Pour des soins sans soignant

Au fond tout est là, dans cette simple phrase: 
 
il est possible d'épargner sans que les soins ne soient compromis pour les patients.

Sans nous prononcer sur la faisabilité de la chose, sur ses aspects techniques, nous pouvons nous concentrer sur la vision du monde derrière cette phrase. Le but, c'est d'épargner, de dépenser moins, c'est l'horizon et la perspective politique: dépenser moins. Ce qu'il faut conserver, c'est le travail concret, les services et les biens effectivement produits.

Les grands absents de cette vision du monde, ce sont les travailleurs et les travailleuses. La production de marchandises, la quantité de marchandises de santé importent, le coût de production de ces marchandises importe mais pas celles et ceux qui les produisent.

Une vision du monde dans laquelle les prestations concrètes sont importantes et dans laquelle les coûts doivent être réduits, c'est une vision de propriétaire lucratif, de patron. Le patron veut réduire ses frais, diminuer ses coûts face à la concurrence et conserver les prestations inchangées: il veut vendre la même chose, il veut produire moins cher et encaisser les profits de la différence.

Mais les grands absents, les travailleuses, les travailleurs sont exclus de son horizon de représentation. Ils sont priés de travailler davantage avec des salaires moins élevés pour que le patron puisse conserver ses marges, pour qu'il puisse produire la même chose à coût réduit.

[Pour les marxisants] Ce faisant le patron augmente le taux d'exploitation et la composition organique du capital.
 
Mais alors, pourquoi une ministre a-t-elle une vision du monde de patron? Pourquoi une ministre de la santé, surtout?

Question subsidiaire pour l'opposition: en quoi la défense des "services publics" s'oppose à cette vision puisqu'il s'agit, là aussi, de défendre le travail concret, les prestations professionnelles sans considération pour les travailleuses et les travailleurs?