Sur le revenu universel

Nous vous résumons un article de Michel Husson (http://alencontre.org/economie/droit-a-l%E2%80%99emploi-ou-revenu-universel.html) susceptible de poser beaucoup de questions, de susciter beaucoup de débats.


  • Résumé partial et partiel:

Les gains de productivité ne créent pas de chômage

En analysant les données macro-économiques sur plus d'un siècle, l'économiste français constate que les gains de productivité, de production de biens et de services par heure de travail prestées n'a jamais augmenté le chômage.


 L'emploi est un esclavage et une voie de socialisation

Il développe ensuite les deux aspects de l'emploi (qu'il confond avec le travail): l'emploi est un vecteur de socialisation, de reconnaissance sociale, de participation à la société mais l'emploi est aussi une forme parfois pernicieuse d'esclavage. Il y aura toujours un décalage entre le désir du producteur et les nécessités de l'emploi.

Thèses de Gorz: les populations en trop s'organisent

Si l'on pense que l'on ne peut s'affranchir dans l'emploi, il faut alors - comme Negri ou Gorz - considérer les marges du salariat, les précaires, les exclus comme l'avant-garde d'une transformation sociale. Mais Husson rappelle que la grande majorité des chômeurs souhaite retrouver une activité et n'a pas suffisamment d'énergie pour organiser un 'après-emploi'.

Gorz pense que, comme l'économie a de moins en moins besoin de populations pour produire, elle doit s'organiser autrement, en:
«une sphère bien à part, clairement circonscrite, dans laquelle prévalent des conduites techniques trivialisées et hors de laquelle s’étend l’espace de l’autonomie complète». Mais il y a là une contradiction: les détenteurs des moyens de production doivent perdre le contrôle sur les choix de production, tandis que l’autogestion par les travailleurs des «grands systèmes» est déclarée impossible. Qui est alors l’agent de cette planification ? Pour Gorz, ce seraient «les associations, les églises, les universités, les clubs et les mouvements se donnant pour but non pas d’exercer sur la société le pouvoir d’Etat mais de soustraire celle-ci à la prise de celui-là afin d’élargir l’espace de l’autonomie et de l’autodétermination, qui est aussi celui des rapports éthiques»
 Mais, entre la nécessaire planification de l'économie et l'impossible planification des désirs, le flou entoure les idéaux économique de Gorz.

Thèses de Negri-Vercellone: le capitalisme est devenu cognitif

Le capitalisme cognitif, cher à Negri ou à Vercellone, tendrait à substituer au capitalisme industriel un capitalisme de la connaissance. Ce capitalisme utiliserait la valeur-savoir pour se construire. Selon Husson, la valeur-savoir est tout simplement intégrée dans la production de valeur ajoutée normale - comme elle l'a toujours été puisque tous les procédés de productions intègrent un aspect cognitif.

Les thèses de Negri ou de Gorz amènent toutes à la notion de revenu universel.  Cette question fait l'impasse sur le devenir du travail-emploi [qui est au cœur de nos préoccupations sur la plateforme].

 Le revenu universel de Passet

Un revenu universel ne résout pas le problème de la dualisation de la société entre ceux qui ont le droit de participer à l'économie productive et les autres qui touchent un revenu au contour imprécis.

Le revenu universel proposé par Passet s'élèverait à quelques 600€ (actuels) par mois par personnes de plus de 20 ans - ce n'est pas beaucoup plus élevé que le filet de sécurité cher aux libéraux. Pour lui, il faut supprimer des systèmes d'aides (c'est-à-dire de salaires sociaux) actuels pour les remplacer par cette allocation.

Cette solution [ce n'est pas la seule proposée] réduit les salaires sociaux, leur substitue un revenu prélevé sur la croissance de PIB à venir. Elle corrobore les discours patronaux de 'coût' du travail et des 'charges' sociales - ce qui en fait une machine idéologique dangereuse en faveur de l'emploi et contre les salaires.

Ce revenu universel ne remet pas en cause la structuration du monde du travail, il ne libère pas l'activité du joug de l'emploi et n'amende pas la distribution de la valeur ajoutée entre le travail et le capital.

Husson veut libérer le travail

Face à ces solutions, Michel Husson prône
- la libération du temps de travail (du joug employiste, dirions-nous)
- réduction du temps d'emploi
- extension des salaires, des droits sociaux
- baisse du pouvoir patronal sur les conditions d'embauche et de travail en emploi
- faire dépérir le marché de l'emploi.