés et de l’État ; 
la sécurité de l’emploi, la réglementation des conditions d’embauchage et de licenciement, le rétablissement des délégués d’atelier ; 
l’élévation et la sécurité du niveau de vie des travailleurs de la terre par une politique de prix agricoles rémunérateurs, améliorant et généralisant l’expérience de l’Office du blé, par une législation sociale accordant aux salariés agricoles les mêmes droits qu’aux salariés de l’industrie, par un système d’assurance conte les calamités agricoles, par l’établissement d’un juste statut du fermage et du métayage, par des facilités d’accession à la propriété pour les jeunes familles paysannes et par la réalisation d’un plan d’équipement rural ; 
une retraite permettant aux vieux travailleurs de finir dignement leurs jours ;


http://fr.wikisource.org/wiki/Programme_du_Conseil_national_de_la_Résistance

La retraite des retraites

Extrait de la dépêche Belga relayée par La Meuse (ici)

Les pensionnés ont perdu près de 30% de pouvoir d’achat en dix ans, ont déploré jeudi 500 pensionnés et prépensionnés de la FGTB wallonne réunis à Sambreville pour leur assemblée annuelle. Ils souhaitent l’amélioration de notre système de pensions par répartition, basé sur la solidarité.

Nous partageons le constat du syndicat belge et son attachement inconditionnel au premier pilier, le seul qui soit fiable puisque, faute de décalage dans le temps entre les cotisations et les prestations, il n'est pas soumis à la spéculation. 
Moins de pension, c'est moins de salaire. Moins de salaire, c'est une demande anémiée au moment où les intérêts notionnels coûtent 6 milliards par ans, où les cadeaux fiscaux aux plus grosses entreprises coûtent des milliards (voir ici).

Moins de salaire, c'est aussi une misère qui pousse à bosser pour un patron, pour une petite enveloppe, en loucedé ou dans des sous-contrats; moins de salaire, c'est une consommation de produits frelatés, c'est une consommation de produits fabriqués par des esclaves à l'autre bout du monde ... ou ici.

Comme si les personnes âgées n'avaient pas d'importance, comme si les personnes n'avaient pas d'importance. Mais les profits se portent bien, les dividendes explosent dans le PIB, merci et à vot' bon cœur m'sieur-dame.

Petite précision au syndicat: les salaires sociaux que sont les pensions n'ont rien à voir avec de la solidarité. Ils sont la reconnaissance d'une valeur ajoutée produite hors emploi par des gens qui n'ont pas de patron. Une reconnaissance et un modèle économique alternatif - rien à voir avec un bon cœur, fût-il estampillé de gauche. La valeur ajoutée créée par les pensionnés disparaîtrait s'ils disparaissaient, ce sont les pensionnés qui créent cette valeur ajoutée dans un mode de production étranger à l'emploi. Et ils ont toute notre gratitude pour leur formidable apport social.

http://www.lameuse.be/958727/article/actualite/economie/2014-03-13/les-pensionnes-ont-perdu-pres-de-30-de-pouvoir-d-achat-en-10-ans-selon-la-fgtb

Lutte des intermittents

Les intermittents luttent en France pour conserver leur statut. La frange la plus réactionnaire du patronat, le Medef, entend remettre en question un régime d'assurance-chômage particulier.

Le Monde nous raconte leurs actions à travers la France ici. Extrait.

Une centaine d'intermittents du spectacle, rejoints par des intérimaires – dont le régime est également discuté dans le cadre des négociations concernant l'assurance-chômage – occupaient jeudi 13 mars dans l'après-midi la Cour des comptes, à Paris, a annoncé la CGT Spectacle dans un communiqué.
A Toulouse, entre trois cents et six cents personnes — suivant les évaluations de la police et des organisateurs — ont défilé « pour la justice sociale » en traînant des centaines de chaises derrière eux dans un grand vacarme. « Ces chaises symbolisent celles des spectateurs, mais aussi la chaise vide des ministères et des partenaires sociaux », a expliqué Coco Guimbaud, une des animatrices du Collectif des intermittents-es et précaires (CIP) de Midi-Pyrénées, soutenu par les syndicats CGT, FSU et SUD-Solidaires.
 Un régime qui n'a rien d'un privilège mais - à l'instar des autres régimes de salaires sociaux - rapporte énormément à la collectivité en termes socio-culturels, bien sûr mais aussi en termes économiques.

