Abolir le chômage, en finir avec l'emploi - note de lecture

Je vous partage mes petites notes de lecture du délicieux ouvrage de Dominique Lachosme, aussi percutant que pertinent (pour la ridicule somme de 4€).

Il (ou elle) rappelle d'abord que
le travail est une convention sociale (...). L'activité qui sera reconnue comme 'travail' dépendra des institutions humaines à un moment donné de notre histoire.
La définition du travail est donc un enjeu social. Pour les marchands, le travail est une dépense d'énergie, de temps humain qui fait gagner de l'argent, qui est
mise en œuvre en vue de la rentabilité de l'institution qui (...) emploie, l'entreprise privée.
 Mais cette définition exclut 34 millions de 50 millions d'actifs français. Elle est tout simplement impossible: il y a d'autres formes de travail.

Dominique propose alors une autre version, émancipatrice du travail: c'est l'activité reconnue par le salaire. Les chômeurs ou les retraités peuvent travailler sans actionnaire et sans employeur. L'émancipation aujourd'hui passe par l'extension de cette sphère salariale de travail hors de l'emploi.

C'est l'obligation d'avoir un emploi pour avoir un salaire qui crée le chômage: imaginons un salaire à vie, pour tous.

De toute façon, le plein emploi n'existera plus - si tant est qu'il ait jamais existé, si tant est qu'il aurait fallu qu'il existât.

Puis, l'auteur démonte les objections contre le salaire à vie.

- le coût est faible par rapport au coût du renflouement des banques et il permet de transformer le naufrage de la monnaie marchande en quelque chose d'utile

- la paresse est un argument captieux qui réapparaît en phase de contraction économique. Attacher le salaire à la personne et plus à l'emploi permet de s'extraire de la spirale de misère humaine et sociale dans laquelle nous nous trouvons

- le travail pénible devrait être soit supprimé (faut-il à tout prix produire des automobiles, la nuit?), soit repensé pour être supportable

- le salaire personnel permettrait le désinvestissement de la production et des pratiques toxiques, anti-écologiques

- la sécurité sociale est à l'opposé de la bureaucratisation centralisatrice de l'État.

Pour y aller, on peut transformer les minimas sociaux (RSA en France ou CPAS en Belgique) en salaire, on peut les augmenter progressivement jusqu'au SMIC, les sommes à récupérer (les exonérations et exemptions diverses) dépassent, et de loin, les montants nécessaires à ces deux premières mesures.

La grande question que le livre laisse en suspend, c'est la socialisation de l'intégralité de la valeur ajoutée qu'un Bernard Friot, par exemple, appelle de ses voeux, c'est la question de la libération du travail du joug des actionnaires.

Bernard Lachosme, Abolir le chômage, en finir avec l'emploi, Atelier de création libertaire, 2013.