De plus en plus d'emploi

Puisque l'on bavasse à tort et à travers sur les chômeurs dans le plat pays, nous relayons les statistiques officielles gouvernementales sur l'évolution du taux d'emploi de la population en âge de travailler.


Le tableau considère les gens "en emploi". Il faut (probablement) comprendre les gens "en emploi, avec un travail d'indépendant et les fonctionnaires".


On constate que, entre 1983 et 2012, la population en emploi en Belgique chez les 15-64 ans (en comptant les ados, donc) est passée de 52,6% à 61,7% en 2012.

Alors que la population en emploi passait de moins de quatre millions à moins de cinq millions en moins de vingt ans, la population officiellement au chômage (là aussi, les appellations et les critères sont discutables) stagnait.

Ceci nous amène à conclure:

- que l'augmentation du taux d'emploi ne résout aucune crise et qu'elle n'est pas corrélée avec une augmentation du bien être général
- que les chômeurs stigmatisés comme responsables du chômage n'augmentent pas en nombre (le tableau est antérieur aux mesures anti-chômeurs des deux derniers gouvernements, Di Rupo - De Wever&Michel, mesures qui ont organisé le harcèlement et l'exclusion administrative des chômeurs)
- qu'un chômage stable dans le temps plaide pour des causes structurelles (donc que ce sont les organisateurs de l'activité et les acteurs importants d'icelle qui sont à incriminer et non les personnes au chômage)
- qu'on peut à la fois augmenter le taux d'emploi (au sens large) et maintenir un taux de chômage
- que le chômage est demeuré à un niveau (relativement) élevé alors que le PIB belge était multiplié par trois (de 120 milliards à 400 milliards, à peu près)
- que la croissance en terme de PIB ne constitue en rien un facteur de diminution du chômage
- que le chômage n'empêche en rien une augmentation du PIB
Tout ceci nous amène à penser que le million d'employés (au sens large, donc, fonctionnaires et indépendants inclus) supplémentaire en trente ans a dû faire des concessions salariales majeures face à la pression, à la menace du chômage.

C'est-à-dire que le chômage a rapporté des fortunes aux propriétaires lucratifs et aux employeurs (au sens large, il peut s'agir de clients qui ont recours à des sous traitants).

Le chômage ne s'oppose donc pas à l'emploi (au sens large), il en est une condition, il en est la face cachée.

Le couple emploi-chômage permet de faire exploser le PIB alors que les salaires stagnent et que la qualité du travail dans le cadre de l'emploi au sens large, l'intérêt de ce travail sont susceptibles de diminuer.

Et si nos politiques commençaient à parler de choses sérieuses plutôt que de nous assommer avec un électoralisme nauséeux? Et si on demandait à des chômeurs, à des chômeuses de parler du chômage? Et si on demandait aux victimes de l'emploi (au sens large) de parler de l'emploi?

Et si nos solutions étaient des problèmes, et si nos problèmes étaient des solutions?

Source:
http://statbel.fgov.be/…/Stagnation_du_marche_de_l_emploi.j…