L'employisme augmenterait les risques cardiaques

Article glané sur facebook, je vous le partage.

Référence: Psychomédia ici

Extrait:
Les hommes qui n'expriment pas leurs émotions de colère et de frustration lorsqu'ils se sentent injustement traités au travail ont un risque accru de problèmes cardiaques, selon une étude suédoise publiée dans le Journal of Epidemiology and Community Health.

Constanze Leineweber et ses collègues de l'Université de Stockholm ont mené cette étude avec 2755 employés sans antécédents de crise cardiaque entre 1992 et 2003. Leurs façons de faire face aux traitements injustes au travail étaient évaluées ainsi que différents facteurs de risque.

Durant les dix ans qu'a duré la recherche, 47 des participants ont été victimes d'un infarctus du myocarde ou sont décédés des suites d'une maladie cardiovasculaire.

Les hommes qui disaient qu'en situation d'injustice, ils réagissaient souvent ou parfois en se retirant, ne disant rien, ne se sentant pas bien physiquement ou ayant mauvais caractère à la maison, étaient deux fois plus susceptibles de subir une attaque cardiaque. Mais ceux dont la réaction immédiate étaient de s'éloigner ou de ne rien dire avaient un risque 5 fois plus élevé.
 

Commentaire sur: "Vers un revenu de base inconditionnel?"

Article disponible en PDF ici


Ce document accessible ici est l’œuvre de Philippe Defeyt et Marc de Basquiat. Comme il s'agit d'explorer une piste qui est sensée redéfinir nos rapports au travail, nous avons suivi de manière critique les deux auteurs. En aucun cas, notre critique ne veut saper une initiative, décourager un idéal ou saboter une démarche mais, au contraire, nous essayons de comprendre en quoi cette démarche affaiblit l'emploi et en quoi elle le renforce.

Fig. 1
Tout d'abord, la représentation de l'économie dans ce document fait l'impasse sur
- les actionnaires, les propriétaires lucratifs de l'entreprise qui touchent un revenu sans travail
- les conditions d'organisation du travail, ce qui le structure

C'est-à-dire que, dans cette représentation, les profits n'existent plus et les conditions de travail, les conditions dans lesquelles s'effectuent les tâches de production sont évacuées. Le travail rémunéré (c'est-à-dire l'emploi) s'inscrit dans un monde hors contexte, c'est une fatalité sans lien avec un rapport de force.

De même, le document (Fig. 1) parle de redistribution sans faire allusion à la distribution. Pour rappel, la valeur ajoutée est distribuée entre les revenus du travail, les investissements et les revenus du capital. Cette distribution intègre dans les revenus du travail aussi bien les salaires directs que la sécurité sociale. Le fait de supprimer toute allusion à cette distribution nie tous les conflits dans la production entre les classes de producteurs et les classes de propriétaires.

La redistribution vient après la distribution première, grand impensé du document, pour pallier ses excès, pour lisser ses injustices, pour compenser ses dysfonctionnements.

L'enjeu peut sembler oiseux mais il s'agit, de notre point de vue, de savoir quel est le cadre du travail. Il ne s'agit pas tant, de notre point de vue, de pouvoir rester oisif mais de pouvoir développer son activité, sa créativité humaine. S'attacher à la seule redistribution, après une distribution primaire impensée, fait l'impasse sur la justice et sur les rapports de classe et, surtout, ne permet pas de construire une évolution du cadre du travail aujourd'hui corseté par l'emploi.

Le document développe ensuite des stratégies pour rendre la répartition des revenus moins inégale. Il s'agit là d'une intention très louable à laquelle nous ne pouvons que souscrire au regard de la prolifération de la misère dans une société riche mais cette intention, pour louable qu'elle soit, ne redéfinit en rien la convention de l'emploi et ne bouge en rien les lignes de force qui empoisonnent le quotidien des producteurs avec ou sans emploi. L'égalité ou l'équité de revenu ne dépasse pas la violence sociale de l'emploi et de la soumission du producteur au propriétaire et de l'acte productif au profit.

Fig. 2

La figure deux montre une confusion extrême entre la distribution et la redistribution. La distinction des deux niveaux permet de penser les rapports sociaux dans l'emploi dans la mesure où la pression de l'emploi s'effectue au niveau de la seule distribution. Le salaire brut, les retraites, les allocations familiales ou les cotisations sont issus de la distribution alors que CSG ou les APE sont issus de l'impôt et, donc, de la redistribution. Cette confusion permet également d'oublier les 700 milliards € de profit ponctionnés par les actionnaires en France chaque année sur le travail. Comme les propriétaires lucratifs sont absents de l'équation économique, ce sont les producteurs qui doivent se débrouiller entre eux avec le peu que ces actionnaires leur laissent sans leur demander des comptes. C'est pourtant le système de propriété lucrative qui empêche la liberté de travail, qui empêche la liberté d'investissement et les soumet au carcan de la rentabilité et de la concurrence.

De même, dans la partie financement, le document parle de taxer les revenus des classes moyennes (les riches fraudent facilement l'impôt) et non d'augmenter le salaire.

La tentation d'apaiser les rapports sociaux, de gommer la conflictualité sociale peut faire oublier les enjeux du salaire.

Formuler le problème en terme de besoin divise l'humanité en 'assistés parce qu'il faut bien' et en une élite productrice, seule légitime à produire les richesses. Cette façon de voir fait l'impasse sur la production gratuite et sur la nature sociale de l'économie, de la production.

Pour finir, le document présente les salaires et les cotisations (qu'il s'obstine à nommer des 'charges' patronales) comme des coûts. C'est un renversement des choses assez vertigineux. Les salaires et les cotisations (les salaires socialisés) ne sont évidement pas des coûts pour l'employeur - sinon, il se réjouirait des grèves - mais la source de tous ses profits.

Globalement, le système du revenu de base proposé dans ce document parvient à l'exploit de ne rien changer au monde du travail, au monde du chômage, aux profits, à la propriété tout en considérant les pauvres comme des êtres de besoin à aider. Les changements souhaités seront financés par l'impôt - forme de financement qui épargne de facto les plus riches, les revenus du capital.

Par contre, l'impact négatif du revenu de base sur les salaires est complètement ignoré. Polanyi dans La Grande Transformation avait pourtant expliqué cet effet pour l'ancêtre du revenu de base, le Speenhamland Act. Il s'agissait d'un revenu garanti pour tous, un revenu misérable correspondant à l'actuel seuil de pauvreté, qui avait permis aux employeurs de baisser les salaires du montant du revenu de base. Les classes moyennes se sont appauvries à financer ce revenu par une taxe sur le patrimoine (c'est à peu près ce que propose le document).

