Bart, l'avocat de la VOKA

Vous connaissez le principe de la prestidigitation? Le magicien attire l'attention du public sur un événement insignifiant, un lapin rose qu'il tient de sa main gauche, par exemple, alors que, de sa main droite, il fait le tour de magie en toute discrétion.

On pourrait aussi parler d'un chat qui fait semblant d'attaquer un papillon pour pouvoir s'attaquer, brusquement, à un oiseau dont l'attention aura été détournée par son curieux manège.

Le Bart, avocat forcené du patronat flamand (la VOKA), a récemment procèdé de la sorte. Il a fait une déclaration de guerre communautaire concernant Bruxelles. C'était une déclaration énorme, excessive, outrancière qui a captivé l'auditoire et concentre les réactions politiques.

Mais le thuriféraire des entrepreneurs a fait une autre déclaration, restée elle sans réaction. Cette autre déclaration est le chiffre, le sens, la philosophie profonde, le tour de magie, l'objectif effectif de la manoeuvre: il s'agit de limiter le droit aux indemnités de chômage dans le temps dans le royaume. Le maïeur d'Anvers souhaite les limiter à deux années alors qu'elles sont sans limite dans le temps actuellement. Sur cette déclaration, par contre, (presque) pas de réaction.


'Nous voulons travailler - Réseau flamand des entreprises'

Il faut savoir que le sbire est habile dans cet exercice, que l'on en juge par l'histoire de la formation du gouvernement actuel.

Premier temps, sur des discours identitaires, des discours de rupture, le leader nationaliste engrange des résultats électoraux très prometteurs à l'échelle de la Flandre. Son programme scissionniste est à peu près inapplicable puisqu'il impliquerait des concessions des Bruxellois qu'ils ne sont manifestement pas prêts à faire.

Par contre, son programme social et économique est caché par des déclarations nationalistes amphigouriques. Il est néanmoins appliqué en tout ou en partie par la coalition au pouvoir. Pourtant, cette coalition a exclu la NVa, le parti du commis patronal ultra-employiste et, pour ce faire, a dû réunir à peu près tous les autres partis politiques du pays.

Et c'est là qu'on arrive à l'objectif de la manoeuvre: le programme de déflation salariale cher au patronat flamand est finalement appliqué (que la NVa arrive au pouvoir ou non) pour "ménager les susceptibilités communautaires". Les velléités nationalistes servent de rideau de fumée pour cacher la finalité du parti de Bart: casser le salaire, supprimer le salaire social, fiscaliser la sécu (ce qui réduit la part des cotisations des entreprises au détriment des contribuables).

En lien (en néerlandais): "Voka is mijn baas" ("le patronat flamand est mon patron") dixit Bart.

Une étude allemande lie santé et harcèlement des chômeurs

Résumé et traduction

Une étude allemande a constaté que les allocataires du fameux Hartz IV souffraient souvent de problèmes de santé.

Si l'étude ne détermine pas si c'est la misère qui rend malade ou la maladie qui rend misérable, elle constate que les maladies mentales touchent plus de 40% des allocataires de Hartz IV - les employés dans leur ensemble sont quelque 20% dans le cas. Il faut savoir que les allocataires de Hartz IV sont des working poors, des travailleurs (éventuellement à plein temps) qui doivent vivre avec quelques 500€ par mois et des allocations logement faméliques.


Nombre de "Hartz IV" souffrent de dépression. Cette maladie rend la recherche d'emploi à peu près impossible. Le harcèlement institutionnel et la pression à accepter n'importe quel emploi contribue en tout cas à la détérioration de la santé psychique des intéressés.

Le pourcentage de diagnostiques psychiatriques a explosé ces dernières années chez les "Hartz IV". Ils voient leur espérance de vie énormément diminuer.

 Mise en perspective

Le lien avec le harcèlement vécu par tous les chômeurs, par tous les travailleurs pauvres en Europe et dans le monde est évident. Tous subissent une maltraitance institutionnelle du fait d'administrations ou d'employeurs criminels. Nous dénonçons les pressions (en Allemagne, elles touchent également les employés) et le harcèlement institutionnel plus ou moins fondé.

Nous soulignons l'impact sanitaire, la souffrance psychique que génèrent ces pratiques totalitaires  et appelons au droit au salaire, à la santé, au respect social, à l'activité inconditionnel.

La barrière de corail menacée par les mines

Quand deux hommes d'affaire impliqués dans le secteur minier siège au sein du directoire du parc marin de la Grande Barrière de corail, les poissons peuvent serrer les fesses.


article du Monde

Poisons de l'emploi

La logique de l'emploi, c'est celle du profit généré par le travail des employés et accaparé par les propriétaires lucratifs. Cette logique se concentre exclusivement sur la valeur d'échange produite sans égard pour d'autres considérations - sociale, psychique ou écologique.


Cette logique amène les entreprises à produire et à vendre des choses toxiques. Cette production atteste l'opposition entre valeur d'usage (ce qui est toxique a une valeur d'usage négative) et la valeur d'échange (tant que ça se vend ...).

Dans l'article <http://jeunecitoyen.wordpress.com/2013/08/31/coca-cola-tuc-colgate-100-produits-quotidiens-et-toxiques/>, on nous donne un petit florilège des poisons produits pour leur rentabilité.

Sans vouloir juger ou condamner les travailleurs sous le joug de l'emploi qui sont contraints à produire ces poisons, rappelons qu'ils s'empoisonnent eux-mêmes, forcés par le sacro-saint aiguillon de la nécessité et que, du point de vue de la valeur d'usage, de ce qui est utile, ils feraient mieux de rester chez eux à se dorloter.

Reportage dans un pays prospère sans salaire social

Pour comprendre ce qu'est le salaire social, rien de tel qu'une petite expédition outre-Atlantique, au pays des hamburgers, de Mother Jones, du soda, de la route 66 et ... sans salaire social.

Tout d'abord un article nous parle des 1,3 millions de salariés de Walmart qui gagnent moins de 25k€ par an. Cela fait 18.500€ par an ou un peu plus de 1.500€ par mois. Pour un Européen, cela fait un salaire chiche mais, tout de même, 1.500€ par mois, il y a moyen d'y arriver.

Sauf que, aux États-Unis, il n'y a pas d'assurance chômage dans ce salaire, pas (ou peu) de retraite, pas d'assurance maladie. Pour avoir droit à ces différentes prestations, le salarié états-unien doit prendre sur son salaire poche et en retirer de substantielles cotisations auprès d'assurances privées. Ces assurances privées prennent d'importantes commissions, ce qui les rend plus chères (et/ou moins efficace en terme de couverture) que la sécurité sociale publique française, allemande, belge ou néerlandaise.

L'assurance chômage-invalidité est impayable mais, pour une assurance-santé aux États-Unis, il faut compter plusieurs centaines d'euros par mois et, surtout, les prestations en cas de maladie sont très aléatoires (les assurances cherchent la petite bête pour ne pas devoir indemniser les frais de santé). De ce fait, sans assurance-santé comprise dans le salaire, les 1.500€ deviennent un salaire individuel très insuffisant.

Il y a également le problème des retraites (reportage vidéo de France 2). Certains employeurs négligent de cotiser à une caisse de pension, d'autres se bornent à proposer une retraite par capitalisation. Les retraites par capitalisation disparaissent au premier coup de bourse venu de sorte que les retraités se retrouvent ... au travail.

Le salaire social, c'est cette différence. En Belgique, les salaires représentent à peu près 250 milliards. Sur ces 250 milliards, 90 sont consacrés à la sécurité sociale, soit un peu plus du tiers. S'il fallait que les salaires dont nous parlions cotisent pour avoir le même niveau de prestation qu'en Belgique, ils devraient y consacrer un peu plus de tiers et se retrouveraient donc avec un revenu poche ... de moins de 1000€.