Mathieu Grégoire rappelle ce fait, toujours dans le Monde (ici)

Le régime des intermittents représente-t-il malgré tout un « surcoût » par rapport au régime général ? C'est l'idée qui a émergé, après la publication en avril 2013 d'un rapport parlementaire rédigé par le député (PS) Jean-Patrick Gille. Si on supprimait le régime des intermittents, l'économie réalisée ne serait pas de 1 milliard mais seulement de 320 millions, dans la mesure où une partie des intermittents basculerait au régime général et continuerait de percevoir des allocations.
Depuis lors, le débat est focalisé sur cette somme de 320 millions de « surcoût »: certains en font le nécessaire, mais raisonnable, « prix de la culture ». D'autres (comme les auteurs d'un rapport sénatorial aux recommandations radicales paru en décembre 2013) en font un objectif d'économies à atteindre.

Le Medef, de son côté, s'est saisi de cette opportunité pour demander à l'Etat de financer ce surcoût au titre de sa politique culturelle. Mais ce surcoût existe-t-il vraiment ? On peut en douter. Les intermittents ne coûtent pas plus cher que les autres chômeurs : ces 3,5 % des effectifs indemnisés représentent 3,4 % des dépenses. La mesure du surcoût de 320 millions n'est que l'incarnation comptable de l'idée préconçue selon laquelle les intermittents seraient des privilégiés. Il ne s'agit ni plus ni moins que de quantifier ce « privilège » en se demandant à combien le « coût » des 100 000 intermittents s'élèverait si on les mettait au régime général.
Ce faisant, on confond adaptation du dispositif à l'intermittence de l'emploi et privilège. Pour s'en convaincre, il suffit de faire le raisonnement symétrique : que coûteraient 100 000 chômeurs du régime général si on les basculait dans le régime « privilégié » des annexes VIII et X ? 320 millions de plus ? Certainement pas !
Les plus précaires d'entre eux ne seraient plus du tout indemnisés dans la mesure où les règles d'éligibilité sont beaucoup plus strictes chez les intermittents (507 heures en dix ou dix mois et demi selon qu'ils sont techniciens ou artistes) que dans le régime général (610 heures en vingt-huit mois, soit quelques heures en plus à effectuer dans une période de référence plus de deux fois plus longue)
A l'autre bout de l'échelle, les chômeurs issus d'un CDI (ou d'un CDD long) seraient exclus au bout de huit mois, alors qu'ils peuvent bénéficier, dans le régime général, d'indemnités pendant une durée allant jusqu'à deux ans. Et on sait qu'à huit mois plus de la moitié des chômeurs n'ont pas encore retrouvé d'emploi.
Au final, ces chômeurs seraient donc bien moins lotis dans le régime des intermittents que dans le régime général. Pour une simple raison : le régime général est plus adapté à l'emploi stable, le régime des intermittents à l'emploi intermittent. Mais l'un n'est pas plus coûteux ou privilégié que l'autre. Et les 320 millions ne correspondent à rien d'autre qu'à la menace qu'on fait peser sur les intermittents lorsqu'on suggère de supprimer un régime adapté à leur forme d'emploi.

Peugeot en Chine

Martine Bulard publie un article en libre accès sur le blogue du Monde Diplomatique (ici).

On apprend des choses intéressantes sur les conditions d'emploi dans l'automobile en Chine. Extraits.

