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L'économie en tableaux

Mother Jones partage 11 graphiques qui montrent l'économie de l'emploi pour ce qu'elle est: une gigantesque machine à misère (ici, en anglais). Nous traduisons leurs commentaires.

La productivité a explosé mais les revenus et les salaires ont stagné pour la plupart des Américains. Si le revenu médian (celui de la personne qui compte autant de gens plus riches qu'elle que de gens plus pauvres) avait augmenté au même rythme que l'économie depuis les années 1970, il s'élèverait à 92 mille $ au lieu des 50 mille $ actuels.

Évolution depuis 1979 - Productivité - Revenu moyen des 1% les plus riches - Revenus moyens





La croissance revient ...
Évolution du PIB et pic avant la récession




Gel des salaires


Croissance du salaire minimum en valeur réelle depuis 1990: 21%
Croissance du coût de la vie depuis 1990: 67%
Salaire minimum annuel: 15.080$
Revenu nécessaire à la sécurité matérielle pour un travailleur isolé: 30.000$


... mais pas les emplois
Évolution du chômage et pic avant la récession


Part des employés qui travaillent plus de 50 h par semaine (qualifiés - revenus intermédiaires - bas revenus)
Salaire annuel moyen des syndiqués: 47.684$
salaire annuel moyen des non syndiqués: 37.284$
Proportion des travailleurs syndiqués aux USA
 Où est mon boulot?

De plus en plus de multinationales US virent leurs employés aux USA et embauchent à l'étranger.
Emplois gagnés (en bleu, à l'étranger) et emplois perdus (en rouge, aux USA)
 


 Pour les Américains dans leur ensemble, la durée moyenne de la semaine de travail n'a pas beaucoup changé depuis des années. Mais, pour beaucoup de travailleurs de la classe moyenne, les obligations professionnelles envahissent le temps libre, le temps en famille. Les bas salaires ont vu leur semaine de travail diminuer faute d'emploi disponible.


Week-end chômé légal par pays; congés payés en semaines par pays; congés de maternité en semaines par pays

Le massacre d'Aiguës-Mortes

Le système de production capitaliste suit des cycles. À des périodes euphoriques de croissance succèdent des crises de surproduction. Pour casser les revendications salariales, les revendications de diminution (ou de suppression) de l'emploi des travailleurs, les employeurs les mettent en concurrence entre eux.

La mise en concurrence privilégiée est celle qui repose sur les origines. Le texte dont nous citons un large extrait nous raconte les massacres d'immigrés italiens à Aiguës-Mortes en 1893.

L'employeur met en concurrence des groupes de producteurs définis par leur origine, les groupes se battent entre eux et laissent l'employeur les exploiter. Comment ne pas penser au fascisme, aux partis racialistes ou au travailleurs détachés que le parlement européen vient de légaliser, partis "socialistes" en tête? Contre le bain de sang des nôtres, nous devons trouver l'humble chemin de l'union, nous devons nous souvenir que nous produisons la richesse, nous les salariés, dans l'emploi et hors emploi, quelles que soient nos origines, nos croyances, nos mœurs.

L'article que nous citons est issu du blogue de Matthieu Lépine (ici, en français). Il fait le lien entre la guerre aux salaires, la mise en concurrence des travailleurs et la violence raciste.

Extrait

Contexte
C’est durant la seconde moitié du XIXe siècle, que l’essor puis le triomphe du système capitaliste s’opèrent en France. Ce changement va venir bouleverser les équilibres économiques et sociaux et transformer le monde du travail (recherche du profit, rationalisation du travail, mise en concurrence des travailleurs…).
Avec la révolution industrielle, la France ne possédant pas une population active suffisante, les besoins en main d’œuvre étrangère vont être importants. Comme aujourd’hui, les travailleurs immigrés sont appelés à venir occuper les emplois que les français, les jugeant trop exténuant ou dégradant, n’ont pas voulu occuper. Cette main d’œuvre, essentiellement composée de populations pauvres fuyants la misère et le chômage dans leur pays (Italie, Belgique…), est une aubaine pour les chefs d’entreprise. En effet, exploités car prêts à endurer des conditions de travail précaires, les ouvriers étrangers sont mis en concurrence avec les travailleurs locaux, notamment afin de faire baisser les salaires de ces derniers.
Durant le dernier quart du XIXe siècle, l’Europe va cependant être touchée par la première grande crise du système capitaliste. Comme celle que nous traversons actuellement, elle va provoquer une montée du chômage et être créatrice de frustrations, de désarroi et de colère. Les travailleurs immigrés vont être montrés du doigt et désignés comme seuls responsables. Cette situation va intensifier, voir même parfois générer les violences xénophobes de l’époque.

