Bart, l'avocat de la VOKA

Vous connaissez le principe de la prestidigitation? Le magicien attire l'attention du public sur un événement insignifiant, un lapin rose qu'il tient de sa main gauche, par exemple, alors que, de sa main droite, il fait le tour de magie en toute discrétion.

On pourrait aussi parler d'un chat qui fait semblant d'attaquer un papillon pour pouvoir s'attaquer, brusquement, à un oiseau dont l'attention aura été détournée par son curieux manège.

Le Bart, avocat forcené du patronat flamand (la VOKA), a récemment procèdé de la sorte. Il a fait une déclaration de guerre communautaire concernant Bruxelles. C'était une déclaration énorme, excessive, outrancière qui a captivé l'auditoire et concentre les réactions politiques.

Mais le thuriféraire des entrepreneurs a fait une autre déclaration, restée elle sans réaction. Cette autre déclaration est le chiffre, le sens, la philosophie profonde, le tour de magie, l'objectif effectif de la manoeuvre: il s'agit de limiter le droit aux indemnités de chômage dans le temps dans le royaume. Le maïeur d'Anvers souhaite les limiter à deux années alors qu'elles sont sans limite dans le temps actuellement. Sur cette déclaration, par contre, (presque) pas de réaction.


'Nous voulons travailler - Réseau flamand des entreprises'

Il faut savoir que le sbire est habile dans cet exercice, que l'on en juge par l'histoire de la formation du gouvernement actuel.

Premier temps, sur des discours identitaires, des discours de rupture, le leader nationaliste engrange des résultats électoraux très prometteurs à l'échelle de la Flandre. Son programme scissionniste est à peu près inapplicable puisqu'il impliquerait des concessions des Bruxellois qu'ils ne sont manifestement pas prêts à faire.

Par contre, son programme social et économique est caché par des déclarations nationalistes amphigouriques. Il est néanmoins appliqué en tout ou en partie par la coalition au pouvoir. Pourtant, cette coalition a exclu la NVa, le parti du commis patronal ultra-employiste et, pour ce faire, a dû réunir à peu près tous les autres partis politiques du pays.

Et c'est là qu'on arrive à l'objectif de la manoeuvre: le programme de déflation salariale cher au patronat flamand est finalement appliqué (que la NVa arrive au pouvoir ou non) pour "ménager les susceptibilités communautaires". Les velléités nationalistes servent de rideau de fumée pour cacher la finalité du parti de Bart: casser le salaire, supprimer le salaire social, fiscaliser la sécu (ce qui réduit la part des cotisations des entreprises au détriment des contribuables).

En lien (en néerlandais): "Voka is mijn baas" ("le patronat flamand est mon patron") dixit Bart.