Le jour où les grands industriels anglais ont eu besoin de bras, les autorités ont abrogé le Speenhamland Act et les miséreux se sont alors précipités à l'usine pour être employés au tarif et aux conditions déterminées par les propriétaires.

Le travail en bouteille

Le travail, c'est toute forme d'activité humaine, matérielle ou non, qui mettent en œuvre la force, la persévérance, la volonté, le désir, les rêves ou les connaissances. Le travail humain transforme le monde par la magie de l'acte - et par acte il nous faut aussi comprendre ce qu'il y a d'humain dans la parole, dans la rencontre, dans l'apprentissage, dans le temps partagé.

Le travail recouvre une infinité de réalités différentes selon les latitudes, les cultures, les blessures psycho-sociales. Il est nécessairement inscrit dans un monde, celui du travailleur et dans un monde de mondes, ceux du savoir, du langage, du savoir-faire ou des traditions, ceux des idéologies qui encadrent le faire partout, selon les époques ou les classes sociales.

Ce travail si riche, ce travail qui est une dimension de l'existence humaine à tel point qu'il se fond dans sa richesse est encadré, corseté par l'emploi. L'emploi fonctionne par rapport au travail comme une compagnie privée d'eau minérale par rapport à la source. Alors que l'eau surgit gratuitement, sans entrave, la compagnie la met en bouteille, place les bouteilles dans des cartons, les étiquette, en fait la promotion, la publicité. Pour ce faire, la compagnie privée mène des campagnes marketing, impose un produit, convainc.

L'emploi procède de la même façon par rapport à l'activité humaine. La source de notre travail ne peut cesser de couler, gratuitement, elle est récupérée, mise en bouteille, mise en boîte dans un monde vénal. Elle est pesée, comptée, standardisée. On la vante, on la vend cette activité sur un marché, le marché de l'emploi.

Rien n'a pourtant été créé par l'étiquetage, par la mise en bouteille, par la publicité. L'activité n'a jamais eu besoin de l'emploi pour s'épanouir comme l'eau de source n'a jamais eu besoin de la compagnie privée pour couler.

L'eau de source, le travail se donnent comme le temps et l'air que respire la vie.

C'est cette vérité simple et profonde que cachent les rapports de force de l'emploi, le contrat, la vente ou le profit, dérisoires étiquettes du temps de nos vies mises en paquet. À la chaîne.

L'eau comme le travail sont des biens communs, gratuits, précieux. Certains veulent accaparer ces sources de richesse, de vie, pour prendre des bénéfices, pour devenir riches en faisant payer ce qui est un droit.

Liberté et évaluation individuelle au travail

Extraits d'un article de L'an O2, de François-Xavier Devetter (ici) sur la liberté individuelle opposée au droit dans le travail (nous soulignons).


Dès lors que les individus sont placés en situation de comparaison ou de compétition, il semble que la rationalité des choix s’amenuisent considérablement… De très nombreux travaux ont montré les dangers liés à l’incohérence des décisions individuelles quand elles concernent des comportements ostentatoires ou positionnels. L’individu a bien souvent besoin d’être protégé contre lui-même… Sur ce point, la question du temps de travail est largement emblématique, (...). La dérégulation des temps de travail (et souvent leur allongement) depuis les années 80 a eu un impact direct sur la hausse des inégalités. Les longues durées deviennent des marques de prestige qui poussent les individus à offrir à l’entreprise une disponibilité toujours plus grande au détriment de leur vie sociale, de leur vie de famille ou de leur santé. A ce petit jeu du hamster dans sa roue, ce sont bien souvent les mêmes (les femmes notamment) qui y perdent le plus… Tandis que les uns gagnent une servitude volontaire plus intense dans ce qui ressemble fort à une victoire à la Pyrrhus, les autres perdent perspective de carrière, rémunération et motivation au travail.

La mise en avant de la liberté individuelle au travail est d’autant plus pernicieuse qu’elle va de pair avec une implication personnelle des travailleurs/ses bien plus grande. Puisque l’individu est amené à choisir un certain nombre de choses, il devient responsable des résultats de ses décisions et de ses éventuels échecs. Cette évolution s’appuie alors sur des dispositifs d’évaluation eux-mêmes plus individualisés. (...)

Les mécanismes de paiement au mérite, de primes individuelles, de gestion personnalisée des carrières se sont largement diffusés. Cette tendance conduit alors à une mise en concurrence des salarié·e·s qui peut aller de la reconnaissance des meilleurs à la stigmatisation des « moins bons »… Loin de se limiter au secteur privé, ce mode de gestion des ressources humaines tend à se diffuser dans le public sous la pression d’un « new public management » avide de mesure de la performance la plus individuelle possible (1).
 Cette façon de rémunérer et d'évaluer le travail fait l'impasse sur les aspects sociaux, socialisés du travail.

Illustration du modèle allemand

En Allemagne, ce sont les salaires qui baissent, les contrats d'emploi bénéficiant cotisations sociales qui disparaissent. Le sabordage de la cotisation sociale et du salaire augmente mécaniquement la misère et, par le jeu de la pression sur le marché de l'emploi, dégrade les conditions de travail, augmente la quantité de travail, les heures sup' non rémunérées, etc.

À l'inverse, l'augmentation des salaires et, notamment, des cotisations sociales - qu'on regarde actuellement en Chine ou au Brésil ou dans le passé en Europe Occidentale - a toujours été accompagné d'un recul significatif de la misère et d'amélioration des conditions de travail, de réduction du temps de travail.

C'est que les salaires sociaux permettent un rapport de force favorable aux producteurs (et moins aux actionnaires).

http://www.20minutes.fr/article/1265619/ynews1265619?xtor=RSS-176

Lock-out d'Ikea au Canada

Ikea pratique le lock-out dans sa filiale de Richmond, en Colombie Britannique (voir ici). Les ouvriers ne touchent plus de salaire depuis le mois de mai. Ce lock-out, ce blocage patronal, fait suite aux mouvements de grève contre la précarisation et la déflation salariale envers les nouveaux embauchés.

Le lock-out est une pratique patronale simple: le patron cesse toute production, il arrête de payer les salaires. Il agit au nom de la propriété lucrative, le patron s'arroge le droit d'abusus sur l'outil de production.

Les employés sont poussés par l'aiguillon de la nécessité, par la misère ou par la faim alors que le patron n'obère ses profits que de manière provisoire.

Cette façon de s'arroger la propriété de l'outil de production jusqu'à son sabotage, ce que nous appelons l'abusus, est liée au droit de la propriété. Il s'agit d'un abus de pouvoir manifeste puisque tout ce qui est la propriété du patron a été payé par les plus-values, par le surtravail des producteurs. Le vol initial du fruit du travail se double d'un sabotage.