Les salariés paient la formation que leur donne leur patron

On vous avait déjà parlé des pratiques ultra-employistes (pour ne pas dire esclavagistes) de la compagnie low-cost. En voici une en plus: les employés doivent payer la formation délivrée par l'entreprise à ses (possibles) futurs employés

http://www.rue89.com/2013/10/28/chez-ryanair-faut-payer-etre-forme-247005

Le magasinage des 'réformateurs'

Dans la belle province aussi la sécurité sociale - en l'occurrence l'assurance chômage - est menacée. En dépit de son nom, cette assurance chômage est financée par le salaire. On peut craindre que, là-bas comme ici, les gouvernements s'y prennent de la même façon après avoir évoqué un mystérieux bien commun.
  1. Des médias qui évoquent les 'problèmes', les 'déficits structurels' en boucle
  2. Un rapport bidon d'une commission sur commande prône les 'réformes'
  3. Les 'réformes' en question consistent invariablement en une baisse des salaires, notamment des salaires sociaux, éventuellement une fiscalisation de la sécurité sociale, une restriction des prestations de la sécurité sociale - un harcèlement de leurs bénéficiaires - et une baisse des prestations en question.


Bien sûr, tout le processus diminue le montant global alloué aux chômeurs (aux retraités, aux malades, à la santé publique, etc.), les cotisations sociales baissent donc, ce qui permet aux employeurs d'augmenter leurs profits. Éventuellement, une partie de la baisse de cotisations sociales est compensée par une augmentation des impôts (TVA et impôts sur le revenu) pour financer ce qu'il reste des prestations.

En gros, le chômage organisé par les entreprises, qui était compris dans le salaire comme cotisation passe à la charge des contribuables - et le tout pour sauver, augmenter et exploser les profits des saints investisseurs.

La sécu, c'est déjà le salaire hors emploi, c'est déjà une brèche dans la grisaille, dans la servilité contreproductive de l'emploi. C'est notre joyau, à toutes et à tous.

On licencie dans la presse Française sans compter les pigistes

Dans cet article d'un quotidien employiste
on apprend le licenciement de quelques 1500 journalistes. On apprend aussi que les pigistes ne sont tout simplement pas comptabilisés. Pour France Télévision, par exemple, télévision publique sous le coup de coupes budgétaires 'austères', les licenciements se chiffrent à 361 alors que plus de 1000 pigistes ont été éjectés ou vont l'être.


Dans le secteur des médias, la précarité que cachent ces statistiques, pousse les travailleurs à un conformisme, à une obéissance à leurs supérieurs qui compromet la liberté de la presse. Une presse muselée, c'est une démocratie vidée de sa substance.

Nous rappelons que chômage et emploi sont une même violence, un même chantage, une même terreur, nous rappelons que nous appelons à l'abolition de l'emploi, du chômage (du coup) et de la précarité.

Nous appelons à une libération de la créativité humaine, des potentiels des producteurs.

Aux États-Unis aussi, la construction tue et maltraite

Dans cet article en anglais nous apprenons que, aux États-Unis, selon un rapport du Centre Pour une Démocratie Populaire, dans l'état de New-York, la construction a un coût. Qu'on en juge.



- La plupart des travailleurs sont des immigrés, 17% de sans papier (comme sur les gros chantiers en Belgique ou en France).
- Les punitions contre les employeurs en cas d'infractions aux règles de sécurité sont symboliques (en Belgique, c'est exactement le même problème): 2000$ pour des blessures jusqu'à 12.000$ pour un mort, ce qui met l'ouvrier au prix de la voiture d'occasion. En outre, l'inspection des lois sociales manque cruellement de personnel pour vérifier l'application des règles de sécurité (c'est aussi le cas en Belgique et en France, encore plus depuis la dernière réforme).
- Il y a eu 400.000 morts dans la construction aux États-Unis depuis 1970 (ce pays a perdu 6,5 fois plus de personnes dans des entreprises de construction qu'au Vietnam, par exemple).

Allemagne affamée, Allemagne outragée mais Allemagne libéralisée

Nous apprenons dans Junge Welt (en allemand) que la pauvreté prolifère outre-Rein, entre le plan Hartz IV de mise au travail (pour ainsi dire) gratuite des chômeurs et absence de salaire minimum.



Cette absence de salaire minimum est une spécialité là-bas, ce qui permet, en période de chômage élevé ou quand les conditions de vie des chômeurs sont suffisamment empoisonnées d'embaucher pour (presque) rien.

En 2012, on comptait 16,1% de pauvres en Allemagne (moins de 60% du revenu médian), ce qui correspond à une augmentation de 0,3% en un an.

Le risque de pauvreté est plus élevé chez les femmes (17,7%) que chez les hommes (15,5%).

Les mères célibataires sont 38,8% à être pauvres, les pères célibataires sont également touché par la misère.

Le résultat d'une politique d'euro fort favorable à l'épargnant, d'une politique employiste à outrance (au prix du salaire) se fait voir immédiatement: misère, stagnation et, demain, quand les Hartz IV prendront leur retraite, retour à l'asile pour indigents.

En Pologne, au nom de l'emploi, on casse le salaire

À l'occasion de l'ouverture d'un nouveau centre de tri Amazon en Pologne, Press Europ trace un portrait des pratiques employiques dans ce pays.

Référence: http://www.lemonde.fr/economie/infographie/2005/03/09/des-ecarts-tres-importants_628612_3234.html. Nous précisons que, de notre point de vue, la main d'oeuvre n'est jamais un coût mais toujours un investissement - alors que les dividendes sont des coûts.



On y apprend que les salaires y sont bradés (parce que cela crée de l'emploi) à un tel point que la Pologne (comme la Chine ou l'Inde) constitue le meilleur investissement pour comprimer ses salaires, pour réduire les 'coûts' de main d'oeuvre.

Extrait de l'article.
Plus de 100 000 Polonais travaillent dans des BPO (Business Process Outsourcing), des centres externalisés de services aux entreprises tels que les centres d'appels, la comptabilité des banques étrangères ou les sociétés informatiques. Cette activité est une véritable spécialité polonaise, comme en témoignent les 600 personnes employées à Cracovie par la société américaine de services financiers State Street. Notre succès tient au fait qu'à poste équivalent, un Polonais gagne environ 100 euros de moins qu'un Hongrois et 75 euros moins qu'un Tchèque.

Bien sûr, non seulement la main d'oeuvre n'est pas un coût, mais le salaire est le seul garant de la productivité. Nous nous associons de tout notre coeur aux luttes des producteurs polonais pour sauver, étendre voire socialiser leur salaire.

Nous rappelons que seule la socialisation du salaire peut casser la concurrence mortelle entre producteur, elle permettrait en outre, pour les entrepreneurs, de développer des relations de travail plus saines, plus constructives avec leurs collaborateurs.

Guerre au salaire à l'aube de la seconde guerre mondiale

On m'envoie cette vidéo d'Annie Lacroix-Riz sur l'histoire de la sécurité sociale en France avant la seconde guerre mondiale.


Elle y développe notamment l'histoire du syndicalisme jaune, de la contre-révolution conservatrice de cette époque: il s'agissait d'une guerre au salaire menée tambour battant.

On y disait que les vieux pouvaient bien travailler, que les Français devaient être remis au travail. Tous les cadres - politiques ou syndicaux - qui ont participé à la casse des salaires et des grèves à l'époque se sont évidemment retrouvés dans la collaboration par la suite.

À l'époque comme maintenant:

- Les salaires sociaux sont comprimés. On évoque l'indolence des chômeurs, la nécessité d'équilibrer les comptes (alors qu'ils suffirait d'augmenter les cotisations sociales), le vieillissement de la population et autres fadaises genre la pression de l'étranger, la productivité (dans les années 30, les organes patronaux ont été jusqu'à prétendre que c'était la concurrence de l'URSS qui générait la crise!).

- Les salaires directs sont du coup comprimés. Le temps de travail est allongé et le droit social est vidé de sa substance. Il s'agit de diminuer le salaire, d'augmenter les profits et, de manière générale, de faire la guerre aux producteurs, y compris par des mesures vexatoires, mesquines.

- Les médias, les politiques et les syndicalistes s'entendent à casser les travailleurs-défenseurs de leurs droits sociaux, de leurs salaires. Les syndicats cassent les grèves, ils ne représentent pas les chômeurs (en nombre), les retraités, ils négligent du coup de représenter la partie socialisée du salaire. Médias, politique et syndicalistes parlent du mérite. Ce mérite est défini par la soumission à la logique patronale, à la logique de l'emploi, à la vente du temps humain, à l'utilisation de la vie pour le profit.