M. Dominique Charyk, expert français en système de production, ne s’est pas senti « dépaysé » quand il est arrivé il y a quatre ans. Les cadences sont un peu plus lentes — 41 véhicules par jour contre 46 en moyenne en France. Mais les salariés travaillent dix heures par jour (en fait onze heures quand on prend en compte les pauses), six jour sur sept. Et sans syndicat. Il y a bien un représentant de la Fédération nationale des syndicats chinois — c’est obligatoire — mais il est choisi conjointement par le Parti communiste et par la direction d’entreprise. Il y a donc peu de chance qu’il se rebelle… La vie rêvée des patrons. Cela n’a pas empêché les salariés de Toyota de mener des grèves dures en 2010. Mais c’était dans le Guangdong, là où les concentrations ouvrières sont fortes, où des organisations non gouvernementales (ONG) en liaison avec des avocats aident les salariés à s’organiser de façon indépendante.
A Wuhan, il n’existe que deux associations de ce type et elles n’ont pas les moyens de s’attaquer aux entreprises d’Etat. D’autant que le sort des travailleurs est encore pire sur les chantiers de construction, innombrables dans cette capitale du Hubei, ou dans les petites usines du privé. Ce qui frappe en entrant sur la ligne de production de DPCA, c’est la jeunesse des travailleurs, vingt ans en moyenne. Et malgré les lunettes de protection que tous portent, ils soignent leur allure avec des coiffures ébouriffées ou gominées à la dernière mode. Ces jeunes migrants, qui viennent des campagnes alentours et ne rentrent chez eux qu’une fois par an, ne ressemblent en rien à leurs parents arrivés dans les années 1990. (...)
DPCA et Peugeot profitent de dépenses salariales défiant toute concurrence : 2 000 à 2 500 yuans par mois pour 60 à 66 heures de travail par semaine (250 à 300 euros par mois). De quoi engranger de solides profits, comme le confie M. Mouro : « Nous avons distribué 100 millions d’euros de dividende à chacun de nos deux actionnaires. Et nous paierons cash notre quatrième usine d’assemblage qui devrait produire 170 000 voitures dans un premier temps, puis 340 000 ». Le tout destiné au marché chinois et au marché des dix pays de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Anase) avec lesquels la Chine a un accord de libre-échange.

Pas de réimportation donc, souligne-t-on chez Peugeot. Sans doute. Mais rien ne dit que cela durera. Déjà, dans les automobiles de marques françaises, la part des produits importés a grimpé. Enfin, si les moyens de développement en Europe et en France se restreignent, l’emploi et la recherche finiront inévitablement par se rabougrir.
 À ce train, il se pourrait que l'avenir de l'employé français ressemble au présent de l'employé chinois ...

à moins que le Guangdong, la région chinoise traversée de luttes ouvrières victorieuses, ne fasse tache d'huile, que l'ouvrier chinois se 'gallicise'

à moins que le dogme du libre-échange ne soit remis en cause

à moins que, main dans la main, les ouvriers de France et de Chine ne se retrouvent avec de mêmes revendications

à moins que n'émerge un autre rapport de force

à moins qu'un autre mode productif n'émerge, un après emploi, un modèle salarial

à moins que le fin du pétrole ne rende tous ces machins parfaitement inutilisables

mais nous, nous n'avons rien à perdre. Nous leur laissons la crainte, la peur de perdre, le désir morbide de perdurer et croquons dans la pomme douce-amère de l'existence, nous peuplons le silence avec gourmandise, avec la confiance de l'enfant.

Contre le salaire, pour l'impôt et pour l'emploi

C'est en Espagne que ça se passe (mais ça se passe partout).

C'est une valse en trois temps:

1. On baisse les cotisations sociales pour nourrir les bénéfices qui gavent les propriétaires d'entreprises.

2. La sécurité sociale est sous-financée, les besoins criant de la population ne sont pas rencontrés puisque la baisse des cotisations sociales ne crée pas le moindre emploi.

3. On taxe les contribuables pour couvrir les besoins les plus criants qui ne sont plus couverts par les cotisations - ce qui baisse la valeur réelle des salaires amputés d'une TVA augmentée, salaires essentiellement dévolus à la consommation.

Résultat: ce qui était cotisation sociale est devenu impôt, la valeur ajoutée créée par les salariés hors emploi devient ponction sur le salaire. Les salaires réels sont donc amputés dans cette guerre au salaire au nom de l'emploi.