Les producteurs sont réduits à la misère et doivent alors céder aux exigences patronales sauf à trouver la parade: le lock out est toujours local (sinon le capital disparaît), si la grève est générale, le rapport de force s'inverse. Le propriétaire voit son bien disparaître rapidement et doit réagir en obéissant aux injonctions des ouvriers.

Désamorcer la bombe sociale, commentaires


Réflexions à partir d'un document sympathique.

Nous sommes tombés sur ce document du syndicat FGTB Verviers en Belgique. Il s'agit d'une petite région sans doute plus libre de ton que de grosses centrales comme Bruxelles ou Liège.

Tout d'abord, nous nous félicitons - et félicitons chaudement les auteur(e)s de ces lignes - de l'existence de ce texte, de cet engagement au sein du syndicat qui ne doit pas nécessairement faire l'unanimité des instances dirigeantes dudit syndicat. Bravo à l'auteur(e) pour son courage, son intégrité.










  • Nous sommes en accord sans réserve avec:

- le fait que la réforme crée de la pauvreté: il s'agit d'une diminution des salaires

- qu'elle s'attaque aux chômeurs et pas au chômage (sauf que, pour nous, le chômage ne pose pas de problème en soi, c'est le manque de salaire qui est problématique)

- qu'elle ne rapporte rien au budget de l'État (un pour mille selon nos estimations un peu plus élevées mais du même ordre que les leurs)

- qu'elle oppose chômeurs et travailleurs (alors que tous nous sommes des producteurs qui vivons de salaires)

- qu'elle met la pression du le 'marché de l'emploi' et va diminuer les salaires et dégrader les conditions de travail tout en augmentant l'aiguillon de la nécessité

  • Notre bémol maison

Notre accord avec une position officielle syndicale nous ravit. La seule touche que nous voudrions ajouter, c'est l'impérative défense du salaire socialisé et, tant qu'à faire, la nécessaire EXTENSION des salaires socialisés à l'ensemble du salaire.


Déclaration de principe de la FGTB

Bravant l'employisme le plus rêche, nous sommes allés enquêter au cœur-même d'un syndicat belge qui réclame de l'emploi.

Nous y avons découvert cette déclaration de principe, aux relents merveilleusement anti-employistes. Dégustation pour tous et, pour les affiliés à ce syndicat, n'oubliez de rappeler à la hiérarchie bureaucratique qu'ils ne sont pas censés vous brader à des patrons au nom de la compétitivité ou de la concurrence.

Par ailleurs, en dépit des politiques odieuses, employistes menées par la hiérarchie syndicale bureaucratique et affairiste, nous rappelons notre attachement à la base, aux luttes des travailleurs dans l'emploi et hors emploi, nous sommes absolument en phase avec ceux qui réclament moins d'emploi, de la diminution du temps de travail ou plus de salaire, notamment plus de salaire social.

1. Émanation directe des forces laborieuses organisées, la FGTB proclame que l'idéal syndicaliste visant à la constitution d'une société sans classes et à la disparition du salariat, s'accomplira par une transformation totale de la société.

5. Le mouvement syndical veut réaliser un véritable régime de justice sociale visant à situer chacun à sa place dans la société. Pour assurer à chacun, en fonction de son travail [pas de son emploi ndlr] et de ses besoins [pas de ses mérites ndlr], la part de richesses qui lui revient, il déclare qu'il est indispensable de compléter la démocratie politique par une démocratie économique et sociale.

 La notion de démocratie économique implique une socialisation des moyens de production et la notion de démocratie sociale implique une révocabilité des mandats syndicaux par les mandants, par les travailleurs. L'occasion de rappeler ces belles choses aux cadres les plus proches des politiques (d'austérité).

À cet effet, il entend que le travail [pas l'emploi dans la convention capitaliste du travail], créateur de toutes les valeurs et source de tous les biens soit enfin considéré comme facteur primordial, les autres facteurs n'étant que subordonnés ou parasite.

Oui, l'argent ne crée pas d'argent, la notion de grand capital productif est une hérésie économique rétrograde. Par contre, le primat du travail ne veut absolument pas dire le primat de l'emploi qui lui est l'exact opposé du fait de sa subordination à la valeur d'échange (et non à la valeur d'usage comme dans l'emploi). Sur ce point nous vous renvoyons à l'article marxisme. Nous laissons le mot de la fin à la déclaration:

7. Dans un esprit de justice [pas de solidarité ou de charité], il répudie formellement les fausses valeurs, comme les droits de naissance et d'argent, consacrées par le régime capitaliste. De l'exploité, réduit à vendre sa force de travail, il veut faire un libre participant à l’œuvre commune de production.




Evangelii gaudium

Nous vous faisons passer quelques citations édifiantes de l'exhortation du pape François, La Joie de l'évangile qui ont des accents critiques envers l'emploi et le système économique et les conséquences sociales dont il participe.

Il ne s'agit bien sûr pas de convertir qui que ce soit à la foi catholique - ce blog n'est pas une œuvre catholique - mais bien plutôt d'interpeller des catholiques, des chrétiens ou des croyants sur des aspects de la foi qui rendent la logique de l'emploi incompatible avec leur foi. Nous faisons cette démarche dans le plus profond respect de la foi catholique, de toute autre forme de foi ou de l'athéisme, de l'agnosticisme ou du scepticisme. Nous partageons une réflexion.

52. L'humanité vit en ce moment un tournant historique que nous pouvons voir dans les progrès qui se produisent dans différents domaines. On doit louer les succès qui contribuent au bien-être des personnes, par exemple dans le domaine de la santé, de l'éducation ou de la communication. Nous ne pouvons cependant pas oublier que la plus grande partie des hommes et des femmes de notre temps vivent une précarité quotidienne aux conséquences funestes. Certaines pathologies augmentent. La crainte et la désespérance s'emparent du cœur de nombreuses personnes, jusque dans les pays dits riches. Fréquemment, la joie de vivre s'éteint, le manque de respect et la violence augmentent, la disparité sociale devient toujours plus évidente. Il faut lutter pour vivre et, souvent, pour vivre avec peu de dignité. (...)
Le confort ou le progrès n'empêchent pas la prolifération du désespoir et de la crainte, les inégalités explosent.