En 1881 à Marseille, des affrontements violents vont opposer ouvriers français et ouvriers italiens. Trois personnes trouveront la mort. En 1892 à Drocourt (Pas-de-Calais), des ouvriers français vont violemment agresser des mineurs belges, leur reprochant notamment d’accepter des salaires inférieurs aux leurs. Ils seront plus d’un millier à devoir quitter précipitamment la France avec leurs familles. C’est en 1893, que sera cependant atteint le paroxysme des violences xénophobes, avec le massacre des ouvriers agricoles italiens d’Aigues-Mortes.

Aux origines du massacre d’Aiguës-Mortes, la mise en concurrence d’ouvriers français et étrangers
    En 1868, un groupement de propriétaires possédant la quasi-totalité des marais salants d’Aigues-Mortes (Gard) se transforme en une société par actions, la Compagnie des salins du Midi (CSM). Cet événement marque selon Gérard Noiriel, « l’irruption des rapports de production capitalistes » dans la région. Rapidement, cette société va détenir le monopole de la production et du transport du sel.
Ne disposant pas d’une main-d’œuvre locale suffisante, elle va devoir faire appel à des ouvriers agricoles venus d’ailleurs, plus particulièrement des zones montagneuses d’Italie du nord et du centre. En effet, ce pays voisin est à l’époque fortement touché par la crise. Le chômage y est important et une grande partie de la population est plongée dans la misère.  Cette situation offre à la Compagnie des salins du Midi (CSM) l’opportunité de recruter une main d’œuvre peu exigeante prête à supporter des conditions de travail difficiles.
Durant l’été, période de la récolte du sel5, Aigues-Mortes est en effervescence. Près de 2000 ouvriers saisonniers sont à l’époque recrutés. Aux cotés des italiens, on trouve des ouvriers venus des zones montagneuses de France ou encore des chômeurs et des vagabonds venus de tout le pays, ceux que Gérard Noiriel présente comme « les laissés-pour-compte du capitalisme ».
Tous ne sont pas affectés aux mêmes tâches. Si le transport du sel est en général effectué par la main d’œuvre locale, le ramassage, opération la plus pénible, est lui accompli par les ouvriers italiens (1/3 des effectifs). Cherchant à sortir coûte que coûte de la misère ceux-ci acceptent plus facilement des tâches pénibles (journée de travail de plus de 12h, chaleurs importantes, paiement au rendement…).

Cependant, la polémique sur le travail des ouvriers immigrés en pleine période de crise et donc de baisse des effectifs de saisonniers, va pousser la CSM à changer sa logique de recrutement. Ainsi des Français, choisis parmi les ouvriers les plus démunis (chômeurs…), vont être intégrés dans les équipes italiennes de ramassage du sel. C’est dans ces équipes « mixtes » que de violents affrontements vont se produire en août 1893.

 sel
La triste histoire d’un conflit entre exploités

    Au matin du 16 août 1893, de vives tensions vont éclater dans des salins à 8 kilomètres d’Aigues-Mortes. Ne supportant pas la cadence imposée par les italiens, habitués à ce type de tâche, les ouvriers français vont être rapidement dépassés. Cependant, la paie est collective, elle se base sur le rendement de l’ensemble de l’équipe.
Entre les Français, vexés de ne pas tenir la cadence, et les Italiens, pour qui l’enjeu économique est crucial, des conflits vont alors apparaître. La mise en concurrence de ces travailleurs va aboutir à des provocations, des disputes et des bagarres entre eux.
 Plus nombreux, les Italiens vont prendre le dessus sur les ouvriers français lors d’affrontements dans les marais salants. Ceux-ci vont cependant décider de retourner en ville, afin de « chercher des renforts et de se venger ». Là-bas, ils vont tomber sur de nombreux ouvriers frustrés de ne pas avoir été recrutés par la CSM. Associés à leur désarroi, les événements du début de journée dans les salins, vont suffire à les convaincre de chasser les ouvriers italiens. Ainsi, rejoints par une partie des aiguemortais, ils vont être plusieurs centaines jusqu’au lendemain après-midi, armés de marteaux, de manches de pelle ou encore de fusils, à parcourir la ville et les marais à leur recherche. « Vive la France », « mort aux Italiens » scanderont certains d’entre-deux.
C’est le 17 août que les scènes de lynchage seront les plus violentes. Cette chasse à l’Italien fera selon les sources, entre 7 et 17 morts. Pour Gérard Noiriel, « en mettant en concurrence des ouvriers de toutes provenances pour faire baisser les salaires, la Compagnie des salins du Midi a effectivement créé les conditions de cette tuerie ». Pour l’historien, le désarroi des laissés pour compte du capitalisme (ouvriers au chômage, vagabonds…) s’est transformé en violence ce jour-là. Leur colère ne visait pas les Italiens selon-lui, mais ce système qui les avait mis de côté et ne leur donnait pas de place.