Mais les entreprises n'embauchent pas parce qu'elles ont de l'argent mais parce qu'elles ont un carnet de commande rempli, parce que des gens dépensent du salaire en biens de consommation (voir l'article de Lordon ici) ... or les salaires ont été amputés. Face au marasme économique, les politiques remettent donc le couvert et repartent pour une valse. Le chômage s'élève à plus de 25% en Espagne (ce qui n'est pas un problème en soi, le problème, c'est l'exclusion sociale et salariale que le chômage peut impliquer).


Extrait et traduction d'un article de Diagonal de Isabel Otxoa (ici, en espagnol) sur le premier temps, sur la baisse des cotisations sociales décidée par le très employiste Rajoy au nom de .... l'emploi, bien sûr. Résumé et traduction

Depuis le deux mars, toutes les entreprises, quelle que leur taille et leurs bénéfices, ne paient plus que 100 € de cotisation à la sécurité sociale pour les risques communs pour les temps pleins - les contrats à temps partiels cotiseront proportionnellement.

Cette réduction de cotisations sociales sera d'application pendant deux ans et sera à la charge de la sécurité sociale. Le taux forfaitaire de Rajoy [premier ministre espagnol en fonction] est présenté à l'opinion publique comme une mesure en faveur du bon emploi, du salaire fixe mais la cotisation sociale des entreprises à la sécurité sociale est un salaire différé [pour nous, c'est une forme socialisée de salaire, mais nous traduisons]. Ce qu'annonce cette mesure, c'est un coup de pouce à la distribution des richesse en faveur des quelques uns. 

La mesure enlèvera au système de sécurité sociale l'équivalent de 10 mois et demi de prestation de 399,38 € mensuelles que les gens au chômage reçoivent pendant six mois. Elle rapportera aux entreprises 4142 € par an, sur base d'un salaire moyen. Ce plan veut favoriser le contrat à durée indéterminée mais il le rapproche simplement du contrat à durée déterminée: les calculs d'indemnisation de chômage deviennent aussi peu avantageux - elle passe de 45 à 33 jours par an, comme pour les contrats durée déterminée.

La diminution des cotisations ouvre la brèche de la diminution des prestations.

Extrait d'un article du Monde (ici) sur l'augmentation des impôts (troisième temps de la valse)

Afin de doper la croissance et de créer des centaines de milliers d'emplois, le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy s'apprêterait à engager un plan de « dévaluation fiscale », comparable par certains aspects au projet de TVA sociale envisagé un temps en France,
Le conseil des ministres étudiera, vendredi 14 mars, un projet de réforme fiscale qui, selon des sources gouvernementales, conduira à aligner sur le taux normal de TVA, à 21 %,  les taux réduits de 4 % et 10 % dont bénéficent certains produits et services.
Les taxes sur l'immobilier et les carburants seraient aussi relevées. Parallèlement, l'impôt sur les sociétés et l'impôt sur le revenu des tranches inférieures seraient réduits.

L'intéressement n'augmente pas les salaires

Selon une étude du Centre d'Étude pour l'Emploi (ici) résumée par l'Humanité ici.

Extrait

Encouragées par les pouvoirs publics, les primes de participation ne contribuent pas à augmenter les salaires, selon une étude du Centre d’études de l’emploi (rapport à consulter ci-dessous).

Alors que le pacte de responsabilité a remis l’épargne salariale sur le devant de la scène – il est question d’y appliquer «une fiscalité incitative» –, le Centre d’études de l’emploi (CEE) vient de publier une étude sur « l’effet de l’intéressement sur l’évolution des salaires ».
« Si de nombreux travaux empiriques observent qu’il exerce un effet positif sur la productivité du travail, il existe une absence de consensus sur les liens entre intéressement et salaires », note l’étude, qui rappelle que l’épargne salariale concerne 57 % des salariés en France. « Une étude économétrique des liens de causalité entre intéressement et salaires entre 1999 et 2007 en France montre que, en moyenne, les primes ne contribuent pas à augmenter la rémunération des salariés, explique le Conseil économique, social et environnemental (CESE). L’introduction du partage du profit s’accompagne d’une substitution des primes versées au salaire de base » et peut permettre aux entreprises « d’ajuster la rémunération au cycle économique ».