53. De même que le commandement de "ne pas tuer" pose une limite claire pour assumer la valeur d'une vie humaine, aujourd'hui, nous devons dire "non à une économie de l'exclusion et de la disparité sociale". Une telle économie tue. (...) On ne peut plus tolérer le fait que la nourriture soit jetée quand des personnes souffrent de la faim. (...) Aujourd'hui, tout entre dans le jeu de la compétitivité et de la loi du plus fort où le plus puissant mange le plus faible. Comme conséquence de cette situation, de grandes masses de population se voient exclues et marginalisées: sans travail, sans perspectives, sans voies de sortie. On considère l'être humain comme un bien de consommation qu'on peut utiliser et ensuite jeter. (...) Les exclus ne sont pas des exploités, mais des "déchets", des restes.
L'économique a asservi l'humain au lieu de rester à son service. Elle produit des marginaux étrangement considérés comme des déchets.
54. Dans ce contexte, certains défendent encore les théories de la "rechute favorable", qui supposent que chaque croissance économique, favorisée par le libre marché, réussit à produire en soi une plus grande équité et inclusion sociale dans le monde. Cette opinion, qui n'a jamais été confirmée par les faits, exprime une confiance grossière et naïve dans la bonté de ceux qui détiennent le pouvoir économique et dans les mécanismes sacralisés du système économique dominant. En même temps, les exclus continuent à attendre. Pour pouvoir soutenir un style de vie qui exclut les autres ou pour pouvoir s'enthousiasmer avec cet idéal égoïste, on a développé une mondialisation de l'indifférence. Presque sans nous en apercevoir, nous devenons incapables d'éprouver de la compassion devant le cri de douleur des autres, nous ne pleurons plus devant le drame des autres (...) La culture du bien-être nous anesthésie et nus perdons notre calme si le marché offre quelque chose que nous n'avons pas encore acheté, tandis que toutes ces vies brisées par manque de possibilités nous semblent un simple spectacle qui ne nous trouble en aucune façon.
L'économie devient une religion hallucinée. Il cultive l'indifférence et une énergie libidinale régressive tournée vers la consommation compulsive.

55. L'adoration de l'antique veau d'or a trouvé une nouvelle et impitoyable version dans le fétichisme de l'argent et dans la dictature de l'économie sans visage et sans but véritablement humain. La crise mondiale qui investit la finance et l'économie manifeste ses propres déséquilibres et, par dessus tout, l'absence grave d'une orientation anthropologique qui réduit l'être humain à un seul de ses besoins: la consommation.
Ce passage est particulièrement remarquable: il pourrait être signé par la plateforme sans difficulté. L'économie doit être au service de l'humain et non l'inverse.

56. Alors que les gains d'un petit nombre s'accroissent exponentiellement, ceux de la majorité se situent d'une façon toujours plus éloignées du bien-être de cette heureuse minorité. Ce déséquilibre procède d'idéologies qui défendent l'autonomie absolue des marchés et la spéculation financière. (...) L'appétit du pouvoir et de l'avoir ne connaît pas de limites. Dans ce système, qui tend à tout phagocyter dans le but d'accroître les bénéfices, tout ce qui est fragile, comme l'environnement, reste dans défense par rapport aux intérêts du marché divinisé, transformés en règle absolue.
Le libéralisme est une nouvelle religion, celle des bénéfices, des profits. L'emploi en est le culte, c'est une religion chronophage, une religion qui mange ses enfants.

Plus loin, François met en garde contre l'agitation sans but, sans esprit de l'acédie. Mise en garde que nous relayons également ici.

Kessler galvanise les employistes

Nous analysons ici une intervention de Kessler, ancien vice-président du Medef. Sa syntaxe est approximative, le ton est geignard, plaintif. La diction est pâteuse, lasse, enfantine, mais l'orateur fait montre d'un caractère velléitaire en exhibant ses bobos. Il souffre. Il souhaite être plaint, être compris. Il réclame, dans une phase orale, une acceptation de sa personne, de son point de vue. Nous qualifierons cette posture de caliméro. L'orateur se présente en victime.

Vidéo de Denis Kessler - attention âmes sensibles

Mais au sein de sa victimisation, il y a un élément incongru, en décalage total avec ce qui le précède et ce qui le suit - décalage applaudi. Il s'agit du gaz de schiste - très impopulaire parmi la population et très populaire parmi les investisseurs. On pourrait dire que ce propos anti-écologique décalé par rapport aux vieilles revendications est le chiffres de l'intervention à moins qu'il ne s'agisse que d'un prétexte aux ratiocinations habituelles.

En tous cas, le discours de monsieur Kessler illustre le point de vue des actionnaires et, en l'inversant, peut illustrer à merveille le point de vue des producteurs.

C'est édifiant.

