Pistes contre la crise

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Pour ouvrir le débat, la plateforme entend participer à la réflexion qui traverse l'Europe en crise, nous avançons nos propositions anti-employistes inspirées de l'économiste Bernard Friot pour sortir de la crise. Si l'on reste dans l'Europe, il faut adopter les mesures qui suivent au niveau européen, si l'on quitte l'Europe pour des pays ou des régions-États, il faut prendre ces mesures à l'échelle concernée.

A minima, il faut une sécurité sociale européenne, un droit social (un salaire minimum) et fiscal européen faute de quoi le continent sombrera dans la barbarie, dans la guerre de tous contre tous.

Cette sécurité sociale sera financée au niveau européen par des cotisations de toutes les entreprises sur ce continent. Ces cotisations seront prélevées sur la valeur ajoutée produite et seront affectée à une caisse sociale européenne qui paiera les prestations sociales au niveau européen. Celles-ci incluront les retraites, les maladies, l'invalidité, le chômeur selon le principe du droit salarial lié à la qualification individuelle et non selon le principe assurantiel de la carrière dans l'emploi.

Mais, passé ce socle a minima, voyons quelles ambitions pragmatiques nous pouvons nourrir pour dépasser une crise quadragénaire.

1. Socialiser le salaire au niveau européen pour dissocier le salaire de l'emploi: l'ensemble des entreprises européennes cotisera dans une caisse commune européenne de salaire. Cette caisse redistribuera les salaires aux travailleurs européens dans leur ensemble. Les différences de niveaux de vie seront peu à peu atténuées en harmonisant progressivement les prestations salariales reversées aux travailleurs dans les différents pays.

Les salaires seront exclusivement liés à la qualification individuelle du travailleur - la qualification n'est pas la certification, le diplôme mais la reconnaissance de la production de valeur économique.

Cette mesure garantira le salaire à tous les Européens, elle abolira aussi bien l'emploi esclavagiste que le chômage à l'échelle du continent et en finira une fois pour toute avec la concurrence entre les travailleurs.

2. Socialiser l'entièreté de la valeur ajoutée pour que les travailleurs deviennent les acteurs responsables de l'économie. La valeur ajoutée, c'est-à-dire le salaire, nous l'avons dit, mais aussi les dividendes et les investissements. L'ensemble de la valeur ajoutée européenne sera affectée à
- des caisses salaires pour les salaires
- des caisses investissements pour les investissements
- des caisses gratuité pour les dépenses de services publics gratuits (la santé, l'éducation ou les transports de proximité, par exemple)

3. Démocratiser l'économie en en confiant la gestion à ses usagers - les clients, les pouvoirs publics et, surtout, les producteurs eux-mêmes.

4. Responsabiliser les acteurs économiques en abolissant la propriété lucrative. La notion de loyer sera abolie, les dividendes seront abolis. Mais cela ne signifiera pas l'abolition de la propriété elle-même: la propriété d'usage sera défendue, étendue, protégée mais le fait de faire du bénéfice vénal avec un titre propriété sera condamné, interdit et poursuivi. Les anciens propriétaires lucratifs seront reconnus comme producteurs et auront droit à un salaire lié à leur qualification au même titre que les autres.

5. Le crédit sera uniquement pratiqué par les caisses et ne générera aucune rentrée, aucun bénéfice pour les créanciers puisque la propriété lucrative aura été abolie. En conséquence, les dettes publiques et les dettes des entreprises seront simplement abolies puisqu'elles sont liée à la propriété lucrative.

6. Cependant, on remplacera le crédit par la subvention. Les caisses d'investissement nourries par les cotisations verseront des subventions aux acteurs économiques sans demander de remboursement.

7. Harmonisation du droit social et fiscal au niveau européen. Débats populaires autour de la question de la fiscalité et du droit social.

8. Conditionner les échanges internationaux à l'harmonisation fiscale et sociale pour se garder de la concurrence, quitte à pratiquer un protectionnisme amical, à reverser aux travailleurs des pays exportateurs des cotisations prélevées sur les prix à la consommation des marchandises importées.