Un rapport de l'ONU contre la prostitution infantile

Selon un article de Telesur (ici, en espagnol).

  • Résumé et traduction

Photo Archivo extraite de l'article
La rapporteuse des Nations Unies sur la vente, la prostitution et la pornographie infantiles, Najat Maalla M'jid a signalé que la situation au Honduras était particulièrement préoccupante. Les enfants risquent de tomber dans les griffes des pédophiles du fait de la pauvreté, de l'insécurité et de l'inaccessibilité des organismes de défense.

  • Mise en perspective

À l'heure où les politiques européennes de guerre au salaire nous promettent un devenir économique comparable à ce que traverse le Honduras, nous avons lieu de nous inquiéter pour l'avenir de nos enfants.

La guerre au salaire a été menée avec une rare efficacité dans ce pays, les ressources communes ont été consciencieusement privatisées et l'État a maintenu les privilèges de la propriété lucrative au détriment du bien être de la population ... comme en Grèce, comme en Espagne et, demain, comme en France ou en Belgique. L'essentiel des terres agricoles est accaparé par United Fruit dans ce pays longtemps considéré comme une république bananière. La pauvreté et la disette sont endémiques dans ce pays qui nourrit donc les Américains.

La prostitution infantile est une forme d'emploi extrême qui, par ses côtés insupportables en révèle l'exploitation.

- L'employé doit toujours vendre du 'temps de disponibilité' pendant lequel il doit obéir à l'employeur, pendant lequel il est privé de ses droits civiques les plus élémentaires. Il se soumet, en quelque sorte, aux caprices du client-patron.

- L'enfant subit dans sa chaire et dans son psychisme les outrages de la maltraitance de la prostitution. Comme les médicaments ou les doses radioactives mortelles pour les enfants sont toujours également nuisibles pour les adultes, l'hypersensibilité des enfants révèle que l'emploi-prostitution nous nuit à tous, que nous en gardons des séquelles, des traumatismes, des blessures, que la liberté vendue a un prix: notre bonheur, notre santé.

Zéro heure ou esclavage en joint venture

Cette vidéo ici de France Télévision nous amène sur les traces du contrat zéro heure qui sévit en Grande-Bretagne.

Ce contrat n'implique aucun engagement de l'employeur (en terme de durée de travail, d'horaire de travail et, du coup, de salaire) et demande à l'employé d'être disponible 24heures sur 24. L'employé, lui, est tenu de ne pas chercher de l'emploi ailleurs. C'est alors la culture de la peur et de la précarité, la culture de la pauvreté et de l'angoisse qui s'imposent, minant les bases sociales du travail par un employisme extrémiste.

Comme les producteurs sont en concurrence, ces pratiques esclavagistes s'imposent à moins de menacer les marges des propriétaires lucratifs.


Il y a plusieurs modes de rémunération du travail:

- la qualification du travailleur est pratiquée dans la fonction publique. Elle permet de détacher le travail (aussi bien dans sa dimension concrète que dans sa dimension abstraite, économique) de la rémunération et permet, ce faisant, d'avoir un travail déconnecté de toute considération lucrative

- la qualification du poste est le mode de rémunération le plus pratiqué dans le privé. C'est alors l'employeur qui prend l'avantage puisqu'il peut désigner les travailleurs qui auront accès à la qualification du poste, ce qui le met dans un rapport de force, ce qui lui permet d'imposer la logique lucrative aux employés.

- la qualification du poste a pourtant été une avancée par rapport à la rémunération à la force de travail. Dans la rémunération à la force de travail, il n'y a plus de convention collective, de barème, il n'y a plus que l'angoisse du journalier qui essaie de remplir sa gamelle en fonction du travail qui est disponible ou non. Le journalier va alors exécuter n'importe quel ordre, accepter n'importe quelle condition de travail sous la pression de la nécessité. L'employeur est alors tout-puissant. Ce chantage, cette position de pouvoir absolue de l'employeur permet d'externaliser les risques de la production sur l'employé (c'est éminemment pro-cyclique, cela renforce les tendances des cycles économiques), et transforme sa vie en lutte permanente, en concurrence permanente sans que vienne s'immiscer quelque droit que ce soit pour tempérer l'exploitation.

Le contrat zéro heure est un retour à la rémunération de la force de travail, la forme la plus sauvage, la plus violente de rémunération du travail.

Vies soldées

Vies soldées sans que la publicité ne s'en réclame. Allons-nous devoir nous équiper de rouets pour avoir accès à des vêtements qui ne sentent pas la sueur, la misère, la peur, l'enfance?

Accès à un article de Terraeco.