Il faut préférer l’accumulation à la redistribution.
C'est une opération. Entre l'accumulation et la redistribution, il y a un troisième terme évacué par cette manière de présenter les choses. La distribution.
Il faut respecter la finance plutôt que la traiter en ennemie. Surtout que l’on peut éventuellement avoir besoin d’elle.
C'est une opération. Ce n'est pas l'économie qui a besoin de la finance mais la finance qui a besoin de l'économie. Présenter la forme de la propriété lucrative comme 'utile' alors qu'elle est parasitaire d'un point de vue productif. Cette façon de présenter les choses défend les privilèges du fructus de la propriété lucrative. Le point de vue est celui des propriétaires lucratifs, curieusement, ce n'est pas celui des patrons qu'il entend représenter.
Nous devons toujours privilégier l’économico-social, le salaire direct aux prestations sociales, le travail plutôt que la politique stupide de réduction et de contingentement du temps de travail. La défiscalisation des heures supplémentaires plutôt que la spoliation fiscale et sociale des revenus du travail de ceux qui bossent.
La confusion entre le travail et l'emploi sert l'idéologie de la soumission de l'employé aux patrons et du patron aux actionnaires. Au nom de la défense producériste des employés, de leur rémunération, on va augmenter le temps d'emploi, augmenter l'offre d'emploi dans un marché saturé, ce qui en diminue le prix, ce qui diminue les salaires. Autant savoir où on met les pieds. 
Nous devons toujours rechercher l’équilibre entre les droits et les devoirs plutôt que l’octroi et ininterrompus de nouveaux droits incessants non financés et sans contrepartie.
En d'autres termes, l'ennemi de monsieur Kessler, c'est le salaire social. Ce qui rend malade l'investisseur, c'est la possibilité de salaire sans la soumission de l'employé au vouloir patronal. Nous prenons acte.
Mesdames et Messieurs, nous devons investir dans le gaz de schiste plutôt que d’envisager le retour à la traction bovine. (Applaudissements)
C'est le chiffre, l'objectif de l'intervention ou, au contraire, le cheval de Troie de cette étrange idéologie.
Il faut privilégier un Etat qui exerce pleinement ses fonctions régaliennes plutôt qu’un Etat touche à tout qui intervient dans quantité de domaines dans lesquels il est inefficace.
L'opposition à l'État s'explique par les rapports de force favorables qu'il est susceptible d'introduire entre les producteurs et les propriétaires. La fonction publique constitue une niche insupportable pour les actionnaires non parce qu'elle est soi-disant inefficace mais parce que, au contraire, elle parvient à être efficace, à produire de la valeur hors emploi, ce qui constitue des oasis insupportables pour les esclavagistes employistes.
S’agissant des entreprises, et c’est notre responsabilité, nous devons préférer encourager les entreprises profitables et indépendantes plutôt que les entreprises sous perfusion, les entreprises qui distribuent des dividendes plutôt que celles qui font des pertes régulières.
Le but des entreprises est révélé: distribuer des dividendes. De nouveau, l'opération d'opposition entre deux termes permet d'évacuer le troisième: l'entreprise qui exerce une activité économique créative de valeur sans distribuer de dividende et sans aide publique. Ce troisième terme comprend toute l'activité économique qui n'est pas soumise aux actionnaires, notamment toute l'économie qui n'est pas concernée par l'argent et la chrématistique.
Nous devons préférer la retraite à la carte à l’indéfendable retraite légale à 62 ans et la nouvelle hausse de cotisations réduisant le pouvoir d’achat des salariés et réduisant les marges des entreprises.
Bien sûr, la retraite par capitalisation est une pyramide de Ponzi comme nous l'avons démontré. Le fait que Kessler la préfère à la répartition, sûre et stable depuis soixante ans dans toute l'Europe, atteste sa volonté d'en détourner une partie dans son secteur, l'assurantiel.
Je préfère les fonds de pension aux régimes avec des trous sans fond.
Je préfère la capitalisation à la répartition.
Moi, je préfère un contrat de travail privé à un statut public, je préfère un contrat à une convention, je préfère une convention à une réglementation.
L'investisseur, le propriétaire lucratif préfère le rapport de force sous l'aiguillon de la nécessité poussé à son paroxysme à la justice, au droit.
Maintenant, si on fait systématiquement le choix inverse de ce que j’ai proposé, la France déclinera, déchoira et merdoiera.
 Le déclin de monsieur Kessler, c'est la baisse du taux de profit. C'est ce qu'il appelle merdoier.

Et, comme nous ne sommes pas chiens, nous appelons de tout notre cœur au merdoiment de la France, à l'anéantissement du taux de profit, à la socialisation des moyens de production, à l'abolition de la propriété lucrative, à l'extension à l'universalisation des retraites par répartition (à partir de 18 ans, mettons), au salaire, à la libération des liens de soumission de l'emploi, à l'abolition du servage à des actionnaires qui ne brillent pas par leurs talents tribunitiens.

Nous appelons à l'intelligence, à la générosité, aux communs, au partage, à la créativité. Nous appelons à remiser les obsessions de monsieur Kessler dans les médias dominants et à vivre notre juste rapport de force.

50 entreprises plus chères que l'ensemble des chômeurs

Selon les calculs du PTB, les cadeaux fiscaux aux 50 entreprises les plus choyées fiscalement en Belgique atteindraient 14,3 milliards €, plus de deux fois l'entièreté du budget chômage, près de 100 fois les économies escomptées par la dégressivité des allocations de chômage et l'exclusion de 55000 chômeurs.

Ce gouvernement sait décidément se montrer généreux.

http://trends.levif.be/economie/actualite/entreprises/le-top-50-des-societes-qui-payent-le-moins-d-impots-en-belgique/article-1194883808281.htm

Mineures à vendre en Syrie

Nous apprenons consternés par un article de Telesur que des jeunes Syriennes sont vendues à de riches saoudiens pour être mariées.

Mise en perspective

Malheureusement, ces pratiques ont tout à voir avec l'esclavage de l'emploi. Elles poussent la logique de l'achat du temps et de la liberté humaine jusqu'à son paroxysme.

C'est le rapport à l'argent qui constitue une capitalisation de valeur produite par le travail vivant qui devient fétiche et construit l'illusion de la naturalité d'une domination de l'homme par l'homme. L'argent est le vecteur qui naturalise la domination et, en tant que tel, il constitue une religion cruelle, dangereuse, extrémiste et fanatique.

Rappelons que l'islam condamne les pratiques mercantiles, rappelons que Mahomet avait déjà dû chasser les boutiquiers assoiffés d'argent de sa ville (et que, à ce qu'on m'en a dit, il devrait recommencer aujourd'hui).

Nous considérons ces pauvres enfants vendues par misère comme nos sœurs, les avanies qu'ont leur fait subir au nom de la misère nous sont insupportables. Nous soulignons la douleur des familles contraintes, sous 'l'aiguillon de la nécessité' à vendre leurs filles.

Traduction et résumé de l'article

En Arabie Saoudite, à Riyad, on a publié une offre de vente de gamines syrienne pour quelques 7.500 €. Il s'agit d'un abus de faiblesse manifeste de la misère des réfugiées syriennes. C'est le nom de Majed qui est apparu dans les médias il y a quelques mois, une femme active dans les camps de réfugiés syriens qui prétend être agent matrimonial mais qui, en fait, vend des gamines syriennes aux riches au prix le plus élevé qu'ils offrent. Pour beaucoup de familles qui vivent dans des camps de réfugiés de Jordanie, la vente de leur fille est la seule façon de survivre.

 Elle parle d'un homme de 70 ans qui souhaite se marier avec une gamine de 13 ans. La demande de jeunes syrienne est très élevées [ah, la main invisible du marché!] et les conditions de vie empirent pour les 1,9 millions de réfugiés syriens installés dans des pays voisins.

Soutien aux artistes-producteurs

Le collectif Mobilisation des artistes vient d'écrire un texte (ici). Nous transmettons leur heureuse initiative avec un petit commentaire maison.

Tout notre soutien aux artistes.

Avec notre grain de sel: tout travail est créatif, tout rapport humain à l'action, à la matière, à l'intelligence fait appel à la sensibilité, à la singularité ou à l'angoisse de la création.

En termes simples, le statut d'artiste révèle ce que nous partageons tous, cette étincelle de vie, de créativité qui nous fait tous devenir.

