Les cadres se prolétarisent

  Dans un article de Travail et santé, on parle des souffrances médicales des cadres. La liste est édifiante: des crises cardiaques liées au surmenage ou simples burn-out. Par ailleurs, les cadres connaissent de plus en plus le travail de nuit.



Si, dernièrement, ils ont été davantage impliqués dans les décisions de leur service, l'article omet de préciser que cette plus grande implication s'est souvent accompagnée de protocoles de plus en plus rigides, de modes de décision de plus en plus programmés. Ce fait sur lequel l'article fait l'impasse rend les cadres de plus en plus responsables (car ils décident de plus en plus) mais de moins en moins impliqués (car leur décision est programmée par des codes, des normes, des protocoles).

Par contre, alors que la faiblesse des contraintes horaires demeure, les salaires ne suivent pas toujours. Les tâches sont de plus en plus individualisées, les cadres sont de plus en plus en concurrence et leur vie privée (psychique, affective et physique) s'en ressent logiquement.

Plus difficile à vivre pour des travailleurs, des travailleuses qualifiés, c'est l'absence de sens qui saisit ces producteurs à la gorge et la clientélisation des rapports entre collègues qui marque leur atomisation.

Cette désocialisation se marque d'autant plus que le recourt au télétravail se généralise.

"Sans les locaux de l'entreprise, c'est manquer la pause déjeuner, ou la grosse engueulade dans le bureau. On perd une part de la vie collective. Quant à l'entreprise, elle doit accepter de perdre une certaine forme de contrôle de ses travailleurs, ce qui n'est pas simple. Le télétravail ne peut être pérenne que s'il existe une vraie relation de confiance entre le salarié et sa hiérarchie. MyEurop - Le travail, c'est pas vraiment la santé
 Relation de confiance dont nous avons des raisons de croire qu'elle est quelque peu obérée par les relations de travail sus-décrite.

Le fait que les cadres aient (éventuellement) une bonne rémunération ou qu'ils soient (éventuellement) complices de leur exploitation (ou de celle de leur subalternes) de les rend pas moins victimes de la logique de l'emploi.

Au contraire, leur adhésion à une vision du monde employiste les met à la merci de l'exclusion de l'emploi ou de l'ostracisme au sein du monde de l'emploi.

Les désaffections sont nombreuses mais certains se perdent pour ne jamais revenir.

Rappelez-vous,
ce qu'ils font à l'un d'entre nous, c'est à nous tous qu'ils le font.