- Les structures démocratiques, quoi qu'on en pense, se sont peu à peu vidées de leur substance. Le gouvernement technocratique a peu à peu pris la place de la consultation populaire, jusqu'à appeler de ses voeux la manière forte, jusqu'à être prêt à faire appel à l'étranger pour rétablir l'ordre. Cette fascisation de la société s'est opérée progressivement. Les élites étaient alors prêtes à accueillir les Nazis.

Selon l'historienne, pour empêcher ces tendances mortelles, il faut résister. À partir du moment où la résistance s'universalise, elle devient impossible à réprimer et peut être efficace.

Burn-out, Entretien contre les idées reçues

Le burn-out est une maladie sociale, c'est une maladie provoquée par le mode de management du personnel. Si le burn-out se manifeste par des symptômes médicaux, individuels, son origine est psycho-sociale.
De ce fait, il faut également interpeller aussi bien les syndicats que l'inspection du travail sur les risques psycho-sociaux de certains types de management. Dans le cadre d'un management par la haine, par la pression, par le harcèlement, le burn-out doit être considéré comme une MALADIE PROFESSIONNELLE dont l'employeur doit être tenu responsable et qu'il doit indemniser en conséquence.

Nous nous permettons d'insister sur ce point, notamment auprès de nos lectrices, de nos lecteurs syndicalistes afin qu'ils interpellent leurs instances responsables sur le sujet. Qui casse paie. C'est le patron qui provoque le burn-out pour augmenter ses marges, c'est à lui d'indemniser la sécurité sociale et l'intéressé en conséquence.


Pr Pierre Firket démonte quelques idées reçues sur le burn-out. L'occasion pour nous de rappeler à nos lecteurs:

- qu'il faut être très attentifs aux signes avant-coureurs du burn-out, chez soi comme chez les autres, plus on laisse les choses aller loin, plus la maladie devient difficile à soigner

- que le management moderne implique la productivité et l'absence de respect des rythmes de chacun. Ce management, quand il se double de mépris ou de harcèlement professionnel constitue un terreau pour cette maladie

- que l'on travaille pour vivre et non l'inverse, c'est l'importance de la vie qui, éventuellement, pousse à accepter un travail

- que ce sont les gens les plus motivés, les plus soigneux, pour qui le sens du travail est le plus importants qui sont le plus sujets à ce mal

- que cette maladie peut avoir des séquelles mal connues et qu'elle doit être considérée comme une maladie dangereuse



Courage à toutes et à tous. N'hésitez pas à contacter votre syndicat et des professionnels de la santé en cas de doute (certains médecins font l'impasse sur cette maladie, d'autres en sont forts conscients, un médecin peu compréhensif ne veut pas dire que vous n'êtes pas malade).

http://www.rtbf.be/info/societe/detail_ceux-qui-resistent-au-burn-out-sont-les-bons-les-autres-les-mauvais?id=8118439

Rappel des symptômes:

  1. Épuisement professionnel (rien ne paraît surmontable)
  2. Déshumanisation (désinvestissement de la relation à l'autre)
  3. Auto-dépréciation (culpabilité, démotivation)

Le Psychologue - Burn-out


Au Japon, l'emploi coupe la libido

Résumé et traduction de cet article du Guardian (en anglais).

Les jeunes font la grève du sexe. Si certains se contentent de flirts sans lendemain, d'autres se privent carrément de toute relation sexuelle. Il peut s'agir de jeunes gens qui grandissent chez leurs parents ou de jeunes gens complètement isolés.

L'assexualité touche aussi bien les hommes que les femmes. Selon les projections du gouvernement, si un quart d'entre elles ne se marieront pas, c'est plus de 40% d'entre elles qui n'auront pas d'enfant.

Il faut dire que, au pays des journées de travail de 20h, les femmes n'ont pas bonne presse dans le monde de l'emploi. Quand elles se marient, elles perdent encore en prestige et quand elles attendent un enfant, elles deviennent des poids morts pour leur entreprise et quittent leur emploi à 70%: quand on est enceinte, les horaires coupés interminables deviennent insupportables.



La dépression salariale pousse également à ces existences sans famille. C'est que, entre le prix de la vie, des loyers, et les faibles salaires, il est matériellement difficile d'élever convenablement une famille au Japon.

Commentaires

La chasteté nippone n'est donc pas nécessairement choisie - même si, imposée par la force des choses, elle est parfois justifiée. C'est la logique de l'emploi, de la rentabilité, de la mobilisation totale de l'employé qui amène à une dénatalité galopante, à une stérilité de masse, à des plaisirs à la sauvette, sans lendemain.

L'absurde de la logique de l'emploi sape ses propres ressources. Que pourra acheter le yen des actionnaires quand tous les producteurs auront disparu faute de temps, de soin, d'attention, d'amour, de tendresse et de ressources pour continuer la vie? Que vaut une société qui n'admet pas les enfants (et à peine les femmes), que vaut une société qui vieillit inéluctablement faute de valoriser ce que la valeur d'échange ne valorise pas, faute de valoriser la vie gratuite, le temps partagé?

Dans la guerre entre le temps qui rapporte et le temps qui vit, nous prenons parti.

Les privatisations et la précarité minent l'économie irlandaise

Les travailleurs en repos doivent être disponibles pour travailler à n'importe quelle heure du jour si leur entreprise le souhaite ou l'emploi poussé dans la logique ultime jusqu'à l'esclavage.

Traduction et résumé de l'article de Diagonal (en espagnol):

L'austérité frappe aussi bien le Nord attaché à la Grande-Bretagne que la république du Sud. Ils découpent le secteur public en tranches de salami dans lesquelles ils opèrent des coupes graduelles.



Depuis les accords du Vendredi Saint en 1998, la réconciliation entre les Irlande été placée dans le carcan de libéralisation. Le textile et la construction avaient déjà été affectés par le libre-échange.

Le 'développement' du Sud reposait sur la spéculation immobilière et sur le secteur de la construction de sorte que, quand la bulle a éclaté, tout s'est écroulé.

Actuellement, le retour de la croissance cache une précarisation et une dégradation des conditions d'emploi. Les contrats d'emploi instables et insuffisamment payés pour permettre aux travailleurs de survivre se sont étendus à tous les secteurs. Ce sont d'abord les femmes qui paient cette violence sociale.

37% des nouveaux contrats sont des temps partiels.
32% des nouveaux contrats sont soumis à des horaires aléatoires - jusqu'aux fameux contrats de 0h où l'employé doit être à disposition de l'entreprise sans qu'elle s'engage sur la moindre quantité de travail rémunéré. En Grande-Bretagne, par exemple, 22% des employés du privé (5,5 millions de personnes) ne sont pas assurés de prester plus de trois heures par semaine. Ces contrats de 0h ne garantissent évidemment aucune rémunération en cas de maladie et aucun congé payé.

Commentaires

Nous nous battons pour le salaire et contre l'esclavagisme de l'emploi. Ici, on voit que les choses prennent la tournure d'une guerre de classe. Nous appelons les Irlandais (et les Anglais) à s'organiser, à faire valoir le droit et leurs droits, à étendre le salaire, à le socialiser, à quitter la logique délétère de l'emploi.

Nous rappelons que, à force de comprimer les petits salaires, l'importance de la partie réalisée (dépensée) de la valeur ajoutée diminue, ce qui comprime la production de valeur.

La compression de la production de valeur amène le chômage de masse faute de marché solvable (voir compétitivité ou productivité).

C'est le petit jeu qui se joue à l'échelle de l'Europe pour le moment. C'est une crise de surproduction. Il faudra sortir par les salaires de cette crise (et nous appelons la socialisation du salaire pour sortir de l'emploi) soit au niveau de nations qui établiront des douanes pour ce faire, soit au niveau de l'Europe.

Dans cette seconde hypothèse, la concurrence entre producteurs, mortelle pour les salaires et pour les conditions de travail, devra être a minima jugulée par une législation sociale commune, une sécurité sociale commune et une fiscalité commune.