Soyons réalistes, soyons tous artistes et, en tant que tels reprenons ce qui nous appartient

- une reconnaissance du statut d'artiste, de sa nécessité à la société et à l'économie

- une universalisation du statut d'artiste à tous les producteurs

- un salaire lié au statut et non à la performance

- un système économique qui favorise la créativité, l'invention, l'entreprise

- la fin de l'emploi qui l'ennemi de toutes ses choses intéressantes

- le début de la vie, pour toutes, pour tous

- la fin de la chrématistique boutiquière, ladre, qui nous sert d'alpha et d'oméga sociale

https://www.facebook.com/mobartec/posts/327920717345742

Massa Koné parle de l'enclosure version malienne

Un article de Reporterre interview Massa Koné, défenseur du droit des paysans, nous explique comment se passe l'enclosure au Mali. Un cas d'école, si je puis dire, un manuel de la spoliation de petits paysans qui ne demandent rien à personne et un document historique puisque ce phénomène d'enclosure a touché la terre entière - y compris vos ancêtres (quels qu'ils soient).


"Comment est-il alors possible que les paysans se fassent expulser de leurs terres ?
Il faut revenir à l’histoire du pays. Le droit coutumier perdure dans le temps mais n’a pas été matérialisé. Il a été respecté par l’administration coloniale, alors même qu’elle avait apporté et imposé son droit moderne et sa conception de la propriété privée. A l’indépendance, le régime communiste a banni la propriété privée et mis en place une législation domaniale, qui, tout en reconnaissant le droit coutumier, a rendu l’État seul « propriétaire » du foncier.

A l’époque, nos parents ont applaudi, parce qu’ils pensaient encore que l’État, c’était le peuple.

Mais en 1968, le régime a été renversé. Quand, dans les années 80, il y a eu de grandes sécheresses, le Mali s’est engouffré dans la politique néolibérale imposée par la Banque mondiale et le FMI à travers son programme d’ajustement structurel. Nous sommes alors devenus ultra-dépendants, les entreprises d’État ont été bradées et ça a été le début de la montée d’une « petite bourgeoisie ».
 (voir l'article Franz Fanon)
Après les grèves et la révolution de 1991, la 3ème République a mis en place la décentralisation, avec la création des communes et le développement des territoires. Des nouvelles lois sont apparues, favorisant l’entreprenariat. Les maires ont créé des agences immobilières avec l’instauration de titres fonciers. En s’octroyant ou vendant des titres, ils volaient la terre aux paysans, transformée en hypothèques auprès des banques afin que les nouveaux « petits bourgeois » puissent emprunter.
Ce phénomène est une privatisation des terres, un accaparement des domaines communs.
En 2002, un décret donnant la possibilité aux maires d’expulser des paysans a même été voté pour ratifier le phénomène. Et ceci, malgré une loi toujours en vigueur qui reconnaît le droit coutumier. C’est dans ce contexte de contradictions terribles et d’urbanisation galopante que les « déguerpissements » (expulsions) ont commencé, en particulier en périphérie des villes.

Travail gratuit dans la distribution de prospectus

À faire tourner, à partager aux intéressés, à celles et ceux qui travaillent dans la distribution de prospectus: il y a des droits sociaux à faire valoir.

http://www.dailymotion.com/JulietteGuibaud#video=x16a0ra

Libéralisme militaire en Centrafrique

  • Résumé et commentaire d'un article de l'Humanité.

Extrait:
Aujourd’hui s’ouvre à Paris le sommet de l’Élysée sur la paix et la sécurité en Afrique. La France veut se repositionner sur les terrains économiques et militaires. En prônant la poursuite de politiques néolibérales tournant le dos au développement.
Le livre blanc de la défense défend pourtant un autre point de vue.
Extrait

Le livre blanc sur la défense et la sécurité, rendu public le 29 avril, pérennise d’ailleurs un maintien global des crédits militaires. Plus question donc d’un désengagement des troupes françaises basées sur le continent. Au contraire. La zone sahélo-saharienne, le golfe de Guinée et la Corne de l’Afrique deviennent des « zones proches d’intérêt prioritaire ». Quant aux diverses bases françaises, elles sont regroupées sous le vocable de « points d’appui militaires en Afrique » dans lesquels apparaît la « zone Mali-Niger-Burkina Faso », directement issue de l’intervention au Mali.
Benoît Hazard, anthropologue spécialiste de l'Afrique de l'Est, résume la situation comme suit:
Extrait

Cette stratégie française s’inscrit dans les politiques de domination menées à l’échelle mondiale par les grandes puissances, en concurrence avec les pays émergents, à commencer par la Chine. À la guerre en kaki se superpose la guerre en col blanc en quelque sorte. « Dans nombre de pays qui composaient autrefois son pré carré, la France n’a plus la main sur le terrain économique et dans le domaine de l’extraction des richesses minières et énergétiques. De nouvelles élites africaines n’hésitent plus à jouer de la concurrence entre les grandes puissances et les pays émergents. D’où cette volonté de Paris de se repositionner dans une nouvelle configuration géopolitique, via l’implication militaire directe dans des conflits locaux »
 Mais cette stratégie sert la vieille idéologie de la colonisation rebaptisée néo-libéralisme dans l'urgence.
Extrait.
L’ancien ministre des Affaires étrangères Hubert Védrine, a déployé le volet concomitant : « Afrique-France, pour un nouveau modèle économique. » Les quinze propositions formulées s’inscrivent toutes dans le cadre de politiques néolibérales que sont souvent contraints de mener les pays d’Afrique subissant des pressions politiques autant qu’économiques. Tout est résumé par cette phrase de Moscovici : « L’une des conclusions de ce rapport, c’est qu’il faut donner au secteur privé toute sa place, lui laisser davantage la parole. » Une façon de justifier la poursuite de politiques d’ajustement structurel qui depuis des décennies, sous la houlette du FMI et de la Banque mondiale, brisent les services publics, seuls points d’appui pour des politiques de développement au service des populations. Dans tous les domaines, l’étau de la dépendance économique se resserre à mesure que le secteur privé, représenté par des multinationales occidentales, étend ses tentacules dans tous les domaines.

  • Commentaires

 Nous rappelons à toutes fins utiles que ces politiques cachent mal l'enclosure, le pillage des ressources naturelles partagées, la destruction des modes de production économiques vivriers, l'asservissement de la main-d’œuvre à l'emploi par la misère sont des crimes employiques et doivent être condamnés comme tels, sans considération pour le blabla ethno-colonialiste ou chrématisticien des criminels.

