Guerre au salaire à l'aube de la seconde guerre mondiale

On m'envoie cette vidéo d'Annie Lacroix-Riz sur l'histoire de la sécurité sociale en France avant la seconde guerre mondiale.


Elle y développe notamment l'histoire du syndicalisme jaune, de la contre-révolution conservatrice de cette époque: il s'agissait d'une guerre au salaire menée tambour battant.

On y disait que les vieux pouvaient bien travailler, que les Français devaient être remis au travail. Tous les cadres - politiques ou syndicaux - qui ont participé à la casse des salaires et des grèves à l'époque se sont évidemment retrouvés dans la collaboration par la suite.

À l'époque comme maintenant:

- Les salaires sociaux sont comprimés. On évoque l'indolence des chômeurs, la nécessité d'équilibrer les comptes (alors qu'ils suffirait d'augmenter les cotisations sociales), le vieillissement de la population et autres fadaises genre la pression de l'étranger, la productivité (dans les années 30, les organes patronaux ont été jusqu'à prétendre que c'était la concurrence de l'URSS qui générait la crise!).

- Les salaires directs sont du coup comprimés. Le temps de travail est allongé et le droit social est vidé de sa substance. Il s'agit de diminuer le salaire, d'augmenter les profits et, de manière générale, de faire la guerre aux producteurs, y compris par des mesures vexatoires, mesquines.

- Les médias, les politiques et les syndicalistes s'entendent à casser les travailleurs-défenseurs de leurs droits sociaux, de leurs salaires. Les syndicats cassent les grèves, ils ne représentent pas les chômeurs (en nombre), les retraités, ils négligent du coup de représenter la partie socialisée du salaire. Médias, politique et syndicalistes parlent du mérite. Ce mérite est défini par la soumission à la logique patronale, à la logique de l'emploi, à la vente du temps humain, à l'utilisation de la vie pour le profit.

- Les structures démocratiques, quoi qu'on en pense, se sont peu à peu vidées de leur substance. Le gouvernement technocratique a peu à peu pris la place de la consultation populaire, jusqu'à appeler de ses voeux la manière forte, jusqu'à être prêt à faire appel à l'étranger pour rétablir l'ordre. Cette fascisation de la société s'est opérée progressivement. Les élites étaient alors prêtes à accueillir les Nazis.

Selon l'historienne, pour empêcher ces tendances mortelles, il faut résister. À partir du moment où la résistance s'universalise, elle devient impossible à réprimer et peut être efficace.