Intérim et précariat

Un article de la Libre Belgique nous détaille les résultats d'une étude conjointe de la KUL, de l'UCL et de la FGTB.



Résumé:

65% des intérimaires le restent pendant plus de deux ans
30% des intérimaires le restent pendant plus de cinq ans
54% des intérimaires font du présentéisme, ils vont au travail alors qu'ils sont malades, par crainte de perdre leur emploi
65% des intérimaires ont des contrats à la semaine
la moitié des intérimaires sont prévenus des changements d'horaire le jour même
33% des intérimaires ont des difficultés à gérer un budget
34% des intérimaires ne peuvent contracter un emprunt

Mise en perspective

Nous rappelons qu'il s'agit, en Belgique de 520.000 producteurs sur une population active de 4.450.589 personnes, soit près de 12% des intéressés.
Nous rappelons également que cette population est privée de démocratie syndicale puisqu'elle ne participe pas aux élections professionnelles et n'a pas de branche spécifiques au sein des trois syndicats belges.

Nous rappelons que la précarité, la crainte de la misère (le fameux aiguillon de la nécessité) constituent des entraves répétées et sérieuses à la liberté humaine, qu'elles empêchent de s'organiser, de fonder une famille, qu'elles constituent une menace permanente contre l'employé ce qui, à terme, peut évoluer en burn-out ou en dépression réactionnelle. L'organisme humain n'est pas adapté à des stress prolongés.

Nous appelons à l'abolition de l'emploi en général et particulièrement de cette forme odieuse du chantage esclavagiste, nous appelons à la liberté de faire, au salaire, au respect du producteur.

L'huile de palme nourrit l'enclosure à Sumatra

Qu'est-ce que l'enclosure? Au moyen-âge, il y avait des terres communales, des moulins communaux, des fours communaux. Cela n'avait rien à voir avec une quelconque municipalité, avec de quelconques élections dans lesquelles la griserie du pouvoir émousse les amitiés les plus fidèles, non. Il s'agit de propriétés, de biens communs, utilisables par tous.



À l'aube de la révolution industrielle, ces biens communs ont été privatisés à tour de bras. Ceci a eu comme conséquence que les gens devaient louer leur bras pour avoir accès aux fruits de la terre au lieu de travailler eux-mêmes une terre commune pour se nourrir.

L'Angleterre s'est tournée vers l'élevage à ce moment-là: le bétail est un capital qui se transporte mieux, s'exporte mieux et se conserve mieux que les légumes que faisaient pousser auparavant les peasants. Ce phénomène est connu sous le nom d'enclosure (voir Polanyi, La Grande Transformation).

En Angleterre, les paysans sans terre ont eu droit à une allocation misérable de survie (la Speenhamland), allocation payée par les impôts des classes moyennes - qui ont commencé à s'appauvrir - et distribuée par les paroisses. Les misérables après avoir été privés de leur terre devaient se contenter d'une allocation chiche alors qu'ils avaient été des paysans fiers et dignes. Les manufactures naissantes pouvaient embaucher les misérables moins chers puisqu'ils avaient déjà de quoi survivre. C'est ainsi que les classes moyennes ont dû payer les salaires que l'industrie anglaise ne souhaitait pas payer - ce qui a rendu ladite industrie la plus concurrentielle du monde à l'époque, comme vous devez vous imaginer.

Le jour où l'industrie eut besoin de davantage de bras, que croyez-vous qu'il arrivât? Mais oui, les paroisses ont coupé les robinets et les misérables se sont précipités à l'usine pour vendre leurs bras à prix cassé.



Et c'est là qu'en sont nos camarades indonésiens (Basta - en français): dépossédés de leurs terres (enclosure), forcés, du coup, à vendre leur force de travail pour les voleurs de terre que sont des multinationales agroalimentaires.

Ils s'organisent néanmoins et ont un avantage tactique sur nos ancêtres: l'huile de palme nécessite beaucoup de soin, les plants doivent commencer à être remplacés, ce qui place les producteurs en situation de force: le travail est nécessaire. Espérons que les luttes là-bas paient, que le droit puisse prévaloir sur le vol de l'enclosure, que l'emploi ne deviennent pas l'horizon, la perspective ultime pour ces gens, espérons que vainquent le droit, la liberté et la justice, que les communautés retrouvent leur âme, leur terre, leur rythme, leur forme de vie.

Des pirates pillés

Qui n'a pas entendu des détournements de bateau au large de la Somalie? Des bateaux géants 'pris en otage' par des pirates prêts à tout.



Voilà l'histoire servie par les médias mainstream. Je suis tombé par hasard sur un article qui fait un lien entre ressources et piraterie. Les pirates sont des pécheurs ... dont les poissons ont déjà été pris par des bateaux-usines.

En lisant le blog de Claude Guillon, j'ai découvert ses notes de lecture de Coll., Frères de la côte. Mémoire en défense des pirates somaliens, traqués par toutes les puissances du monde, L’Insomniaque.

Résumé:

Toxic Somalia (film)

La France dispose d'un territoire maritime énorme du fait des confettis d'empire, ces îles dispersées un peu partout. Ce territoire se situe notamment dans l'Océan Indien, au large de la Somalie.



Le Golfe d'Aden, au Nord de la Somalie, entre la corne de l'Afrique et la péninsule arabique, voit passer une bonne partie du trafic maritime mondial, notamment le pétrole à destination de l'Europe ou des États-Unis.



La pèche industrielle occidentale et l'accumulation de déchet toxique dans la région ont tout simplement privé les pécheurs locaux de poissons. Ils vivaient chichement mais vivaient de la pèche.

Mise en perspective:

Nous soulignons le lien entre cette dépossession de l'outil de vie, de travail, de prospérité (toute relative, en l'occurrence) et le phénomène d'appropriation des biens communs sous toutes leurs formes. L'espace, la terre (par le phénomène d'enclosure, de mise en enclos des terres auparavant communales) deviennent des denrées rares, chères, payantes alors qu'elles faisaient vivre la communauté.

Ce phénomène de piraterie naît de la privation des ressources vitales. Cette piraterie n'existait pas quand les Somaliens disposaient de suffisamment de poissons pour vivre. De la même façon, la privatisation de tous les biens, de tous les services, de toutes les ressources, les espaces, la parole même, sonne à l'échelle du monde une nouvelle ère d'une nouvelle piraterie.

C'est que, après nous avoir privés de ce qu'il nous faut pour vivre, ils veulent que nous leur obéissions dans l'emploi pour les rendre encore plus riches. Faute de ressources, nous n'avons guère le choix à moins que, un jour ou l'autre, d'une façon ou d'une autre, les ressources ne redeviennent nôtres.

Une commune belge espère faire 350.000 € sur le dos des femmes de ménage

Selon les déclarations même du bourgmestre, rapportées par le quotidien local, la ville espère économiser 350.000€ en licenciant les 32 nettoyeuses..

La question à 350.000 €, c'est d'où vont venir ces économies?

- De la baisse des salaires des nettoyeuses qui seront moins payées dans le privé qu'elles ne le sont actuellement comme agents communaux.

- De la diminution des salaires sociaux, des cotisations sociales dues par l'employeur à l'ONSS, à la sécurité sociale. Le recours à des contrats précaires ou à des contrats aidés permet de diminuer les salaires sociaux, ce que les sous-traitants ne manqueront pas de faire.

- De l'augmentation de la 'rentabilité' horaire du personnel: une partie des nettoyeuses ne sera pas embauchées et celles qui conserveront un emploi (non plus à la commune mais chez un prestataire privé) devront travailler plus vite (éventuellement en heures supplémentaires gratuites) et plus mal. Celles qui conserveront un emploi auront des rythmes de travail aliénants, elles seront davantage exploitées, elles généreront la même valeur ajoutée mais seront moins rémunérées.




Les femmes d’ouvrage sont indignées par la tournure des événements.
- De l'augmentation des dépenses de sécurité sociale en allocation de chômage, par exemple, pour les licenciées puis en augmentation des dépenses publiques en allocations sociales.