  • Pour Oulala! l'intervention en Centrafrique obéit à une logique de pillage

La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ».
- See more at: http://www.oulala.info/2013/11/republique-centrafricaine-la-france-peut-achever-les-travaux-de-pillage/#sthash.Qs51ABxP.dpuf P { margin-bottom: 0.21cm; }A:link { }
La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises »
La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ». - See more at: http://www.oulala.info/2013/11/republique-centrafricaine-la-france-peut-achever-les-travaux-de-pillage/#sthash.Qs51ABxP.dpuf
La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ». - See more at: http://www.oulala.info/2013/11/republique-centrafricaine-la-france-peut-achever-les-travaux-de-pillage/#sthash.Qs51ABxP.dpuf
La France interviendra donc militairement. Mais en faveur de qui ? D’un gouvernement lui-même issu d’un putsch. La France n’est pas à une contradiction près. En revanche, lorsque des intérêts économiques majeurs sont en jeu, la logique est remisée au placard. Comme on peut le lire sur le site officiel du ministère des affaires étrangères, l’Élysée a directement en ligne de mire les ressources naturelles de son ancienne colonie : « En dépit de l’instabilité politique et des risques sécuritaires, Air France, Bolloré (logistique et transport fluvial), Castel (boissons et sucre), Total (stockage et distribution des produits pétroliers), CFAO (distribution automobile) ont maintenu leurs implantations en RCA. L’arrivée en 2007 de France Télécom dans la téléphonie mobile marque un certain intérêt des investisseurs français. Les pillages consécutifs à la prise de Bangui par les rebelles le 24 mars ont fortement perturbé l’activité des entreprises françaises ».
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Renfe (chemins de fer) condamné à indemniser pour une intoxication à l'amiante

La compagnie avait niée les accusations d'une touriste anglaise qui avait vu les plafond floqués avec la substance cancérigène. La compagnie a alors obtenu un délai de 10 ans pour remplacer les plafonds incriminés dans les 800 voitures pour un coût de 15 millions €.

Pour ce faire, la Renfe a eu recours à des sous-traitants sans aucune expertise en la matière. Ces compagnies sous-traitantes ont utilisé une main-d’œuvre sans aucune qualification dans ce domaine. Ce sont des marginaux, des travailleurs en short, à mains nues qui ont retiré la substance mortelle des wagons, avec des spatules.

La compagnie ferroviaire devra indemniser la famille de l'ouvrier mort (dans un cancer atrocement douloureux) à hauteur de 83 mille €.

Ces pratiques de réductions de dépenses sont criminelles et inefficaces: elles externalisent les coûts gigantesques du cancer sur la sécurité sociale, elles n'intègrent pas les souffrances inouïes des salariés soumis au cancer des poumons, elles cultivent l'irresponsabilité d'entreprise pour sauver de dérisoires profits, elles cultivent le mépris de l'humain, des travailleurs, des sous-traitants, de leur santé. 

L'employisme et la guerre au salaire ont transformé l'Angleterre en pays en voie de développement

C'est la thèse








Bruxelles s'attaque au statut des travailleurs détachés


"Le nombre de travailleurs détachés au sein de l'UE atteindrait 1,5 million aujourd'hui. Rien qu'en France, jusqu'à 350.000 personnes seraient concernées, et seulement une partie d'entre elles sont déclarées : 170.000 en 2012 et 210.000 en 2013 (+23%), selon des chiffres du ministère français du Travail.

D'après une directive datant de 1996, une entreprise peut "détacher" des salariés dans un autre pays de l'UE pendant deux ans maximum, à condition d'appliquer certaines règles du pays d'accueil (salaires, conditions de travail) tout en versant les cotisations sociales dans le pays d'origine."

Concrètement, le recours au détachement supprime de facto les salaires sociaux (chômage, santé, retraite). C'est un dumping, une perte de salaire social et une pratique à condamner en soi, non dans ses 'abus' comme le fait le ministre français.

Le 'gain' franco-allemand dont Sapin se félicite, ce n'est pas l'abolition de ces pratiques de concurrence esclavagistes, c'est le renforcement des contrôles contre les 'abus' au sein de ces pratiques.

(Nouvel Obs)


La prostitution de mineures explose au Brésil à l'approche de la coupe du monde

Référence de l'article du Guardian ici.

  • Résumé et traduction

 C'est la demande des fans de football qui amène l'explosion de prostitution de mineurs autour des stades. Fortaleza est considérée comme la capitale de cette pratique.

C'est que la coupe du monde va créer pleins d'emploi en amenant des devises. Depuis 2001 où l'UNICEF estimait à 100.000 le nombre de mineurs dans le prostitution, ce chiffre a été depuis multiplié par cinq.

On peut incriminer la pauvreté extrême, la culture machiste ou la drogue. Bien des jeunes travailleurs du sexe voient la prostitution comme une échappatoire mais le décollage ressemble souvent à un crash.

Les tarifs débutants tournent autour de 12€ la nuit avec les locaux avant d'avoir accès aux boîtes de nuit pour étranger pour des nuits à 65€.

Scène de bar: des touristes allemands dédaignent des prostituées adultes aguichantes à côté d'eux. Ils attendent un signe, ils attendent que des mineurs soient prêtes avec la complicité du bar ou du taxi.

Mais la prostitution enfantine est au deux tiers le fait de client brésiliens, comme dans le cas de Vanessa emmenée par la police alors qu'elle avait ... 13 ans.

  • Mise en perspective
La monstrueuse exploitation de l'homme par l'homme qu'est l'emploi attaque les interdits les plus sacrés, elle sape les bases morales de toute société, elle réduit à la misère les enfants les plus fragiles.

Qu'il y ait des sexualités malsaines ou des penchants pervers de par le monde, c'est un fait. Ce fait pris en soi est un problème psychique, pas social. C'est parce que la misère est installée faute de salaire, parce que les inégalités économiques sont abyssales que cette perversion individuelle devient un problème de société.

Nous considérons pleinement ces enfants comme des productrices, nous appelons à leur émancipation de l'emploi par le salaire - exactement comme les autres producteurs. Non seulement, nous aspirons à la protection de l'enfance, à son exclusion définitive des affres de l'emploi mais nous aspirons à étendre cette protection du vivant, de l'humain à la vie entière, à celle des adultes également.

Les Américains ne peuvent plus payer leur loyer


La guerre aux salaires est aussi menée tambour battant outre-Atlantique avec des résultats remarquables: plus de 21% des États-uniens consacrent plus de la moitié de leurs (maigres) revenus au loyer. Ceci nous promet une implosion du marché immobilier à moyen terme et, vu l'ampleur du problème, une crise bancaire mondiale en prime. 

Félicitation aux politiques qui nous ont convaincus que le problème, c'était le pauvre; félicitation aux journalistes qui nous ont vendu la rigueur, l'austérité et autres fadaises tendances silice, félicitation enfin aux syndicats qui laissent défaire les salaires sociaux, les cotisations sociales, sans hurler, qui signent comme co-gestionnaires de la sécu des plans d'accompagnement, des dégressivités... à mêmes causes, mêmes effets, la misère américaine arrive ici et, avec elle, les locataires surchargés et une crise immobilière apocalyptique. 