Merci à nous


Et encore merci aux employés qui ont accepté des baisses de cotisations sociales et de salaires depuis quarante ans; aux gouvernements qui les ont mises en place; aux syndicats qui les ont signées.

Merci à l'employisme général qui, au nom de l'emploi, a sacrifié le temps, a fustigé les chômeurs, les retraités, les malades, a détruit la demande en déprimant les salaires.

Au nom de l'emploi, on a sabordé la vie de famille en annualisant le temps de travail, on a rendu la vie de ceux qui n'ont que leur vie plus dure, plus misérable mais, mais, mais ... notre soumission aux profits et aux modes de management psychogènes a un effet formidable: le cac 40 paie les actionnaires.

Merci à toutes, merci à tous, merci à celles et ceux qui crèvent de misère, à celles et ceux dont la vie est rouillée par un emploi invasif, merci à celles et à ceux dont on n'a pas demandé l'avis. Merci à nous tous, du beau travail.

Les colonnes représentent les profits des sociétés du CAC 40 et, en rouge, la part de ces profits qui est consacrées aux seules dividendes. Photo extraite de l'article de Regards en lien.

Les salaires employés ... pour payer l'emploi


Vous êtes imposés sur votre salaire pour payer les salaires que les propriétaires d'entreprises ne daignent plus payer, pour augmenter leurs marges.
Les contribuables paient les salaires à la place des patrons - ce qui appauvrit les classes moyennes et enrichit les actionnaires. Mais la classe politique veut aller encore plus loin en envoyant les chômeurs au CPAS, à la charité publique: c'est un appauvrissement via l'impôt des classes moyennes pour un profit (à court terme, il disparaîtra via la concurrence) pour les richissimes.

Inutile de dire que cette politique est menée au nom de l'emploi et de la compétitivité (mais elle obère la productivité réelle, la qualification des travailleurs) et qu'elle génère un chômage de masse et des conditions d'emploi dignes du servage - maladies mentales en plus.

Comment se fait-il que les PS ou les CDH qui sont censés défendre les classes moyennes laissent laminer leur base électorale, laissent disparaître leur salaire? Comment se fait-il que le MR, représentant notamment les petits indépendants et les petits propriétaires, laisse les cahiers de commande de son électorat se dégonfler avec les salaires? J'avoue que je m'y perds - les arcanes de la politique m'échappent.

Comment se fait-il que les syndicats et les partis politiques soient complices de cette guerre au salaire qui fait tant de dégâts humains et écologique? Comment se fait-il enfin que cette situation aberrante en Belgique est celle qui prévaut dans le reste de l'Europe aussi?

http://www.lesoir.be/491261/article/economie/2014-03-12/en-belgique-un-emploi-sur-trois-est-subsidie-par-l-etat

Travail du dimanche

Cette fois, ça y est
Le nouveau décret permettant aux enseignes de bricolage d'ouvrir le dimanche a été publié samedi 8 mars. Plusieurs syndicats vont réclamer sa suspension au Conseil d'Etat. Michel Sapin, lui, précise qu'un projet de loi sera déposé avant la fin de l'année. BFMTV, ici.
 Félicitation aux actionnaires, aux patrons qui ont étendu le champ de l'esclavage de l'emploi, le temps comptable, le temps gris.

Question à mille points: à qui les magasins de bricolage vont vendre leurs marchandises puisque les salariés sont essorés par quarante ans de politique de déflation salariale?

Un ami a imaginé une affiche pour un pèlerinage pour l'emploi

À ceux qui se demandent pourquoi les patrons ne descendent jamais dans la rue pour défendre et étendre l'emploi, nous serions tenté de suggérer que c'est tout simplement parce que les syndicats et les employés s'en chargent très bien.

Tant pis pour la vie de famille, pour ces moments d'intimité, pour ce soleil radieux, pour tout ce qui nous sépare de la barbarie: l'emploi envahit tout.

Le salaire aurait pourtant largement suffit à notre bonheur.

La concurrence tue la paysannerie

L'agriculture à échelle humaine disparaît sous les feux de la concurrence en Macédoine (ici).