L'autre question à 350.000€, c'est que vont provoquer ces économies. Ces 350.000€ vont à des petits salaires, pour le moment. Ces petits salaires dépensent tout - ils n'ont pas de capacité d'épargne. Ce sont donc 350.000€ de moins pour les chiffres d'affaire des PME locales et des entreprises dont les femmes de ménage sont clientes. En pleine crise de la demande, on croit rêver.

A terme, ces 350.000€ ne retourneront pas dans l'économie locale, ce qui grèvera d'autant les chiffres d'affaire des entreprises locales, ce qui se traduira en manques à gagner pour la commune.

Cette politique délirante va soumettre des travailleuses pauvres à la misère la plus noire, elle va déprimer la demande locale. Cette politique inhumaine et contre-productive est celle qui est menée en Espagne ou en Grèce (et avec quel succès!) et, plus proche, à Anvers par Bart de Wever (plus de mille licenciements parmi les agents communaux).

Inutile de dire que les saignées n'ont jamais guéri que les portefeuilles trop pleins. Nous nous associons pleinement à toutes les revendications des intéressées (et des agents communaux anversois, d'ailleurs), nous appelons au licenciement des bourgmestres qui ne connaissent pas Keynes pour faire des économies.

Emploi et travail

Qui n'a pas entendu que travail étymologiquement, c'est la torture, le tri pallium? Pourtant, ici, sur la plateforme, nous entendons valoriser cette notion malgré une étymologie peu appétissante.



Quand elle étudie l'activité humaine, Hannah Arendt distingue

- L'animal laborans, celui qui refait les mêmes tâches, organiques, répétitives et vitales inlassablement - nous respirons tous à peu près vingt-cinq fois par minute tout le long d'une existence. Ce type de travail est consubstantiel à la vie, il lui est lié du fait de la nature humaine (je parlais de la respiration), mammifère, animale ou vivante de l'être humain. Nous ne pouvons guère faire l'impasse sur ce type d'activité. Par contre, nous pouvons les délocaliser, en faire supporter la charge par autrui. C'est le ménage assumé par des femmes dont l'existence demeure dans l'ombre, c'est le travail domestique des esclaves puis des employés, ce sont les poubelles ramassées par un personnel sous-payé, méprisé voire ce sont les prostituées qui assument les tâches les plus ingrates, les plus pénibles et les plus fondamentales qui soient.

- L'homo faber, est l'artisan qui réalise, qui invente, qui crée, et ce, quel que soit son domaine de travail, qu'il soit concret ou abstrait, matériel ou immatériel, humain ou mécanique. Pour lui, la notion de 'travail' n'est pas une torture, n'en déplaise à l'étymologie. Le travail lui permet de se réaliser, il est constructeur d'une fierté, d'une identité voire d'une justification sociale. On pourrait nommer la chose ouvrage (mais l'ouvrage implique l'oeuvre, ce qui n'est pas nécessairement le cas du travail de l'homo faber) ou labeur (mais il s'agit alors d'un travail paysan sans rapport avec la richesse potentielle des tâches et de leurs implications affectives et sociales). Paradoxalement, seule cette forme de travail était prisée par les Grecs, c'était la seule à laquelle pouvaient s'adonner sans s'abaisser la noblesse.

Par rapport à ces activités - aussi nécessaires et utiles l'une que l'autre - nous pouvons les organiser de plusieurs façons de sorte que la tâche en soit affectée dans sa nature même.

- L'esclavage réduit l'humain à l'état de propriété lucrative. L'esclave est réduit à un objet dont le propriétaire jouit de l'usus, abusus et fructus. L'usus: il peut en user comme il veut, il peut l'employer à l'envi. Abusus: il peut le détruire, le laisser mourir, le maltraiter et fructus: le propriétaire d'esclave est propriétaire de tout ce que produit l'esclave.

- Le servage a constitué une immense avancée: le suzerain ne conservait qu'une partie de l'usus et du fructus mais perdait tout droit d'abusus. Seules la dîme, la gabelle étaient dues. Seule une partie du fruit de travail du serf était due au suzerain. Le suzerain n'avait pas droit de vie et de mort sur le serf (même si, de facto, c'était souvent presque le cas) . Le serf était chrétien et baptisé et, en tant que tel, était fils, fille de Dieu et méritait quelques égards. Mais le droit de cuissage demeurait, le droit pour le suzerain de choisir les couples, les conjoints à marier dans le cadre du servage. Il pouvait décider qu'un serf ne marierait pas une serve d'un autre suzerain, etc.

- L'emploi (que nous serons tentés de nommer employage par analogie avec les deux autres formes d'exploitation humaine) sous convention capitaliste du travail - et c'est ce qui nous intéresse ici - organise l'activité de manière très particulière.

1. le propriétaire lucratif de l'outil de production n'a ni usus, ni abusus envers l'employé: il ne peut pas le tuer ou l'utiliser comme il le souhaite. Le contrat dans le cadre de la convention capitaliste de l'emploi régit un droit, limite les actes licites, les exigences légitimes de l'employeur envers l'employé. Par contre, contrairement au servage qui avait été une avancée à ce niveau-là, le fructus est pleinement dans les mains de l'employeur.

2. La tâche dans le cadre de l'emploi n'est pas menée pour elle-même, il s'agit, du point de vue de l'employeur, de générer de la plus-value. L'activité est forcément lucrative. Du point de vue de l'employeur, toute activité ressortit à l'ordre de l'animal laborans, à l'ordre de la servitude organique de la survie. Du point de vue de l'employé, il peut y avoir réalisation dans l'emploi, dans l'activité menée dans le cadre de l'emploi, mais cette réalisation peut ne pas se produire. À ce moment-là, l'emploi est l'oeuvre d'un animal laborans oeuvrant pour payer ses factures, parce que 'il faut bien vivre'.

3. Le contrat de travail lie deux parties inégales. L'employé offre l'emploi, il propose une marchandise nommée 'emploi' à un client-patron censé l'acheter, à un patron-demandeur de la marchandise emploi (ou non). Le déséquilibre, c'est que l'employé a un besoin vital de vendre sa force de travail pour pouvoir accomplir les tâches de l'animal laborans alors que le propriétaire lucratif peut se permettre de se passer des services de l'employé. Ce déséquilibre explique pourquoi l'employé, en plus de payer les bénéfices des propriétaires, leur paie aussi l'outil de production finalement via la partie 'investissement' de la valeur ajoutée qu'il produit.

4. Comme le contrat d'emploi a pour but, du point de vue de l'employeur, la création d'une valeur ajoutée, cette logique va affecter tous les aspects des actes liés à l'activité, à la tâche. À l'extrême, on ne demande pas à l'employé de produire quoi que ce soit si ce n'est de la valeur ajoutée susceptible de nourrir les profits de celui qui achète sa force de travail. Travailler mal, beaucoup, dans de mauvaises conditions importe peu dans la mesure où les marges bénéficiaires sont sauvegardées du point de vue de l'emploi.

5. Le rapport au temps est complètement redéfini dans l'emploi. Il ne s'agit pas d'être utile, de bien faire le travail ou d'être soigneux mais il faut être rapide. Plus rapide que la concurrence.

De ce fait, même si la nature de la prestation demandée à l'employé sera de l'ordre de l'homo faber, si les tâches effectuées dans le cadre de l'emploi lui seront agréables, valorisantes ou intéressantes, il demeurera toujours un côté animal laborans, un côté utilitariste à la tâche.


C'est là que nous intervenons, que notre combat pour libérer le travail intervient. Nous voulons libérer la tâche, ce que nous appelons le travail en dépit d'une étymologie à charge, nous voulons laisser libre cours à l'homo faber, organiser de manière humaine, ergonomique, l'animal laborans. Nous sommes même convaincus que, à l'instar de certaines sociétés, on peut organiser toute l'activité selon la modalité de l'homo faber.