 Ce ne sont pas les pauvres qui 'coûtent' à l'économie, c'est la gestion de l'économie à des fins de profit qui 'coûte' aux pauvres.

Think Progress (en anglais)

À quelques profits malheur est bon

Nous résumons et commentons un article publié dans l'Observatoire des Multinationales sur les conditions de travail dans le textile en Haïti.

Les faits:

- Les usines textiles se sont installées dans les zones franches en Haïti

- Les politiques refusent d'augmenter leurs salaires ou d'améliorer leurs conditions de travail pour tenir face à la concurrence
- Les ouvriers haïtiens viennent d’obtenir une augmentation minimale de leurs salaires, qui sera porté de 200 à 225 gourdes (4,65 à 5,23 dollars). Un montant qui ne suffira pas à leur assurer des revenus décents, et qui est aussi très éloigné des 500 gourdes revendiquées par les travailleurs du textile à l’occasion de plusieurs manifestations de rue au cours du mois de novembre.
- Mais, comme les vols de salaires sont fréquents, il n'est pas certain que les ouvriers haïtiens bénéficient de cette famélique augmentation

- Les usines dans les zones franches haïtiennes emploient 30.000 ouvrières textiles pour de grandes marques essentiellement américaines

- Il y a quelques années l'ambassade des États-Unis est intervenue pour bloquer un projet d'augmentation des salaires

- Suite au tremblement de terre de 2010, une politique de libéralisation agressive a été menée. Zones franches, dispenses fiscales et répression syndicale au programme.

Nous rappelons que la misère d'Haïti s'explique par la gigantesque dette qu'elle a dû régler pour rembourser l'affranchissement des esclaves à partir de 1825 (voir un article de Libération ici). Haïti a dû payer cette dette crapuleuse ... jusque dans les années 1952.

yon aksidan nan youn nan nou
se yon aksidan sou tout moun nan nou

Notes de lecture sur les conditions de travail en Afrique du Sud

Un article du Cairn décrit les conditions de travail en Afrique du Sud en 2006, nous vous en faisons un bref résumé ici en souvenir du regretté Nelson Mandela.

  • Histoire

L’histoire a profondément marqué les rapports sociaux et les structures productives de l’Afrique du Sud contemporaine. Le rapport salarial a été remodelé continuellement par les conflits sociaux qu’a connus le pays depuis la fin du xixe siècle. Ainsi, comme le note Makgetla, en entretenant une situation de sous-emploi et de chômage structurels, le régime d’apartheid (et avant lui, le régime colonial britannique puis sud-africain) a volontairement affaibli la position des Noirs aussi bien comme capitalistes que comme travailleurs. Ceci a permis de protéger la position socio-économique de l’ensemble des Blancs (notamment les plus pauvres et les moins éduqués) tout en offrant aux entreprises une main-d’œuvre noire bon marché et docile, issue d’une « armée de réserve » appauvrie et prête à accepter n’importe quel emploi.
La division des producteurs en race permet de les mettre en concurrence, ce qui met au chômage le groupe majoritaire faute de qualification et met sous pression le groupe minoritaire.

Cette division se manifestait notamment par le fait que
la panoplie de droits dont bénéficiaient les ouvriers blancs (droit syndical, sécurité sociale et assurance-maladie, fonds d’assurance chômage, accès aux tribunaux de travail, etc.) contrastait avec les efforts de l’État pour affaiblir les ouvriers africains, tant par la subversion de leurs organisations que par des attaques directes.
L'Industrial Conciliation Act signé sous la pression des violentes grèves de 1973 et l'élection de l'African National Congress (ANC) en 1994 allaient permettre les espoirs les plus optimistes.

Deux ans plus tard, en 1997, le Basic Conditions of Employment Act (BCEA) définit précisément l’employé(e) en incluant tous les travailleurs (excepté les indépendants) et encadre le temps de travail (45 heures par semaine, 21 jours de congés par an, congés maladies, etc.). Si certaines mesures concernent tous les secteurs d’activités (cotisations chômage et indemnités de licenciement par exemple), d’autres formes de protection sociale (fonds de pension et assurances diverses) relèvent toujours d’accords négociés au sein de l’entreprise ou de la branche. C’est pour cette raison que le BCEA prévoit un mécanisme permettant au ministre du Travail d’intervenir pour fixer les conditions de rémunération dans un secteur donné si les ouvriers sont insuffisamment syndiqués pour négocier avec les employeurs.
  •   Situation

En dépit de cette législation très progressiste, très favorable aux producteurs, elle n'a pu améliorer le sort des plus pauvres et a été contrecarrée par plusieurs éléments.

- Le secteur minier a été libéralisé, ce qui a permis le recours à une main d’œuvre 'externalisée', informelle, exclue du droit du travail

- Le secteur forestier mis sous pression par les papeteries clientes a eu recours à de la sous-traitances en cascade jusqu'à l'informel, hors du droit du travail. Il a eu recours à des étrangers, des Zimbabwéens ou des Swazilandais pour travailler en dehors de la loi

- Le secteur agricole, contexte
Après la migration des Boers (le « Grand Trek ») au xixe siècle et l’appropriation de la plus grande partie des terres par les colons, nombreux étaient les ménages non blancs résidant en fermage ou en métayage sur les terres des agriculteurs blancs. Selon Van Onselen, certains de ces métayers étaient parvenus à développer une activité agricole productive et rentable
Ces agriculteurs noirs ont été expulsés de leurs terres par l'apartheid. Par millions, ils ont été poussés vers les industries et n'ont pu se syndiquer quand ils sont devenus des ouvriers agricoles.

 Les expulsions se poursuivent et les lois ne sont pas respectées.

Mais les lois destinées à protéger les ouvriers agricoles ne sont que rarement appliquées. Les expulsions continuent, voire s’accélèrent. La Nkuzi Development Association estime qu’environ 930 000 salariés agricoles ont été expulsés depuis 1994, soit 13 % de plus que pendant les dix années précédant les élections démocratiques. Selon O’Keeffe, citant une étude de Social Surveys Africa réalisée en 2005, il y a eu 199 611 ménages expulsés de leurs terres pour 164 185 ménages ayant bénéficié des programmes de réforme foncière durant les dix premières années post-apartheid.
 La démocratie post-apartheid a ouvert de grands espoirs mais la violence des relations sociales du travail a perduré et le virage de 1996 de libéralisation de l'économie aura été fatal aux espoirs d'émancipation.