Sondage en eaux profondes

Rachel Knaebel dans Basta (ici) sonde les pratiques esclavagistes des instituts de sondage.

Extrait.

Installés à Berlin, ils travaillent pour le plus grand institut de sondage et d’études marketing français : Ipsos. Comme la plupart des entreprises du secteur, Ipsos recourt en France à des vacations et à des CDD d’usage très précaires. En Allemagne, l’institut de sondage a encore trouvé plus « compétitif » : des enquêteurs sous statut d’auto-entrepreneurs, rémunérés sur factures, sans cotisations patronales à acquitter, et à des tarifs défiant toute concurrence. Une précarité qui se délocalise et fait partie intégrante du business des sondages. Y êtes-vous favorable, plutôt favorable ou pas du tout favorable ?
C'est ce qu'on appelle de faux indépendants. Les cotisations sociales sont payées sur le salaire famélique du travailleur qui n'a aucune prise sur les conditions de travail, les horaires, les relations à la clientèle ou les prestations fournies. Tous les risques sont assumés par le travailleur - comme dans le contrat zéro heure - et il n'y a pas salaire socialisé sans que le salaire individuel ne soit augmenté. Ceci correspond à une ponction d'un tiers du salaire individuel, au moins, et à une dégradation de la qualité des prestations sociales.

Au niveau macro-économique, cette ponction salariale grève la productivité et crée une crise de la demande, une crise de surproduction - la dérégulation de la finance et du travail renforce les tendances cycliques.