Vous constaterez que, pas une fois au cours de ce long article, nous n'avons abordé le problème de la technique, de la technologie. C'est qu'il recoupe exactement ce que nous avons dit: si nous avons une technologie respectueuse des rythmes, des besoins, de la reconnaissance sociale et humaine des producteurs, ils sont de l'ordre de l'homo faber. Ceci peut aussi bien être un simple stylo-plume qu'un ordinateur maîtrisé, objets tous deux d'investissement affectifs du producteur, de créativité. Par contre, une technologie qui congédie la connaissance humaine du processus de production, qui la rend étrangère à la construction de la chose, qui envoie l'activité la plus pointue dans le domaine de l'animal laborans nuit à l'épanouissement du producteur (un simple protocole d'examen d'ergo-thérapie peut suffire à congédier le producteur du processus créatif de l'acte de production). Il s'agit alors d'une technologie qui participe à la prolétarisation de la production, à la dépossession des savoirs utiles à produire, au désinvestissement affectif de cette production - aussi bien par le producteur que par le propriétaires. Ils se retrouvent alors exilés dans leur propre monde, étrangers à leur propre matérialité.



Bernard Friot, Histoire et enjeu de la sécurité sociale et des cotisations



En lien, une vidéo d'une conférence de l'économiste qui dessine l'histoire de la sécurité sociale en France et des enjeux de la cotisation sociale, à voir.

Rosalux - Friot - Enjeu sécurité sociale - cotisations

Asbestose contagieuse en Angleterre

Cloué par la grippe, je me contenterai d'une petite revue de presse. 



BBC nous parle d'une veuve d'un travailleur dans l'asbeste (ou amiante) atteinte par un cancer attrapé ... en respirant les habits de son mari. Comme quoi, non seulement l'emploi peut être mortel mais en plus, c'est contagieux
Article de la BBC, en anglais



Nous rappelons que l'asbestose est un cancer long et atroce. C'est un cancer des poumons provoqué par l'inhalation des poussières d'amiante. Les couvreurs ou, plus récemment, les sauveteurs des Twin Towers sont notamment exposés à cette maladie.

Rappelez-vous,
 what they do to one of us, they do it to all of us.

Des ouvrières de ... douze ans

Info express, glanée sur la toile.




On a retrouvé des ouvrières de ... douze ans qui fabriquaient des jeans de marque Old Navy au Bangladesh. Cette marque appartient à Gap inc.

la vidéo en anglais
Vidéo de Democracy Now, en anglais, avec transcription


Inutile de dire que nous sommes déjà particulièrement préoccupés par l'emploi et sa nature productiviste déshumanisante chez les adultes, alors, a fortiori, chez les enfants! Nous appelons au jeu, au droit de vivre, au droit à l'innocence et à l'improductivité. Nous dénonçons la logique du gain comme contre-productive, comme criminelle. La bête de l'appât du gain qui mange le temps humain n'a aucune limite, ni nuit, ni dimanche, ni enfant, ni vieillesse, ni maladie.

Au bout du compte, la question lancinante, c'est pour quoi?
Deuxième question non moins lancinante, faudra-t-il que l'Europe, les États-Unis et autre Japon se mettent au diapason pour être concurrentiels?


Amitié et soutien chagrin à ces camarades trop jeunes pour ne pas être libres.

Ce qu'ils font à l'une d'entre nous, c'est à chacun d'entre nous qu'ils le font.

Au Brésil, les travailleurs de Petrobras font grève pour maintenir le service public



Nous apprenons que les travailleurs de Petrobras, la compagnie pétrolière d'État au Brésil étaient en grève au finish pour dénoncer l'appel d'offre concernant un champ de brut au large, dans l'océan Atlantique. C'est évidement une manière de privatiser l'activité pétrolière au Brésil. Nous dénonçons toute privatisation (notamment dans le secteur écologiquement sensible des hydrocarbures): c'est livrer une activité à l'esprit de lucre des propriétaires ce qui génère des catastrophes que doivent soigner les contribuables.

Nous sommes contre la misère induite par un système qui contraint les gens à travailler sur des bombes écologiques flottantes.

L'info en espagnol:
Article de Telesur (en espagnol)
Comme nous ne sommes pas chiches à la plateforme, nous vous rappelons la gestion du pétrolier off-shore par le privé: Deepwater









La prostitution est souvent subie


Je cite un article de l'Huma (en français):

"La prostitution est avant tout subie

Le [rapport sénatorial] pointe la «grande vulnérabilité» dans le domaine de la santé. Les personnes prostituées sont davantage exposées au VIH, aux infections sexuellement transmissibles, sont sujettes à diverses pathologies reflétant leurs conditions de vie, tels les problèmes respiratoires, dermatologiques, digestifs, dentaires. Et aussi, bien sûr, psychiques. Des cas de tuberculose sont constatés. «Le cumul de difficultés économiques et sociales agit comme un frein à l’accès aux soins», écrit-on.

Contrairement à l’idée reçue, la prostitution est avant tout subie. «J’ai découvert un monde d’une incroyable inhumanité. Les femmes sont contraintes, avec des violences inimaginables. Sous nos yeux», confie Chantal Jouanno. Originaires essentiellement de Roumanie, de Bulgarie, du Nigeria, du Brésil et de Chine, elles sont confrontées à la précarité financière, à la barrière de la langue, à la complexité des dispositifs et des démarches administratives. Autant de facteurs qui s’ajoutent à la maltraitance physique et psychologique."

Nous saluons nos camarades aux conditions de travail épouvantables, nous exprimons notre plus profond respect pour leurs personnes, nous nous battons pour leur salaire - comme nous nous battons pour tous les salaires -, nous dénonçons le manque de protection légale dans le monde du travail des migrants, nous appelons à n'exercer cette activité - à n'exercer n'importe quelle activité - que de manière choisie, volontaire. Nous dénonçons toutes formes d'esclavage, de soumission de l'humain par l'humain, nous dénonçons toute contrainte sur les corps, sur les affects, nous dénonçons tous les comportements qui confondent notre humanité sacrée et les choses utilisées, employées.

Article de l'Huma


Puis, comme on n'est jamais aussi bien cité que par soi-même: article-lien vers une lettre de prostituée sur le salaire.

Grève de la faim pour réclamer un travail digne

La logique employiste mène au chômage de masse. Tout sacrifier à l'emploi augmente les exigences des propriétaires et, une fois ces exigences augmentées, les propriétaires peuvent comprimer l'emploi nécessaire à la production. Ensuite, le chômage se nourrit de lui-même en comprimant la demande (nous l'avons déjà expliqué ici, par exemple).



En Espagne, nous apprenons dans un article de Diagonal (en espagnol) qu'un producteur, Mané Flores, sans salaire aucun depuis août 2010 a commencé une grève de la faim pour réclamer un travail digne. Cette grève a commencé le 15 octobre.

Nous précisons bien qu'il parle de trabajo (travail) et non d'empleo, qu'il demande des revenus décents.

Sans prétendre parler à la place de cette personne, nous soulignons cependant qu'elle demande un salaire et un travail digne. L'emploi s'inscrit dans une logique de soumission et, trop souvent, ne correspond pas à une activité digne mais à une production sociopathe de valeur ajoutée.

Nous soutenons cette demande de tout notre coeur et rejoignons le combat pour un travail digne, c'est-à-dire, pour nous, une activité productive, créative, humaine libérée de l'esclavage de la valeur, de l'emploi. Nous voulons un futur, un vivre ensemble, nous voulons des projets, nous voulons pouvoir construire et rêver un monde sans plus attendre le bon vouloir de la rapacité des propriétaires d'entreprises. Nous rêvons de libérer le formidable potentiel humain, de libérer l'activité, de quitter les salles d'attente misérables dans lesquelles nous confine la logique de l'emploi.

Souvenez-vous,
ce qu'ils font à l'un d'entre nous, c'est à chacun d'entre nous qu'ils le font
lo que hacen a uno de nosotros, lo hacen a nosotros todos

L'emploi en prison

Je vous mets en ligne un article poignant sur ce qu'est l'emploi en prison, citation:


En France, en 2011, 17 497 personnes incarcérées ont exercé une activité professionnelle en prison, soit près d’un tiers de la population carcérale. Le tout sans contrat de travail, par le biais d’un acte d’engagement dont les clauses sont définies par l’administration pénitentiaire et les entreprises. Des salaires entre 20 et 45 % du SMIC, avec une moyenne à quatre euros brut de l’heure, un trimestre sur quatre validé pour la retraite sur une année complète de travail (Le Monde, « Travail en prison, comment ça marche ? », 11/09/12).
Extrait de La Brique.