Les subventions européennes avantagent les gros producteurs (voir la PAC ici) et contribuent à faire disparaître les petites unités.

Pourtant, à l'aube du pic pétrolier et de la transition énergétique qu'il impliquera, au moment où le modèle agro-industriel marque le pas en épuisant les sols, en polluant les nappes phréatiques et en constituant une bombe à retardement sanitaire, la nécessité d'une production agricole à petite échelle, sans énergie carbonée, en permaculture, s'impose.

Et ce modèle agricole alternatif ne pourra tenir que si les agriculteurs sont libérés de la concurrence, que s'ils ont accès à un salaire déconnecté de toute productivité de valeur économique.

Emploi et dissonnance cognitive


Témoignage de l'après emploi dans Sortir de l'emploi. Extrait

"Quand j'ai pris la décision de m'organiser pour quitter le monde du travail, je l'ai mal vécu. Les craintes, la solitude, et la culpabilité m'ont accompagné durant de longues semaines. J'ai alors cherché du soutien dans mon entourage, notamment auprès de personnes ayant souffert du travail.

A ma surprise, ce sont justement les personnes qui ont le plus trinqué au travail, qui ont été les plus critiques envers ma décision. J'ai eu du mal à le comprendre, et à l'accepter.

Certaines souffraient des maladies dues à leur travail, ont connu le harcèlement, le stress, la solitude, l'ennui, et autres plaies, pendant parfois des décennies. Elles m'ont dit que le travail rend libre, que c'est par lui qu'on participe à faire progresser la société. C'est grâce au travail qu'on s'épanouit, et qu'on se socialise. Comment peut-il exister dans l'esprit de ces personnes un tel écart entre leur vécu réel, et leurs propos idéalisés du travail?"
Ceci renvoie à la différence entre le travail et l'emploi. Le travail recouvre aussi bien les aspects concrets de la tâche, le rapport dynamique à l'environnement effectivement constitutif d'un psychisme et la cristallisation de la violence sociale dans le travail, le travail abstrait.

Ces deux formes de travail sont articulées de manière spécifique dans la convention capitaliste de l'emploi. C'est cette articulation, c'est ce mode d'organisation du travail abstrait et du travail concret qui pose problème en terme de coûts humains, d'efficacité et de dégâts écologiques.

Démocratie élective et démocratie économique

On m'envoie cette réflexion à partir des thèses d'Étienne Chouard. Je vous la partage.


Le travail, tel qu'il est conçu, sous sa forme capitaliste, nous rend esclave, et dépendant de nos maîtres. Pour croûter, il faut bosser, et pour bosser, faut obéir!! (encore une fois, les traits sont grossiers, mais...) En parallèle de la constitution à réécrire, il faudrait donc réorganiser le travail... Qu'est ce que ça veut dire?
Ça veut dire sortir du capitalisme, vu ici comme étant la privatisation des moyens de production.
Croire en une démocratie, c'est croire en une certaine organisation. Et cette organisation devrait être la même en ce qui concerne le travail. Un seul homme et quelques actionnaires valent-ils mieux que l'ensemble des producteurs/travailleurs pour décider du bien commun? Ou plus exactement de ce qu'on produit et de la façon dont on devrait le faire?! Je peux facilement répondre à cette question...
Nous produisons des biens et services auxquels nous attribuons un prix. Ce prix, c'est la "valeur économique". Une autre façon de concevoir les choses, c'est la "valeur d'usage", c'est-à-dire l'utilité, en gros, qu'on leur accorde.
Le capitalisme définit à lui tout seul, sans concertation, la valeur économique, et il la définit par le temps de travail.. c'est la "valeur travail".................
Quand je parlais plus haut de réorganiser le travail, je voulais dire se réapproprier "la valeur économique". C'est plus délicat à comprendre que l'intérêt d'une démocratie, mais c'est tout aussi essentiel. Sans ça, je donne pas cher de cette si attendue démocratie.
Bernard Friot tente d'apporter une réponse à cette seconde problématique et a surtout le mérite de renseigner quelques notions. A découvrir. (Et à critiquer également)