  • Résumé:

Le coton

- utilise énormément d'eau dans des pays en stress hydrique
- est subventionné aux États-Unis, ce qui condamne les producteurs du sud à des salaires faméliques
- le coton transgénique Bt inquiète
- les cours baissent régulièrement

La confection

- en moyenne un T-shirt est acheté 2,5€ quand il arrive en Europe
sur les conditions de travail, nous vous invitons à voir nos articles ici, ici ou ici.
- les T-shirt confectionnés en Europe reviennent à 14€



Illustration du modèle allemand

En Allemagne, ce sont les salaires qui baissent, les contrats d'emploi bénéficiant cotisations sociales qui disparaissent. Le sabordage de la cotisation sociale et du salaire augmente mécaniquement la misère et, par le jeu de la pression sur le marché de l'emploi, dégrade les conditions de travail, augmente la quantité de travail, les heures sup' non rémunérées, etc.

À l'inverse, l'augmentation des salaires et, notamment, des cotisations sociales - qu'on regarde actuellement en Chine ou au Brésil ou dans le passé en Europe Occidentale - a toujours été accompagné d'un recul significatif de la misère et d'amélioration des conditions de travail, de réduction du temps de travail.

C'est que les salaires sociaux permettent un rapport de force favorable aux producteurs (et moins aux actionnaires).

http://www.20minutes.fr/article/1265619/ynews1265619?xtor=RSS-176

L'employisme et la guerre au salaire ont transformé l'Angleterre en pays en voie de développement

C'est la thèse








La prostitution de mineures explose au Brésil à l'approche de la coupe du monde

Référence de l'article du Guardian ici.

  • Résumé et traduction

 C'est la demande des fans de football qui amène l'explosion de prostitution de mineurs autour des stades. Fortaleza est considérée comme la capitale de cette pratique.

C'est que la coupe du monde va créer pleins d'emploi en amenant des devises. Depuis 2001 où l'UNICEF estimait à 100.000 le nombre de mineurs dans le prostitution, ce chiffre a été depuis multiplié par cinq.

On peut incriminer la pauvreté extrême, la culture machiste ou la drogue. Bien des jeunes travailleurs du sexe voient la prostitution comme une échappatoire mais le décollage ressemble souvent à un crash.

Les tarifs débutants tournent autour de 12€ la nuit avec les locaux avant d'avoir accès aux boîtes de nuit pour étranger pour des nuits à 65€.

Scène de bar: des touristes allemands dédaignent des prostituées adultes aguichantes à côté d'eux. Ils attendent un signe, ils attendent que des mineurs soient prêtes avec la complicité du bar ou du taxi.

Mais la prostitution enfantine est au deux tiers le fait de client brésiliens, comme dans le cas de Vanessa emmenée par la police alors qu'elle avait ... 13 ans.

  • Mise en perspective
La monstrueuse exploitation de l'homme par l'homme qu'est l'emploi attaque les interdits les plus sacrés, elle sape les bases morales de toute société, elle réduit à la misère les enfants les plus fragiles.

Qu'il y ait des sexualités malsaines ou des penchants pervers de par le monde, c'est un fait. Ce fait pris en soi est un problème psychique, pas social. C'est parce que la misère est installée faute de salaire, parce que les inégalités économiques sont abyssales que cette perversion individuelle devient un problème de société.

Nous considérons pleinement ces enfants comme des productrices, nous appelons à leur émancipation de l'emploi par le salaire - exactement comme les autres producteurs. Non seulement, nous aspirons à la protection de l'enfance, à son exclusion définitive des affres de l'emploi mais nous aspirons à étendre cette protection du vivant, de l'humain à la vie entière, à celle des adultes également.

Les Américains ne peuvent plus payer leur loyer


La guerre aux salaires est aussi menée tambour battant outre-Atlantique avec des résultats remarquables: plus de 21% des États-uniens consacrent plus de la moitié de leurs (maigres) revenus au loyer. Ceci nous promet une implosion du marché immobilier à moyen terme et, vu l'ampleur du problème, une crise bancaire mondiale en prime. 

Félicitation aux politiques qui nous ont convaincus que le problème, c'était le pauvre; félicitation aux journalistes qui nous ont vendu la rigueur, l'austérité et autres fadaises tendances silice, félicitation enfin aux syndicats qui laissent défaire les salaires sociaux, les cotisations sociales, sans hurler, qui signent comme co-gestionnaires de la sécu des plans d'accompagnement, des dégressivités... à mêmes causes, mêmes effets, la misère américaine arrive ici et, avec elle, les locataires surchargés et une crise immobilière apocalyptique. 

 Ce ne sont pas les pauvres qui 'coûtent' à l'économie, c'est la gestion de l'économie à des fins de profit qui 'coûte' aux pauvres.

Think Progress (en anglais)