Nous comprenons le besoin d'activité, d'occupation des détenus - il est partagé par les gens dits libres - mais nous dénonçons la logique de l'emploi, y compris en prison. Nous appelons au salaire, à la reconnaissance de la qualification. Que l'on soit libre ou en prison, peu importe, le droit au travail, c'est-à-dire à une activité, est inaliénable comme l'est le droit à un salaire.

Nous dénonçons les Sodexo, entreprises à actionnaires qui rémunèrent moins de 300€ leurs employés en prison, entreprises qui se gavent sur la situation de ces hommes, de ces femmes.

Nous rappelons que la peine de prison est définie comme une privation de liberté, pas une peine de travaux forcé, pas une déchéance des droits humains, des droits sociaux.

Un racisme anti-immigré très social dans la Silicon Valley

Résumé et traduction de l'article de Think Progress (en anglais)

La Silicon Valley a milité pour la réforme de l'immigration l'année dernière du fait de ses besoins en main-d'oeuvre hautement qualifiée.

Pourtant, les immigrants à bas salaires du coin sont marginalisés dans le débat sur l'immigration.

Selon un rapport de la NPR, la radio publique états-unienne, à moins de 15 kilomètres du siège de Facebook, il y a un parc de mobile homes. On compte 80% parmi les 400 résident du campement, ils peuvent être expulsés de la zone très chic. Les écoles publiques sont parmi les meilleures à Palo Alto, les scores des élèves hispaniques y sont sensiblement plus élevés que la moyenne nationale.

Certains parents  de Palo Alto veulent que les caravanes restent. Alors que les compagnies high-tech consacraient 13,8 millions de dollars à permettre l'immigration de main-d'oeuvre très qualifiée, indienne ou chinoise notamment,  qui achète ses maisons très cher (425.000$ en moyenne), poussant les prix immobiliers de la région déjà élevés dans des zones stratosphériques. Dans le même temps, les besoins de main d'oeuvre peu qualifiée explosaient également. Les Latinos de East Palo Alto nettoient les maisons, travaillent dans les restaurants ... Ces gens consacrent plus de 50% de leurs revenus à se loger.

Les immigrants 'low cost', contrairement aux immigrants high-tech, voient leurs démarches administratives compliquées, ils se voient davantage contrôlés et sanctionnés par rapport à leurs papiers.

La légalisation de ces producteurs immigrants permettrait de faire entrer des taxes, de les sortir de la pauvreté, de faciliter un accès à l'enseignement supérieur à leurs enfants alors que près de 30% des immigrants vivent dans la pauvreté en Californie.

Commentaires:

Bonne vieille opposition des riches contre les pauvres. Le 'problème' de l'immigration est toujours une discrimination sociale, une guerre des riches, des classes moyennes contre les pauvres, les 'classes dangereuses'. Valls dit-il autre chose?

Bien sûr, le point de vue employique ne laisse aux producteurs qu'une partie du fruit de leur travail. Il ne nous reste qu'à se partager les miettes, la misère que génèrent nos déplorables conditions de travail.

Seules planches de salut dans cette guerre de tous contre tous, la reconnaissance de la qualification et la démocratie économique. Tant qu'il faudra vendre une force de travail à un propriétaire, la logique du marché de l'emploi nous divisera en ethnies, en coterie, en frères ennemis, tentés de commettre l'irréparable pour se préserver une place au soleil. Il faut bien sûr opposer le droit, la justice et l'intelligence économique à ces oppositions mortelles pour nous, pour nos salaires: quand nous sommes divisés nous y perdons tous, quand nous sommes unis, le rapport de force en notre faveur se révèle.

Une mine d'or paralysée en Galice

Une bonne nouvelle pour les opposants à cette mine d'or, la région de Galice a bloqué le projet faute de garanties financières suffisantes.



Mais ce n'est qu'un répit (en espagnol), puisque les motifs du blocage sont techniques et les risques de voir cette mine ouverte prendre forme sont réels à long terme. Le collectif contraMINAccion demeure vigilant.

Cette association juge totalement irresponsable, je cite, 'de jouer avec un drame social comme l'est actuellement l'emploi et la nécessité de travail de revenu des familles'.

Nous nous associons à cette dénonciation, nous luttons pour sanctuariser toutes les ressources (y compris humaines) contre l'avidité et la logique de l'emploi.

C'est que, quand ils auront rasé leurs montagnes, empoisonné leurs cours d'eau, détruit leur faune et leur terre, ils se rendront compte que l'or ne se mange pas.

Au Brésil, des foules se mobilisent contre la privatisation de l'enseignement

... et nous relayons l'info car l'enseignement privatisé, c'est évidement le champ de la connaissance soumis à la très improductive logique du lucre, c'est la dignité des enseignants transformée en machine à sous, c'est enfin l'avenir de la qualité de la formation remise entre les mains des banquiers.



Courage à toutes et à tous et tous nos voeux de succès

Les travailleurs pauvres coûtent un quart de trilliard de dollars aux contribuables US

C'est la dernière mode, fiscaliser la pauvreté, transformer les salaires socialisés financés par les cotisations sociales en aumônes étatiques financées par l'impôt.

En Belgique, on envoie, par exemple, les chômeurs vers le CPAS. De ce fait, le chômage dont les entreprises sont responsables ne leur coûte plus rien (même si, par le jeu de la concurrence, leurs gains disparaissent finalement) puisque le CPAS est financé par l'impôt particulièrement injuste en Belgique.



Ce mouvement est beaucoup plus avancé aux USA puisque ce sont les employés pauvres, les personnes pauvres qui travaillent avec un contrat d'emploi, qui coûtent aux contribuables faute de salaire suffisant. Coupons alimentaires, assurance santé ou aides sociales diverses permettent du coup aux employeurs de baisser les salaires sous le minimum vital.

Nous nous battons, bien sûr, pour les salaires - pas pour les aumônes fiscales plus ou moins généreuses; nous nous battons pour libérer la production et les producteurs, pas pour les maintenir ad vitam sous le joug ignoble de l'emploi et du chômage, de la précarité et de la misère.

Accessoirement, mais vraiment accessoirement, le salaire permettrait de relancer la demande et, éventuellement de l'orienter politiquement, ce qui constituerait une sortie honorable de l'atonie économique, de l'absence de perspective que nous subissons, sans espoir, sans prise sur notre destin.

Le chômeur et le fonctionnaire créent le salaire socialisé qu'ils touchent

Cet article est disponible en PDF ici

Que mes courageux lecteurs me pardonnent cette démonstration laborieuse. Il me faut partir des fondements de l'économie politique pour tenter de comprendre ce qui se passe quand un salaire socialisé est touché par un chômeur, un fonctionnaire, un retraité ou un invalide.

1. Il nous faut d'abord distinguer la valeur d'usage et la valeur d'échange. L'économie s'occupe de production de valeur d'échange, non de valeur d'usage. Dans un système capitaliste, l'employé est payé non pour produire des biens et des services (s'il en produit, c'est de manière, paradoxalement, accessoire), il est payé pour produire une valeur ajoutée. Cette valeur ajoutée peut ne correspondre à aucune valeur humaine produite - valeur en terme de besoins ou de désirs matériels ou non.

