Ces tâches à la con qui vident l'emploi de son sens

Nous reprenons un article - interview de Rue89.

La bureaucratisation des tâches, la division extrême du travail et le recours aux protocoles, à l'uniformisation des processus de travail, des marchandises produites congédie le sens de l'activité.

Extrait:

Ce qui fait la nouveauté du moment actuel, c’est que la bureaucratie dont il est question aujourd’hui est avant tout une bureaucratie d’entreprise. (C’est pour cela qu’avec des collègues, nous avons intitulé notre livre collectif « La Bureaucratisation néolibérale ».)
Avec le néolibéralisme, la part des tâches dont on a l’impression qu’elles ne servent à rien – et même plus, dont on a l’impression qu’elles font dévier du « vrai » travail, du sens du métier – s’accroît.
Et elle s’accroît du fait de cette managérialisation de toutes les activités, du fait de la diffusion de ces formalités issues de la grande entreprise complexe et sophistiquée.
Or cette organisation nouvelle du travail, qui donne une part importante à des tâches éloignées du métier, est liée à un changement de regard : peu à peu, on n’a plus regardé la productivité à partir du niveau des salaires, mais à partir de l’organisation du travail et de la maîtrise des coûts, et on a intensifié l’usage de la comptabilité.
Ainsi s’est développé, à côté du métier, l’usage de règles, de procédures de codage, de critères et de normes… qui s’éloignent de la conception purement technique du métier.

L'utilitarisme et la religion productiviste de l'employisme le plus virulent donne l'impression à de plus en plus de monde d'être inutiles parce qu'ils sont invisibles dans les évaluations quantitatives de la valeur économique.

Le processus chrématistique, comptable et managérial qui étouffe le sens dans le travail affecte tous les secteurs d'activité et fait naître un malaise, voire  l'ébauche d'une remise en question.