Prenons l'exemple d'une compagnie ferroviaire britannique quelconque. Avant les privatisations et la divisions des chemins de fer en différentes sociétés par secteur géographique et par domaine d'activité (fret, transport de personne, matériel roulant et infrastructures ferroviaires), la compagnie nationale ne passait pas son temps à faire émettre des factures entre les différentes filiales, entre les différentes subdivision. Globalement, la branche qui encaissait les prix des billets était solidaire de celle qui entretenait le matériel sans qu'aucun déficit n'apparaisse puisque c'était une même entreprise qui menait l'ensemble des activités. Tous les différents secteurs se rendaient mutuellement service sans qu'il y ait facturation. Dans le cadre de la privatisation, les différentes sections se sont mises à se facturer leurs prestations respectives entre elles, en tentant de maximiser leurs recettes (c'est-à-dire les prix facturés) et de minimiser leurs dépenses (c'est-à-dire en faisant la guerre aux salaires des cheminots et en minimisant les frais d'entretien, ce qui a mis la sécurité des usagers et des cheminots en péril), ce qui a créé de la valeur ajoutée sans le moindre supplément d'activité ou de service produit.
La convention du travail porte sur une création de valeur (d'échange) ajoutée, non sur la façon, l'ouvrage ou la réalisation de biens et de services en particuliers. On peut être payé pour saboter, pour abîmer, pour gâcher, pour salir, pour polluer ... ce qui ôte de la valeur d'usage au cadre de vie de la communauté. De sorte qu'un couvreur n'est pas payé pour faire un toit mais pour produire de la valeur d'échange ajoutée par le biais de chantier. Ceci a l'air anodin mais ne l'est pas du tout puisque la logique de la valeur d'usage voudrait que le toit fût correctement effectué alors que la logique de la valeur d'échange exige que l'ouvrage soit réalisé le plus rapidement possible et que les défauts de façon soient couverts par l'assurance ou invisibles.
2. L'emploi est une convention qui rémunère des gens, les employés, contre un salaire. Cette rémunération sanctionne la création de valeur ajoutée que génère leur activité. La valeur ajoutée, c'est le prix moins les frais.

(1) Prix=Frais [ou consommations intermédiaires]+Valeur ajoutée (VA)

La valeur ajoutée est créée par le seul travail (le capital ne crée pas de valeur, essayez d'enterrer une boîte à chaussure remplie d'argent et, au bout d'un an, je vous promets que n'aurez absolument aucune bonne surprise).

Cette valeur ajoutée est constituée
- des salaires (individuels et socialisés)
- des investissements qui ne sont pas assimilables aux dividendes versées aux actionnaires mais qui leur appartiennent puisqu'ils en décident l'affectation et que ces investissements pérennisent la société dont ils sont propriétaire et garantissent les dividendes à terme, alors qu'ils sont produits, comme nous le voyons, par le travail comme valeur ajoutée
- des dividendes reversées aux propriétaires lucratifs comme gabelle, ces propriétaires peuvent être des propriétaires directs, des actionnaires ou des créanciers.

(2) VA = Salaires (ind. et socialisés) + Investissements + Dividendes

3. La totalité des valeurs ajoutées à l'échelle d'un pays constitue le PIB (ou PNB selon qu'on tienne compte respectivement du territoire ou des nationaux).

4. Les salaires sont constitués par les salaires socialisés et par les salaires individuels. Les salaires individuels figurent sur les fiches de paie. Ils sont néanmoins amputés par les TVA sur la consommation.

Les salaires socialisés sont constitués de
- la sécurité sociale financée par la cotisation sociale
- les salaires des fonctionnaires financés par les impôts.

5. Les salaires sociaux ne coûtent rien aux salaires individuels.
Cette notion est peut-être la plus délicate à comprendre dans la démonstration.

Nous avons plusieurs éléments de preuve: quand on rajoute une cotisation sociale ou que l'on l'augmente, l'augmentation se répercute par une augmentation du PIB, pas par une diminution de salaire individuel. Ce cas de figure n'est pas de la science fiction: le taux de cotisation a été augmenté plusieurs fois en France ou en Belgique, il est passé de zéro à trente pourcents à la Libération dans ces pays et plus récemment en Russie ou en Chine: à chaque augmentation du taux de cotisation dans tous ces pays, on a constaté une augmentation du PIB sans jamais constater de diminution des salaires individuels.

D'autre part, quand un salaire individuel est amputé de cotisation sociale (c'est le cas, à des degrés divers, de tous les 'contrats aidés', de tous les contrats 'jeunes' et autres monstruosités anti-sociales), on voit que le salaire individuel n'augmente pas (voire diminue).

6. Les salaires sociaux soutiennent les salaires individuels. Ceci est plus simple à comprendre, plus intuitif. Si les chômeurs ou les retraités perdent toute allocation, ils vont chercher un travail à tout prix - y compris au prix du salaire. Ces malheureux vont inéluctablement pousser les salaires de leurs collègues à la baisse.

7. Les salaires - individuels ou sociaux - sont dépensés quasiment intégralement (contrairement aux dividendes). Un salaire dépensé l'est en tant que valeurs ajoutée de certaines productions. Mettons que je dépense mon salaire-chômage, mon salaire-fonctionnaire ou mon salaire-ouvrier à acheter des machins, l'achat de ces machins solvabilise la création de valeur ajoutée par le travail abstrait, il permet de transformer une production en capital à des entreprises qui, du coup, peuvent tourner.

Petite parenthèse:
En termes marxistes de reproduction du capital, on notera les choses comme suit:
(3) C - M - M' - C'
  Le capital initial est investi en marchandises (y compris de l'emploi, du salaire); il devient d'autres marchandises par la logique de l'emploi, lesquelles sont revendues pour un capital C'. Il est clair que, pour pouvoir vendre M', il faut avoir nécessairement un capital, C', qui est augmenté. Pour que le capital soit augmenté, il faut que la partie réalisée du capital augmente avec
 (4) C'= Investissements + Salaires réalisés
Avec, comme principe, que les bas salaires sont presque intégralement dépensés; réalisés ["réaliser" un capital, c'est le convertir en marchandises] et que seuls les salaires très élevés peuvent épargner - et encore, il est fort improbable que cette épargne ne soit pas finalement pas réalisée à moins d'être un top manager.

De ce fait, quand les salaires augmentent (et nous ne distinguons pas les salaires individuels et les salaires socialisés dans notre raisonnement), la valeur ajoutée au terme du processus de production augmente
(5) M'>M avec C'>C
 
Ça vous paraît incroyable que le client avec son salaire solvabilise la création de valeur par l'activité? Voyez le taux de chômage, voyez la rage avec laquelle la publicité tente de conquérir ledit client, voyez, tenez, par exemple, les sandwicheries qui fleurissent autour des lycées. Sommes-nous dans une économie qui ne produit pas assez ou dans une économie dont le problème est de trouver des marchés solvables pour écouler sa production?


Prix : 100 €
Consommations intermédiaires 80 € Valeur ajoutée 20 €
C.I. 80 € Investissements
5 €
Dividendes
5 €
Salaires socialisés 4 € Sal. individ. 6 €



Les salaires sociaux disparaissent au profit des dividendes au nom de la compétitivité
C.I. 80 € Investissements
5 €
Dividendes 9 € Sal. ind. 6 €



Sous la pression du chômage, les salaires individuels se réduisent fortement
C.I. 80 € Investissements
5 €
Dividendes 12 € S.I.
3 €

La demande baisse, les prix baissent sous la pression de la concurrence


C.I. 64 € Inv, 4 € Dividendes 4 € S.I.
3 €





Prix : 75 €
Fig. 1


8. Quand on met ces éléments ensemble, on constate que le chômeur, le retraité ou le fonctionnaire créent le salaire socialisés qu'ils touchent ou, pour le dire autrement, s'ils cessaient de toucher leurs indemnités, elles iraient d'abord aux dividendes. Comme les entreprises sont en concurrence [sauf quand il y a constitution de monopole ou de marchés captifs mais, pour notre démonstration, nous nous en tenons aux secteurs économiques non protégés] entre elles, elles seraient finalement amenées à diminuer leur taux de bénéfice ce qui ramènerait les valeurs ajoutée à leur niveau de départ diminué des salaires sociaux.

Donc, les gens qui touchent les salaires sociaux les créent. Si on supprime ces salaires sociaux, on ampute le PIB d'autant sans que personne n'en profite.

Il y a mieux: comme les salaires se contractent, si l'on diminue les salaires sociaux, la demande diminue. Comme la demande diminue, la valeur ajoutée totale diminue, ce qui pousse à comprimer les salaires, comme les salaires sont diminués, la demande se contracte, etc.

C'est ce qu'on appelle une crise de surproduction.